I.3.5 Contrat d'aménagement
C'est un accord conclu entre l'établissement public en
charge de l'administration des zones économiques spéciales et un
aménageur, en vue d'établir, de développer et de
gérer une ZES, et en vertu duquel l'aménageur assume des risques
de projet en terme de placement.14
I.3.6 Contrat de gestion
Accord conclu par l'aménageur avec un tiers, en vertu
duquel ce dernier est tenu de rendre certains services et de recevoir en
contrepartie une rémunération.15
11 Michael Oborne, les zones économiques
spéciales de la république populaire de chine, art, pp55,
12 B.E.A.U : « foyer de développement »,
ed.imprimplans, Paris, 1990, p3
13 Journal officiel de RDC, loi no 14/022 du 7 juillet 2014
fixant le régime des ZES en RDC, numéro spécial,
55e année.
14 idem
15 idem
19
I.3.7 Contrat de sous-aménagement
Accord conclu entre l'aménageur et un sous-traitant
spécialisé en matière d'aménagement, en vue
d'assurer la bonne exécution du projet d'aménagement de la zone
économique spéciale.16
I.3.8 Entreprise
Toute société ou tout établissement
enregistré à l'établissement public en charge de
l'administration des ZES par un aménageur ou
gestionnaire.17
I.3.9 Gestionnaire
Entité nationale ou étrangère ayant
signé un contrat de gestion avec l'aménageur.18
I.3.10 Investisseur
Toute personne physique ou morale, de nationalité
congolaise ou étrangère, qui réalise un investissement au
sein d'une ZES19
I.3.11 Resident
Toute personne physique ou morale enregistrée par un
aménageur ou un gestionnaire, et autorisée par un
l'administrateur à résider dans une ZES.
I.3.12 Sous-aménageur
Un sous-traitant spécialisé en matière en
matière d'aménagement dans une ZES.
I.3.13 Travailleur
Toute personne au service d'une entreprise enregistrée
dans
une ZES.
SECTION 4 : HISTORIQUE, FONDEMENT ET
EXPERIENCES SIGNIFICATIVES DES ZES DANS LE MONDE
I.4.1 Historique
Historiquement, la première forme de zone
économique spéciale est apparue à Shannon, en
Irlande20 au début des années 1960. Cette ville,
était d'abord une enclave extraterritoriale exemptée de droits de
douane créée pour les
16 idem
17 idem
18 idem
19 idem
20WALID AYADI `les zones franches en
afrique du nord dans le secteur du textile: impacts commerciaux et
juridiques',mémoire, université du Quebec ,JUIN 2009,pp16
21 idem
20
touristes obligés de s'arrêter afin de faire le
plein d'essence avant la traversée de l'Atlantique. Elle fut
transformée en zones franches industrielles d'exportation par les
autorités de l'époque, suite à l'arrivée des jets
et ce, pour permettre aux 6000 travailleurs à l'aéroport de
conserver leurs emplois.
La dénomination de Zone économique
spéciale est apparue pour la première fois dans la
République Populaire de Chine. Pour commencer, le gouvernement central,
sous l'initiative de DENG XIOPING, lance en 1980 cinq vastes zones
économique spéciales, que sont Shenzhen, Zhuhai, Shantou, Xiamen
et Hainan.
Cette expérimentation avait pour fondement
de stimuler le développement économique et
technologique de certaines régions du pays. Ces zones étaient
conçues sur le même modèle qu'une zone franche
traditionnelle, excepté qu'à l'origine, elles étaient
franchement moins libérales. On retrouve ce type de zones dans les pays
ayant une histoire communiste, comme la Hongrie et d'autres pays de l'Est. La
spécificité de ces zones est qu'elles ne sont pas de simples
parcs industriels; ce sont en fait des villes ou des régions
entières comprenant l'ensemble des caractéristiques habituelles:
zones résidentielles et commerciales, équipements de loisirs,
moyens de transport, établissements d'enseignement, équipements
de santé, autres services sociaux. Ces zones, séparées
physiquement du reste du pays, ont pour objectif de promouvoir
l'investissement, mais elles constituent aussi des laboratoires d'idées
et d'expérimentations de différents modèles
économiques pour la Chine. Cela a pour objectif de tester
l'économie de marché de manière contrôlée, en
vue de l'étendre ultérieurement à d'autres parties du pays
si cela est jugé souhaitable. Progressivement, les zones
économiques spéciales, caractérisées par leur
capacité importante de main-d'oeuvre (30 millions de personnes) tout
comme par le volume d'investissements et d'exportations se sont
multipliées à travers le pays, entraînant alors un vaste
mouvement de délocalisation d'entreprises des zones franches du monde
entier vers les zones chinoises21. Les zones économiques
spéciales se sont répandues à travers le monde sous
différentes formes et appellations. On peut citer :
- Free zones: Irlande, Trinidad et Tobago, Turquie,
Émirats Arabes Unis, Uruguay, Venezuela.
- Parcs d'activités économiques: Tunisie (depuis
2001); ancienne appellation: zones franches économiques.
- Maquiladoras Mexique, Costa Rica, Salvador, Guatemala,
Honduras.
- Industrial free zones: Colombie, Ghana, Madagascar, Syrie et
Jordanie.
- Free trade zones: Bulgarie, Chili.
- Exportfree zones: Jamaïque.
- Free trade and industrial zones: Iran.
21
- Special export processing zones: Philippines.
- Export processingfree zones: Togo.
- Tax freefactories: Fidji.
- Bonded zone: Indonesian.
- Free zones and special processing zones: Pérou.
- Free economic zones: Russie.
- General purpose zones et sub zones : Etats Unis
- Zones économiques spéciales : Inde, Chine, Gabon,
République du Congo,
RDC,...
- Parcs agroindustriels : RDC
I.4.2 Fondement international de zone économique
spéciale
Les zones économiques spéciales sont
considérées comme des moyens efficaces pour, d'une part,
intégrer les pays en voie de développement à la
mondialisation, et d'autre part, accélérer la globalisation du
marché. Elles bénéficient du soutient idéologique,
économique et financier d'organisations internationales comme le FMI, la
Banque mondiale et le système onusien. Dans la majeur partie des pays
affiliés à ces organisations internationales, les
économies éprouvent des limites économiques graves :
répartition inégale des revenus, faible productivité de
l'agriculture, quasi-impossibilité d'établir les filières
industrielles de production ainsi que le recours de ces pays aux emprunts
proposés par les institutions de brettons woods et par les banques
publiques et privées des pays développés. Aussi ces
limites
observables jusqu'à ce jour, poussent ces pays à
adopter des stratégies d'industrialisation orientées vers
l'exportation. C'est dans ce cadre que les mesures de libéralisation, de
participation et de déréglementation préconisées se
traduisent par la mise en place des zones économiques spéciales.
Ceux-ci favorisent l'idée d'attendre des retombées sur
l'économie nationale.
I.4.3 les expériences significatives
Différentes expériences de zones
économiques spéciales dans certains pays ont entrainé
d'autres pays à ce modèle et ce, soit par leurs succès,
soit par l'importance de leurs volumes (volume d'investissement, taux
d'emplois, taux d'exportation,...), ou encore par la spécificité
de leurs mécanismes. Dans ce cadre, nous allons détailler
ci-après quelques cas à titre illustratif de la situation.
22
I.4.3.1 Les maquiladoras
(Mexique)22
Les maquillas sont généralement définies
comme des usines d'assemblage de propriété industrielle
étrangère qui emploient de la main-d'oeuvre à bon
marché pour monter des produits finis destinés à
l'exportation à partir de pièces fabriquées à
l'étranger. Le système de maquiladoras est introduit dès
la moitié des années 1960(1965) 151 en vue de lutter contre le
chômage. L'idée de départ était d'inciter les
entreprises américaines à construire des usines de montage et
d'assemblage le long de la frontière nord du Mexique.
Généralement, les maquiladoras sont des usines de production hors
douane permettant aux entreprises étrangères
(généralement américains) d'importer des marchandises qui
seront ensuite transformées ou assemblées en usines, en vue
d'être ultérieurement réexportées. La
spécificité de ces zones réside dans l'importance du
nombre d'emplois créés. Elles ont modernisé leurs moyens
de production, ce qui leur permet de commencer à se lancer dans les
activités de productions intégrées tout en abandonnant
progressivement leurs aspects d'usines de montage.
I.4.3.2 Les zones franches américaines: foreign
trade zone23
Les zones franches américaines ont vu le jour en 1934
avec le Foreign Trade Zone Act. Toutefois, il a fallu attendre jusqu'en 1970
pour voir naitre de véritables zones franches. Ces zones
déclarées en dehors du territoire douanier des Etats Unis pour
l'application des droits de douane, visent à offrir un régime
douanier spécial à des entreprises américaines. En effet,
les marchandises y entrant ne sont soumises à aucun droit de douane
à moins qu'elles ne pénètrent ensuite sur le territoire
douanier des Etats-Unis. Dans le contexte américain, on trouve deux
sortes de zones franches décrites ci-après :
I.4.3.2.1 General Purpose Zone(GPZ)
Ces zones diffèrent des zones franches traditionnelles
dans le sens où elles n'ont pas l'obligation d'exporter leurs produits
à l'extérieur du pays. Elles peuvent donc les écouler sur
le marché local et c'est à ce moment là que ces produits
seront soumis aux droits de douanes et aux quotas du pays.
I.4.3.2.2 Les Subzones (special purpose
zones)
Ces zones sont créées lorsque la zone franche
conventionnelle ne répond plus aux exigences de futurs utilisateurs en
l'occurrence une grosse entreprise. Ainsi, va-t-on créer une autre zone
adjacente à la zone franche
22WALID AYADI « les zones franches
en afrique du nord dans le secteur du textile: impacts commerciaux et
juridiques », mémoire, université du Quebec à
montréal,2006
23 WALID AYADI « les zones franches en afrique du nord
dans le secteur du textile: impacts commerciaux et juridiques »,
mémoire, université du Quebec à
montréal,2006
23
conventionnelle pour servir les intérêts
exclusifs d'une grosse entreprise ou d'une multinationale.
I.4.3.3 Les zones franches en
Afrique24
Sur le continent africain, les premières zones franches
sont apparues vers les années 1970. Cependant, pour la majorité
des pays, le bilan de ces zones était négatif plutôt que
prometteur. Les difficultés sont largement imputables aux troubles
sociopolitiques et économiques qu'a connus la majorité des pays.
En effet, l'instabilité politique et économique subie par
certains pays du continent africain a pour effet d'apeurer les investisseurs
étrangers. À titre d'exemple, en 1990-1992, le Togo a connu une
grave crise socio-économique entraînant un ralentissement
considérable de la croissance des entreprises exportatrices. Durant
cette crise, les entreprises étrangères ne voulaient plus
envisager le Togo comme un pays où potentiellement investir. La
situation est semblable pour tous les pays africains confrontés à
des guerres civiles. Les raisons principales de l'échec des zones
franches résident dans le poids excessif de la bureaucratie
(procédures douanières, délais d'obtention des
autorisations très longs, etc.), une mauvaise planification (le mauvais
choix de l'emplacement: dans des régions éloignées des
ports ou des aéroports), des réglementations du travail rigides
et contraignantes (obligation des entreprises à embaucher un nombre
déterminé d'employés), des restrictions de la
propriété foncière et un nombre excessif de documents
exigés. Par exemple, en Égypte, la demande de statut de zone
franche pouvait atteindre 40 pages jusqu'à une date récente, et
le délai de réponse était compris entre 12 et 24 mois
.Pour certains pays, les zones franches n'ont jamais décollé, du
Sénégal ou du Liberia. Pour d'autres, elles ont connu un
démarrage positif, pour par la suite subir une stagnation, comme dans le
cas du Togo, du Cap Vert, de la Namibie, du Cameroun, du Ghana et du Kenya.
Néanmoins, quelques pays ont fait exception : l'île Maurice,
Madagascar, ainsi que les pays du Nord de l'Afrique qui ont
développé des zones franches performantes dans le secteur du
textile.
I.4.3.4 Leçon tirée des expériences
et tentatives des ZES
La question essentielle qu'il importe de relever dans
l'expérience chinoise, mexicaine, américaine, africaine et autre
doit porter sur les motivations qui ont conduit chacun de ces Etats à
mettre en place une politique des zones économiques. Il sied de
constater que le souhait de voir accroitre la richesse nationale, à
travers des nouveaux emplois (comme au Mexique) ou encore à travers la
multiplication des investissements nationaux et étrangers au pays (comme
en Chine,
24 WALID AYADI « les zones franches en afrique du nord
dans le secteur du textile: impacts commerciaux et juridiques »,
mémoire, université du Quebec à
montréal,2006
24
aux Etats Unis ou encore en Russie) a été la
conséquence majeure de cette politique.
Les méthodes d'attraction et/ou de développement
des investissements diffèrent et constituent un facteur
déterminant pour définir le volume des investissements
susceptibles d'être implanté au sein des différentes zones.
Le fait, par exemple, pour la Chine de mettre en place cinq zones
économiques spéciales complexes (villes ou des régions
entières comprenant l'ensemble des caractéristiques habituelles:
zones résidentielles et commerciales, équipements de loisirs,
moyens de transport, établissements d'enseignement, équipements
de santé, autres services sociaux) , isolées du reste du pays et
surtout mettre en place des laboratoires d'idées et
d'expérimentations de différents modèles
économiques , a permis à la Chine de tester l'économie de
marché de manière contrôlée, entraînant alors
un vaste mouvement de délocalisation d'entreprises des zones franches du
monde entier vers les zones chinoises.
SECTION 5 : LA JUSTIFICATION ECONOMIQUE DE LA CREATION
DES ZONES ECONOMIQUES SPECIALES
Pour certains pays en développement, la création
de zones économiques spéciales vise à stimuler
l'industrialisation et à conquérir de nouvelles
opportunités économiques. II évoque également que
les avantages pour le pays d'accueil sont en majeure partie de nature
indirecte. Elles sont constituées par le progrès
économique des régions.
Dans le cas de la RDC , en créant des zones
économiques spéciale, l'État vise primordialement à
redynamiser le secteur privé et à réaliser d'autres
objectifs qui se rapportent généralement à la
création d'emplois et à l'amélioration de la
qualité de la main-d'oeuvre; il vise notamment ; à attirer
l'investissement direct étranger, à attirer des capitaux et des
techniques de pointe de l'étranger, à s'assurer des gains
en devises, à développer une structure
industrielle nationale, à améliorer les infrastructures, sans
pour autant négliger la rentabilité financière de la
zone.
Cependant, le dosage et le contenu précis de chacun de
ces objectifs varient en fonction des caractéristiques ou ambitions
propres à chaque pays. En effet, les lois de chaque pays sont
adaptées aux besoins spécifiques de l'État et au(x) type
(s) d'entreprises qu'il souhaite attirer sur son territoire.
Les recettes en devises du pays d'accueil sont essentiellement
constituées des salaires versés aux travailleurs nationaux de la
zone et, dans une moindre mesure, des dépenses locales pour le
règlement de services acquis
25
sur place (loyer, factures d'électricité, d'eau,
de télécommunications, frais de transport, etc.) ou de l'achat de
matières premières.
Ainsi, la croissance économique des zones
économiques spéciales va-t-elle contribuer de façon
importante à l'équilibre des échanges des pays. La
croissance annuelle des recettes des exportations des ZES, par comparaison
à celle des recettes des exportations nationales totales,
témoigne de meilleures performances des ZES par rapport à
l'économie nationale. Ces performances constituent un indice relatif du
succès des zones économiques spéciales en tant que moyen
mis à la disposition d'un État pour attirer des industries
manufacturières exportatrices. On peut appréhender cette
croissance illustrée dans de nombreux pays comme au Costa Rica,
où la part des zones franches dans les exportations de produits
manufacturés a été portée de 10 % en 1990à
53 % en 2005, et où les exportations se sont accrues de 55 % entre 2001
et 2005. La croissance des exportations des ZFIE était de l'ordre de 73
% à l'île Maurice en 1999, et de 41 % au Mexique en
1991.25
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