I.3.2 Intérêt de la consultation postnatale.
L'examen postnatal est règlementé et doit se
dérouler obligatoirement dans les huit semaines qui suivent
l'accouchement. En France Il est pris en charge à 100% par la
Sécurité Sociale dans le cadre de l'Assurance Maternité en
Europe. La nouveauté concernant cette consultation réside
dans le fait que les sages-femmes sont désormais habilitées
depuis la loi du 9 août 2004, à pratiquer l'examen postnatal
« si la grossesse a été normale et si l'accouchement a
été eutocique ». Les sages-femmes peuvent également,
entre autres, pratiquer le « frottis cervico-vaginal au cours de la
grossesse et lors de l'examen postnatal » La consultation postnatale
apparaît comme une dernière possibilité de rencontre avec
un professionnel de santé avant une éventuelle prochaine
grossesse. Elle permet donc de faire un bilan à la fois médical
et psychologique. En effet, le professionnel de santé va devoir au
moment de l'examen postnatal aider la patiente à assumer une transition
difficile, de femme elle est devenue mère, à travers un dialogue
et une écoute attentive. En avril 2005, la Haute Autorité de
Santé française émet dans son rapport « Comment mieux
informer les femmes enceintes ? » un certain nombre de recommandations
concernant les objectifs de la consultation postnatale. Ainsi, cet examen doit
être l'occasion d'évoquer avec la patiente le vécu de
l'accouchement et des suites de couches, ainsi que les éventuelles
complications qui ont pu survenir en période postnatale. L'état
de santé du nouveau-né et la qualité de la relation
mère-enfant doivent être abordés. Le professionnel de
santé doit veiller à vérifier l'absence de troubles
psychologiques du postpartum en particulier chez les femmes ayant
présenté une dépression pendant la grossesse. La
consultation postnatale comprend également une recherche d'incontinence
sphinctérienne, et va ainsi permettre la prescription de
matériels et de séances de rééducation
périnéale. Le professionnel de santé doit également
aborder le sujet de la contraception en l'adaptant selon les contre-indications
éventuelles et le projet ultérieur de l'enfant. Enfin, la
consultation postnatale doit être avant toutes choses un moment
d'écoute et d'échange destiné à répondre aux
interrogations des patientes et à les conseiller (Franke, 2009).
I.3.3 Déroulement de la Consultation postnatale
La Visite Postnatale (VP) est un temps d'échange
primordial. Lors de celle-ci, le praticien effectue un bilan de l'état
de santé physique et psychologique de la mère afin de s'assurer
du retour à l'état physiologique. C'est aussi le moment de
réaliser un bilan de l'état de santé de l'enfant, de
donner des conseils adaptés sur son rythme de vie (état
veille-sommeil).
I.3.3.1 L'interrogatoire
Les éléments recherchés sont :
l'appréciation de l'état général de la mère
et de son enfant depuis la sortie de la maternité ; l'évaluation
du psychisme. La fatigue est normale, mais pas la tristesse ni les pleurs.
C'est à cette consultation qu'on peut :
· déceler des signes évocateurs de
dépression postnatale ;
· faire le bilan de l'allaitement ;
· évaluer l'existence d'une incontinence urinaire
d'effort et anale ;
· évaluer la contraception en cours et à
venir,
· faire l'interrogatoire et analyser le dossier
médical obstétrical ;
· rechercher les antécédents :
o familiaux : cancer du sein, de l'utérus, de
l'ovaire ;
o gynécologiques : cycles réguliers,
contraception, infection, date du dernier frottis cervico-vaginal ;
o obstétricaux : parité, pathologies
gravidiques, terme d'accouchement ; naissance avec extraction
instrumentale, hémorragie de la délivrance, périnée
cicatriciel, poids du nouveau-né, déroulement des suites de
couches (hyperthermie ? phlébite ?...) ;
· Récupérer les bilans biologiques,
radiologiques ou anatomo-pathologiques
On doit également rechercher :
· les conditions socio-économiques et
addictions ;
· L'indice de masse corporelle et prise de poids pendant
la grossesse ;
· Le traitement de sortie et/ou traitement en
cours ;
· La surveillance néonatale : ictère, poids
de sortie, mode d'alimentation à la sortie de la
maternité ;
· l'état général actuel du
nourrisson : sommeil, développement psychomoteur, alimentation
actuelle (la prise de poids est de 15 à 30 g/j soit 200 g/semaine les 3
premiers mois. Observation du comportement du nourrisson s'il est
présent ;
On devra évaluer la relation mère-enfant et
l'état psychologique de la patiente (interaction mère-enfant,
entourage, aide, place du père, conditions générales de la
vie de famille, conditions sociales, reprise du travail, mode de garde)
à la recherche d'une pathologie dépressive du post-partum.
I.3.3.2 Psychopathologie périnatale :
Psychoses aiguës du post-partum
De Fréquence : 2/5000 en France, et débutent
dans les 2 à 3 premières semaines après l'accouchement.
Les signes cliniques sont : agitation maniaque, physique et psychique, les
états mélancoliques profonds ou les bouffées
délirantes. Il existe un risque de suicide ou infanticide. Elle
Nécessite une hospitalisation en milieu psychiatrique.
I.3.3.3 Dépression maternelle du post-partum
La Fréquence de la dépression post-partum en
France est de : 10 à 15 %, débutent dans les 6 à 8
semaines du post-partum. Les signes cliniques sont : la tristesse,
l'anxiété, le désintérêt, le sentiment
d'incapacité. Les symptômes sont souvent cachés par la
culpabilité à ne pas être dans le bonheur. L'utilisation du
Questionnaire d'Évaluation d'un État Dépressif (Edinburgh
Postnatal Dépression Scale) est un outil adapté. En fonction des
résultats, une prise en charge adaptée sera
proposée (UMVF, 2016).
I.3.3.4 Évaluation de l'existence d'une incontinence
urinaire d'effort et anale
Ø Présence d'une incontinence d'urines au repos
ou à l'effort, impériosité mictionnelle, urgences
mictionnelles ou pollakiurie (cf Glossaire) diurne (> 6 mictions) ou
nocturne (> 2), dysurie, incontinence par regorgement ; en cas
d'Incontinence Urinaire d'Effort (IUE) on devra quantifier l'importance de
l'IUE.
Ø Présence d'une incontinence anale au gaz ou
aux fèces, troubles de la défécation. En savoir plus : le
dépistage et prévention des troubles
périnéo-sphinctériens
I.4.3.5 Évaluation de la sexualité et de la
qualité de vie
Ø Troubles sexuels : impression de béance
vulvaire, gaz intra vaginaux, perte de sensibilité vulvo-vaginale,
dyspareunie d'intromission par obstacle, saignements post coïtaux,
gêne liée à l'organe proclamé.
Ø Altération de la qualité de vie :
appréciée par des échelles spécifiques (Distraie)
qui comportent des questions sur l'activité physique, sportive, le
travail, l'anxiété...
I.3.4 Examen
général
I.3.4.1Etat général
L'état général de la patiente doit
être rapidement apprécié, notamment sa morphologie (poids,
taille), la mesure de la tension artérielle, l'éventuelle
anémie, l'examen clinique des membres inférieurs, la disparition
ou la persistance d'une pathologie gravidique.
I.3.4.2 Examen sinologique
En absence d'allaitement en cours, on doit retrouver à
l'examen, des seins souples sans perception de nodule ou de signes
évocateurs de cancer. La palpation doit être accompagnée de
celle des aires ganglionnaires axillaires et sus claviculaires.
En cas d'allaitement en cours, l'examen des seins recherchera
l'absence de complications mammaires liées à celui-ci.
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