III.1.4. Création d'AMPs au
Sénégal
Jusqu'à présent, les tentatives des services des
pêches pour contrer cette crise n'ont pas porté leurs fruits
(Diouf, 2004). Il est intéressant de savoir que le secteur de la
pêche au Sénégal est un secteur très informel. Le
code de la pêche définit des règles concernant la taille
des mailles, les tailles minimales de capture autorisée et
l'interdiction du monofilament. Pourtant, dans la pratique, ces règles
ne sont absolument pas appliquées et aucun contrôle sérieux
n'est effectué (Abdou Karim Sall, Communication personnelle). Le recours
aux AMPs est alors apparu comme une première solution - qui devra bien
sûr être combinée à d'autres mesures de gestion des
pêches comme la régulation de l'effort de pêche et des
restrictions sur les engins de pêches - pour inverser la tendance et
restaurer les ressources halieutiques.
En 1976, trois AMPs avaient déjà
été créées au Sénégal. Il s'agit du
Parc National de la Langue de Barbarie, du Parc National des Iles de la
Madeleine et du Parc National (et Reserve de Biosphère depuis 1981) du
Delta du Saloum. Une quatrième à été
créée en 1986, la Reserve Naturelle de Poponguine. Ces quatre
Parc Nationaux sont constitués d'une partie terrestre et d'une partie
maritime. Elles ont été crées avec pour objectif principal
la conservation des milieux et de la biodiversité.
Dans le cadre du PRCM, un grand nombre
d'institutions13 ont pris ensemble l'initiative de créer de
nouvelles AMPs au Sénégal. Cette initiative s'est voulue
participative, plurisectorielle et pluridisciplinaire. Les choix des zones pour
la création des nouvelles AMPs a donc été
décidé en collaboration avec des experts et des
représentants des différents groupes d'intérêt.
Après deux ans de travail, cinq sites ont été retenus sur
base de critères écologiques, économiques et sociaux.
C'est ainsi que sont nés les AMPs de Saint-Louis, Cayar, Joal-Fadiouth,
Abéné et Bamboung (fig.5). La superficie totale ainsi
protégée est de 82 500 hectares (WWF, 2003). Le décret
présidentiel n° 2004-14-08 du 04 novembre 2004 portant
création de ces cinq AMPs va leur donner un statut juridique.
En termes de gestion, l'objectif est d'aboutir à un
système de cogestion, dans lequel les acteurs locaux seraient fortement
impliqués dans la gestion, appuyés par des agents
représentants de l'Etat. Depuis 2006, la gestion des AMPs au
Sénégal relève de la compétence
13 Les institutions à l'origine de la
création de nouvelles AMPs au Sénégal sont: le WWF, la
Direction des parcs nationaux, la Direction des pêches, la Direction de
la surveillance et de la protection des pêches, le Centre de recherches
océanographiques de Dakar-Thiaroye, l'UICN, Wetlands International, la
FENAGIE, GAIPES et l'Océanium (Diouf, 2004)
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du Comité technique interministériel
chargé des aires marines protégées qui a été
créé par l'arrêté interministériel n°
0016554 du 03/03/2006. Celui-ci est sous la double tutelle du Ministère
de l'économie maritime et du Ministère de l'environnement et de
la protection de la nature. Le mandat de ce Comité est de faciliter la
coordination de la mise en place des AMPs et la définition des
procédures de leur gestion concertée. Cependant, dans la
pratique, ce Comité n'a jamais vu le jour et la gestion est
confiée aux agents de la Direction des Parcs Nationaux (DPN).
Fig.5 : Situation des AMPs de Saint-Louis, Cayar, Joal-Fadiouth
et Abéné au Sénégal (WWF, 2003)
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