2.2. Description des aspects
socio-économiques
2.2.1. Milieu humain
La population des quatre principaux villages (Mvouti, Pounga,
Les Saras et Dimonika), situés dans et en périphérie de la
réserve de biosphère a été estimée à
7.266 habitants (tableau 2) selon les données démographiques de
la sous-préfecture de Mvouti en 2010. Soit 28% de la population du
district. Cependant, il importe de relever que la majeure partie de la
population du Mayombe est essentiellement concentrée le long de la voie
ferrée.
Pour des raisons économiques, la construction de la
route Nationale Brazzaville-Pointe-Noire a engendré une forte
concentration des populations le long de celle-ci au détriment de celles
des villages Dimonika et Makaba, en régression. A Dimonika par exemple,
la population évaluée à 770 habitants en 2007 à
fortement régressée pour se stabiliser autour de 400 habitants en
2010.
En effet, la Sous-préfecture de M'vouti,
circonscription abritant la réserve de biosphère de Dimonika, est
la région qui a connu la plus forte immigration de tout le monde rural
Congolais. Plus d'un tiers des habitants de la zone sont des migrants,
provenant des départements Congolais voisins comme ceux du Niari, de la
Bouenza, du Pool et de la Lékoumou), mais aussi, des pays voisins
notamment de la République Démocratique du Congo, secondairement
de l'Angola (Cabinda).
La population de la zone est pluri ethnique avec une
société issue de brassage entre les habitants où
n'apparait plus la dominance culturelle Yombé (ethnie originaire du
Mayombe).
Les principaux groupes ethniques rencontrés sont :
les Yombés, les Pounous, les Tsanguis, les Dondos, les Bembés,
les Kougnis, les Soundis et les Kongos.
Tableau 2:
Population des quatre principaux villages du district de M'vouti
Principaux villages
|
Population (habitants)
|
M'vouti
|
1.601
|
Les Saras
|
3.692
|
Pounga
|
1.559
|
Dimonika
|
414
|
Total
|
7.266
|
Figure 8: Répartition des
villages au sein de la réserve de biosphère de Dimonika
(Source: Batalou, 2012).
Les activités agricoles et d'extraction artisanale de
l'or sont la raison principale de cette migration. Certains groupes ce sont
établis dans le village à la faveur des rapports de bon voisinage
avec les clans propriétaire. Malgré tout, cette insertion sociale
dans les villages n'est guère définitive à cause de
nombreuses relations familiales qui les rattachent à leurs parents
d'origine avec lesquels ils continuent d'entretenir des échanges
permanents.
2.2.2. Activités
économiques
Diverses activités de mise en valeur sont
adoptées par la population aussi bien à l'intérieur
qu'à l'extérieur de la RBD. Les activités du secteur
primaire sont les plus pratiquées. Il s'agit de l'agriculture, la
chasse, l'élevage, la cueillette, l'exploitation forestière,
l'orpaillage, l'artisanat.
2.2.2.1. Agriculture
L'agriculture itinérante sur brûlis est la
première activité pratiquée par la majorité de la
population le long des voies de communication sur un rayon ne dépassant
pas 10 km.
Il y a une division sexuelle du travail dans
l'exécution des tâches au cours du calendrier cultural. Les hommes
sont spécialisés dans les opérations de préparation
de terrain (défrichement, abattage, et quelque fois sarclage), le reste
des opérations sont l'apanage des femmes.
La principale spéculation est le manioc (Manihot
esculenta) qui est l'aliment de base cultivé souvent en association
avec d'autres cultures. La culture de la banane est aussi beaucoup
pratiquée dans la plupart des localités de la zone. La surface
moyenne cultivée est d'environ 0,5 ha par champ. D'une manière
générale, les principales spéculations de la zone sont le
manioc, la banane, l'ananas, la patate douce, le taro, etc.
2.2.2.2. Chasse
La chasse est une activité importante et culturelle
pour toutes les communautés habitant dans le Mayombe. Elle est
essentiellement masculine et la répartition des chasseurs par ethnie
correspond à peu près à leur
représentativité respective dans le département avec une
majorité des Yombés (58 % des chasseurs).
La chasse collective a disparu dans le département en
raison notamment de la raréfaction du gibier, l'individualisation
progressive de la chasse et l'abandon des techniques traditionnelles. En effet,
l'apparition du fusil de chasse a considérablement favorisé la
chasse solitaire plus rentable. La chasse au fusil se pratique de jour comme de
nuit, de plus en plus loin des zones habitées (au-delà de 15 km)
en raison de raréfaction du gibier.
Le fusil et le piège à câble
métallique demeurent les deux principales techniques
utilisées.
D'après les enquêtes menées (Batalou,
1994), les espèces les plus chassées sont : les
céphalophes (7 espèces pour 56% des observations), les primates
notamment les cercopithèques avec (24%), l'Athérure (15%),
Potamochère (5%). La période allant de mars à mai semble
la plus favorable à la pratique de la chasse commerciale. Cette
période correspond à celle de la baisse de l'activité
agricole dans la zone, mais aussi de l'intensification des pluies favorisant la
mobilité de la faune à la recherche de nourriture .
Avant le bitumage de la route nationale n°1 Pointe-Noire
- Dolisie, la vente de gibier se faisait de préférence localement
à des particuliers présents ou de passage ou bien à des
intermédiaires qui allaient revendre sur les marchés urbains
proches comme Dolisie ou Pointe-Noire. Aujourd'hui, le désenclavement de
la zone grâce à cette route permet aux chasseurs d'aller vendre
directement leurs produits sur les marchés précités
à des prix plus élevés. De ce fait, le gibier sur le
marché local devient difficile à trouver. Du coup, les
réseaux de commercialisation du gibier se sont intensifiés et
deviennent plus incontrôlables. Toutefois une raréfaction du
gibier consécutive au grand braconnage observé dans toute la zone
à été relevé par les communautés de base.
Cette situation conduit les chasseurs à opérer des
pénétrations profondes dans l'aire centrale de la
réserve.
2.2.2.3. Elevage
L'élevage rencontré dans toute la zone est de
type traditionnel (en divagation) et de très faible taille. Il concerne
le petit ruminant (caprins, ovins), volaille et porcin. Le produit de cet
élevage n'est pas uniquement destiné à la vente
extérieure mais aussi à la consommation locale, en compensation
au déficit protéique existant dans les villages.
Il a été dénombré 10 petits
éleveurs d'Ovins à Les Saras ; 20 à Pounga ; 15
à Mvouti et 9 à Dimonika pour un cheptel de moins de 15
bêtes par éleveur.
Un élevage porcin de type moderne est
déjà envisagé dans certains villages (cas de Pounga) avec
l'appui de WWF. Toutefois, celui-ci est confronté à un
énorme handicap le manque ou l'insuffisance d'aliment de bétail
qui expose la jeune expérience à un échec
évident.
2.2.2.4. Cueillette
Cette activité très pratiquée dans les
localités riveraines, a une importance considérable dans les
économies des ménages et s'opère aussi bien dans les zones
agricoles que celles de chasse. Elle est menée par les femmes et les
jeunes valides. Parmi les aliments provenant de la cueillette on note, le
Mfumbu (Gnetum africanum Welw Gnetaceae) et les amendes de Nkumunu
(Coula edulis Bail Olacaceae) et de Loko (Treculia africana
Engl Moraceae) consommés comme des arachides ; Mvuta
(Trichoscypha sp. Anacardiaceae) ; Longi vembuka
(Chrysophyllum delevoyi De Wild Sapotaceae) ; longi fiota
(Chrysophyllum subnudum Baker Sapotaceae), Pava (Treculia
obovoidea N.E.Br. Moraceae) ; Mwingi (Treculia africana
Desc. Moraceae) ; Masisa (Aframomum giganteum (Oliv. Et D. Hamb.)
K. Schum Zingiberaceae) et Liyombo (Aframomum longipetiolatum Koechlin
Zingiberaceae).
Seuls les fruits de Coula edulis Bail Olacaceae font
l'objet d'un mini commerce local. Quantitativement, ces aliments sont
insignifiants mais qualitativement, ils apportent un complément
nécessaire en vitamines (Cusset, 1989).
Certains produits sont saisonniers, d'autres sont relativement
permanents comme les feuilles (Gnetum africanum), les Tondolo
(Afromomum sp), les feuille d'emballage (Marantaceae), les noix de
Elaeis guineensis. Certaines activités sont menées
à des fins commerciales bien qu'à une échelle très
réduite et concernent principalement les fruits sauvages, le miel pour
les hommes et les chenilles, les feuilles de Marantaceae, les champignons et
Gnetum africanum pour les femmes.
A côté de ces produits de cueillette
destinés à l'alimentation humaine, s'est développée
la cueillette des produits destinés pour multiples usages comme la
construction des cases (Arecaceae) et la vannerie pour le cas des rotins et
Palmaceae (Ancistrophyllum secundiflorum, Eremospatha spp., etc.)
servant à la confection des paniers, chaises, etc. ainsi qu'à la
pharmacopée traditionnelle.
2.2.2.5. Exploitation forestière
L'exploitation forestière, du moins celle formelle ou
légale, à été limitée, pour ne pas dire
interdite mais tolérée. Toutefois on peut noter que beaucoup de
particulier s'adonnent à cette activité, au vu des mètres
cubes de planches et de chevrons le long de la route Dolisie-Pointe Noire et au
niveau des pistes entre Pounga et Dimonika, entre autres.
2.2.2.6. Orpaillage
L'orpaillage est une activité très
développée dans la zone de Pounga et Dimonika l'exploitation est
essentiellement traditionnelle et occupe les trois quarts de la population
jeune. Les impacts sur l'environnement sont visibles, tant les techniques
d'extraction utilisées sont très rudimentaires (Photo 2). Les
gains peuvent osciller entre 300.000 et 1.000.000 FCFA par an (Batalou et
al., 2012).
Russel 2014
Photo 2 :
Activité de l'Orpaillage dans le village Dimonika.
2.2.2.7. Artisanat
Ce secteur très prometteur dans certaines
localités du pays devrait faire l'objet d'un développement dans
la zone pour deux principales raisons. La disponibilité de la
matière première et la proximité des villes de Pointe
Noire et Dolisie qui constitue des marchés non négligeable
seraient une source de motivation pour les producteurs. L'activité est
très pratiquée et les produits sont présent dans la
plupart des villages, malheureusement malgré l'inexistence d'une
organisation paysanne consacrée à cette fin, les artisans ont peu
de connaissances pour valoriser ce secteur. Les produits comme Bambusa
vulgaris qui pullulent dans la zone, avec lesquels on pourrait fabriquer
des meubles sont très peu valoriser alors que certains hôtels de
Pointe Noire en a besoin. Un accent particulier devra être mis sur la
promotion de l'écotourisme dans la zone, ce qui influerait le
développement et la valorisation de l'artisanat.
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