Lors du sommet de la terre tenu à Rio de Janeiro au
Brésil en 1992, 191 pays, soit la presque totalité des pays, ont
signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) (Belé et al., 2011 ; Maniatis et
Mollicone, 2010). Cet accord international avait pour objet d'analyser toutes
les possibilités afin de réduire le réchauffement global
et la hausse des températures. Entré en vigueur en 2005, le
protocole de Kyoto découlant de cette convention marqua alors un premier
pas vers une réglementation mondiale des émissions
contrôlées de carbone sous forme d'un marché volontaire du
carbone qui alloue des permis d'émissions à chacun des pays. Ce
protocole reconnaît le rôle primordiale des forêts dans
l'adaptation aux changements climatiques (Brown, 2011 ; Karsenty, 2008).
D'ailleurs, à travers le mécanisme de développement propre
(MDP), il encourage les pays en développement à des
activités de boisement en reboisement (FAO, 2011). Ainsi, un certain
nombre de programme de foresterie volontaire pour la régulation du
carbone a émergé (Corbera et al., 2011).
Lors de la conférence du CCNUCC tenue à
Montréal en 2005 et suivant les recommandations du GIEC, deux pays
forestiers tropicaux, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Costa Rica,
proposent un mécanisme de réduction des émissions de gaz
à effet de serre en évitant la déforestation (Proforest,
2011 ; Costenbader, 2009 ; Angelsen et Wertz-Kanounnikoff, 2008).
La conférence de Bali a permise de trouver un consensus
pour l'octroi de soutiens financiers afin d'encourager les pays en voie de
développement à réduire leur taux de déforestation
et d'instaurer un mécanisme de compensation financière pour les
pays tropicaux qui parviennent à réduire leur
déforestation interne (Stickler et al., 2009 ;
Wertz-Kanounnikoff et Kongphan-Apirak, 2009 ; Lawlor et Huberman, 2009).
La REDD se positionne ainsi internationalement comme une nouvelle alternative
dans les politiques de changements climatiques en attirant l'attention mondiale
sur une option d'atténuation du changement climatique potentiellement
efficace et à faible coût (Brown, 2011 ; CCMP, 2009 ;
costenbader, 2009 ; Minang et al., 2009 ; GIEC, 2007).
Lors de la 14ème conférence du CCNUCC
qui a lieu à Poznán en Pologne en 2008, les parties souhaitent
promouvoir la gestion durable des forêts et la conservation de ces
« puits » de gaz à effet de serre (Belé et
al., 2011 ; Brown, 2011). C'est pourquoi lors de la
15ème conférence du CCNUCC tenue à Copenhague
au Danemark en 2009, il a été reconnu que les
bénéfices sur le climat peuvent survenir non seulement par la
réduction des changements négatifs (déforestation,
dégradation), mais aussi par l'amélioration des changements
positifs, c'est-à-dire dans la forme de la conservation des forêts
et de la restauration de celles-ci (Danielsen et al., 2011 ;
Stickler et al., 2009 ; Angelsen, 2008). Il faut cependant
attendre la 16ème conférence du CCNUCC organisé
à Cancún en 2010 pour qu'un accord émerge, quant aux
activités de conservation et de gestion durable des forêts, de
reboisement et d'accroissement des stocks de carbone forestier, qui viennent
se greffer à la REDD. Ce dernier est alors remplacé par la REDD+
(Brown, 2011 ; Proforest, 2011 ; Uprety et al., 2011 ;
Maniatis et Mollicone, 2010 ; Minang et al., 2009).
La REDD+ prétend que l'injection de flux financiers
issus des pays développés va permettre aux pays en voie de
développement de conjuguer leurs objectifs de protection de leurs
écosystèmes forestiers avec celui du développement de leur
économie, tout en aidant à combattre les changements climatiques
(Proforest, 2011 ; Costenbader, 2009). La communauté internationale
reconnaît désormais la réduction des émissions dues
à la déforestation et à la dégradation des
forêts, ainsi que l'amélioration des stocks de carbone des
forêts comme une composante essentielle des stratégies nationales
et internationales pour atténuer les changements climatiques mondiaux
(Uprety et al., 2011).
La REDD+ comporte 5 activités principales dans sa mise
en oeuvre (FOEST TENDS, UN-REDD, 2011).
1. Réduction des émissions dues au
déboisement ;
2. Réduction des émissions dues à la
dégradation des forêts ;
3. Conservation des stocks de carbone forestier ;
4. Gestion durable des forêts ;
5. Renforcement des stocks de carbone forestier.
C'est un processus basé sur les résultats, les
récompenses liées à la REDD+ se feront donc ex-post suite
à la vérification des résultats.
1.4.5. Processus REDD+ et lutte
contre les changements climatiques
Si les changements climatiques dus principalement aux
activités humaines constituent aujourd'hui la plus sérieuse
menace à l'échelle mondiale, la meilleure réponse à
l'atténuation se trouve dans le processus REDD+. La capacité de
séquestration de carbone atmosphérique par les
écosystèmes forestiers peut largement contribuer à en
atténuer les impacts. D'où l'intérêt plus accru pour
les forêts mondiales. A ce titre, la CCNUCC a placé les
forêts, donc la REDD+ au centre d'intérêt de ses
stratégies d'intervention et de lutte contre le réchauffement
climatique. La REDD+ est parmi les options d'atténuation disponibles, la
plus facile et la moins couteuse. En effet, selon un rapport de l'ONG Amis de
la Terre International (2008), le prix de la tonne de carbone
séquestré sera plafonné à environ 60$ US
comparativement au cout unitaire des autres procédés
technologiques. Les forêts mondiales stockent déjà 683 Giga
tonne de carbone (GtC) et peuvent éliminer une part importante des
émissions de GES. Les gouvernements sont déjà
tombés d'accord sur l'importance potentielle de la REDD+ et ils ont
fourni des ressources financières conséquentes pour lancer des
activités pilotes.
Il urge donc de mettre en oeuvre des politiques de
conservation et de gestion durable des forêts aux bénéfices
des populations locales et de la communauté mondiale dans la perspective
du développement durable.
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