SECTION 9: ANALYSE DE LA DEMANDE
Un rapport d'analyse de la demande au sein de la ZES de
Maluku, réalisé par la CAZES en collaboration des groupes de la
banque mondiale; l'IFC et FIAS, avait pour objectif de qualifier et de
quantifier la demande potentielle en faveur de cette ZES. Sur base de ce
rapport nous allons examiner la part de la demande nationale à laquelle
la zone économique spéciale de Maluku peut prétendre ainsi
que les secteurs d'activités que la zone économique
spéciale peut être en mesure d'attirer.
77
II.9.1 Principes appliques au projet de Maluku dans la
détermination de la demande
Au vu de l'importance stratégique de l'analyse de la
demande, et des risques inhérents qui y sont attachés, il
apparait comme essentiel de poser certains principes qui doivent informer
l'analyse, influencer le modèle, les postulats et hypothèses :
1. L'analyse cherche à déterminer la demande
pour le produit proposé. Le produit représente l'offre.
2. Il ne faut pas supposer que l'offre crée la
demande. Le présupposé fondamental de l'analyse de la demande est
que celle-ci existe indépendamment de l'offre.
3. L'évaluation de la demande doit donc
déterminer la nature et le niveau de cette demande
indépendante.
4. Le projet n'a de raison d'être que s'il existe une
demande indépendante vérifiable empiriquement, et que cette
demande est en mesure de générer les flux financiers et
économiques capables de justifier l'investissement.
5. En ce qui concerne la proposition que l'offre
créée la demande, cette proposition ne doit pas être
utilisée pour augmenter artificiellement une demande jugée
insuffisante. Cependant, il est possible de développer un scenario de
demande accrue une fois le projet établi (dans la mesure où il
est justifiable sur la base de la demande indépendante). Il est en effet
concevable que la zone économique spéciale, une fois
établie, ait un effet catalytique sur l'activité
économique. C'est bien cela son objet économique. En effet, un
grand nombre de projets de ZES ont échoué parce que les
projections de la demande étaient trop optimistes.
II.9.2 Part de la demande nationale à
portée de la ZES de Maluku
II.9.2.1 Le grand Kinshasa et son hinterland
économique
Nous définissons ici le Grand Kinshasa comme
étant la région urbaine comprenant la ville de Kinshasa et les
communes contigües. Et l'hinterland économique de Kinshasa comme
étant l'ensemble multi-provincial fournissant le Grand Kinshasa et aussi
dépendant de celui-ci pour son approvisionnement. Cela signifie que
l'hinterland économique du Grand Kinshasa est en large part
définit par l'existence de relations commerciales manifestées par
des flux de marchandises principalement. Nous définissons donc cet
hinterland économique comme comprenant tout ou une partie des provinces
suivantes :
1. Kinshasa
2. Bas Congo
3. Bandundu
4. Equateur
78
Table6: Analyse sectorielle et distribution spatiale
entre ces provinces
Secteur Services
|
No.
264
|
Commerce
|
80
|
Agriculture
|
72
|
Industrie
|
71
|
Construction
|
60
|
Transports
|
55
|
Agro-alimentaire
|
40
|
Telecommunications
|
30
|
Resources naturelles
|
27
|
Groupe diversifié
|
20
|
Agro-foresterie
|
19
|
Finance
|
16
|
Environnement
|
14
|
Bailleur de fonds
|
3
|
Artisanat
|
1
|
BTP-immobilier
|
1
|
Grand total
|
773
|
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC9.png)
Source : IFC, groupe de la banque mondiale, dans analyse de la
demande (ZES de maluku).
Commentaire du tableau 6
Sur 773 unités, la représentation sectorielle
démontre la nette domination des services dans l'économie de la
région, avec 264 unités. Ils sont suivis par le commerce (80), la
production agricole (72), et l'industrie (71). Viennent ensuite la construction
(60), les transports (55) et l'agro-alimentaire (40). Les
télécommunications, les activités d'extraction des
ressources naturelles et l'agroforesterie les suivent (entre 20 et 30).
L'industrie est principalement représentée par les
matériaux de construction, les matériels électriques et la
métallurgie. Comme pour les autres secteurs, on observe une forte
dispersion de l'activité, avec peu d'entreprises présentes.
79
Tableaux 7 et 8 : activités de service et de
commerce
Activité de service
|
No.
|
Activité de commerce
|
No.
|
Conseil-Etudes
|
91
|
Distribution
|
14
|
Santé
|
39
|
automobile-entretien
|
|
Presse-media
|
24
|
/réparation
|
|
Formation-éducation
|
22
|
Commerce de
|
14
|
Imprimerie-édition
|
19
|
distribution
|
|
Hydrocarbures
|
14
|
Edition-publications
|
13
|
Maison et décor
|
8
|
Agence de voyage
|
10
|
Agence immobilier
|
5
|
Assurances
|
8
|
Import/export
|
4
|
Sécurité
|
6
|
Matériel électrique
|
4
|
Location de véhicule
|
5
|
Matériels médicaux
|
4
|
Recherché médicale
|
5
|
Informatique-
|
3
|
Arts
|
4
|
bureautique
|
|
Courier express
|
4
|
|
|
Energie
|
2
|
Maintenance
|
2
|
équipements
|
|
Produits agricoles
|
2
|
Quincaillerie
|
2
|
Maison et décor
|
2
|
Santé
|
2
|
Tourisme
|
2
|
Boulangerie pâtisserie
|
1
|
Recrutement
|
2
|
Bureautique
|
1
|
Eau
|
1
|
Diamants
|
1
|
Blank
|
1
|
Expositions
|
1
|
GRAND TOTAL
|
265
|
|
|
Matériel agricoles
|
1
|
|
|
Mécanique
|
1
|
|
|
Pièces
détachées
automobiles
|
1
|
|
|
Produits pétroliers
|
1
|
|
|
Matériel de
manutention
|
1
|
|
|
Viandes et poisons
|
1
|
|
|
Grand total
|
78
|
Source : IFC, groupe Banque mondiale
Commentaire tableaux 5 et 6
Les services sont dominés par les cabinets
conseil-études. Ceci regroupe les avocats, les comptables, les bureaux
d'ingénierie, les conseils
80
techniques et ainsi de suite. Les services de santé
suivent et comprennent les hôpitaux, médecins, pharmacies...
Viennent ensuite les hôtels, puis les media et la presse, les
institutions de formation et d'éducation supérieure.
Commerce : Le commerce est représenté
principalement par les activités de distribution - automobile,
alimentation, hydrocarbures, maison-décoration... Viennent ensuite les
services spécialisés, tels que les agences immobilières,
l'import-export et les autres activités de distribution de
détail.
Tableaux 9 activités agricoles
Activité agricole Ferme
|
No.
23
|
Elévage
|
15
|
Pisciculture
|
8
|
Diverses
|
8
|
Cacao-café
|
8
|
Cultures-vivrières
|
2
|
Fruits
|
2
|
Assistance technique
|
2
|
Biocarburants
|
1
|
Café-horticulture
|
1
|
Conseil-études
|
1
|
Cultures vivrières-
elevage
|
1
|
Elevage fruits
|
1
|
Palmeraie
|
1
|
Sémances
|
1
|
Tabac
|
1
|
Grand total
|
76
|
Source : IFC, groupe de la banque mondiale
Commentaire tableau 9
L'agriculture est représentée par les fermes
(activité agricole vivrière diversifiée),
l'élevage, la pisciculture et les productions diverses. La
classification indique une forte dispersion de l'activité dans des
niches, suggérant une très faible capacité productive au
niveau du secteur.
Parmi les secteurs à démographie moindre, mais
étant caractérisés par une forte concentration de
l'activité, nous notons :
1. La construction, dominée par le BTP, avec 37
entreprises sur un total sectoriel de 60.
81
2. L'agro-alimentaire, plus dispersée, est
dominée par des activités liées aux boissons (9),
conserves et aliments conditionnés (6), les boulangeries (4) et la
production d'huile de palme (4)
3. Le secteur des télécommunications est
fortement concentré sur la téléphonie, avec 16 entreprises
sur un total de 30. Suivent la bureautique et l'informatique (8) ;
4. Les activités liées aux ressources
naturelles incluent les entreprises minières ayant leurs
représentations à Kinshasa. Celles-ci sont majoritaires (11 sur
27). En termes d'activité d'extraction proprement dite, on
dénombre 4 carrières. Pour ce qui est de la distribution spatiale
des unités la concentration est sur Kinshasa, elle est de 89 pourcent.
Le Bas-Congo occupe 9 pourcent du total. Les autres provinces sont
statistiquement insignifiantes.
Tableau10 répartition spatiale des
activités économiques dans le grand Kinshasa et son
hinterland
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC10.png)
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC11.png)
Source : IFC et CAZES, dans analyse de la demande (ZES de
Maluku)
82
66 FIAS, Rapport final d'Analyse de la demande pour la ZES
pilote de Maluku, avril 2010
II.9.2.2 Analyse des demandes dans les
provinces
En ce qui concerne les demandes pour la période
20052009, un total de 504 dossiers a été déposé,
pour une valeur totale indiquée de plus de 8,3 milliards de dollars
américains. L'industrie représente le secteur avec le plus grand
nombre de dossiers (137), suivi de l'agro-alimentaire (71), les services (69),
les transports et l'immobilier (46), puis la finance (28), la construction
(25), les télécommunications (24) et l'agroforesterie
(18).66
En termes de valeur, les télécommunications
dominent très nettement, à 2,8 milliards de dollars. Viennent
ensuite les transports (1,1 milliards), suivi de l'industrie (1,5 milliards),
de la construction (850 millions), des services (715 millions), de l'immobilier
(642 millions) et de l'agro-alimentaire (600 millions).
Le secteur des transports en 2008 voit la valeur des
investissements augmentée par deux projets de l'ONATRA dans le domaine
fluvial, pour un total de plus de 600 millions de dollars.
Tableau 11 : identification des projets d'investissements
en RDC entre 2005-2009
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC12.png)
Source : IFC et CAZES, dans analyse de la demande (ZES de
Maluku),
83
Tableau 12 : Valeur monétaire des projets
identifiés dans le tab11
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC13.png)
Source : IFC et CAZES, dans Analyse de la demande (ZES de Maluku)
Graphique 3 répartition des projets d'investissement par secteur
d'activité
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC14.png)
84
Tableau13 : Les secteurs d'intérêts pour la
zone économique spéciale de Maluku
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC15.png)
Source : IFC banque mondiale Commentaire tableau
13
Dans les secteurs d'intérêts pour la zone
économique spéciale, les activités qui reçoivent
des demandes d'investissement sont :
1. Industrie : matériaux de construction, industries
plastiques, détergents et cosmétiques, matériels
électriques, produits du papier et matériaux dérives,
etc.
2. Agro-alimentaire
3. Agroforesterie
4. Transports.
![](Politique-de-zones-economiques-speciales-fondement-et-perspectives-en-RDC16.png)
CHAPITRE3 : LES PERFORMANCES ECONOMIQUES ET LES
ZONES ECONOMIQUES SPECIALES : PERSPECTIVES EN RDC
85
L'analyse des performances d'un projet de zone
économique spéciale passe par l'étude de quelques
agrégats clés : l'IDE, l'emploi, la contribution aux recettes
d'exportations, l'aménagement du territoire et le transfert de
technologies.
86
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