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Gestion durable de la réserve de biosphère de Dimonika : contribution à  l'estimation de la quantité de carbone de la forêt modèle de Dimonika (république du Congo)

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par Bertrand Russel TSOUMOU
Ecole Postuniversitaire d'Aménagement et Gestion Intégrés des Forêts et Territoires Tropicaux (ERAIFT/UNESCO) - DESS (Diplôme d'Etude Supérieure Spécialisée 2014
  

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2.2. Description des aspects socio-économiques

2.2.1. Milieu humain

La population des quatre principaux villages (Mvouti, Pounga, Les Saras et Dimonika), situés dans et en périphérie de la réserve de biosphère a été estimée à 7.266 habitants (tableau 2) selon les données démographiques de la sous-préfecture de Mvouti en 2010. Soit 28% de la population du district. Cependant, il importe de relever que la majeure partie de la population du Mayombe est essentiellement concentrée le long de la voie ferrée.

Pour des raisons économiques, la construction de la route Nationale Brazzaville-Pointe-Noire a engendré une forte concentration des populations le long de celle-ci au détriment de celles des villages Dimonika et Makaba, en régression. A Dimonika par exemple, la population évaluée à 770 habitants en 2007 à fortement régressée pour se stabiliser autour de 400 habitants en 2010.

En effet, la Sous-préfecture de M'vouti, circonscription abritant la réserve de biosphère de Dimonika, est la région qui a connu la plus forte immigration de tout le monde rural Congolais. Plus d'un tiers des habitants de la zone sont des migrants, provenant des départements Congolais voisins comme ceux du Niari, de la Bouenza, du Pool et de la Lékoumou), mais aussi, des pays voisins notamment de la République Démocratique du Congo, secondairement de l'Angola (Cabinda).

La population de la zone est pluri ethnique avec une société issue de brassage entre les habitants où n'apparait plus la dominance culturelle Yombé (ethnie originaire du Mayombe).

Les principaux groupes ethniques rencontrés sont : les Yombés, les Pounous, les Tsanguis, les Dondos, les Bembés, les Kougnis, les Soundis et les Kongos.

Tableau 2: Population des quatre principaux villages du district de M'vouti

Principaux villages

Population (habitants)

M'vouti

1.601

Les Saras

3.692

Pounga

1.559

Dimonika

414

Total

7.266

Figure 8: Répartition des villages au sein de la réserve de biosphère de Dimonika

(Source: Batalou, 2012).

Les activités agricoles et d'extraction artisanale de l'or sont la raison principale de cette migration. Certains groupes ce sont établis dans le village à la faveur des rapports de bon voisinage avec les clans propriétaire. Malgré tout, cette insertion sociale dans les villages n'est guère définitive à cause de nombreuses relations familiales qui les rattachent à leurs parents d'origine avec lesquels ils continuent d'entretenir des échanges permanents.

2.2.2. Activités économiques

Diverses activités de mise en valeur sont adoptées par la population aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la RBD. Les activités du secteur primaire sont les plus pratiquées. Il s'agit de l'agriculture, la chasse, l'élevage, la cueillette, l'exploitation forestière, l'orpaillage, l'artisanat.

2.2.2.1. Agriculture

L'agriculture itinérante sur brûlis est la première activité pratiquée par la majorité de la population le long des voies de communication sur un rayon ne dépassant pas 10 km.

Il y a une division sexuelle du travail dans l'exécution des tâches au cours du calendrier cultural. Les hommes sont spécialisés dans les opérations de préparation de terrain (défrichement, abattage, et quelque fois sarclage), le reste des opérations sont l'apanage des femmes.

La principale spéculation est le manioc (Manihot esculenta) qui est l'aliment de base cultivé souvent en association avec d'autres cultures. La culture de la banane est aussi beaucoup pratiquée dans la plupart des localités de la zone. La surface moyenne cultivée est d'environ 0,5 ha par champ. D'une manière générale, les principales spéculations de la zone sont le manioc, la banane, l'ananas, la patate douce, le taro, etc.

2.2.2.2. Chasse

La chasse est une activité importante et culturelle pour toutes les communautés habitant dans le Mayombe. Elle est essentiellement masculine et la répartition des chasseurs par ethnie correspond à peu près à leur représentativité respective dans le département avec une majorité des Yombés (58 % des chasseurs).

La chasse collective a disparu dans le département en raison notamment de la raréfaction du gibier, l'individualisation progressive de la chasse et l'abandon des techniques traditionnelles. En effet, l'apparition du fusil de chasse a considérablement favorisé la chasse solitaire plus rentable. La chasse au fusil se pratique de jour comme de nuit, de plus en plus loin des zones habitées (au-delà de 15 km) en raison de raréfaction du gibier.

Le fusil et le piège à câble métallique demeurent les deux principales techniques utilisées.

D'après les enquêtes menées (Batalou, 1994), les espèces les plus chassées sont : les céphalophes (7 espèces pour 56% des observations), les primates notamment les cercopithèques avec (24%), l'Athérure (15%), Potamochère (5%). La période allant de mars à mai semble la plus favorable à la pratique de la chasse commerciale. Cette période correspond à celle de la baisse de l'activité agricole dans la zone, mais aussi de l'intensification des pluies favorisant la mobilité de la faune à la recherche de nourriture .

Avant le bitumage de la route nationale n°1 Pointe-Noire - Dolisie, la vente de gibier se faisait de préférence localement à des particuliers présents ou de passage ou bien à des intermédiaires qui allaient revendre sur les marchés urbains proches comme Dolisie ou Pointe-Noire. Aujourd'hui, le désenclavement de la zone grâce à cette route permet aux chasseurs d'aller vendre directement leurs produits sur les marchés précités à des prix plus élevés. De ce fait, le gibier sur le marché local devient difficile à trouver. Du coup, les réseaux de commercialisation du gibier se sont intensifiés et deviennent plus incontrôlables. Toutefois une raréfaction du gibier consécutive au grand braconnage observé dans toute la zone à été relevé par les communautés de base. Cette situation conduit les chasseurs à opérer des pénétrations profondes dans l'aire centrale de la réserve.

2.2.2.3. Elevage

L'élevage rencontré dans toute la zone est de type traditionnel (en divagation) et de très faible taille. Il concerne le petit ruminant (caprins, ovins), volaille et porcin. Le produit de cet élevage n'est pas uniquement destiné à la vente extérieure mais aussi à la consommation locale, en compensation au déficit protéique existant dans les villages.

Il a été dénombré 10 petits éleveurs d'Ovins à Les Saras ; 20 à Pounga ; 15 à Mvouti et 9 à Dimonika pour un cheptel de moins de 15 bêtes par éleveur.

Un élevage porcin de type moderne est déjà envisagé dans certains villages (cas de Pounga) avec l'appui de WWF. Toutefois, celui-ci est confronté à un énorme handicap le manque ou l'insuffisance d'aliment de bétail qui expose la jeune expérience à un échec évident.

2.2.2.4. Cueillette

Cette activité très pratiquée dans les localités riveraines, a une importance considérable dans les économies des ménages et s'opère aussi bien dans les zones agricoles que celles de chasse. Elle est menée par les femmes et les jeunes valides. Parmi les aliments provenant de la cueillette on note, le Mfumbu (Gnetum africanum Welw Gnetaceae) et les amendes de Nkumunu (Coula edulis Bail Olacaceae) et de Loko (Treculia africana Engl Moraceae) consommés comme des arachides ; Mvuta (Trichoscypha sp. Anacardiaceae) ; Longi vembuka (Chrysophyllum delevoyi De Wild Sapotaceae) ; longi fiota (Chrysophyllum subnudum Baker Sapotaceae), Pava (Treculia obovoidea N.E.Br. Moraceae) ; Mwingi (Treculia africana Desc. Moraceae) ; Masisa (Aframomum giganteum (Oliv. Et D. Hamb.) K. Schum Zingiberaceae) et Liyombo (Aframomum longipetiolatum Koechlin Zingiberaceae).

Seuls les fruits de Coula edulis Bail Olacaceae font l'objet d'un mini commerce local. Quantitativement, ces aliments sont insignifiants mais qualitativement, ils apportent un complément nécessaire en vitamines (Cusset, 1989).

Certains produits sont saisonniers, d'autres sont relativement permanents comme les feuilles (Gnetum africanum), les Tondolo (Afromomum sp), les feuille d'emballage (Marantaceae), les noix de Elaeis guineensis. Certaines activités sont menées à des fins commerciales bien qu'à une échelle très réduite et concernent principalement les fruits sauvages, le miel pour les hommes et les chenilles, les feuilles de Marantaceae, les champignons et Gnetum africanum pour les femmes.

A côté de ces produits de cueillette destinés à l'alimentation humaine, s'est développée la cueillette des produits destinés pour multiples usages comme la construction des cases (Arecaceae) et la vannerie pour le cas des rotins et Palmaceae (Ancistrophyllum secundiflorum, Eremospatha spp., etc.) servant à la confection des paniers, chaises, etc. ainsi qu'à la pharmacopée traditionnelle.

2.2.2.5. Exploitation forestière

L'exploitation forestière, du moins celle formelle ou légale, à été limitée, pour ne pas dire interdite mais tolérée. Toutefois on peut noter que beaucoup de particulier s'adonnent à cette activité, au vu des mètres cubes de planches et de chevrons le long de la route Dolisie-Pointe Noire et au niveau des pistes entre Pounga et Dimonika, entre autres.

2.2.2.6. Orpaillage

L'orpaillage est une activité très développée dans la zone de Pounga et Dimonika l'exploitation est essentiellement traditionnelle et occupe les trois quarts de la population jeune. Les impacts sur l'environnement sont visibles, tant les techniques d'extraction utilisées sont très rudimentaires (Photo 2). Les gains peuvent osciller entre 300.000 et 1.000.000 FCFA par an (Batalou et al., 2012).

Russel 2014

Photo 2 : Activité de l'Orpaillage dans le village Dimonika.

2.2.2.7. Artisanat

Ce secteur très prometteur dans certaines localités du pays devrait faire l'objet d'un développement dans la zone pour deux principales raisons. La disponibilité de la matière première et la proximité des villes de Pointe Noire et Dolisie qui constitue des marchés non négligeable seraient une source de motivation pour les producteurs. L'activité est très pratiquée et les produits sont présent dans la plupart des villages, malheureusement malgré l'inexistence d'une organisation paysanne consacrée à cette fin, les artisans ont peu de connaissances pour valoriser ce secteur. Les produits comme Bambusa vulgaris qui pullulent dans la zone, avec lesquels on pourrait fabriquer des meubles sont très peu valoriser alors que certains hôtels de Pointe Noire en a besoin. Un accent particulier devra être mis sur la promotion de l'écotourisme dans la zone, ce qui influerait le développement et la valorisation de l'artisanat.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway