La gestion administrative des localités affectées par le bornage de la frontière Burkina-Mali: cas des localités de la région des hauts-bassins( Télécharger le fichier original )par Seydou MILLOGO Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (Burkina Faso) - Diplome des Administrateurs Civils 2015 |
Paragraphe II. Le champ de l'étude et les outils de collecte dedonnées Ce paragraphe est consacré à la présentation successive du champ de l'étude (A) et des outils de collecte de données (B). A. Le champ de l'étudeLa présente étude a pour cible les populations et les principaux acteurs de l'administration des localités frontalières de la région des Hauts-Bassins. Ce qui nous amène à nous pencher sur un aperçu général de la région (1) avant la présentation de notre zone de recherche (2). 1. L'aperçu général sur la région des Hauts-Bassins Limitée au Nord par la région de la Boucle du Mouhoun, au Sud par celle des Cascades, à l'Est par la région du Sud-Ouest et à l'Ouest par la République du Mali, la région des Hauts-Bassins est située à l'Ouest du Burkina Faso et couvre une superficie de 26 606 Km2, soit 9,7 % du territoire national. Elle comprend les provinces du Houet, du Kénédougou et du Tuy qui ont respectivement pour chef-lieu Bobo-Dioulasso, Orodara et Houndé (cf. carte en annexe 1). N'ayant pas de frontière internationale, la province du Tuy compte sept (07) départements dont six (06) communes rurales17 et une commune urbaine : Houndé. 16 www.geoconfluences.ens-lyon.fr, consulté le 04 mars 2015. 17 Békuy, Béréba, Boni, Founzan, Koti et Koumbia. Quant à la province du Kénédougou, elle compte une (01) commune urbaine (Orodara), et treize (13) départements18 dont Kayan, Koloko, Morolaba, N'Dorola et Sindo qui ont une frontière commune avec le Mali. Relativement à la province du Houet, elle dénombre une (01) commune à statut particulier (Bobo-Dioulasso) et de treize (13) départements19 dont un frontalier : Faramana. Le relief de la région des Hauts-Bassins se caractérise par des plateaux et des plaines20 auxquels s'ajoutent quelques buttes, collines et vallées. Les principaux sols sont ferrugineux tropicaux peu lessivés ou lessivés et des sols hydromorphes. Quant au climat, il est tropical de type sud-soudanien et est marqué par deux (02) saisons21. La pluviométrie est relativement abondante avec des précipitations moyennes estimées à 900 mm/an. Les températures varient entre un minimum de 15oc et un maximum de 40oc avec une moyenne estimée à 20o c et une amplitude thermique de 25oc. La région compte seize (16) forêts classées avec une biodiversité assez riche comparativement au reste du pays. Les ressources halieutiques ne sont pas négligeables et la pêche y est de type artisanal. Les eaux souterraines sont relativement abondantes et peuvent donner aux forages des débits importants de l'ordre de 10 à 100 m3/heure. Dans les Hauts-Bassins, l'agriculture constitue la principale activité et occupe plus de 90 % de la population. C'est une agriculture essentiellement pluviale et marchande même si la part de l'autoconsommation reste importante. La culture dominante est de loin celle du coton, à côté des cultures telles l'arachide et le sésame. L'arboriculture y est également pratiquée et concerne la production de mangues, d'oranges, d'anacardes, etc. Les exploitations sont généralement familiales. Etant la deuxième activité économique de la région, l'élevage est pratiqué par la quasi-totalité de la population et se caractérise par la prédominance d'un élevage de type 18 En sus des départements frontaliers avec le Mali, il y a ceux de Samorogouan, de Kourouma, de Djigouéra, de Banzon, de Kangala, de Orodara, de Kourinion et de Samogohiri. 19 Dandé, Faramana, Fô, Koundougou, Padema, Karangasso-Sambla, Bama, Bobo-Dioulasso, Lena, Toussiana, Péni, Karangasso-Vigué et Satiri. 20 Les plaines sont surtout présentes dans la partie nord de la province du Kénédougou et dans certains départements de la province de Tuy. Elles sont vastes et parcourues par de nombreux marigots qui engendrent parfois des zones marécageuses pendant l'hivernage. 21 Une saison humide qui dure six (06) à sept (07) mois (mai à octobre/novembre) et une saison sèche qui s'étend sur cinq (05) à six (06) mois (novembre/décembre à avril). 15 familial à l'exception des pasteurs migrants qui en font une profession. Le cheptel est composé essentiellement de bovins, d'ovins, de caprins, de porcins et de la volaille. Dans certaines localités, l'embouche bovine et ovine est également pratiquée par des producteurs locaux. La région des Hauts-Bassins, avec la ville de Bobo-Dioulasso, est considérée comme une région industrielle. En effet, elle compte une variété d'unités industrielles opérant dans les domaines de l'agroalimentaire22, de la chimie et ses dérivés23, de la mécanique et de la métallique24. Aussi, existe-t-il des unités de production industrielle implantées à Toussian-Bandougou, dans le département de Kourinion : DAFANI SA25 et BABALI26. En outre, la région27 est dotée des moyens de transport terrestres, ferroviaires et aériens. Seulement deux (02) localités frontalières28 sont traversées par des routes nationales bitumées. Les activités de tourisme, de l'artisanat et de télécommunication y sont faiblement développées. Cette exploration de la région des Hauts-Bassins nous permet de présenter maintenant la zone de recherche. 2. La présentation de la zone de recherche La présente étude porte sur les localités de la région des Hauts-Bassins qui ont une frontière commune avec le Mali : Faramana29, Kayan30, Koloko31, Morolaba32, 22 BRAKINA, CITEC Huilerie, SOPROFA, SOFITEX, SOFIB. 23 WINNER Industrie, SAP, NOVATEX, SAPHYTO. 24 SIMOFA ex SIFA. 25 Unité de production de jus de fruits et de confitures de mangues. 26 Unité de production d'eau minérale. 27 Notamment la ville de Bobo-Dioulasso. 28 Faramana et Koloko 29 La commune de Faramana est située au nord de la province du Houet, sur la route nationale no 9 et distante de cent trente kilomètres (130 km) de Bobo-Dioulasso. 30 Située au nord de la province du Kénédougou et à cent cinq kilomètres (105 km) de Orodora 31 Cette commune est à cinquante kilomètres (50 km) à l'ouest de Orodara et à cent vingt-cinq kilomètres (125 km) de Bobo-Dioulasso. 32 Elle est située au nord-ouest de la province du Kénédougou à cent cinquante kilomètres (150 Km) de Orodara et à cent quarante-six kilomètres (146 Km) de Bobo-Dioulasso. 16 N'Dorola33 et Sindo34 (cf. carte en annexe 2). L'étude a donc pour cible les populations et les principaux acteurs de l'administration de ces localités. Cependant, en raison des contraintes liées à la distance (entre ces localités et Ouagadougou) et au temps matériel pour l'étude (concomitance entre les cours à l'ENAM et les recherches sur le terrain), un choix d'échantillon s'est imposé pour la conduite du travail. Notre choix s'est donc porté sur la commune de Koloko. La commune rurale de Koloko, dans la province du Kénédougou, a une superficie de 919 km2 et compte dix-neuf (19) villages administratifs35 dont sept (07) frontaliers : Koloko, Fama, Kartasso, Nafanasso, Sifarasso, Sintasso, Zitonosso. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2006, la commune a une population qui s'élève à 19 394 soit 2,07 % de la population régionale. Les principaux groupes ethniques qu'on y rencontre sont : les Senoufo, les Dioula, les Peulh et les Mossé. L'agriculture et l'élevage constituent les principales activités de la commune qui est une zone de transit pour l'exportation des animaux vers la Côte d'Ivoire et le Mali. Le commerce et l'artisanat demeurent très peu développés et modernisés. Le transport des personnes et des marchandises y est assuré par des minibus et des camions. Quant aux acteurs, leur choix a été opéré selon leur niveau d'intervention dans la gestion des localités frontalières. En effet, le préfet, étant le premier responsable et représentant de l'Administration sur le territoire du département, il est le premier interpellé quant aux questions relatives à la gestion administrative. Son apport, en termes de difficultés rencontrées et de suggestions, a contribué à la présente étude. Parler de l'accessibilité aux documents administratifs, aux services de santé, de l'éducation et de l'approvisionnement en eau potable des populations dans une localité sans l'implication de ces premiers et principaux acteurs est une entreprise vouée à l'échec. Les populations des localités frontalières constituent les premières concernées par les questions de gestion administrative de ces localités. Elles sont les administrés ; les 33 Situé au nord de la province du Kénédougou, elle est distante de Bobo-Dioulasso et de Orodara respectivement de cent sept (107) et de cent kilomètres (100 Km). 34 Sindo est situé à 115 Km de Orodara et au Nord-Ouest de la ville de Bobo-Dioulasso. 35 Fama, Zetonasso, Dobougou, Nigolo, Songolo, Sintasso, Dialakoro, Chokoro, Banakoro, Kartasso, Imatoro, Zanibougou, Nantindougou, Nafanasso, Koloko, Sokoroni, Gnadia, Sifarasso et Kokouna. 17 réalités des difficultés sont vécues par elles. Leurs suggestions ont donc été indispensables pour l'amélioration du présent mémoire. L'approche utilisée auprès de ces acteurs a été à la fois quantitative et qualitative. Ce qui a nécessité l'élaboration et l'exploitation des outils de collecte de données. B. Les outils de collecte de données Le guide d'observation directe (1), le guide questionnaire et le guide d'entretien semi-directif (2) sont les outils que nous avons utilisés pour la collecte des données de l'étude. 1. Le guide d'observation directe Outil efficace de collecte d'informations constatées sur le terrain et destinées à un usage exclusif, le guide d'observation directe (cf. annexe 5) a été utilisé lors de cette étude. Il a permis de s'assurer personnellement de la réalité du terrain, toute chose qui a facilité la conduite des entretiens. 2. Le guide questionnaire et le guide d'entretien semi-directif Le guide questionnaire (cf. annexe 3) a été choisi dans le but de rassembler des données qualitatives sur la gestion administrative des localités frontalières de la région des Hauts-Bassins. Il a été administré aux populations36 des villages de Koloko : Fama, Kartasso, Nafanasso, Sifarasso, Sokoroni, Nigolo, Kokouna, Chokoro, Banakoro, Natindougou et Koloko village. Quant aux guides d'entretien semi-directif37 (cf. annexe 4), ils ont été conçus pour les acteurs capables de nous donner des réponses spécifiques et utiles pour la réussite de la présente étude. Ils ont été adressés aux autorités administratives et aux responsables des services sociaux de base des localités frontalières. Les données recueillies ont été traitées manuellement et à l'aide des outils informatiques (Word, Excel et SPSS) pour en assurer la fidélité, la fiabilité et une meilleure présentation. Mais avant ce travail, nous avons analysé les cadres juridique et institutionnel de la gestion des localités frontalières du Burkina. 36 Sur un échantillon prévisionnel de 80 individus, nous avons pu recueillir 69 fiches d'enquête remplies. 37 Ils ont été spécifiquement administrés au Préfet, au Major du CSPS, au Chef de Circonscription de l'Education de Base et à un représentant de la Mairie (le SG en mission) lors de notre enquête de terrain en février 2015. 18 CHAPITRE II. Les cadres juridique et institutionnel de la gestion des localités frontalières du Burkina Ce chapitre est consacré à l'analyse successive du cadre juridique (Section I.) et celui institutionnel (Section II.) de l'administration des localités frontalières du Burkina Faso. Section I. Le cadre juridique de la gestion
administrative des Le cadre juridique de la gestion des localités frontalières du Burkina a été étudié au double plan national (Paragraphe II.) et supranational (Paragraphe I.). |
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