I.2. GENERALITES SUR LES NOUVELLES VARIETES
La semence est le premier intrant de base en l'agriculture. La
qualité de la semence utilisée par les paysans détermine
le type d'agriculture pratiquée. Cependant pour le gain maximum de la
productivité, l'utilisation des variétés
améliorées et la gestion intégrée sont
nécessaires. Non seulement chacune de celles-ci utilisée seule
contribue à augmenter la productivité, mais elles agissent
également de manière synergique (NTARE et al., 2010).
Les progrès considérables réalisés
en matière de productivité agricole dans diverses régions
du monde sont attribuables en grande partie à la mise au point de
variétés végétales améliorées. Bien
mieux, les avantages découlant de l'amélioration des plantes vont
au-delà de l'accroissement de la production alimentaire (ANONYME,
2008a).
La qualité de la semence dépend beaucoup de
l'application scrupuleuse des techniques de conditionnement de la
récolte et de conservation du produit jusqu'à la période
d'utilisation. Le conditionnement doit permettre de sélectionner les
meilleures semences tandis que la conservation garantira le maintien de ces
semences à un haut niveau de qualité (NTARE et al.,
2010).
Le processus de sélection végétale exige
beaucoup de temps et d'argent, mais une fois disséminée, une
nouvelle variété végétale peut être
facilement reproduite, avec pour conséquence de priver l'obtenteur des
fruits de son investissement. A l'évidence, peu d'obtenteurs seraient
disposés à consentir des années d'investissements
importants dans la mise au point de nouvelles variétés
végétales si les moyens de protéger leurs obtentions et de
récompenser leurs efforts n'existaient pas (ANONYME, 2008a).
I.2.1. Les méthodes de sélection
utilisées
L'amélioration de la production végétale
nécessite à la fois l'adaptation et la sélection des
plantes aux conditions des milieux et aux besoins des hommes, ainsi que
l'adaptation des conditions des milieux aux besoins des organismes
végétaux. Ceci demande donc une connaissance approfondie des
plantes et leur fonctionnement, et des milieux où elles vivent (VILAIN,
1997). L'opération d'amélioration des plantes est de longue
haleine, il faut souvent plus de 10 à 15 ans pour créer ou
sélectionner une nouvelle variété. Elle doit donc
être optimisée par le développement des méthodes
d'évaluation et de sélection efficaces, qui sont toujours un
compromis entre durée et précision (ANONYME, 2006).
Selon ANDRE (1990), on ne parle pas de la sélection
naturelle qui se déroule pour les végétaux comme pour tout
être vivant où dans la nature, seul le plus armé survit.
L'homme a entrepris depuis longtemps une sélection artificielle. Elle
peut avoir lieu soit à partir d'une population déjà
existante, sans création : c'est une sélection
conservatrice, soit à partir des populations nouvelles : c'est
la sélection créatrice, à partir des mutations,
somations ou hybridations.
Comme dans toutes les expériences de sélection,
la sélection sur un caractère n'est pas toujours sans influence
sur les autres. Une sélection pour l'augmentation du taux des
protéines conduit, sur deux cycles, à une augmentation de 11% par
cycle mais aussi à une diminution du rendement de 8% et du poids de 1000
grains (chez le blé) de 10%, ainsi qu'à un accroissement de la
hauteur et de la productivité des plantes (MAXIME et LAURENT, 1995).
La sélection des plantes adaptées est ainsi
passée progressivement des méthodes empiriques aux objectifs peu
formalisés à la sélection d'aujourd'hui, intégrant
les attentes des filières et des consommateurs. L'étude des lois
de Mendel, nous a appris que suite à une hybridation, les combinaisons
nouvelles étaient multiples et les nouveautés n'étaient
pas toujours visibles immédiatement. Il faut donc au
sélectionneur de la patience, de l'organisation, de la non dispersion,
beaucoup d'esprit d'observation. Plusieurs techniques sont à sa
disposition (VIALLE, 2011).
a. Sélection
mécanique
Appliquant les principes de la sélection naturelle, le
sélectionneur ne conserve que les graines entières, les plus
grosses, les plus lourdes, etc. (ANDRE, 1990).
Selon VAN DEN BURG (2004), Il faut que la production des
semences aille toujours de pair avec la sélection : on choisit
les meilleures et on met de côté les plus mauvaises. Ceci peut
facilement influer sur les caractéristiques des cultivars, sur l'aspect
qu'ils offrent et leur performance d'une année à l'autre.
b. Sélection massale ou
phénotypique
Depuis les débuts de l'agriculture, les agriculteurs
ont gardé, à chaque génération, les graines des
plus belles plantes, afin de les replanter l'année suivante. Cette
pratique est appelée sélection massale. Le fait de
garder les meilleures graines amène progressivement à une
amélioration de l'espèce cultivée (JACQUES, 2010).
Comme son nom l'indique, cette sélection
phénotypique ne tient compte que du
« phénotype » de la variété
sélectionnée. Il s'agit donc dans une population
donnée d'éliminer les individus ne donnant pas
satisfaction (mauvaise végétation, mauvaise floraison,
mauvaise fructification,...) et de ne conserver que la
« masse » la plus en rapport avec les buts
recherchés pour assurer la génération suivante. Elle peut
se faire sur une année ou mieux sur plusieurs années successives.
Notons que la fécondation est un point délicat afin d'assurer une
continuité de l'expérience. Si elle ne pose pas de
problèmes pour les plantes autogames qui s'autofécondent, il n'en
est pas de même pour les plantes allogames qu'il faut protéger
dans leur fécondation croisée (cultures isolées par
exemple). La sélection massale s'explique aussi aux plantes à
multiplication végétative (ANDRE, 1990).
Ce type de sélection est très proche de la
sélection naturelle. Il est cependant totalement inefficace si les
caractères sélectionnés sont négativement
corrélés. C'est donc une méthode simple mais sommaire,
d'autant plus efficace qu'elle s'adresse à des critères en nombre
limité, en corrélation positive et à forte
héritabilité (ANONYME, 2006).
c. Sélection généalogique ou
sur pédigrée
La redécouverte des lois de ségrégation
(lois de Mendel) eut une application directe en agriculture, en permettant de
combiner les traits de façon rationnelle. Plutôt que de
sélectionner les plantes sur base de leurs propres caractères, on
étudie la répartition de ces caractères dans leur
descendance, afin de savoir si le trait est homozygote ou
hétérozygote (JACQUES, 2010).
Il s'agit à l'opposé de la sélection
massale, qui élimine les sujets non satisfaisants, d'extraire d'une
population quelques individus considérés comme meilleurs du lot
à sélectionner, de les multiplier séparément
à partir de cette « tête de famille » et enfin
de comparer leur descendance en éliminant les lignées
indésirables. La sélection généalogique permet en
outre, d'isoler une mutation ou une somation dans une population homozygote, de
dégager la « nouvelle variété » d'une
population hétérozygote (ANDRE, 1990).
La sélection s'effectue donc sur les traits de la
descendance plutôt que de la plante elle-même (JACQUES, 2010). La
comparaison des lignées obtenues ne peut être valable que dans la
mesure où la multiplication se fait avec un minimum de
précaution : soins à la fécondation (surtout
crisée), culture en terre de qualité moyenne dans des conditions
techniques identiques (ANDRE, 1990).
Ce genre de sélection est classiquement pratiqué
pour la plupart de plantes autogames : céréales à
paille (blé, riz), oléo-protéagineux (soja, arachide),
légumineuses (haricot, niébé) mais aussi pour l'obtention
des lignées parentes d'hybrides (ANONYME, 2006).
d. Sélection sanitaire
C'est une sélection soit conservatrice, soit
créatrice, utilisant les techniques de la sélection massale ou
généalogique et permettant soit de mettre à la disposition
des agriculteurs des végétaux sains et exempts de maladies, soit
de découvrir des cultivars résistants (ANDRE, 1990).
I.3. SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE DU TERRITOIRE DE
KALEHE
Le territoire de Kalehe est une région à
vocation agropastorale de la province du Sud-Kivu. Sa population est
essentiellement agricole, les autres activités (artisanat, commerce,
pêche, exploitation minière, etc.) bien qu'indispensables, ne sont
que secondaires.
L'agriculture, l'élevage, le petit commerce et la
pêche constituent les principaux secteurs économiques du
territoire. L'agriculture, l'élevage et la pêche sont à la
fois des activités économiques de subsistance et à
caractère commercial (petit commerce), les producteurs consomment
eux-mêmes une partie de leur production et vendent une autre partie sur
les différents marchés (ANONYME, 2009a).
a) Agriculture et élevage
L'agriculture est essentiellement d'autosubsistance. On trouve
diverses cultures vivrières dans ce territoire, tels que le manioc, le
haricot, le maïs, le sorgho, l'arachide, la patate douce, la pomme de
terre, le taro, le riz, le petit pois, la banane et diverses cultures de rente
qui ont été à la base de la création de plusieurs
plantations à savoir : le café arabica, le quinquina, le
théier et le palmier à huile (IPAPEL, 2008).
Les animaux domestiques élevés sont de tout
genre. On peut citer le caprin, l'ovin, le porcin, le bovin, la volaille, le
lapin, le cobaye,... (MUHIMA, 2009).
b) Alimentation et santé
L'alimentation de cette population reste fort
diversifiée. Elle est essentiellement basée sur les cultures
vivrières traditionnelles telles que le manioc, la patate douce, la
banane, la pomme de terre, le maïs, le sorgho, le soja, le haricot,
l'huile de palme, les ignames ; plus les protéines d'origine
animale en provenance du lac Kivu (poissons), de l'élevage :
chèvres, vaches, volailles, porcs, etc. (PNUD, 2009).
Quant au secteur de la santé, il connaît de
petites améliorations par la création et l'émergence de
nouvelles formations sanitaires (hôpitaux, centres de santé,
postes de secours) supervisées par le District Sanitaire Nord, qui sont
moyennement fournies en médicaments souvent à un coût
relativement abordable, ce qui permet de relever plus ou moins la
qualité des soins (PNUD, 2009).
c) Commerce
Bien que dans le territoire l'agriculture puisse être
qualifiée de subsistance, la plupart des habitants sont contraints de
vendre les produits de leurs récoltes pour s'approvisionner en
différents biens manufacturés. Le territoire réalise de
nombreuses transactions, essentiellement avec les villes de Goma, Bukavu et le
Rwanda. Les trois grands centres commerciaux d'exportation sont : Minova,
Nyabibwe et Kabamba (IPAPEL, 2008). Les autres principaux marchés
du territoire sont : Bulambika (Bunyakiri centre), Hombo, Kambegete,
Butwashenge (Kalonge), Ihusi (Kalehe centre) et enfin Nyamukubi (ANONYME,
2009a).
d) Artisanat
L'artisanat est le secteur qui souffre du manque de
débouchés. La plupart des oeuvres produites par les paysans
(surtout le peuple pygmée) ne sont pas achetées par la population
locale. L'absence d'une structure permanente permettant aux artistes
d'écouler leurs produits à juste prix fait que ces métiers
soient considérés par la population comme secondaires et
même tertiaires (PNUD, 2009).
Au titre des exploitations artisanales, l'exploitation du bois
est très développée dans les parties forestières de
Bunyakiri et Kalonge tandis que l'exploitation des minerais comme la
cassitérite, l'or et le coltan s'effectue dans une vingtaine de sites
répartis sur l'ensemble du territoire mais particulièrement
concentrés dans les hauts plateaux du territoire à Numbi,
Shanje, Nyabibwe, Katasomwa, Nyawaronga (IPAPEL, 2008).
e) Voies de communication
L'enclavement dont souffre le territoire de Kalehe constitue
en outre un sérieux désavantage sur le plan économique :
deux routes nationales traversent le territoire, à savoir la nationale
N°2 qui relie Bukavu à Goma en passant par l'est du territoire
(groupements de Mbinga Sud, Mbinga Nord et Buzi) et la nationale N°3 qui
relie Bukavu à Kisangani et traverse la partie Ouest du territoire
(Bunyakiri et Kalonge). Bien qu'elles demeurent relativement praticables par
les camions transportant les marchandises, ces deux routes sont en très
mauvais état. Il est à remarquer encore l'absence
d'électricité et de réseau de communication cellulaire
dans la partie Ouest du territoire (ANONYME, 2009a).
CHAPITRE II : MILIEU ET METHODES
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