3.2
Quels défis pour l'émergence de la RDC ?
Ici nous allons faire ressortir les obstacles qui se posent
nombreux sur la route de l'émergence de la RDC et les défis
qu'ils imposent de relever, et proposer quelques moyens pour les surmonter.
Nous allons les scinder en trois catégories, à savoir les
obstacles sur le plan économique, les obstacles sur le plan politique et
institutionnel, les obstacles sur les plans social et environnemental. Cette
scission tient au fait que l'émergence étant un
phénomène multidimensionnel, elle exige de dépasser
plusieurs blocages qui sont aussi d'origines diverses. Néanmoins, ils
restent tous imbriqués les uns aux autres.
3.2.1
Les obstacles d'ordre économique
Au cours de notre recherche, nous avons ciblé plusieurs
obstacles d'ordre économique à surmonter pour l'atteinte de
l'émergence.
3.2.1.1 La faible
diversification de l'économie congolaise
L'un des défis que le pays doit relever est son
addiction au secteur minier. En effet, l'économie congolaise, depuis la
période coloniale, est essentiellement orientée vers l'extraction
des minerais dont regorge le sous-sol congolais. En effet, pour les colons, le
pays ne devait servir que de fournisseur de ressources minières pour les
économies occidentales. Encore aujourd'hui, les ressources
minières constituent la majeure partie des produits exportés par
le pays (plus de 80% des exportations). Le défi est de taille, d'abord
parce que la plupart des structures de production du pays ne sont pas
adaptées à d'autres activités que celles de l'extraction
minière, et surtout parce que la trop forte dotation du pays en
ressources minières prisées partout dans le monde laisse comme
une impression de richesse déjà acquise. En effet, on a
l'impression qu'en RDC le fait d'avoir un sous-sol richement doté de
ressources minières est une fin en soi, que l'exploitation de cette
dotation naturelle exceptionnelle et l'exportation de ces produits devraient
suffire pour résoudre tous les problèmes de développement
du pays. Ce qui explique sûrement la faiblesse des structures de
production manufacturières dans le pays, depuis son
indépendance.
En outre, le fait de baser son économie sur la
production des biens qui ne sont pas consommés à
l'intérieur du pays, l'expose aux variations de la situation
économique mondiale, qui n'est pas toujours rose par les temps qui
courent. Si la situation est mauvaise, la demande des pays qui importent ces
produits diminue, entraînant la baisse des prix. L'addiction aux
ressources minières, dont les prix subissent régulièrement
des fluctuations, est donc une stratégie de développement
suicidaire pour tout pays, car personne ne peut prédire les chutes de
prix, et la capacité de résilience dans ce cas n'est pas
garantie. Il importe donc de développer d'autres industries que celles
de l'extraction minière, faible en valeur ajoutée et dont les
bénéfices dépendent en grande partie de la conjoncture
économique mondiale. Une transformation structurelle s'impose, afin de
transférer les ressources du secteur minier à faible valeur
ajoutée vers le secteur industriel manufacturier plus productif. Nous
proposons donc le développement des industries manufacturières
telles que l'industrie du textile, fortes en main d'oeuvre, afin de
réaliser dans le pays des productions à même de combler la
demande intérieure. Il faut développer les industries dont les
produits seront plus facilement consommés à l'intérieur du
pays, et ne pas attendre toujours des revenus de l'extérieur. C'est ce
qu'on fait les pays comme la Chine, le Japon, Singapour, à l'aube de
leur processus d'émergence, avec l'application du modèle de
développement dit « en vol d'oies sauvages ».
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