Les fondements de l'émergence économique de la République Démocratique du Congo : défis et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Merseign LUZONZO Université Catholique du Congo - Licence 2016 |
3.1.2 L'augmentation du niveau des exportationsDans la première partie, nous avons vu que les pays qui souhaitaient émerger ont mis en place le diptyque exportations-investissements, comme les dragons, la Chine ou les tigres l'ont fait, en appliquant le modèle de développement d'Akamatsu. Les pays émergents sont alors ceux qui ont une grande capacité d'exportation de leurs produits, ce qui leur permet de s'insérer dans le commerce mondial (voir tableau 1.4). En ce qui concerne la RDC, le niveau des exportations en valeur n'a cessé de croître plus de 10% par an depuis 2005 (tableau 3.1). Tableau 3.1 : Evolution des exportations et des importations de la RDC en millions USD (2005-2015)
Sources : Elaboré sur base des données de la CNUCED. Comme nous pouvons le constater, les exportations de la RDC sont en nette évolution depuis le début des années 2000, comme celles des BRICS, mais pas dans les mêmes proportions. L'augmentation du niveau des exportations du pays apparaît donc comme un préalable indispensable pour l'émergence. Dans le cas de la RDC, cette évolution est de bon augure pour l'émergence de l'économie. Il importe donc de le mentionner comme un élément de base pour l'émergence du pays, bien que la structure de ces exportations soit essentiellement dominée par des produits à faible valeur ajoutée. Néanmoins, la RDC peut s'appuyer sur sa forte capacité d'exportation, utiliser les devises gagnées pour améliorer le niveau des investissements en infrastructures et ainsi renforcer sa marche vers l'émergence. 3.1.3 La recrudescence des investissements grâce aux diverses réformes visant l'amélioration du cadre des affaires et l'incitation à l'investissementLes investissements constituent la deuxième composante du diptyque exportations-investissements. Nous avons vu que les pays émergents ont mis en place des réformes visant à faciliter l'arrivée de capitaux étrangers, et améliorer le niveau des investissements productifs. Ainsi, ils ont libéralisé plusieurs secteurs et ouvert leur économie au monde, en améliorant le climat des affaires. En RDC, plusieurs réformes ont été menées pour favoriser les investissements nationaux et étrangers, élément de base de l'émergence. Les révisions du code des investissements et du code minier, dès l'année 2002, en sont deux exemples. En effet, le nouveau code des investissements (loi n°004/2002 du 21 Février 2002 portant code des investissements) permet aux projets d'investissements directs, nationaux et étrangers, réalisés en RDC dans les secteurs non expressément réservés à l'Etat ou non exclus par la liste négative, de bénéficier d'un certain nombre d'avantages douaniers (exonération totale des droits et taxes à l'importation pour les machines, l'outillage et le matériel neufs), fiscaux et parafiscaux (exonération de la contribution professionnelle sur les revenus), ainsi que de certaines garanties générales (Article 1 du Code). Dans le même esprit de facilitation des investissements, l'article 225 du code minier stipule que tous les investisseurs du secteur minier doivent faire approuver par les ministres des mines et des finances, avant de commencer leurs travaux, la liste comprenant le nombre et la valeur des biens mobiliers, d'équipements, véhicules, de substances minérales et autres qui rentrent dans le champ d'application du régime douanier et fiscal privilégié prévu. La philosophie du nouveau code des investissements repose sur une politique incitative à l'investissement. Ainsi, dès 2003, l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) a agréé 74 investissements étrangers, pour un coût d'investissement total de 2.126.857.076 USD et 8.993 emplois créés60(*). Le tableau 3.2 présente la ventilation par secteur des investissements agréés par l'ANAPI entre 2010 et 2014. On note 658 projets d'investissements, plus de 100 projets par an, dans les secteurs des services, de l'industrie, de l'agriculture et foresterie, et des infrastructures. Le tableau 3.3 présente le volume des investissements réalisés en RDC (code des investissements et code minier). Il ressort que le secteur minier reçoit les investissements les plus lourds en capital, le pays étant richement doté en ressources minières. Les investissements miniers sont réalisés en RDC à plus de 80%61(*) par les filiales ou succursales des entreprises étrangères. Il s'agit donc d'Investissements Directs Etrangers. Tableau 3.2 : Ventilation par secteur des projets d'investissement agréés par l'ANAPI et valeur des biens importés approuvés par la commission interministérielle des mines de 2010 à 2014 en USD.
Source : ANAPI, https://www.investindrc.cd/fr/generalites-sur-la-rdc/environnement-economique-des-investissements/volume-des-investissements-directs-etrangers Tableau 3.3 : Estimations du volume des investissements réalisés en RDC de 2010 à 2014 (USD)
Source : ANAPI, https://www.investindrc.cd/fr/generalites-sur-la-rdc/environnement-economique-des-investissements/volume-des-investissements-directs-etrangers Les investissements réalisés en RDC (agréés par l'ANAPI) représentent entre 2010 et 2014 plus de 20% du PIB chaque année. Tableau 3.4 : Flux d'IDE entrants en RDC et part mondiale entre 2005 et 2014(millions USD)
Source : Elaboré sur base des données de la CNUCED, UNCTAD Stats. On constate que les flux d'IDE entrants en RDC ont considérablement cru entre 2005 et 2014, passant de 266,6 millions en 2005 à 2.063,173 en 2014, avec un pic de 3.312,143 milliards USD en 2012. L'on peut alors affirmer que la révision du code des investissements a considérablement joué sur l'évolution du volume des investissements en RDC. Toujours dans le cadre de la facilitation des investissements et l'amélioration du climat des affaires, le gouvernement de la RDC a procédé à la création d'un Guichet Unique pour la Création d'Entreprises (GUCE). Le résultat est probant : en trois ans, de Mai 2013 à Avril 2016, 21.154 entreprises créées62(*), personnes morales et physiques. Avec ce guichet, la création d'une entreprise en RDC se fait en trois procédures, à un seul endroit, en trois jours au maximum (la moyenne dans le monde en 2015 est de 20 jours63(*)) et moyennant 120 USD. C'est donc un gain de temps et d'argent considérable pour les entrepreneurs. Dans le même ordre d'idées, il a été créé en RDC, un Guichet Unique Intégral pour le Commerce Extérieur, avec pour but de faciliter et simplifier les opérations du commerce extérieur. La finalité est la transparence dans les opérations (pré-dédouanement, dédouanement et post-dédouanement). Le renforcement des capacités du Fonds de Promotion de l'Industrie (FPI), organe chargé d'identifier et de financer les projets d'investissements porteurs de croissance dans le secteur industriel, notamment les industries manufacturières, est aussi une action destinée à améliorer le niveau des investissements, par le soutien aux industries existantes, la promotion des industries nouvelles, la promotion des petites et moyennes entreprises. Une autre réforme, est celle de la libéralisation des certains secteurs, notamment l'énergie et les assurances. Jusque-là, ces deux secteurs étaient monopolisés par des entreprises publiques dont les performances laissent à désirer, particulièrement dans le domaine de l'énergie. La libéralisation de ce secteur, effective depuis fin 2015, permettra l'arrivée de nouveaux investisseurs sur le marché congolais, qui se caractérise par sa grande taille. L'énergie étant un secteur indispensable pour l'atteinte de l'émergence, il est important de privatiser le secteur afin que les meilleures firmes viennent investir et améliorer la desserte en énergie dans le pays. Pour le secteur des assurances, la libéralisation devrait permettre la montée des IDE dans le secteur financier et la diversification du secteur productif, avec notamment le développement de la « banque assurance », car certaines banques commerciales pourraient être tentées d'intégrer les assurances dans leur portefeuille d'activités. Le développement même de la banque assurance en RDC permettra aussi de rassurer les investisseurs sur le fait qu'ils pourront compter sur un système financier fiable en investissant dans le pays. En effet, pour les potentiels investisseurs, la présence d'entreprises d'assurances dans le pays peut être un élément important dans la décision d'investissement, ces dernières pouvant assurer certains de leurs risques. Ces différentes réformes mises en oeuvre participent à l'amélioration du climat des affaires, à la facilitation des investissements. Signalons que la RDC a gagné quelques places dans le dernier classement du « Doing Business » de la Banque Mondiale, étude qui évalue la qualité et l'évolution du climat des affaires à travers 189 économies, via une multitude de critères allant de la facilité de création d'une entreprise à la protection des droits de propriété, la pression fiscale ou encore l'accès à l'électricité. Le pays se place 184ème sur 189 pays, avec 38,14 points64(*). Il s'agit donc là de bases sur lesquelles peut s'appuyer l'émergence de la RDC. Le relatif succès de toutes ces réformes est dû à des transformations effectuées en amont. En effet, comme dans les pays émergents, les avancées économiques en RDC font suite à un ensemble de transformations au niveau institutionnel. * 60 KABANGA D., Cours de questions approfondies d'économie de développement 2010-2011, P.56, Inédit. * 61 ANAPI, Volume des investissements directs étrangers. Fiche technique sur les investissements en RDC [en ligne], 01er Février 2016. Disponible sur : https://investindrc.cd/fr/generalites-sur-la-rdc/environnement-economique-des-investissements/volume-des-investissements-directs-etrangers * 62 Guichet Unique de Création d'Entreprise, République Démocratique du Congo, [en ligne] https:/www.fr.guichetunique.cd * 63 World Bank Group, Doing business 2016 : mesure de la qualité et de l'efficience du cadre réglementaire. * 64 Banque Mondiale, Rapport Doing Business 2016. |
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