Evaluation de l'adoption des nouvelles variétés des principales cultures vivrières dans le territoire de Kalehe( Télécharger le fichier original )par Papy MUGISHO Université Catholique de Bukavu - A0 Agronomie 2010 |
ABSTRACTEverywhere, farmers need to reach the high-quality seeds easily, from high yielding varieties and well adapted so as to get higher yield. In the territory of Kalehe, farmers faced a seed problem before. However since some years, they have adopted improved varieties of food crops coming from agricultural research and some organizations taking care of seed diffusion. Investigations have been carried out in two local areas of the Kalehe territory where twelve villages were randomly retained for the assessment of the adoption of the new varieties of the main food crops cultivated. Crops concerned by the survey were cassava, banana tree, corn, sweet potato and bean. The objective of the survey was to collect data and information on the key indicators of basis concerning households, related to the adoption of varieties of five food crops in order to assess the impact on agriculture production. People interviewed were young in majority (mean age is 35 years). However one observes a weak level of education with about 44.1% of households responsible having a level of the primary school. Agriculture constitutes the main economic activity of the production. The majority of households have access to at least 0.42 hectare of land. Agriculture constitutes the major source for the satisfaction of the food needs of households. The production is mainly allocated to self consumption, with a part to be sold. The better output is the main reason advanced for the adoption of new varieties, followed by the good gustatory qualities for the corn, the sweet potato and the bean. The most important constraints to this adoption are the bad quality of products harvested from cassava, the susceptibility to pests and diseases for the corn and the bean, the longer vegetative cycle for the corn and the sweet potato. Keywords: improved varieties, adoption, constraints, Author: mugishobanga@gmail.com or mugishobanga@yahoo.fr (+243) 853055041, 991793591, 812311110, 981383001 INTRODUCTIONParmi les buts de l'agriculture figurent l'obtention des produits végétaux indispensables pour nourrir les hommes et les animaux, satisfaire leurs besoins énergétiques et fournir des matériaux pour l'agro-industrie (VILAIN, 1997). Cependant, malgré les progrès réalisés depuis le Sommet Mondial de l'Alimentation de 1996, au cours duquel on s'est engagé à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015, une grave insécurité alimentaire persiste toujours dans de nombreuses régions du monde (ANONYME, 2010). Le problème d'accès à une nourriture suffisante et saine constitue toujours une question mondiale à laquelle toute l'humanité continue à faire face, surtout dans les pays pauvres où sous-alimentation et malnutrition constituent des problèmes assez courants des populations, accentuées en zones rurales (DIOBASS, 2005). En effet, bien que la production mondiale de nourriture n'ait jamais été aussi élevée, quelque 800 millions de personnes souffrent encore de malnutrition chronique (ANONYME, 2010). L'agriculture à faible ressource pratiquée dans le tiers monde présente des problèmes insolubles. La survie de plus d'un milliard de personnes dépend d'une agriculture aux formes complexes, diversifiées et soumises à de nombreux aléas auxquels la recherche agronomique a rendu bien peu de services (ROBERT et al., 1994). L'amélioration de la productivité agricole est le moteur du développement, tant économique que social. Lorsque l'agriculture bat de l'aile, des sources de revenu sont perdues, les liens sociaux sont disloqués et, en conséquence, les sociétés deviennent plus mobiles (ANONYME, 2010). Les secteurs agricole et alimentaire dans la plupart des pays d'Afrique occupent plus de la moitié de la population active et les ménages consacrent en moyenne plus de la moitié de leurs revenus à l'alimentation (DELLERE et SYMOENS, 1988). Ils constituent le pilier de l'économie de nombreux pays en développement et le moyen d'existence principal pour la majorité de leurs populations. Dans cette perspective, il est crucial que les performances de l'agriculture permettent d'atteindre la sécurité alimentaire et de mettre en place des bases économiques stables (PAUL et ROBERT, 2011). Les semences et plants façonnent les systèmes agricoles depuis le début de la domestication des végétaux. Le choix des plantes cultivées adaptées aux conditions climatiques, aux sols et aux besoins des premières communautés agraires a permis le développement de l'agriculture (VIALLE, 2011). Cependant pour le gain maximum de la productivité, l'utilisation des variétés améliorées et la gestion intégrée de la fertilité du sol sont nécessaires. Non seulement chacune de celles-ci utilisée seule contribue à augmenter la productivité, mais elles agissent également de manière synergique (NTARE et al., 2010). Augmenter le taux de productivité agricole va de pair avec l'adoption des semences améliorées et autres technologies agricoles non seulement adaptées aux conditions agro-climatiques locales du milieu, mais aussi à la main-d'oeuvre et aux besoins commerciaux des petites exploitations agricoles (JOACHIN et al., 2005). Aujourd'hui, les systèmes de production végétale du monde entier sont basés sur l'accès des agriculteurs à des semences de qualité. L'accès aisé à ces semences ne peut être atteint et assuré qu'en présence d'un système d'approvisionnement en semences viable qui soit en mesure de multiplier et de diffuser les semences ayant été produites ou conservées (PAUL et ROBERT, 2011). Néanmoins, dans de nombreux pays en développement, plus de 90% des cultures sont encore plantées ou semées avec des semences de ferme et des variétés locales (PAUL et ROBERT, 2011). Le fait de conserver les semences issues de sa propre récolte a été une pratique standard pour le paysan, pratiquement tout le long de l'histoire agricole (VAN DEN BURG, 2004), alors que d'une façon plus générale, on peut dire que les objectifs de l'amélioration des plantes ont toujours été d'améliorer le revenu de l'agriculteur, en augmentant la production quantitative et/ou qualitative et la sécurité de cette production (GALLAIS, 2005). La mise au point des nouvelles variétés des cultures, se caractérisant par une meilleure qualité, un rendement plus élevé ou une plus grande résistance aux parasites et aux maladies, permet d'améliorer la qualité et la productivité de l'agriculture, de l'horticulture et de la foresterie tout en épargnant autant que possible l'environnement (ANONYME, 2008a). Dans la province du Sud-Kivu, particulièrement dans le territoire de Kalehe, les agriculteurs connaissaient un problème réel d'approvisionnement en semences. Soit qu'ils n'avaient pas assez de moyens économiques pour s'approvisionner en variétés améliorées et n'utilisaient que celles qu'ils avaient depuis toujours, soit qu'ils avaient la possibilité d'en trouver et que celles-ci ne s'adaptaient pas aux conditions pédoclimatiques du milieu et ne répondaient pas à leurs préoccupations. Cependant depuis quelques années, ces agriculteurs ont adopté de nouvelles variétés améliorées des cultures vivrières en provenance des institutions de recherche agricole et de certaines organisations s'occupant de la diffusion (vulgarisation) des semences. L'objectif de cette étude est de vérifier l'influence et d'évaluer l'adoption des variétés améliorées des cultures vivrières nouvellement introduites dans le système de production des populations autochtones du territoire de Kalehe. Pour atteindre cet objectif, cinq cultures vivrières (le manioc, le bananier, le maïs, la patate douce et le haricot) ont étaient choisies pour leur rôle réputé de base dans le milieu et l'importance leur accordé dans la diffusion par les ONG. L'intérêt de cette étude est de permettre aux institutions de recherche agronomique présentes dans la province du Sud-Kivu et aux décideurs politiques congolais, à partir des résultats des présentes recherches, de se rendre compte des zones d'ombre non encore exploitées par la recherche, soit dans les critères de sélection conduisant au choix variétal, soit dans les canaux de diffusion utilisés pour rendre populaire les semences améliorées proposées par la recherche. Ce travail se fixe comme zone d'étude le territoire de Kalehe suite à la présence d'un nombre important d'organisations de diffusion des variétés améliorées des cultures vivrières dans la contrée et le fait de son rapprochement à la principale institution de recherche agronomique (INERA/Mulungu). Outre l'introduction, le présent travail, s'articule autour de trois chapitres : le premier chapitre traite des généralités sur les cultures de base du Sud-Kivu, l'obtention des nouvelles variétés et la situation socio-économique du territoire de Kalehe ; le deuxième se focalise sur le milieu et la méthodologie utilisée et le troisième enfin, se rapporte à la présentation et la discussion des résultats. Une brève conclusion et quelques recommandations viendront mettre fin à ce travail. CHAPITRE I : GENERALITES 1.1. GENERALITES SUR LES CULTURES DE BASE DU SUD-KIVU 1.1.1. LE MANIOCa) Origine et description Le manioc (Manihot esculenta Crantz, synonyme de M. utilissima Pohl) (2n=36) appartient à la famille des Euphorbiaceae. Il est originaire du Nord de l'Amérique du Sud. Cette espèce cultivée n'existe plus à l'état naturel. L'histoire révèle que le manioc était déjà cultivé au Pérou, au Brésil, en Guyane et au Mexique à l'époque précolombienne. La culture fut amenée en Afrique à la fin du 16e siècle par les navigateurs portugais. Elle s'est rapidement répandue principalement en Afrique de l'Ouest, Afrique centrale et les pays riverains du Golfe de Guinée et pénétra plus à l'intérieur par le bassin du fleuve Congo (JANSSENS, 2001a). Le manioc est une plante arbustive pérenne de un à quatre mètres de hauteur, qui peut développer une ou plusieurs tiges principales simultanément sur la bouture. Les feuilles sont palmées. Les pétioles (1 à 25 cm de long), le nombre de lobes (1 à 13), leur forme et l'orientation générale du limbe sont des critères de différenciation variétale (ANONYME, 2006). D'après JANSSENS (2001a), le système racinaire du manioc est bien développé et lui confère une bonne tolérance à la sécheresse. Les fruits sont des capsules déhiscentes à trois loges éclatant bruyamment à maturité, libérant chacune une graine. b) Importance Le manioc est une plante de zone tropicale humide à grande faculté d'adaptation tant pour le climat que pour le sol (ANONYME, 1993). Il est l'une des cultures vivrières les plus cultivées et les plus consommées dans beaucoup de régions en Afrique (BRAIMA et al., 2000). Il est cultivé pour ses racines tubérisées qui entrent pour une grande part dans l'alimentation quotidienne de nombreuses populations, surtout africaines. C'est une plante riche en amidon. Elle est consommée soit directement sous forme de « manioc vert », soit sous forme de farine. Dans l'industrie, le manioc sert à la préparation de l'amidon, de la fécule, du tapioca, des biscuits, des pâtes alimentaires, de glucose,... ; dans certains pays, on fabrique de l'alcool à partir des racines de manioc. Les feuilles peuvent se consommer sous forme de légume (ANONYME, 1993). c) Amélioration variétale D'après BRAIMA et al. (2000), les meilleures variétés de manioc sont celles appréciées par les consommateurs et qui possèdent les caractéristiques suivantes: croissance rapide, bons rendements, bonne conservation en terre et tolérance aux principaux ravageurs et maladies. Le paysan choisit une variété donnée selon ses propres objectifs. Les travaux d'amélioration ont non seulement pour objectif d'augmenter le rendement du manioc dans différentes conditions écologiques mais également de réduire la teneur en linamarine ainsi qu'à augmenter la qualité nutritionnelle et la conservation des racines après récolte (JANSSENS, 2001a). Le centre de recherche de l'INERA Mulungu a mis au point quatre variétés en diffusion dans les altitudes, résistantes à la mosaïque africaine du manioc : Mayombe, Sawasawa, Liyayi et Sukisa (WALANGULULU, communication personnelle, 2009). d) Récolte et rendement Selon VAN DEN ABEELE et VANDENPUT (1951), dans la région équatoriale, la plupart des variétés de manioc, tant douces qu'amères peuvent être récoltées vers l'âge de 12 mois. Lorsque le climat s'écarte des conditions équatoriales, la récolte est plus tardive et ne s'opère qu'après 18 à 24 mois. Les rendements sont très variables suivant le climat, la valeur du sol, la variété et l'âge auquel on récolte. En région équatoriale, les terres moyennes, bien cultivées, fournissent 20 à 25 tonnes de racines fraîches à l'hectare. Dans les régions tropicales, la production se situe, dans des conditions moyennes, à environ 10 tonnes à l'hectare (JANSSENS, 2001a). D'après l'IPAPEL (2011), les rendements dans la province du Sud-Kivu sont estimés à 11,9 tonnes à l'hectare. La production totale de cette province pour seulement l'année 2011 était de 4070469 tonnes. L'optimum de rendement est obtenu sous 1200 à 1500 mm de pluies, à la température moyenne de 23 à 24°C, avec deux à trois mois de saison sèche (ANONYME, 1993). Même dans des milieux hostiles où les autres cultures échouent, le manioc est capable d'un bon rendement (BRAIMA et al., 2000). |
|