CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Ce travail s'était proposé de faire une
étude sur l'évaluation de l'adoption de nouvelles
variétés des principales cultures vivrières chez les
paysans du territoire de Kalehe. Pour mener à bout cette investigation,
il a été réalisé une enquête auprès de
120 ménages repartis dans les deux chefferies (Buhavu et Buloho) du
territoire à raison de 60 ménages par chefferie.
L'étude a été faite à l'aide d'un
questionnaire d'enquête dont les points essentiels concernaient : les
caractéristiques socio-économiques des ménages, les
caractéristiques agronomiques des ménages, les
variétés de cultures utilisées, les facteurs de
corrélation avec l'adoption des nouvelles variétés, les
causes influençant l'adoption des nouvelles variétés et
les contraintes liées à l'adoption des nouvelles
variétés.
A l'issue de l'analyse et de l'interprétation des
résultats, il ressort du présent travail que :
· Pour les caractéristiques
socio-économiques des chefs des ménages,
o Dans les deux chefferies les personnes qui ont
été le plus rencontrées sont des femmes (56,6%) ;
o Les personnes interviewées sont majoritairement
jeunes, leur moyenne d'âge est de 35 ans ;
o Au niveau de l'éducation, on constate que le taux de
scolarité chez les personnes interviewées est de 67,4%. Moins de
la moitié des personnes rencontrées ont eu accès à
l'école primaire (44,1%), certaines ont fréquenté
l'école secondaire (23,3%), aucune personne n'a eu accès à
l'enseignement supérieur ou universitaire et un nombre important (32,5%)
d'enquêtés n'a pas eu accès à une quelconque forme
d'éducation scolaire ;
o Le nombre moyen d'enfants par ménage
s'élève à (4,7) et la taille moyenne des ménages
est de 6,5 individus.
· Pour les caractéristiques agronomiques des chefs
des ménages,
o Dans le milieu d'étude, moins de la moitié
(30,8%) des paysans enquêtés sont membres des associations de
développement. On les retrouve beaucoup plus dans les grands
centres ;
o Le nombre moyen des champs des agriculteurs est de 2 par
ménage et la superficie moyenne de terre cultivée par agriculteur
est d'environ 0,42 ha ;
o Dans tous les groupements enquêtés, les
cultures de base faisant l'objet d'étude sont pratiquées à
100% pour le manioc, à 53,3% pour le maïs, à 44,1% pour le
haricot, à 17,5% pour le bananier et à 14,1% pour la patate
douce. Le maïs est beaucoup cultivé dans la chefferie de Buhavu
(63,3%), le haricot dans le groupement de Mubuku (85%). Le bananier et la
patate douce ne sont plus beaucoup cultivés mais le grand score
s'obtient dans le groupement de Kalonge à 40% pour le bananier et 60%
pour la patate douce ;
o Les agriculteurs acquièrent leurs champs par location
(40,8%), par héritage (33,3%), par achat (32,4%) et par don (15,8%). La
location des champs est prononcée dans la chefferie Buhavu (53,3%),
l'héritage dans le groupement de Ndando (50%) et l'achat à
Kalonge (60%). L'obtention des champs par don est moins prononcée dans
l'ensemble du milieu d'étude.
· Pour l'adoption des variétés
améliorées,
o Les maisons de diffusion de semences
améliorées enquêtées ayant un rayon d'action
à Kalehe, diffusent les nouvelles variétés à 100%
pour le manioc, à 71,4% pour le haricot, à 57,1% pour le
maïs, à 42,8% pour le bananier et à 28,5% pour la patate
douce.
o Moins de la moitié d'agriculteurs adoptent les
variétés améliorées des cultures. Le taux
d'adoption des variétés améliorées
s'élève à 44,9% pour le manioc, 20,8% pour le haricot,
13,3% pour la patate douce et 10,8% pour le maïs. Aucune
variété améliorée de bananier n'a été
recensée.
· Pour la culture du manioc,
o Malgré que le manioc soit cultivé chez 100%
des personnes enquêtées dans territoire, seules deux
variétés améliorées sont cultivées. Il
s'agit de Sawasawa (22,5%) et Liyayi (20,8%). Elles sont plus cultivées
dans le groupement de Kalima (55%). Chez les variétés locales,
Nambiombio est au premier rang (98,3%) ;
o L'adoption des boutures de ces deux variétés
n'est influencée par aucun facteur socio-économique et
agronomique sur toute l'étendue du milieu d'étude ;
o Les principales motivations liées à l'adoption
de ces variétés chez les paysans les utilisant sont leurs
particularités de la résistance aux maladies et aux ravageurs
(62,1%) et du rendement (51%) ;
o Les contraintes nées de l'adoption de ces
variétés sont la pourriture des tubercules au champ après
la maturité de la culture (63,3%), l'obtention des cossettes de
mauvaise qualité après séchage des racines
tubéreuses (56,3%) et l'obtention d'une farine de mauvaise
qualité (55,7%).
· Chez le bananier,
o Seules les variétés locales sont
cultivées dans le milieu d'étude. Les variétés les
plus cultivées sont Ndizi (20,8%) et Kisamunyu (15%). La
variété Ndizi bas le record dans le groupement de Kalonge
(40%).
· Pour la culture du maïs,
o Les variétés améliorées sont
cultivées à faible échelle dans le milieu d'étude.
Celles rencontrées sont Majone (6,7%), INERA (4,1%) et M'Roma (2,5%).
Toutes ces variétés sont plus cultivées dans la
collectivité chefferie de Buhavu ;
o Le principal facteur qui est en corrélation avec
l'adoption des variétés améliorées du maïs est
l'appartenance à une association seulement dans le groupement de Mulonge
(0,9) ;
o Les principales motivations de faire recours à ces
variétés chez les usagers sont les bons rendements (66,7%) et les
qualités organoleptiques (31,4%) ;
o Les contraintes connues par les utilisateurs des
variétés améliorées de maïs sont
principalement la sensibilité aux ravageurs et aux maladies (55%), la
longue durée du cycle végétatif (15%). Cette
dernière contrainte est surtout marquée à Kalima (50%) et
à Kalonge (40%).
· Chez la patate douce,
o La seule variété nouvellement introduite dans
le milieu d'étude est Mugande (13,3%), connue au nom de M'Mboge. La
variété est beaucoup cultivée dans le groupement de
Kalonge (65%) ;
o Il n'existe aucune cause socio-économique ou
agronomique qui influence les paysans à adopter les boutures des
variétés améliorées de la patate douce sur
l'ensemble de l'étendue du milieu d'étude ;
o Les principales motivations d'utiliser cette
variété sont les bons rendements et les bonnes qualités
gustatives (66,7%), la résistante aux maladies (39,7%) et la
résistance aux ravageurs (23%) ;
o Les contraintes auxquelles font face les agriculteurs
utilisant cette variété améliorée sont le suivi
permanant de la culture (66,7%) et le cycle végétatif
prolongé (66,7%).
· Pour la culture de haricot,
o Les variétés améliorées de
haricot cultivées sont D6 (26,7%), M'Sole (21,7%) et
Nabulangeti (0,8%). Elles sont beaucoup plus cultivées dans la
collectivité chefferie de Buhavu ;
o Le principal facteur qui entre en corrélation avec
l'adoption des variétés améliorées de haricot est
la taille des champs rencontré à Kalonge (0,7) ;
o Les causes déterminantes des paysans à
recourir aux variétés améliorées de haricot sont le
bon rendement et la précocité (83,3%) et les bonnes
qualités gustatives (47,2%) ;
o Les contraintes auxquelles les paysans utilisant ces
variétés améliorées font face sont la
sensibilité aux ravageurs et aux maladies (80,5%) et la demande d'un
suivi rapproché au cours de la culture (22,5%).
De ces résultats, il est à constater que
l'adoption des variétés améliorées dans le milieu
d'étude pour les cinq principales cultures de base n'est pas
élevée car la tendance des agriculteurs est de recourir aux
variétés locales. Ceci s'explique d'une part par le faible
encadrement des associations paysannes par les diffuseurs des semences
améliorées et d'autre part par l'insécurité dans le
milieu et le niveau bas d'instruction des agriculteurs. L'ensemble de ces
éléments peut influencer d'une manière à une autre
sur l'augmentation ou la diminution de la productivité agricole.
L'importance accordée au choix des anciennes
variétés se justifie par le caractère de ces
variétés de s'adapter au contexte local du milieu et de
répondre à certaines aspirations des agriculteurs telle que la
tolérance aux maladies et aux ravageurs sauf pour le bananier car le BXW
détruit les variétés locales de bananier sans
distinction.
La recherche de meilleurs rendements est la principale raison
avancées pour l'adoption des nouvelles variétés cultures,
suivie des bonnes qualités gustatives pour le maïs, la patate douce
et le haricot. Les contraintes les plus importantes liées à cette
adoption sont la mauvaise qualité des produits récoltés
pour le manioc, la sensibilité aux maladies et aux ravageurs pour le
maïs et le haricot, le cycle végétatif allongé pour
le maïs et la patate douce.
Eu égard à ce qui précède, les
recommandations suivantes peuvent être formulées à
l'endroit :
· Des organisations faisant la diffusion des nouvelles
variétés :
- De rechercher les variétés répondant
aux besoins des agriculteurs, tel que le haut rendement, la résistance
ou la tolérance aux maladies et aux ravageurs du milieu ;
- De diversifier et accroître les variétés
des espèces vulgarisées ;
- De tester les variétés dans le milieu avant de
les diffuser et de mieux assurer l'accompagnement des producteurs.
· Du gouvernement congolais :
- De s'investir dans l'éradication totale des groupes
armés dans le territoire de Kalehe pour permettre aux agriculteurs
d'exploiter le maximum de leurs surfaces arables et d'accroitre leurs
productions.
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