3.2.1.5 L'absence d'un
secteur financier de taille
Pour développer les investissements dans un pays en
attirant les capitaux étrangers, il faut que le pays soit attractif
aussi sur le plan financier. Il faut que les investisseurs y trouvent les
moyens de se financer en cas de besoin. Pour cela, il faut que le marché
financier dans le pays soit développé, ce qui n'est pas encore le
cas en RDC, où malgré la recrudescence des banques commerciales,
l'économie n'est pas encore assez financiarisée. Le faible taux
de bancarisation en RDC ne favorise pas le développement du secteur
financier, les dépôts faisant les crédits, s'il n'y a pas
assez de dépôts dans les banques, la contribution de ces
dernières dans le financement des projets d'investissement dans le pays
n'est pas significative. L'analyse de la situation dans les pays
émergents laisse entrevoir une forte financiarisation de
l'économie, favorisant les investissements au travers des prêts
accordés, des recapitalisations, etc. ce qui ne peut se faire que si le
secteur bancaire est assez fort et fiable. En RDC, la récente
déconvenue due à la liquidation de la Banque Internationale pour
l'Afrique au Congo (BIAC) ne favorise pas la confiance dans le système
bancaire congolais.
Il importe donc de travailler à faire de ce secteur un
secteur fiable, sur lequel on peut compter, de manière à faire de
la RDC une place financière en Afrique centrale, comme c'est le cas avec
les places financières en Asie du sud-est (Singapour, Hong Kong).
3.2.1.6
L'inefficacité des entreprises publiques
Le manque de rentabilité des entreprises publiques est
un des obstacles à l'émergence en RDC, car les entreprises
publiques jouent un rôle non négligeable dans la mobilisation de
ressources pour l'Etat. Dans les pays émergents, les entreprises
publiques sont tellement rentables qu'elles s'attirent des capitaux et
s'imposent pour certaines dans le monde comme des multinationales (PETROBRAS au
Brésil par exemple). Les entreprises publiques congolaises
présentent des défauts dans la gestion, n'arrivent pas à
faire leur travail convenablement, ne se conforment pas aux standards de
performance des entreprises publiques des pays émergents et des pays
développés. C'est pourquoi une réforme des entreprises
publiques a été élaborée dès 2008. Quoi
qu'il en soit, les entreprises publiques congolaises comme la
Société Nationale d'Electricité, l'Office Congolais de
Contrôle (OCC) ou la REGIDESO, parce qu'elles présentent des
défauts dans leur gestion (scandales de détournement de fonds
à la SNEL, grèves des travailleurs à l'OCC pour
dénoncer la mauvaise gestion de l'entité, services mal rendus,
vétusté de l'outil de travail, arriérés de
salaires, etc.), subissent des dysfonctionnements et les objectifs qui leur
sont assignés ne sont pas atteints.
Le défi à relever ici est donc de faire des
entreprises publiques de véritables créateurs de richesses
à l'instar des grandes entreprises d'Etat brésiliennes
(Petrobras), des ressources dont l'Etat a besoin pour augmenter son budget.
L'ouverture de leur capital à des entreprises privées ayant un
vrai souci de rentabilité serait une bonne chose. Dans le cas de la SNEL
par exemple, la production et la distribution d'électricité
serait accrue si une c'était une entreprise privée qui reprenait
la gestion, car les entreprises privées sont mues par la recherche du
profit. Ainsi, elle veillerait à ce que les choses soient bien faites,
que l'énergie électrique soit produite en quantité
nécessaire et correctement repartie pour que les factures soient
payées régulièrement par les usagers. De cette
façon, l'entreprise gagne en confiance et l'Etat peut tirer plus de
revenus. Il serait donc de bon aloi de favoriser la reprise des entreprises
publiques par des privés ou des prises de participations à un
niveau permettant à l'investisseur d'avoir un droit de gestion.
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