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Evaluation de l'adoption des nouvelles variétés des principales cultures vivrières dans le territoire de Kalehe

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par Papy MUGISHO
Université Catholique de Bukavu - A0 Agronomie 2010
  

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Ce travail s'était proposé de faire une étude sur l'évaluation de l'adoption de nouvelles variétés des principales cultures vivrières chez les paysans du territoire de Kalehe. Pour mener à bout cette investigation, il a été réalisé une enquête auprès de 120 ménages repartis dans les deux chefferies (Buhavu et Buloho) du territoire à raison de 60 ménages par chefferie.

L'étude a été faite à l'aide d'un questionnaire d'enquête dont les points essentiels concernaient : les caractéristiques socio-économiques des ménages, les caractéristiques agronomiques des ménages, les variétés de cultures utilisées, les facteurs de corrélation avec l'adoption des nouvelles variétés, les causes influençant l'adoption des nouvelles variétés et les contraintes liées à l'adoption des nouvelles variétés.

A l'issue de l'analyse et de l'interprétation des résultats, il ressort du présent travail que :

· Pour les caractéristiques socio-économiques des chefs des ménages,

o Dans les deux chefferies les personnes qui ont été le plus rencontrées sont des femmes (56,6%) ;

o Les personnes interviewées sont majoritairement jeunes, leur moyenne d'âge est de 35 ans ;

o Au niveau de l'éducation, on constate que le taux de scolarité chez les personnes interviewées est de 67,4%. Moins de la moitié des personnes rencontrées ont eu accès à l'école primaire (44,1%), certaines ont fréquenté l'école secondaire (23,3%), aucune personne n'a eu accès à l'enseignement supérieur ou universitaire et un nombre important (32,5%) d'enquêtés n'a pas eu accès à une quelconque forme d'éducation scolaire ;

o Le nombre moyen d'enfants par ménage s'élève à (4,7) et la taille moyenne des ménages est de 6,5 individus.

· Pour les caractéristiques agronomiques des chefs des ménages,

o Dans le milieu d'étude, moins de la moitié (30,8%) des paysans enquêtés sont membres des associations de développement. On les retrouve beaucoup plus dans les grands centres ;

o Le nombre moyen des champs des agriculteurs est de 2 par ménage et la superficie moyenne de terre cultivée par agriculteur est d'environ 0,42 ha ;

o Dans tous les groupements enquêtés, les cultures de base faisant l'objet d'étude sont pratiquées à 100% pour le manioc, à 53,3% pour le maïs, à 44,1% pour le haricot, à 17,5% pour le bananier et à 14,1% pour la patate douce. Le maïs est beaucoup cultivé dans la chefferie de Buhavu (63,3%), le haricot dans le groupement de Mubuku (85%). Le bananier et la patate douce ne sont plus beaucoup cultivés mais le grand score s'obtient dans le groupement de Kalonge à 40% pour le bananier et 60% pour la patate douce ;

o Les agriculteurs acquièrent leurs champs par location (40,8%), par héritage (33,3%), par achat (32,4%) et par don (15,8%). La location des champs est prononcée dans la chefferie Buhavu (53,3%), l'héritage dans le groupement de Ndando (50%) et l'achat à Kalonge (60%). L'obtention des champs par don est moins prononcée dans l'ensemble du milieu d'étude.

· Pour l'adoption des variétés améliorées,

o Les maisons de diffusion de semences améliorées enquêtées ayant un rayon d'action à Kalehe, diffusent les nouvelles variétés à 100% pour le manioc, à 71,4% pour le haricot, à 57,1% pour le maïs, à 42,8% pour le bananier et à 28,5% pour la patate douce.

o Moins de la moitié d'agriculteurs adoptent les variétés améliorées des cultures. Le taux d'adoption des variétés améliorées s'élève à 44,9% pour le manioc, 20,8% pour le haricot, 13,3% pour la patate douce et 10,8% pour le maïs. Aucune variété améliorée de bananier n'a été recensée.

· Pour la culture du manioc,

o Malgré que le manioc soit cultivé chez 100% des personnes enquêtées dans territoire, seules deux variétés améliorées sont cultivées. Il s'agit de Sawasawa (22,5%) et Liyayi (20,8%). Elles sont plus cultivées dans le groupement de Kalima (55%). Chez les variétés locales, Nambiombio est au premier rang (98,3%) ;

o L'adoption des boutures de ces deux variétés n'est influencée par aucun facteur socio-économique et agronomique sur toute l'étendue du milieu d'étude ;

o Les principales motivations liées à l'adoption de ces variétés chez les paysans les utilisant sont leurs particularités de la résistance aux maladies et aux ravageurs (62,1%) et du rendement (51%) ;

o Les contraintes nées de l'adoption de ces variétés sont la pourriture des tubercules au champ après la maturité de la culture (63,3%), l'obtention des cossettes de mauvaise qualité après séchage des racines tubéreuses (56,3%) et l'obtention d'une farine de mauvaise qualité (55,7%).

· Chez le bananier,

o Seules les variétés locales sont cultivées dans le milieu d'étude. Les variétés les plus cultivées sont Ndizi (20,8%) et Kisamunyu (15%). La variété Ndizi bas le record dans le groupement de Kalonge (40%).

· Pour la culture du maïs,

o Les variétés améliorées sont cultivées à faible échelle dans le milieu d'étude. Celles rencontrées sont Majone (6,7%), INERA (4,1%) et M'Roma (2,5%). Toutes ces variétés sont plus cultivées dans la collectivité chefferie de Buhavu ;

o Le principal facteur qui est en corrélation avec l'adoption des variétés améliorées du maïs est l'appartenance à une association seulement dans le groupement de Mulonge (0,9) ;

o Les principales motivations de faire recours à ces variétés chez les usagers sont les bons rendements (66,7%) et les qualités organoleptiques (31,4%) ;

o Les contraintes connues par les utilisateurs des variétés améliorées de maïs sont principalement la sensibilité aux ravageurs et aux maladies (55%), la longue durée du cycle végétatif (15%). Cette dernière contrainte est surtout marquée à Kalima (50%) et à Kalonge (40%).

· Chez la patate douce,

o La seule variété nouvellement introduite dans le milieu d'étude est Mugande (13,3%), connue au nom de M'Mboge. La variété est beaucoup cultivée dans le groupement de Kalonge (65%) ;

o Il n'existe aucune cause socio-économique ou agronomique qui influence les paysans à adopter les boutures des variétés améliorées de la patate douce sur l'ensemble de l'étendue du milieu d'étude ;

o Les principales motivations d'utiliser cette variété sont les bons rendements et les bonnes qualités gustatives (66,7%), la résistante aux maladies (39,7%) et la résistance aux ravageurs (23%) ;

o Les contraintes auxquelles font face les agriculteurs utilisant cette variété améliorée sont le suivi permanant de la culture (66,7%) et le cycle végétatif prolongé (66,7%).

· Pour la culture de haricot,

o Les variétés améliorées de haricot cultivées sont D6 (26,7%), M'Sole (21,7%) et Nabulangeti (0,8%). Elles sont beaucoup plus cultivées dans la collectivité chefferie de Buhavu ;

o Le principal facteur qui entre en corrélation avec l'adoption des variétés améliorées de haricot est la taille des champs rencontré à Kalonge (0,7) ;

o Les causes déterminantes des paysans à recourir aux variétés améliorées de haricot sont le bon rendement et la précocité (83,3%) et les bonnes qualités gustatives (47,2%) ;

o Les contraintes auxquelles les paysans utilisant ces variétés améliorées font face sont la sensibilité aux ravageurs et aux maladies (80,5%) et la demande d'un suivi rapproché au cours de la culture (22,5%).

De ces résultats, il est à constater que l'adoption des variétés améliorées dans le milieu d'étude pour les cinq principales cultures de base n'est pas élevée car la tendance des agriculteurs est de recourir aux variétés locales. Ceci s'explique d'une part par le faible encadrement des associations paysannes par les diffuseurs des semences améliorées et d'autre part par l'insécurité dans le milieu et le niveau bas d'instruction des agriculteurs. L'ensemble de ces éléments peut influencer d'une manière à une autre sur l'augmentation ou la diminution de la productivité agricole.

L'importance accordée au choix des anciennes variétés se justifie par le caractère de ces variétés de s'adapter au contexte local du milieu et de répondre à certaines aspirations des agriculteurs telle que la tolérance aux maladies et aux ravageurs sauf pour le bananier car le BXW détruit les variétés locales de bananier sans distinction.

La recherche de meilleurs rendements est la principale raison avancées pour l'adoption des nouvelles variétés cultures, suivie des bonnes qualités gustatives pour le maïs, la patate douce et le haricot. Les contraintes les plus importantes liées à cette adoption sont la mauvaise qualité des produits récoltés pour le manioc, la sensibilité aux maladies et aux ravageurs pour le maïs et le haricot, le cycle végétatif allongé pour le maïs et la patate douce.

Eu égard à ce qui précède, les recommandations suivantes peuvent être formulées à l'endroit :

· Des organisations faisant la diffusion des nouvelles variétés :

- De rechercher les variétés répondant aux besoins des agriculteurs, tel que le haut rendement, la résistance ou la tolérance aux maladies et aux ravageurs du milieu ;

- De diversifier et accroître les variétés des espèces vulgarisées ;

- De tester les variétés dans le milieu avant de les diffuser et de mieux assurer l'accompagnement des producteurs.

· Du gouvernement congolais :

- De s'investir dans l'éradication totale des groupes armés dans le territoire de Kalehe pour permettre aux agriculteurs d'exploiter le maximum de leurs surfaces arables et d'accroitre leurs productions.

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