Faculté de lettres de Nice - Carlone
Année universitaire 2013-2014
Tourisme en affaires, marketing et
développement
territorial
Mémoire en vue de l'obtention du master 1
Information-Communication
Présenté et soutenu par Manon Lesage
Directeur de recherche : Pr. Vincent Meyer
Remerciements
Dans un premier temps, je tiens à remercier mon
directeur de mémoire, Monsieur Vincent Meyer, pour son aide, son suivi
et surtout ses précieux conseils.
Je souhaite remercier en particulier Monsieur Philippe Baute,
Monsieur Audoin Rambaud, Monsieur Jean-Pierre Derail ainsi que Monsieur
Pierre-Louis Roucaries pour m'avoir reçu en entretien et pour m'avoir
fourni toute l'aide nécessaire pour mener à bien ma
réflexion et la rédaction de mon mémoire.
J'aimerais aussi remercier Béatrice Di Vita et Lucy
Howard, qui m'ont accueillie au sein du service presse, et sans qui je n'aurais
pas eu la chance de faire partie intégrante de l'Office de Tourisme et
des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins. Un grand merci également
à tous les membres de l'Office de Tourisme pour leur bienveillance.
Je tiens à remercier mes camarades de travaux
dirigés, Manon Lachaud, Manon Demoulliers, Laëtitia Sergere,
Alexandra Abgrall, Giulia Taricco et Fatma Yahiaoui pour leur entraide et
solidarité.
Mes remerciements vont également à mes amis et
à ma famille, qui m'ont supporté tout au long de cette
année, moi et mes sautes d'humeur.
Enfin, je remercie l'Université de Nice
Sophia-Antipolis, ainsi que tous les enseignants du département
Information-Communication pour nous avoir donné des conseils judicieux
tout au long de l'année.
Sommaire
Introduction 5
PARTIE 1 - Du développement territorial au marketing
territorial 7
CHAPITRE 1 : Le développement du territoire 8
1. La notion de territoire 9
2. La notion de développement territorial 15
CHAPITRE 2 : Le marketing territorial, une dimension de la
communication publique 20
1. Le champ de la communication publique 21
2. Notion de marketing territorial 24
CHAPITRE 3 : Le tourisme d'affaires 33
1. L'industrie du tourisme d'affaires 34
2. Les composantes du tourisme d'affaires 37
3. Les acteurs du tourisme d'affaires 40
4. La situation actuelle du tourisme d'affaires 50
PARTIE 2 - Le tourisme d'affaires, facteur de
développement pour le territoire ? 62
CHAPITRE 1 : Une activité qui génère des
retombées positives pour le territoire 63
1. Le tourisme d'affaires engendre des retombées
économiques conséquentes 64
2. Le tourisme d'affaires, un moyen de communication pour le
territoire 67
3. L'activité de tourisme d'affaires entraine une
activité de tourisme de loisirs 69
CHAPITRE 2 : La stratégie de communication d'Antibes
Juan-les-Pins. 71
1. L'analyse marketing 72
2. Les moyens communicationnels d'Antibes Juan-les-Pins 78
3. Une démarche régionale 87
Conclusion 89
Bibliographie 91
Table des acronymes 93
Annexes 95
Table des matières 118
5
Introduction
La mondialisation a permis de faciliter les
déplacements et par conséquent les rencontres professionnelles.
Malgré le progrès des outils communicationnels, qui permettent
notamment de communiquer à distance avec facilité, les
entreprises ont besoin de se regrouper pour mieux échanger et
réussir dans les affaires. Ces dernières ont recours à des
réunions, séminaires, congrès, colloques etc. On regroupe
ces opérations sous l'appellation « tourisme d'affaires ».
À première vue, les termes de tourisme et d'affaires peuvent
paraitre contradictoires : l'un implique le bon temps, les loisirs, les
vacances et l'autre implique le travail, les objectifs professionnels, la
contrainte. Mais nous allons voir que ces deux notions présentent des
analogies.
L'industrie du tourisme d'affaires implique des territoires et
des acteurs. En effet, l'organisation d'une opération de tourisme
d'affaires engage le choix d'une destination et la présence d'acteurs
locaux. Il permet de lutter contre la saisonnalité et peut participer
à l'amélioration de la notoriété de la destination.
De plus, il engendre des retombées économiques
conséquentes pour les territoires.
Le tourisme d'affaires est un domaine qui me concerne
particulièrement en raison de mes expériences professionnelles :
je suis actuellement stagiaire au sein de l'Office de Tourisme et des
Congrès d'Antibes Juan-les-Pins, gestionnaire du Palais des
Congrès. Le tourisme d'affaires existait avant la construction du
nouveau palais des congrès mais il est un tout nouvel enjeu pour la
ville. Les objectifs principaux sont d'engendrer des retombées
économiques et d'améliorer l'image de la destination. Le tourisme
est un domaine qui me plait particulièrement, je souhaite poursuivre la
deuxième année de mon master à l'IUP tourisme de Nice.
Pour moi, travailler dans ce secteur est enrichissant de par la
multiplicité des enjeux et la diversité des acteurs
impliqués.
De plus, il me paraissait évident de choisir comme
objet la ville d'Antibes Juan-les-Pins, sachant que j'en suis originaire et que
je connais parfaitement la ville et ce que cela implique : la politique locale,
les choix des élus, les enjeux du tourisme, les attentes des
commerçants etc.
Au cours de mes recherches, j'ai rencontré de
réelles difficultés avec les retombées économiques
liées à l'industrie du tourisme d'affaires. En effet, nous allons
constater tout
6
au long de ce mémoire qu'il est difficile de rapporter
des données exactes. Il existe une absence certaine d'un outil de veille
vis-à-vis du secteur des rencontres professionnelles.
Dans ce mémoire de recherche, nous nous sommes
demandé quels rapports existent entre le tourisme d'affaires et le
développement du territoire, et notamment par quels moyens le tourisme
d'affaires participe au développement économique et symbolique du
territoire.
Dans un premier temps, nos recherches bibliographiques et
notre travail de documentation ont permis de définir les
différents termes clés : territoire, marketing territorial et
tourisme d'affaires. Nous nous sommes attachés à définir
ces termes de manière complète et pertinente. Toutes ces
définitions sont appuyées par des théories et des
thèses d'auteurs qui se sont intéressés à ces
notions. La seconde partie sera le fruit de l'enquête de terrain et de
l'observation en stage : nous allons problématiser la place du tourisme
d'affaires dans le développement d'Antibes Juan-les-Pins. Comment le
tourisme d'affaires, nouvel enjeu pour la ville, va permettre un
développement économique et de notoriété, et par
quels moyens ? Cette recherche se base sur des entretiens semi-directifs avec
différents acteurs du tourisme d'affaires. Ces enquêtes ont permis
de mieux comprendre la place du tourisme d'affaires dans le
développement d'Antibes Juan-les-Pins.
En amont de ce travail de recherche nous avons émis
plusieurs hypothèses :
- le tourisme d'affaires à une place stratégique
dans la communication touristique de la destination ;
- le tourisme d'affaires participe au développement
économique et de notoriété de la ville ;
- l'offre d'Antibes Juan-les-Pins n'a pas plus d'atouts que
les villes alentours telles que Cannes, Nice ou Monaco ;
- il existe une dynamique régionale de l'industrie du
tourisme d'affaires.
Ces hypothèses seront vérifiées tout au
long de notre travail de recherche, ce qui nous permettra de les
démontrer ou de les infirmer.
7
PARTIE 1 - Du développement territorial au
marketing
territorial
Afin de contextualiser notre problématique, il est
essentiel de définir les termes de développement territorial, de
marketing territorial et de tourisme d'affaires. Nous allons voir que
l'attractivité est un aspect fondamental du développement du
territoire, elle est également le pilier de la stratégie de
marketing territorial. Nous constaterons que la notion de marketing territorial
est complexe et qu'elle est une composante de la communication publique. Pour
finir, nous allons qualifier le terme de tourisme d'affaires : ses
caractéristiques, les tendances de l'offre et de la demande et les
principaux acteurs.
Dans cette partie, il s'agit de caractériser ces
différentes notions afin de pouvoir problématiser la place du
tourisme d'affaires dans le développement du territoire d'Antibes
Juan-les-Pins.
8
CHAPITRE 1 : Le développement du territoire
Pour comprendre et appréhender la notion de
développement territorial nous allons tout d'abord nous attacher
à définir le terme de territoire. L'aménagement
territorial de la France est le résultat de longues années de
travaux et de réflexion : aujourd'hui chaque territoire présente
ses propres caractéristiques et compétences. Chaque territoire a
pour objectif de se développer et ceci sur plusieurs niveaux : attirer
des cibles extérieures (entreprises, touristes, étudiants...) et
donner envie aux habitants de rester sur le territoire donné. Nous
allons voir que le sentiment d'appartenance et les facteurs
d'attractivité sont des piliers du développement territorial.
9
1. La notion de territoire
Nous pouvons observer plusieurs approches de la notion de
territoire. Pour certains, il est une simple limite géographique, pour
d'autres il est une appropriation de l'économie et de la politique.
Enfin, le territoire induit la notion de sentiment d'appartenance. Ce dernier,
peut être facteur de développement territorial.
L'aménagement territorial actuel en France résulte de longues
années de travaux. Aujourd'hui, chaque territoire à des
compétences bien définies.
1.1. Une définition polysémique
D'un point de vue étymologique, le terme territoire
vient du latin territorium.1 Selon Benoît Meyronin
(2012 : 9), le territoire est « le terrain légitime des
géographes ».
La notion de territoire a un sens très nuancé
selon les approches. Selon l'approche anglo-saxonne, « la
territorialité exprime la tentative par un individu ou un groupe
d'affecter, d'influencer ou de contrôler d'autres personnes,
phénomènes ou relations et d'imposer son contrôle sur une
aire géographique, appelée territoire ».2
L'approche française voit le territoire comme « une appropriation
à la fois économique, idéologique et politique (sociale,
donc) de l'espace par des groupes qui se donnent une représentation
particulière d'eux-mêmes, de leur histoire » (Di Méo,
1996 : 40).
Certes, le territoire prend en compte l'espace
géographique mais il prend en compte aussi d'autres facteurs. Selon
Benoît Meyronin (2012 : 10), le territoire c'est « une
réalité tout à la fois historique, socioéconomique,
institutionnelle et géographique, dimensions qui convergent pour donner
à un ensemble d'acteurs publics et privés la conviction d'un
destin partagé, dont une partie au moins se joue à travers le
territoire ». Pour Claude Raffestin (1986 : 177), le territoire «
renvoie à un travail humain qui s'est exercé sur une portion
d'espace ».
Ces différentes définitions mettent en avant la
relation des hommes et leur territoire et l'appropriation qui en
résulte. Le territoire renvoie à une notion de géographie
physique, politique mais elle est aussi culturelle. En effet cette induit un
sentiment d'appartenance et à une dimension identitaire.
1 Archéologie du territoire, de
l'Égée au Sahara, Georgia Kourtessi-Philippakis et René
Treuil [en ligne], disponible sur : <
http://www.lcdpu.fr/resour.ces/titles/27000100677560/extras/introduction.pdf>
(consulté le 25-02-2014).
2 Ibid.
10
1.2. Un sentiment d'appartenance : l'identité
territoriale
Pour Jean-Louis Matharan (2010 : 8), « le sentiment
d'appartenance est la conscience de partager avec d'autres des valeurs, d'avoir
des compréhensions communes et des intérêts identiques
». L'être humain a le besoin de se sentir rattaché à
un groupe, un territoire, c'est un élément de son
identité. Le sentiment d'appartenance à un territoire serait donc
un attachement de l'individu aux valeurs que le territoire émane. «
Le territoire est un investissement affectif et culturel que les
sociétés placent dans leur espace de vie. Le territoire
s'apprend, se défend, s'invente et se réinvente. Il est lieu
d'enracinement, il est au coeur de l'identité. »3
Chaque individu est rattaché à un certain nombre
de lieux, de territoires qu'il a connu ou imaginé tout au long de son
existence. Pour France-Guérin Pace, « c'est l'ensemble du parcours
géographique et le sens donné aux lieux, passés ou
présents, vécus, pratiqués ou même imaginaires, qui
constituent un élément essentiel de compréhension des
appartenances et des comportements individuels. »4
Dans un contexte actuel de mondialisation et où nous
sommes tous citoyens de l'Europe, qui plus est très mobiles, nous
pouvons poser la question du sentiment d'appartenance. Devient-il un outil au
service du développement territorial ? Les territoires ont besoin de
renforcer le sentiment d'appartenance afin de se démarquer des autres.
C'est ce qu'on appelle la territorialité : défendre et
délimiter son territoire. Là, le territoire n'est plus neutre, il
induit une notion d'appartenance.
Le sentiment d'appartenance est difficile à
définir mais les politiques jouent sur cette notion. Elle est, pour eux,
essentielle au développement territorial. Le sentiment d'appartenance
incite la population, les entreprises à rester locales car elles sont
fières d'y habiter et il permet d'attirer des nouvelles entreprises, des
touristes... Il est indispensable que les habitants se sentent
intégrés dans leur territoire. Le sentiment d'appartenance
permettra au territoire de se distinguer des autres et il servira de socle pour
définir son positionnement sur le marché des territoires. Nous y
reviendrons par la suite tout au long du chapitre 2 : le marketing
territorial.
3 Archéologie du territoire, de
l'Égée au Sahara, Georgia Kourtessi-Philippakis et René
Treuil [en ligne], disponible sur : <
http://www.lcdpu.fr/resources/titles/27000100677560/extras/introduction.pdf>
(consulté le 25-02-2014).
4 France Guérin-Pace « Sentiment
d'appartenance et territoires identitaires », L'Espace géographique
4/ 2006 (Tome 35), p. 298-308 [en ligne], disponible sur
<www.cairn.info/revue-espace-geographique-2006-4-page-298.htm.>
(consulté le 04-03-2014).
11
1.3. Le développement et l'aménagement
territorial
Dans un premier temps nous pouvons délimiter les
territoires naturels tels que les océans, les continents, les
déserts, les forêts, les montagnes etc. Ensuite, nous pouvons
définir les territoires en fonction de l'appropriation par les Hommes.
Les territoires sont occupés, exploités et les Hommes ont un
sentiment d'appartenance aux territoires donnés. Pour Olivier Coppin,
« il existe autant de territoires qu'il existe de manière
d'appréhender la structuration des rapports humains dans l'espace
».5
Alain Faure, dans une conférence Cap'Com, parle du
territoire : « la notion s'est imposée à partir d'une
représentation `naturelle' des frontières politiques de la France
[...] ». « La commune et le département ne sont alors
conçus que comme les espaces intérieurs du territorial national
»6. En France, le territoire est pensé de manière
à favoriser le développement des régions, les pouvoirs
d'aménagement du territoire sont délégués aux
régions. Cet aménagement porte sur la disposition spatiale des
Hommes et des activités. Pour Eugène Claudius-Petit, «
l'aménagement du territoire, c'est la recherche dans le cadre
géographique de la France d'une meilleure répartition des Hommes
en fonction des ressources naturelles et de l'activité économique
».7 Le territoire est donc aménagé suivant
plusieurs critères : les disparités spatiales, les exigences
économiques et la spécialisation propre à chaque
territoire. Il y a une « nécessité d'assurer un meilleur
équilibre des richesses sur le territoire national
».8
1.3.1. L'aménagement du territoire en France
On peut définir trois temps dans l'aménagement
des territoires français. La première période se situe
dans le contexte de l'après-guerre, elle concerne les années
1960-1975. On pense alors à la reconstruction du pays et à
l'aménagement du territoire. Le fait est que des disparités
importantes se dessinent entre la région parisienne et le reste de la
France. En 1963, la délégation à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale est créé
(DATAR). Afin de substituer aux inégalités, des grands programmes
d'équipements et d'infrastructures sont initiés sur le territoire
français. Le but étant de créer des pôles de
5 Les trois temps de l'aménagement du
territoire en France. Olivier Coppin, 2001 [en ligne], disponible sur
http://riifr.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2007/04/doc44.pdf
(consulté le 08-02-2014).
6 Conférence Cap'Com le 04/07/2006 au
Sénat de Alain Faure [en ligne], disponible sur : <
http://hal.inria.fr/docs/00/11/32/59/PDF/CapcomTerritoire.pdf>
(consulté le 27-02-2014).
7 Pour un plan national d'aménagement du
territoire. Les grands textes de l'aménagement et de la
décentralisation. Christel Auvergne, Pierre Musso, DATAR 2004 [en
ligne], disponible sur <
http://www.datar.gouv.fr/sites/default/files/datar/txtclaudiuspetit.pdf>
(consulté le 08-03-2014).
8 Les trois temps de l'aménagement du
territoire en France. Olivier Coppin, 2001 [en ligne], disponible sur <
http://riifr.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2007/04/doc44.pdf>
(consulté le 08-02-2014).
12
croissance afin de redistribuer l'économie. Ces grands
programmes sont l'initiative de l'État et les communes et
départements se limitent seulement à l'exécution. En 1972,
les régions sont créées. Elles ont le rôle de
gérer toutes les questions liées au développement
économique. Elles ont donc le pouvoir de financer mais pas la gestion de
projets.
La seconde période est communément
appelée la période de la décentralisation (19751990). Le
pays connait une crise de l'aménagement du territoire et une fracture
économique en raison du choc pétrolier de 1979. De plus, il y a
une forte ouverture à la concurrence internationale. Les structures
françaises sont de moins en moins compétitives.
L'année 1975 voit émerger la politique
régionale européenne qui a pour but d'harmoniser le
développement des régions afin de réduire les
inégalités. Cette période est synonyme de grands
changements d'aménagement mais il y a un manque de lisibilité et
de cohérence dans ces grands programmes.
En 1982, la décentralisation9 a pour
principe de déléguer des compétences vers les
régions. Les collectivités locales se voient alors attribuer
d'importants dispositifs financiers et la région devient le coeur des
politiques d'aménagement du territoire. Quant aux communes et aux
départements, leur rôle est de maintenir une politique de
proximité et d'aménagement rural. Concernant l'activité
touristique, la loi de la décentralisation « reconnaît
à toute commune le droit de considérer comme mission de service
public les missions des offices de tourisme en matière d'accueil,
d'information et de promotion touristique » (Cousin et Réau, 2009 :
64).
Le début des années 90 marque le début
d'une nouvelle organisation territoriale. En 1993, sous le gouvernement
Balladur, le gaulliste Charles Pasqua devient ministre de l'aménagement
du territoire. Il promet une nouvelle organisation du territoire. En 1995, la
loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire (LOADT), dite « Loi Pasqua » est votée. Elle sera
renforcée par la loi d'orientation sur l'aménagement et le
développement durable du territoire (LOADDT), dite « Loi Voynet
», en 1999, qui intègre la notion de développement durable.
La loi Chevènement de 1999 viendra également appuyer ces
précédentes lois avec la simplification des procédures
relatives à
9 La décentralisation. Defferre [en ligne],
disponible sur <
http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/decentralisation/index/>
(consulté le 08-03-2014).
13
l'intercommunalité. Les collectivités
territoriales supportent en grande partie les investissements touristiques
(Ibid., 2009 : 64).
»10
Une réforme territoriale, initiée par le
gouvernement vient de voir le jour ce 3 juin 2014 : la fusion des
régions. Le projet propose de fusionner les 22 régions existantes
afin d'en avoir plus que 14. L'enjeu principal est la baisse des
dépenses publiques. Néanmoins, cette réforme est largement
critiquée, notamment par le Front de Gauche qui dénonce les
inégalités de compétences que cela pourrait causer :
« À l'extrême gauche, le président du groupe Front
de Gauche à l'Assemblée, André Chassaigne, dénonce
"une décision prise d'en haut alors qu'il aurait fallu partir des
territoires". Avec le risque de voir "de grandes métropoles
super-compétitives d'un côté et des territoires entiers
à l'abandon de l'autre".
Voir annexe 1 : Réforme territoriale : la nouvelle
carte des régions 1.3.2. À chaque territoire, ses
compétences
On définit cinq niveaux transversaux dans
l'aménagement du territoire français : les communes,
l'intercommunalité, les départements, les régions et
l'État. La France métropolitaine est composée de : 22
régions11 (officiellement pour le moment), 95
départements12 et 36 552 communes13. Chacun de ces
territoires ont des compétences bien précises et réparties
:
Régions
|
Départements
|
Communes
|
- Développement
|
- Action sanitaire et sociale
|
- Urbanisme
|
économique
|
- Solidarité
|
- Enseignement
|
- Aménagement du territoire
|
- Culture et sports
|
- Logement
|
- Formation initiale et
|
- Aménagement de l'espace
|
- Culture locale
|
professionnelle
|
- Patrimoine
|
- Aménagements
|
- Culture et sports
|
- Gestion des collèges
|
touristiques
|
- Santé
|
|
|
- Gestion des lycées
|
|
|
10 Nouvelle régions : « c'est une carte de
France des copains » [en ligne], disponible sur <
http://tempsreel.nouvelobs.com/nouvelles-regions/20140603.OBS9236/nouvelles-regions-c-est-une-carte-de-france-des-copains.html>
(consulté le 04-06-2014).
11 INSEE, liste des régions,
départements et communes [en ligne], disponible sur <
http://www.insee.fr/fr/methodes/nomenclatures/cog/
> (consulté le 08-03-2014).
12 Ibid.
13 Ibid.
14
1.4. Antibes Juan-les-Pins et l'intercommunalité
1.4.1. Le principe d'intercommunalité
Selon l'INSEE, « l'intercommunalité permet aux
communes de se regrouper au sein d'un établissement public soit pour
assurer certaines prestations (ramassage des ordures ménagères,
assainissement, transports urbains...), soit pour élaborer de
véritables projets de développement économique,
d'aménagement ou d'urbanisme. »14
En 1890, est voté la première loi sur
l'intercommunalité avec le syndicat intercommunal à vocation
unique. L'intercommunalité à une forme associative,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas de fiscalité propre, elle
dépend des contributions des communes membres. En 1959 et 1966, la forme
d'intercommunalité fédérative apparait : il y a un
régime de fiscalité propre et elles disposent de recettes
fiscales directes. En 1992, la loi d'administration territoriale de la
République (ATR) permet la création de communautés de
communes et de communautés de ville.
En 1999, la loi Chevènement introduit les termes de
communautés urbaines (500.000 habitants minimum) et de
communautés d'agglomération (50.000 habitants minimum). Cette loi
simplifie le statut de l'intercommunalité. En 2010, la reforme
territoriale vise la simplification des structures territoriales et la
clarification des compétences et financements propres à chacun.
Cet objectif de simplification est la conséquence d'un
émiettement des communes. En effet, l'ensemble des communes
françaises représentent 40% de l'ensemble des communes de
l'Europe à 27.15 L'intercommunalité permet de
mutualiser les moyens. En effet plusieurs avantages en résultent :
gestion commune des ordures, des transports urbains, financement des
équipements locaux. L'objectif principal recherché est la
réduction des coûts.
L'intercommunalité permet également la
création d'une identité commune à un ensemble de villes,
afin de permettre une visibilité plus importante au niveau
économique, politique et de notoriété. «
L'intercommunalité a été retenue comme le moyen le plus
efficace d'assurer une «révolution tranquille» de nos
institution territoriales » (Némery, 2003 : 18).
14 Définition de l'intercommunalité.
INSEE [en ligne], disponible sur
<
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/intercommunalite.htm>
(consulté le 0830-2014).
15 L'intercommunalité, pour quoi faire ? [en
ligne], disponible sur <
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/intercommunalite-cooperation-locale/intercommunalite-pour-quoi-faire.html>
(consulté le 08-03-2014).
15
1.4.2. Antibes, membre de la Communauté
d'Agglomération de Sophia-Antipolis (CASA)
Antibes est, en termes de nombre d'habitants, la
deuxième ville du département, après Nice. Le territoire
d'Antibes Juan-les-Pins s'étale sur 2 678 hectares et à de
nombreuses spécificités telle que sa position entre le littoral
et le moyen pays. La ville d'Antibes Juan-les-Pins, est membre de la CASA aux
cotés de 23 autres communes.16 La CASA comptabilise environ
179 000 habitants et elle est présidée par Jean Leonetti,
député-maire d'Antibes Juan-les-Pins.
La CASA oeuvre dans plusieurs domaines : développement
économique, social, aménagement de l'espace communautaire,
équilibre social de l'habitat, insertion sociale, culture,
environnement... Antibes Juan-les-Pins profite de la mutualisation des moyens
afin d'établir des projets tels que le futur bus-tram qui se
déplacera entre Antibes et Sophia-Antipolis.
2. La notion de développement territorial
La notion d'attractivité est un outil du
développement territorial. Face à la concurrence accrue, les
territoires se doivent d'être attractifs pour se différencier et
attirer les acteurs économiques. Différents auteurs ont
caractérisés les éléments qui rendent un territoire
attractif.
2.1. Définitions de développement
territorial
Dans le domaine des sciences sociales le terme de
développement désigne « l'amélioration des conditions
et de la qualité de vie d'une population, et renvoie à
l'organisation sociale servant de cadre à la production du
bien-être ».17
Dans un contexte de mondialisation, le développement
territorial a pour objectif de rendre les territoires attractifs et
compétitifs. « Le développement territorial est un processus
volontariste cherchant à accroitre la compétitivité des
territoires en impliquant les acteurs dans le cadre d'actions
concertées, généralement transversales et souvent à
forte dimension spatiale » (Baudelle, Guy, Merenne-Schoumaker, 2011 :
246).
16 Les communes de la CASA [en ligne], disponible sur
<
http://www.casa-infos.fr/communes_casa>
(consulté le 08-03-2014).
17 Définition développement [en ligne],
disponible sur
http://www.hypergeo.eu/spip.php?article511
(consulté le 02-03-2014).
16
Le concept de développement territorial est rarement
défini, il recouvre différentes notions telles que le
développement local régional, l'aménagement du
territoire... Le développement territorial induit la
nécessité de problématiser le territoire, ses ressources,
ses contraintes, ses spécificités, le rôle des
acteurs...
Dans le cadre de cette recherche, et tout au long de ce
mémoire, nous allons nous concentrer sur deux aspects du
développement territorial : le développement économique,
et le développement de l'image d'une destination, de sa
notoriété.
2.2. Définitions et facteurs
d'attractivité
2.2.1. L'attractivité comme outil de
développement territorial
Fabrice Hatem propose une définition simple : «
l'attractivité est la capacité pour un territoire d'offrir aux
investisseurs des conditions d'accueil suffisamment intéressantes pour
les inciter à y localiser leurs projets de préférence
à un autre territoire ».18 L'attractivité
territoriale peut être définie comme « la capacité
à attirer et maintenir des ressources, qu'elles soient humaines,
financières ou technologiques ».19 L'objectif est
d'attirer de nouvelles activités et de retenir les activités
déjà existantes. Cela passe par des moyens matériels :
infrastructures, moyens humains... et immatériel : image du territoire,
synergie entre les acteurs...
Pour Joël Gayet, directeur de la chaire «
Attractivité et nouveau marketing territorial » à
Sciences-Po Aix-en-Provence, l'attractivité est « la
capacité à rayonner et à promouvoir son offre dans et
au-delà de ses frontières, et à attirer sur place, d'une
manière ponctuelle ou permanente, des personnes et des capitaux ».
Joël Gayet ajoute que le marketing territorial (que nous étudierons
dans le chapitre 2) se caractérise par l'ensemble des techniques qu'il
est possible d'utiliser afin de développer l'attractivité d'un
territoire.20
La notion d'attractivité est problématique pour
les élus : beaucoup d'interrogations perdurent sur les moyens de rendre
un territoire attractif et surtout comment définir la bonne cible. Cette
notion est considérée comme positive par les territoires car cela
permet d'attirer des acteurs économiques sur son territoire. La
compétitivité entre acteurs
18 Attractivité : de quoi parlons-nous ? [en
ligne], disponible sur <
http://www.fabricehatem.fr/fh-medias/publications/attractivit_pl.pdf>
(consulté le 10-03-2014).
19 Définition de l'attractivité
territoriale [en ligne], disponible sur
<
blogs.loiret.cci.fr/blogs/media/Propos_2_29_mai_2007.pdf>
(consulté le 10-03-2014).
20 Intervention de Joël Gayet [en ligne],
disponible sur
<
http://masteregrt.wordpress.com/2012/04/12/intervention-de-joel-gayet-le-nouveau-marketing-territorial-enjeux-et-defis-du-marketing-identitaire/>
(consulté le 11-05-2014).
17
économiques a poussé les collectivités
territoriales à une course à l'attractivité. « Pour
les espaces en phase avec les évolutions économiques,
l'attractivité correspond à une nécessité
permanente d'adaptation » (Chignier-Riboulon, Semmoud, 2007 : 10). Il est
inévitable pour un territoire de se remettre constamment en question
afin de rester attractif aux yeux des acteurs économiques : en effet,
les collectivités locales s'inscrivent dans un environnement
concurrentiel. Cette concurrence oblige le territoire à se rendre
attractif pour attirer des entreprises compétitives.
Un territoire peut avoir différents pôles de
compétitivité : la recherche, le tourisme, les nouvelles
technologies. Ces facteurs d'attractivité sont variables et
dépendent de la situation géographique, de l'histoire, de
l'époque actuelle...
Selon le baromètre 2013 de
l'attractivité21, la France est le 3ème
pays d'Europe le plus attractif, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Cette enquête a été réalisée sur la base
d'entretiens auprès de 206 dirigeants étrangers sur la perception
qu'ils ont de la France en termes d'investissement.
2.2.2. Les facteurs d'attractivité
Entre mondialisation et décentralisation, les
territoires sont en concurrence permanente. Afin d'attirer de manière
durable les richesses humaines, économiques et financières, les
territoires se doivent d'être attractifs22. Divers auteurs ont
défini les facteurs d'attractivités.
Selon Crouch et Ritchie, l'attractivité d'une destination
dépend de quatre éléments :
- Les ressources et attraits principaux (physiographie,
culture, histoire, distractions...)
- Les facteurs et ressources en amont (infrastructures,
accessibilité, services divers, hébergement, services...)
- La gestion de la destination (gestion des ressources,
commercialisation, organisation, gestion des visiteurs...)
- Les facteurs de qualification (emplacement,
sûreté, notoriété, image, rapport
qualité/prix...) (OECD, 2009 : 27).
Selon André Dauphiné (1997 : 7-10), il existe
trois forces principales qui permettent de rendre un territoire attractif : la
littoralisation, la situation géographique des pays du sud
21 Attractivité : aux métropoles de se
battre, Nice matin, lundi 2 juin 2014, rubrique économie, page VIII
22 La marque et le territoire [en ligne], disponible
sur <
http://www.e-marketing.fr/Marketing-Magazine/Article/La-MARQUE-le-TERRITOIRE-39179-1.htm>
(consulté le 15-03-2014).
18
et l'essor des espaces frontaliers. « La Côte
d'Azur bénéficie des effets favorables, combinés de la
littoralisation, de la logique Sun belt, d'une indéniable avancée
de la métropolisation et de l'essor commun aux espaces frontaliers
européens. » (Dauphiné, 1997 : 21).
Dans son ouvrage « marketing territorial : enjeux et
pratiques », Benoît Meyronin (2012 : 35 ; 43) classe les facteurs
d'attractivité des territoires en quatre grandes familles :
- les composantes géographiques ;
- les composantes identitaires et symboliques ;
- les composantes économiques et infrastructurelles ;
- les équipements d'intérêt
général.
Voir tableau de l'annexe 2 qui détaille les facteurs
d'attractivité selon Benoit Meyronin.
2.3. La région PACA et Antibes Juan-les-Pins,
l'attractivité au service du tourisme d'affaires
La ville d'Antibes Juan-les-Pins possède des facteurs
d'attractivité de type géographique, organique et
économique (selon le classement de Benoît Meyronin) : 300 jours de
soleil par an, 23 km de littoral, des plages de sables, un patrimoine culturel
important (Picasso, Fitzgerald), un festival international de Jazz (Jazz
à Juan), un espace sauvage et naturel préservé (le Cap
d'Antibes)... Tous ces critères sont favorables à la ville pour
attirer la clientèle touriste de loisirs.
En revanche, la motivation première des touristes
d'affaires dans le choix d'une destination n'est pas forcément la
situation géographique ou le climat de cette dernière. Leur choix
est davantage porté sur l'infrastructure qui les accueillent et
l'équipement disponible afin de réunir des conditions de travail
efficaces. Néanmoins, les commanditaires de ces événements
d'entreprises sont regardants sur l'image de la destination et bien entendu les
facteurs d'attractivité naturels pèsent dans le choix final de la
destination. Nous approfondirons les motivations des commanditaires de
congrès dans le chapitre 3 : 4.2 - la demande en matière de
tourisme d'affaires.
Provence Alpes Côte d'Azur est un territoire à la
pointe de la recherche et de l'innovation largement ouvert sur l'Europe et la
Méditerranée. Plusieurs pôles urbains accueillent des
entreprises de haute technologie, de génie biomédical, des
laboratoires universitaires etc. Cette activité économique
performante est le moteur d'une importante activité de
congrès,
d'expositions et de séminaires. Prenons l'exemple de
Sophia-Antipolis, 1ère technopole européenne dédiée
aux technologies de l'information. Ce pôle de compétitivité
joue en faveur de l'attractivité d'Antibes Juan-les-Pins en raison de sa
proximité avec Sophia-Antipolis. La technopole accueille 1335
entreprises pour 31 500 emplois dans les domaines principaux des technologies
de l'information, de l'éducation et formation, des sciences de la vie et
chimie fine et de l'environnement et économies
d'énergie.23
Lorsqu'un territoire a conscience de ses facteurs
d'attractivité et qu'ils sont définis, il s'agit de les mettre en
avant pour vendre la destination. C'est là que le marketing territorial
entre en jeu. Il permet le développement économique et symbolique
d'un territoire.
19
23 Sophia Antipolis, 1ère technopole d'Europe
[en ligne], disponible sur
<
http://www.investincotedazur.com/fr/sites/sophia-antipolis/#.U3Szx_l_tSs>
(consulté le 15-05-2014).
20
CHAPITRE 2 : Le marketing territorial, une dimension de
la communication publique
Le marketing territorial est une composante de la
communication publique. Afin de mieux en comprendre ses enjeux, nous nous
intéresserons aux différentes formes de la communication publique
ainsi qu'à son avènement en France. La notion de marketing
territorial peut paraître complexe : nous verrons que les pratiques
mercatiques ont été empruntées aux entreprises. Nous
reviendrons également sur l'importance de l'identité
territoriale.
21
1. Le champ de la communication publique
Afin de pouvoir définir au mieux le marketing
territorial nous allons nous attacher à définir ce qui l'englobe
: la communication publique. La communication publique couvre un large domaine
: communication des institutions publiques, communication des organismes
assurant une mission de service public et communication des
collectivités locales. La communication publique a pris son essor ces 20
dernières années et se manifeste sous différents aspects :
communication institutionnelle, campagne d'intérêt
général, communication internet, marketing territorial...
1.1. L'avènement de la communication publique
Il est impossible de dater de manière précise la
naissance de la communication publique. En revanche, dans le cadre de cette
recherche nous pouvons prendre comme point de départ les lois de
décentralisation de 1982. Mais nous allons voir que les fondements de la
communication publique apparaissent dans les années 70.
Le mouvement social de mai 68 a posé les
problématiques de la qualité de vie, de la liberté de
l'information et de la démocratie. Les premières grandes
campagnes de l'État apparaissent. Suite à la crise
pétrolière, le slogan « En France, on n'a pas de
pétrole mais on a des idées » est diffusé sur les
radios et télévisions. Né en 1976, il demande aux citoyens
de mieux utiliser l'énergie. C'est une campagne de communication
publique. L'État a pour mission d'ancrer ce message dans l'inconscient
collectif (Mégard, 2012 : 26). Ces nouvelles revendications en
matière de qualité de vie entrainent une demande d'information et
de transparence aux collectivités locales (Ibid., 2012 : 27).
La démocratie locale est alors mise en avant avec l'élection
massive de maires de gauche en 1971 et 1977. Les acteurs locaux s'investissent
dans l'action municipale. L'idée générale est de faire
participer les habitants à l'aménagement et au
développement leur ville. C'est dans les années 70 qu'on voit
apparaître les premiers services de communication dans les
municipalités.
Les années 80, et les lois de décentralisation
vont opérer un changement de la communication locale. Le
département et la région vont émerger. On compte alors
trois collectivités locales : les communes, les départements et
les régions. Cette multiplicité engendre un besoin de communiquer
entre elles et surtout le besoin de se faire connaitre. L'attractivité,
la valorisation du territoire et le sentiment identitaire est au centre des
22
problématiques : « les nouvelles régions
rivalisent entre elles pour apparaître comme la meilleure terre d'accueil
pour les entreprises comme pour les touristes ».24
Les années 80 marquent l'explosion de la
publicité : les entreprises en use et en abuse et la politique s'en sert
pour créer de grandes campagnes publicitaires à l'occasion des
présidentielles : « La Force tranquille » de François
Mitterrand en 1981 (Mégard, 2012 : 28). En parallèle,
l'État se sert de la publicité pour sensibiliser sur les
thèmes de la prévention routière, l'utilisation du
préservatif... La publicité est au service de la communication
publique et la communication entre dans les moeurs.
L'essor fulgurant de la communication se transmet vite aux
collectivités locales. De plus, la décentralisation leur permet
d'avoir un budget dédié. En effet « en 1988, 95% des
communes de plus de 30 000 habitants disposent d'un service de communication,
et plus d'un tiers l'ont doté d'un budget spécifique
»25. Les slogans, moyen de communication des entreprises
privées, sont alors utilisées par les collectivités
locales : « Toulouse, pour changer d'air », « La performance
à son département : les Hauts-de-Seine »...26 On
remarque une réelle volonté de construire une reconnaissance :
création de slogans, de logos, charte graphique
dédiée...
Les professionnels de la publicité ont alors comme
clients, de plus en plus de collectivités locales. C'est dans ce
contexte que Cap'Com, le réseau de la communication publique et
territorial, nait en 1988. Il a pour but de mettre en relation les agences de
communication/publicité et les acteurs locaux. Aujourd'hui, Cap'Com est
davantage un lieu de réflexion et de débats.27
Dans les années 90, on assiste à un changement
du contexte économique et social : les recettes stagnent et
l'endettement est élevé : « l'ambiance n'est plus à
la dépense inutile ».28 La problématique n'est
plus celle du sentiment identitaire, les collectivités locales se
centrent sur la communication de proximité. Il s'agit d'informer les
citoyens du fonctionnement de la collectivité. On est sur une
problématique de gestion : on rend lisible l'action publique. En
parallèle, on assiste à la naissance de la communication
financière dans les collectivités locales. Habituellement
utilisée uniquement par les
24 Cap'Com, histoire de la communication publique
locale [en ligne], disponible sur <
http://capcom.cap-com.org/sites/default/files/ckfinder/files/DocsElus%202%20histoire.pdf>
(consulté le 16-05-2014).
25 Ibid.
26 Ibid.
27 Ibid.
23
entreprises privées, les premiers problèmes
financiers des collectivités font émerger une réflexion
sur la transparence financière. Le tri sélectif est une action de
la communication de proximité. Dans le contexte des
problématiques environnementales, les communes communiquent sur
l'importance de la collecte sélective.
Les nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) progressent petit à petit et introduisent le monde
des collectivités locales. Les chaines de télévision
locales apparaissent, fin 1999 elles sont une centaine.29 Ces
chaines ont un cadre législatif : elles ont une mission de service
public. Fin des années 90, les collectivités s'approprient
l'internet : l'usage de la messagerie électronique se répand et
la plupart des collectivités locales créent leur site web.
Dans les années 2000, on peut dire que la communication
a fait son nid dans les collectivités locales : les communicants sont
des professionnels, les outils sont de meilleure qualité et ont
été appropriés, les nouvelles technologies sont
apprivoisées... Les collectivités retravaillent sur les
problématiques de sentiment identitaire et de promotion du territoire.
Les citoyens considèrent l'information publique comme un dû
(Mégard, 2012 : 36). Sous le gouvernement Raffarin, les
collectivités locales se voient attribuer plus de compétences,
d'expérimentation et une plus grande autonomie financière. On
pense alors à se développer mais en prenant en compte les
problématiques environnementales. Mais les années 2000, voient
aussi le phénomène de désengagement civique : l'abstention
est élevée. Aux municipales de 2008, on enregistre un taux
d'abstention record de près de 33 %.30 Les
collectivités territoriales se recentrent donc sur la communication de
proximité, afin de favoriser les relations entre élus locaux et
citoyens.
Dans les années 2010, l'intercommunalité
engendre un changement de nom de certaines communes, une mutualisation des
services de communication et une révision générale des
stratégies de communication. On assiste également à une
montée en puissance de la communication interne au sein des
collectivités locales : les diverses réformes entrainent la
mutualisation de services et des transferts de compétences. La
communication interne a pour mission de clarifier et d'accompagner ces divers
changements.
29 Cap'Com, histoire de la communication publique
locale [en ligne], disponible sur <
http://capcom.cap-com.org/sites/default/files/ckfinder/files/DocsElus%202%20histoire.pdf>
30 L'abstention, grand vainqueur des élections
municipales [en ligne], disponible sur <
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/03/16/municipales-participation-en-baisse-a-paris-en-hausse-a-marseille_1023531_823448.html>
24
Enfin, on assiste à une recrudescence du marketing
territorial : la concurrence des territoires entraine des stratégies
marketing basés sur l'attractivité et les objectifs
économiques. Les collectivités locales se sont totalement
approprié les réseaux sociaux, nous le verrons dans la sous
partie 2.7 : l'importance des réseaux sociaux dans la
stratégie de marketing territorial.
À travers cet historique de la communication publique
nous avons pu comprendre ses fondements, ses missions, son évolution et
ses champs d'action.
1.2. Les différentes formes de la communication
publique
Pour Pierre Zémor (2008 : 25), « la communication
publique revêt des formes différentes attachées aux
missions des institutions publiques de mettre l'information à
portée du public, d'établir la relation et le dialogue pour
rendre un service attendu et précis, de présenter les services
offerts par l'administration, les collectivités territoriales et les
établissements publics, de faire connaître les institutions
elles-mêmes, enfin de mener des campagnes d'information et des actions de
communication d'intérêt général ».
La caractéristique principale de la communication
publique est qu'elle doit être au service de l'intérêt
général. D'autres principes sont énumérés
dans la charte de déontologie de l'association Communication
Publique (Ibid., 2008 : 22-23) : considérer les
destinataires comme des récepteurs actifs, rendre des comptes à
chacun des informations et des décisions qui le concernent, diffuser
l'information à la cible la plus large, intervenir dans les moments les
plus adaptés, permettre à chacun de pouvoir s'exprimer à
tout moment dans un processus de discussion. La communication publique est
basée sur une bonne relation entre l'émetteur : les
collectivités territoriales par exemple et le récepteur : les
citoyens (Ibid., 2008 : 21).
Nous pouvons aisément dire que le marketing territorial
entre dans le registre de la communication de promotion, qui est «
destinée à faire connaître les services publics offerts ou
la mise en oeuvre des politiques publiques, ainsi qu'à soutenir des
causes humanitaires ou des missions d'intérêt
général » (Ibid., 2008 : 18).
2. Notion de marketing territorial
Avec l'essor du tourisme, il apparait nécessaire pour
les collectivités locales de se démarquer de ses concurrentes
afin d'attirer les acteurs économiques et se forger une
25
notoriété. Pour se différencier, les
destinations doivent affirmer leurs différences, leurs valeurs et leurs
identités. C'est dans ce contexte qu'évolue le marketing
territorial.
2.1. Définir le marketing classique
Avant de définir le terme de marketing territorial,
nous devons déjà définir la notion de marketing. Selon
Olivier Badot31, le marketing est à la fois une pratique
professionnelle et une discipline scientifique : celle des sciences de la
gestion.
Le Journal Officiel32 (1987) définit le
marketing : « L'ensemble des actions ayant pour objectif de prévoir
ou de constater, et le cas échéant, de stimuler, susciter ou
renouveler les besoins du consommateur, en telle catégorie de produits
et de services, et de réaliser l'adaptation continue de l'appareil
productif et de l'appareil commercial d'une entreprise aux besoins ainsi
déterminés ». Le marketing est habituellement utilisé
dans les pratiques des entreprises et il consiste à appréhender
les besoins des consommateurs afin d'en satisfaire les besoins.
2.2. Rencontre des notions de marketing et de
territoire
Après s'être attaché à
définir le marketing, nous pouvons appréhender la notion de
marketing territorial. Cette notion peut paraitre complexe : il s'agit
d'appliquer une pratique issue du monde de l'entreprise à des
collectivités territoriales.
La notion de marketing renvoie à l'idée de
profit, de publicité et de pratique propre aux entreprises. Les
collectivités territoriales et les élus ont encore du mal
à utiliser cette notion qu'ils jugent péjorative au regard de la
collectivité. Néanmoins, le contexte de mondialisation et la
situation de concurrence actuelle oblige les collectivités à se
démarquer et donc d'utiliser des outils managériaux :
communication, ressources humaines, veille concurrentielle, étude des
marchés... De plus, les médias, les usagers et les consommateurs
comparent sans cesse les pratiques du secteur public à celles du secteur
privé. Il n'y a plus de distinction. Les collectivités
territoriales se voient alors obligées d'utiliser des outils mercatiques
(Meyronin, 2012 : 9). Le marketing territorial ne consiste pas seulement
à créer un logo, une charte graphique et un site internet, il est
véritable prolongement de la stratégie économique de la
collectivité. Le marketing territorial considère l'offre pour la
rendre attractive par rapport à la demande des publics
31 Dictionnaire du marketing, Olivier Badot [en
ligne], disponible sur <
http://communicationorganisation.revues.org/2243>
(consulté le 03-05-2014).
32 Le Journal Officiel est la publication officielle
des lois et des décrets (consulté le 03-05-2014).
26
cibles. Le marketing territorial emprunte ses théories
à plusieurs disciplines : le marketing classique, l'anthropologie et la
sociologie de la consommation (Meyronin, 2012 : 6).
Vincent Gollain, docteur en sciences économiques et
auteur du blog http://www.marketing-territorial.org/ donne sa
définition du marketing territorial : « Le marketing territorial
est l'effort de valorisation des territoires à des marchés
concurrentiels pour influencer, en leur faveur, le comportement de leurs
publics par une offre dont la valeur perçue est durablement
supérieure à celle des concurrents. Cette activité est
généralement pilotée par des agences de
développement pour le compte d'autorités publiques et d'acteurs
privés »33. Cette définition est complète
et met en avant les principales caractéristiques du marketing
territorial : valoriser son territoire grâce aux atouts, segmenter le
marché et analyser la concurrence et fédérer les
acteurs.
Les objectifs du marketing territorial sont économiques
(il faut vendre la destination) et symboliques (il s'agit d'améliorer la
notoriété).
2.3. De la promotion au marketing territorial
Le marketing territorial, autrefois dit « promotion
territoriale » apparait à partir de 1875 alors que des villes
mettent en place des campagnes de promotion (stations thermales, montagnes,
bords de mer etc...) (Ibid., 2012 : 44). Les supports de communication
étaient principalement les brochures, affichages et guides touristiques.
De nombreux acteurs participent à cette promotion territoriale :
compagnie de chemins de fer, municipalités, promoteurs immobiliers,
propriétaires de casinos, syndicats d'initiative... (Ibid.,
2012 : 45).
Pour Michel Ghetti, président directeur
général de France Industrie et Emploi, la naissance du marketing
territorial est liée aux différentes politiques
d'aménagement du territoire : « L'histoire du marketing territorial
en France est étroitement liée à celle de la
décentralisation. Elle est née avec les lois de 1982-1983 et
s'est installée très progressivement dans les pratiques des
territoires. Elle a connu une évolution particulière en 2002 avec
la loi de modernisation sociale du 17 janvier qui a créé une
obligation à la charge des entreprises concernées par une
fermeture partielle ou totale d'activités, de contribuer à
l'effort de revitalisation des sites. Ceci a poussé les
collectivités à mieux
33 Vincent Gollain [en ligne], disponible sur
<http://www.marketing-territorial.org/> (consulté le
03-052014).
27
définir leurs stratégies de développement
économique et de s'interroger sur leurs actions de marketing
territorial. »34
Aujourd'hui le contexte a changé. D'une part, avec
l'avènement des moyens de communication, et l'essor du tourisme «
le marketing contemporain des villes n'a que peu de choses à voir avec
les « réclames » de la fin du XIXème siècle
» (Ibid., 2006 : 74). D'autre part les territoires ont un
rôle plus important depuis la loi de décentralisation de 1982 qui
consiste « pour l'État à transférer au profit des
collectivités territoriales certaines compétences et les
ressources correspondantes ».35 Ensuite, la mondialisation de
l'économie à intensifier la compétition entre les villes
(Tremblay, 2006 : 74). Pour finir, le marketing est de plus en plus
répandu, notamment dans la sphère publique.
En effet, autrefois, le marketing était exclusivement
réservé aux entreprises de la sphère privé,
aujourd'hui il se retrouve intégré dans la sphère
publique. C'est la conséquence d'une concurrence de plus en plus
élevée dans les entreprises publiques « les entreprises
publiques quant à elles ont intégré la fonction marketing
et ses préoccupations au fur et à mesure que la concurrence se
faisait sentir ».36 Prenons l'exemple d'EDF qui est en
concurrence avec des entreprises telles que GDF Suez ou Direct
Énergie.
De plus, on observe depuis les années 1990 la
multiplication des sites internet des villes et des territoires afin de
promouvoir leur destination (Ibid., 2006 : 74). Nous avons vu
précédemment que les villes, pour se démarquer, doivent
mettre en avant une spécialité propre à leur territoire et
développer ce dernier en fonction. Benoît Meyronin affirme que peu
importe le facteur d'attractivité, il doit être mis en avant et
sont tous perméable avec le discours de marketing territorial (2012 :
47).
2.4. L'identité territoriale, un pilier du marketing
territorial
Une stratégie de marketing territorial doit
obligatoirement se fonder sur l'identité du territoire, elle ne peut se
couper de la réalité. « C'est dans ses gènes qu'une
ville puise les atouts sur lesquels bâtir du neuf, qu'il s'agisse d'un
projet urbain et/ou de son image »
34 Paroles d'experts, Michel Ghetti, France Industrie
et Emploi [en ligne], disponible sur <
http://www.marketing-territorial.org/article-paroles-d-experts-michel-ghetti-france-industrie-et-emploi-42396310.html>
(consulté le 03-05-2014).
35 Qu'est-ce que l'acte de la décentralisation
? [en ligne], disponible sur
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/apparition-collectivites-territoriales/qu-est-ce-que-acte-i-decentralisation.html
(consulté le 03-03-2014)
36 L'image de marque des territoires comme indicateur
de leur performance : des enjeux pratiques aux interrogations éthiques ?
[en ligne], disponible sur <
http://www.aradel.asso.fr/fichier/bibliotheque/image%20de%20marque%20des%20territoires_indicateu
r%20de%20performance_enjeux%20pratiques%20et%20ethiques_684546.pdf>
(consulté le 03-03-2014)
28
(Ibid., 2012 : 67). Il ne faut pas confondre
l'identité et l'image. L'image d'un territoire est ce qu'il
reflète, de la manière dont il est interprété,
perçu par de tierces personnes. Par exemple Cannes renvoie une image
ostentatoire, c'est ce qu'elle reflète. Marc Boyer et Philippe Viallon
(1994 : 69) mettent en avant une réalité : les touristes
construisent leur image d'une destination avec une « forte tendance
simplificatrice ».
Alors que l'identité est simplement ce que l'on est, ce
que le territoire est. L'identité territoriale repose sur deux
composantes : la géographie (morphologie, climat, situation) et la
temporalité (l'histoire, l'héritage...). La stratégie de
marketing territorial se base sur l'identité d'un territoire ; l'image
finale perçue du territoire est la conséquence de cette
stratégie. Les professionnels de la communication ont la charge de
construire une image qui est voulue sur la base de l'image réelle,
perçue et rêvée. Il faut intégrer toutes ces
facettes de l'image d'une destination afin d'ajuster la stratégie de
communication.
Il est évident que la question identitaire ne sera pas
la même pour une ville, un département ou une région (elle
sera d'autant plus problématique pour les régions en raison de sa
jeunesse institutionnelle). L'identité d'un territoire ne peut ni
être altérée ni être modifiée : il faut
articuler la stratégie de marketing territorial autour des
spécificités de ce dernier. Nous pouvons nous poser la question
suivante : pourquoi les collectivités territoriales font tant d'efforts
pour affirmer leur identité, alors qu'elle est censée être
une donnée ? Pourquoi élaborer une stratégie marketing
autour de l'identité alors qu'elle est censée être inscrite
dans son histoire et sa géographie (deux facteurs non modifiables) ?
Selon Benoît Meyronin (2012 : 68), c'est le moyen de conforter le
sentiment d'appartenance à un territoire. Rappelons-le, le sentiment
d'appartenance à un territoire permet à ce dernier de se
distinguer ; il est une valeur essentielle pour développer la
fierté d'appartenance des habitants à un territoire (chapitre 1,
partie 1.2).
L'identité territoriale est un facteur important du
marketing territorial : selon Dominique Mégard et Bernard Deljarrie
« un territoire doit, pour se promouvoir, s'appuyer sur une
identité et des valeurs partagées » (Ibid., 2012 :
68). L'identité d'un territoire induit un sentiment d'appartenance des
habitants. Plus la stratégie de marketing est basée sur
l'identité d'un territoire, plus la communication interne est simple et
plus le territoire possède des arguments pour rayonner au-delà
des frontières.37
37 Intervention de Joël Gayet [en ligne],
disponible sur
<
http://masteregrt.wordpress.com/2012/04/12/intervention-de-joel-gayet-le-nouveau-marketing-territorial-enjeux-et-defis-du-marketing-identitaire/>
(consulté le 11-05-2014).
29
2.5. Marketing territorial : de l'attractivité d'un
territoire à une stratégie de développement
Afin de démontrer comment l'attractivité d'un
territoire prend place dans les stratégies de développement, il
faut avant tout définir les cibles de ce « produit-territoire
» et déterminer sur quels facteurs repose l'attractivité
d'un territoire. Les cibles d'un territoire-produit peuvent se classer dans
deux catégories : les cibles endogènes (habitants, entreprises,
commerçants, étudiants...) et les cibles exogènes
(nouveaux résidents, touristes de loisirs et d'affaires, presse...) au
territoire. Nous pouvons alors penser que deux stratégies de marketing
territorial vont se dégager suivant les cibles : un marketing interne
pour les cibles endogènes et un marketing externe pour les cibles
exogènes au territoire.
Nous avons développé dans le chapitre 1,
partie 2.2. les facteurs d'attractivité des territoires. Une fois
qu'un territoire est en mesure d'identifier ses propres facteurs
d'attractivité, il peut alors élaborer une démarche de
marketing territorial. Cette méthodologie est proche des pratiques des
entreprises. Selon Vincent Gollain, il y a dix étapes clés pour
construire une démarche de marketing territorial, ces dernières
sont réparties en trois séquences38 :
Séquence 1 : établir son diagnostic
|
Séquence 2 : définir ses choix
stratégiques
|
Séquence 3 : dresser son plan d'action
|
Placer l'information au coeur-
|
Se donner une ambition
|
Construire sa partition par le
|
de la démarche
|
Construire sa promesse
|
mix marketing
|
Analyser les marchés
|
|
Planifier pour optimiser
|
Étudier l'environnement des marchés
|
|
|
Évaluer la position
concurrentielle de l'offre territoriale
|
|
|
Évaluer la relation actuelle entre l'offre territoriale et
la demande
|
|
|
Synthétiser l'évaluation de
l'offre territoriale au coeur de la demande
|
|
|
38 Les 10 étapes clés pour construire sa
démarche de marketing territorial [en ligne], disponible sur <
http://www.marketing-territorial.org/page-233793.html>
(consulté le 03-05-2014).
30
L'étape 9 est la plus intéressante à
approfondir dans le cadre de notre recherche : construire sa partition par le
mix marketing. Le marketing mix ou plan de marchéage est l'ensemble des
actions ou politiques, dosées et cohérentes, portant sur le
produit, le prix, la distribution et la communication.39
Nous allons énumérer les supports de
communication/promotion qui sont utilisés dans le cadre des actions de
marketing territorial. Ces actions de communication sont
catégorisées en media et hors media. Nous allons nous attacher
à dénombrer les actions hors media, car c'est celles-ci qui nous
intéresseront dans le cadre du marketing territorial de la ville
d'Antibes Juan-les-Pins.
Actions
|
Objectifs
|
Exemples
|
Internet
|
Attirer
|
Le site internet du palais des congrès d'Antibes
Juan-les-Pins http://www.antibesjuanlespins-congres.com/
|
Événementiel
|
Créer une notoriété
|
Le festival international Jazz à
Juan participe à la notoriété d'Antibes
Juan-les-Pins
|
Relations presse
|
Développer une notoriété Promotion
gratuite
|
Opérations workshop presse à l'étranger
|
Marketing direct
|
Conquérir
Fidéliser
Entretenir les relations
|
Newsletter, mailings...
|
Partenariat
|
Fédérer les moyens
Portefeuille client plus important
|
Le palais des congrès d'Antibes
Juan-les-Pins est partenaire de plusieurs
fédérations : PCE, Atout France...
Permet de mutualiser les moyens
|
2.6. L'événementiel comme vecteur de
mobilisation et d'image
Pour Marc Boyer et Philippe Viallon (1994 :64),
l'évènement est créé par des entités
touristiques afin de : « faire parler d'eux, faire se rencontrer les gens
du pays et attirer les touristes ».
L'événementiel est un outil de promotion du
territoire. Nombre de villes ont construit leur image à partir de
l'événementiel. Prenons l'exemple de Vienne avec son
célèbre festival de Jazz, de Cannes avec son festival
international du film ou encore de Lyon avec la fameuse Fête des
lumières. Toutes ces villes utilisent en partie leurs
événements pour faire la promotion de leur territoire :
l'événement acquiert une notoriété qui est
39 CCI [en ligne], disponible sur <
http://www.francais.cci-paris-idf.fr/wp-content/uploads/downloads/2011/10/marketing_mix.pdf>
(consulté le 03-05-2014).
31
naturellement donnée au territoire.
L'événement étant associé au territoire, et
inversement, il s'agit de faire un choix stratégique et en
cohésion avec les habitants et son histoire : il doit refléter
une image positive. Il ne faut pas oublier qu'au-delà de l'attraction
culturelle il y a une réelle signification (l'événementiel
est ancré dans les stratégies de développement du
territoire). L'événement peut être vecteur de changement,
d'innovation : prenons l'exemple de la Breizh Touch. Il s'agit d'un
projet initié par la Bretagne désireuse d'augmenter son
attractivité. Au programme : cinq manifestations diverses (concerts,
défilés...) au coeur de Paris avec pour but de faire
connaître la Bretagne ! L'événement peut être aussi
en adéquation avec l'histoire du territoire : prenons l'exemple de Jazz
à Juan, festival international de jazz à Juan-les-Pins. La
station balnéaire a été le coin de paradis des plus grands
tels que Sydney Bechet, Mistinguett, Louis Armstrong et bien d'autres encore.
La musique et plus particulièrement le jazz fait partie de l'histoire de
Juan-les-Pins ; son festival (créé en 1960) est donc
intégré à son héritage culturel.
D'une manière générale, la Côte
d'Azur a construit son image sur l'événementiel. Prenons
l'exemple de Cannes et le Festival international du film ou encore Nice et son
carnaval.
2.7. L'importance des réseaux sociaux dans la
stratégie de marketing territorial
Avec l'émergence de l'internet, il est devenu
incontournable pour les collectivités territoriales d'utiliser les
réseaux sociaux comme outil de communication. Une étude faite par
l'institut Edgar Quinet analyse la présence des collectivités
territoriales sur Facebook et Twitter. 96 % des régions, 64 % des
départements et 84 % des villes de + de 86 000 habitants communiquent
avec leurs citoyens à travers Facebook. 84 % des régions, 60 %
des départements et 74 % des villes de + de 86 000 habitants
communiquent avec leurs citoyens à travers Twitter.40
Les réseaux sociaux sont le moyen de communiquer de
manière gratuite et surtout avec une proximité importante. La
présence d'un territoire sur un réseau social est
stratégique dans une stratégie de développement : les
collectivités territoriales vivent avec leur temps et s'adaptent aux
nouveaux outils numériques. « Le marketing territorial bascule
de l'ère Gutenberg vers l'ère industrielle » (Tremblay,
2006 : p.74).
40 Baromètre janvier 2014 [en ligne],
<disponible sur
http://www.edgar-quinet.fr/barometre-janvier-2014/>
(consulté le 03-03-2014).
32
2.8. Les acteurs du marketing territorial
Il est compliqué de désigner de manière
précise les acteurs du marketing territorial. Potentiellement, toute
personne physiquement présente sur le territoire donné participe
à l'image de ce dernier, et donc à la stratégie de
marketing territorial. D'après les sous-parties
précédentes nous pouvons établir que les principaux
acteurs du marketing territorial sont les collectivités territoriales.
Mais, les acteurs peuvent être des entreprises, des offices de tourisme,
des habitants, des commerçants, des étudiants, des acteurs de
l'événementiel (organisateurs de festival)... La population est
l'image même d'un territoire et les collectivités territoriales
l'ont compris. Prenons l'exemple du projet des Quartiers Créatifs,
initié dans le cadre de Marseille Provence, Capitale Européenne
de la Culture. Le but de ce projet était d'implanter la culture dans les
quartiers défavorisés de Marseille et ses alentours :
création d'oeuvres temporaires, rénovation d'un tunnel
désaffecté avec pour thème les ex-voto, créer un
jardin ... La caractéristique de ce projet étant de faire
participer les habitants afin de renforcer ou de créer un sentiment
d'appartenance et une implication personnelle et collective. Cette
démarche fait partie d'une stratégie de marketing territorial.
L'image d'un territoire repose aussi sur des paramètres
non contrôlables par la stratégie marketing (le sourire des
habitants, l'accueil des professionnels, le comportement des usagers sur la
route, la météo...). Antibes Juan-les-Pins, dans sa
stratégie de tourisme d'affaires, a initié un projet pour
contrôler le facteur de l'accueil des professionnels : le Club des
Partenaires (voir partie 1, chapitre 3 : 3.5.2 le club des
partenaires).
33
CHAPITRE 3 : Le tourisme d'affaires
Le tourisme d'affaires fait l'objet de différentes
définitions et caractérisations. Les pouvoirs publics et les
professionnels n'ont pas la même approche. Nous allons voir que les
opérations de tourisme d'affaires sont nombreuses et présentent
des caractéristiques différentes. Nous allons également
définir les acteurs du tourisme d'affaires de la manière la plus
pertinente dans le cadre de cette recherche. Ensuite, nous allons chiffrer les
retombées du tourisme d'affaire en France, et plus
particulièrement sur la Côte d'Azur. Le constat principal est la
difficulté évidente à évaluer les retombées
économiques liées à ce secteur. Le chapitre se
clôturera sur la demande et l'offre actuelle dans le domaine du tourisme
d'affaires.
34
1. L'industrie du tourisme d'affaires
Le tourisme d'affaires puise ses sources dans
l'antiquité et fait ses premiers pas dans les années 50-60. Selon
les approches, il est perçu de manière différentes : comme
une activité touristique pour certains, comme un service
dédié aux entreprises pour d'autres.
1.1. Sur les traces du tourisme d'affaires
Pour Maurice Dupuy (2005 : 1), il est dans la nature de
l'Homme de voyager pour faire du commerce. Même aujourd'hui en
période de crise, les entreprises continuent à se réunir
pour traiter des affaires. En effet, pour Bernard Plasait le contact direct
constitue le meilleur moyen de communication.41
Aux États-Unis, c'est en 1929 que les premiers voyages
de stimulation apparaissent (Ibid. 2005 : 30). En France, il faudra
attendre les années 50-60 pour que les entreprises utilisent les voyages
d'affaires comme outil de stimulation. On voit alors naitre les premiers
charters français, les publivoyages, les opérations de relations
publiques. Des opérations de promotion de grande envergure sont
lancées, comme par exemple la société Kodak qui invite les
meilleurs photographes de presse sur une destination surprise afin de tester
leur dernier produit. Ces démarches exceptionnelles sont encore timides
et rare. Beaucoup d'entreprises commencent à considérer le voyage
comme moyen de remercier ou de fédérer leurs collaborateurs : ils
sont alors remerciés avec des chèques cadeaux ou des points
valables sur des catalogues. Ces récompenses ne connurent pas un franc
succès. En effet, à cette époque, l'attirance pour
l'électroménager était importante et le voyage individuel
n'était pas valorisant pour le salarié.
Aujourd'hui, le voyage d'affaires est primordial pour toute
entreprise. Même en cette période de crise, les entreprises ne
lésinent pas sur les congrès ou séminaires : le contact
direct prime sur toute autre relation virtuelle. Maurice Dupuy (2005 : 2)
résume cette idée en une phrase « un homme d'affaires qui
voyage pour réussir dans les affaires ».
1.2. Définitions
Le terme de « tourisme d'affaires » peut paraitre
contradictoire. En effet, le mot tourisme évoque les vacances, les
loisirs, le temps libre... et le mot affaires nous renvoie à la notion
de travail, d'obligations, d'objectifs... Les anglo-saxons lui
préfèrent le terme de
41 B. Plasait, Le tourisme d'affaires : un atout
majeur pour l'économie [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 16-03-2014).
35
Meeting, Incentive, Congress, Exhibition (MICE). Le
tourisme d'affaires et le tourisme de loisirs présentent des analogies.
Le tourisme de loisirs est une expression qui désigne le tourisme dans
son sens propre, mais elle est utilisée par opposition au tourisme
d'affaires. Effectivement, les deux impliquent la nécessité
d'utiliser les transports, un hébergement, et de se
restaurer.42
L'appellation « tourisme d'affaires » fait l'objet
de différentes définitions selon les approches.
1.2.1. L'approche des pouvoirs publics
L'organisation mondiale du tourisme (OMT) définit le
tourisme comme un phénomène social, culturel et économique
qui implique le déplacement de personnes vers des pays ou des endroits
situés en dehors de leur environnement habituel à des fins
personnelles ou professionnelles ou pour affaires.43 Pour l'OMT, le
tourisme d'affaires est donc un sous-secteur de l'activité
touristique.
Selon le ministère du Tourisme, le tourisme d'affaires
est composé de quatre domaines distincts : les foires, salons et
expositions ; les congrès et conventions d'entreprises ; les voyages de
stimulation, séminaires et réunions d'entreprise ; les voyages
d'affaires individuels. On remarque alors une première contradiction
avec Maurice Dupuy (2005 : 8) qui fait la distinction entre le voyage
d'affaires et le tourisme d'affaires (qu'il appelle aussi le voyage
touristico-professionnel). L'institut national de la statistique et des
études économiques (INSEE), s'attache à séparer les
foires, salons et congrès du tourisme d'affaires.44
Selon le Conseil national du tourisme, le tourisme d'affaires
est détaché de l'industrie touristique. Même si il y a des
similitudes avec les services utilisés : hébergements,
restauration, transports... le tourisme d'affaires serait une activité
professionnelle à part entière et éloignée des
problématiques touristiques (Arroyo et Fusiller, 2001).
42 B. Plasait, Le tourisme d'affaires : un atout
majeur pour l'économie [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 16-03-2014).
43 Comprendre le tourisme : glossaire de base [en
ligne], disponible sur
<
http://media.unwto.org/fr/content/comprende-le-tourisme-glossaire-de-base>
(consulté le 16-03-2014).
44 B. Plasait, Le tourisme d'affaires : un atout
majeur pour l'économie [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 16-03-2014).
36
Le tourisme d'affaires est, pour certains,
intégré aux problématiques touristiques et pour d'autres,
détaché de l'industrie du tourisme.
1.2.2. L'approche des professionnels
Le club français du tourisme d'affaires réceptif
(CFTAR) est un club de promotion d'Atout France. Il se compose de 116
professionnels représentatifs de l'offre française de la
filière affaires.45 Le CFTAR parle « d'industrie des
rencontres et événements professionnels ». Il n'y a pas de
dimension touristique dans cette appellation. Le tourisme d'affaires est donc
une activité à part entière, et non une
sous-activité du tourisme. Cette nouvelle appellation marque la prise de
conscience de l'importance économique de ce secteur.46
L'association nationale des agences de communication
événementielle (ANAé) regroupe les voyages incentives,
séminaires, réunions, congrès, conventions, symposium et
salons professionnels dans la branche de la communication
événementielle. Pour l'ANAé, il s'agit d'un service aux
entreprises, et non d'une activité touristique.
Pour Jean-Pierre Derail47, directeur d'exploitation
du palais des congrès d'Antibes Juan-les-Pins, le tourisme d'affaires
est un terme trop vague, qu'il qualifie de « fourre-tout ».
Il intègre les voyages d'affaires individuels, les réunions, les
voyages de stimulation... Jean-Pierre Derail met à part les
congrès et événements d'entreprise qu'il range dans
l'industrie des rencontres professionnelles, ou MICE. Mr. Derail
préfère le terme de MICE car selon lui on est loin des
problématiques touristiques. A contrario, lors des entretiens,
Philippe Baute, directeur de l'Office de tourisme et des congrès
d'Antibes Juan-les-Pins et Audoin Rambaud, adjoint délégué
au tourisme, emploient le terme de tourisme d'affaires.
1.2.3. Une définition contestée
Selon Maurice Dupuy (2005 : 8), « le tourisme d'affaires
demeure la meilleure terminologie pour qualifier cette industrie très
particulière du voyage, le plus souvent
45 Atout France : cluster tourisme d'affaires [en
ligne], disponible sur <
http://www.atout-france.fr/system/files/bibliotheque_contenus/presentation-CFTAR-2013.pdf>
(consulté le 30-03-2014).
46 Résumé : Tourisme d'affaires.
L'industrie des rencontres & événements professionnels [en
ligne], disponible sur <
http://www.revue-espaces.com/librairie/7217/tourisme-affaires-industrie-rencontres-evenements-professionnels.html>
(consulté le 30-03-2014).
47 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail,
voir annexe 4.
37
touristique, réalisée pour encadrer, stimuler,
développer, créer des affaires et communiquer ».
Les pouvoirs publics intègrent les voyages d'affaires
individuels dans les composantes du tourisme d'affaires. À
contrario, Maurice Dupuy fait la distinction entre tourisme d'affaires et
voyages d'affaires. Il se pose la question de la frontière entre la
partie professionnelle d'un voyage et la partie loisirs. Pour illustrer sa
réflexion, voici un exemple : « Voici un homme d'affaires
français prenant le premier avion du jour pour rejoindre Munich ;
sitôt arrivé, il s'empare d'une voiture de location, se dirige
vers des bureaux, une usine, un laboratoire, pour traiter ses affaires et
revient le soir même (ou le lendemain après une nuit
d'hôtel) sans même être allé boire une bière
à la Hofbrauhaus ; celui-là effectue bien un voyage
d'affaires et non du Tourisme d'Affaires. Par contre, le même individu
prenant l'avion pour Abidjan, y restant plusieurs jours et s'y trouvant en
week-end toutes affaires cessantes, profitera de ce laps de temps pour explorer
le pays, sera invité par ceux qu'il a visités à une partie
de campagne, à une journée de pêche ou de chasse. Il
effectue bien là un voyage touristico-professionnel, mêlant le
travail et les loisirs » (Ibid., 2005 : 8).
Si les statistiques du tourisme de loisirs sont
évaluées avec des outils à normes internationales, le
tourisme d'affaires n'a pas de dispositif statistique précis. Il est
évalué par plusieurs associations professionnelles que les CRT
régionaux ou l'agence de développement Atout France mais il n'y a
pas d'outil dédié et officiel.
2. Les composantes du tourisme d'affaires
Les opérations de tourisme d'affaires sont nombreuses
et variées. Elles présentent des caractéristiques
différentes que ce soit leur nature ou leur finalité. En effet,
le tourisme d'affaires est « un produit créé sur mesure,
adapté au besoin d'un client ». (Ibid., 2005 : 9). On
identifiera quatre grandes opérations de tourisme d'affaires, selon le
classement du ministère du Tourisme.
2.1. Foires, salons et expositions - Les foires
Les foires sont des manifestations qui sont destinés au
grand public. Elles sont souvent régionales et annuelles. Elles
regroupent des entreprises qui désirent faire connaitre leurs
activités dans le but de vendre leurs produits ou services.
38
Exemple : La Foire de Nice fête ses 70 ans en 2014.
Durant 10 jours, 130.000 visiteurs viennent découvrir les
nouveautés en matière d'ameublement, de loisirs, de gadgets
culinaires, d'aménagement intérieur... La Foire de Nice demeure
le premier événement commercial des Alpes
Maritimes.48
- Les salons et expositions
Nous pouvons utiliser le terme de salon ou d'exposition pour
définir des manifestations destinées aux professionnels ainsi
qu'au grand public. De nombreuses entreprises d'un secteur bien
spécifique y participent et tiennent des stands.
Exemple : Antibes Art Fair est le salon des Antiquités
qui se déroule au sein du Vieil-Antibes. Il est l'un des plus importants
et des plus prestigieux salons d'antiquaire français. Depuis 42 ans,
chaque année, une centaine d'exposants (marchands, antiquaires,
brocanteurs, galeristes) participent à Antibes Art Fair, rendez-vous
majeur en Europe par la qualité des oeuvres présentées.
2.2. Congrès et conventions d'entreprise - Les
congrès
Les congrès, organisés en général
à des fréquences fixes est un événement
initié par des entreprises désireuses d'échanger et de
communiquer. Il s'agit d'une rencontre de spécialistes d'une même
discipline autour d'un thème défini.49
Exemple : du 24 au 26 juin 2014, le congrès «
Protection Cathodique » se déroulera au Palais des Congrès
de Juan-les-Pins. Le client est une association et le thème du
congrès est l'anticorrosion. Il s'agit d'un congrès avec
exposition qui a lieu tous les 3 ans et qui se déroule sur 4 jours avec
200 participants. Les différents professionnels pourront alors
communiquer et échanger autour d'un thème défini.
- Les conventions d'entreprises
Une convention est une réunion initiée par une
société, un groupe professionnel ou une organisation. Les
participants sont des personnes liées à l'entreprise
organisatrice (force
48 Foire de Nice, présentation [en ligne],
disponible sur <
http://www.foiredenice.com/2012-12-28-11-14-58>
(consulté le 13-04-2014).
39
de vente, réseau de distributeurs...). Cet
événement a pour but de communiquer, de partager un
savoir.50
2.3. Évènements d'entreprises
- Les voyages de stimulation
Les voyages de stimulation, autrement dit les voyages
incentives, sont des séjours organisés par une entreprise
souhaitant récompenser ses salariés, collaborateurs. Durant ce
voyage, il n'est pas question d'affaires mais uniquement de loisirs.
Exemple : Basée à Antibes, Boule
d'Énergie est une agence incentive basée sur le respect de la
planète. Ils proposent des activités incentive pour les
entreprises, associations... Voici un exemple d'activité : PACA Express
(inspiré de l'émission Pékin Express).
Le célèbre jeu d'aventure va emmener
plusieurs équipes de concurrents sur "La Route des Traditions". Au
programme cette saison : l'aventure dans sa dimension la plus sportive et
culturelle. Les concurrents vont découvrir des sites insolites et passer
par les hauts lieux de la capitale de la Côte d'Azur dans une grande
course contre la montre. Ils vont découvrir, s'émerveiller,
rêver... Mais aussi partager, s'entraider, lutter... Nous
déclinons l'identité graphique selon la ville de votre
choix.51
- Les séminaires
Les séminaires sont le plus souvent organisés
par une société privée. Il s'agit d'un groupe de travail
qui réunit des membres d'une même société dans le
but de parfaire la formation de ces derniers (Dupuy, 2005 : 26).
- Le colloque
Le colloque consiste à confronter et à diffuser
des résultats de travaux de recherches entre professionnels (même
discipline ou disciplines confondues).
- La conférence et le symposium
La conférence est une réunion de
spécialistes qui a pour but de résoudre des problèmes
précis concernant une profession (Ibid., 205 : 27). Le
symposium revêt les mêmes caractéristiques que la
conférence, à l'exception de sa plus longue durée.
50 B. Plasait, Le tourisme d'affaires : un atout
majeur pour l'économie [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 16-03-2014).
51 Paca Express [en ligne], disponible sur <
http://bouledenergie.blogspot.fr/p/programmes.html>
(consulté le 15-04-2014).
40
Exemple : le laboratoire pharmaceutique
vétérinaire mondial : Ceva Santé Animale a organisé
son symposium annuel au Palais des Congrès de Juan-les-Pins le 19 et 20
mars 2014. Le thème était la santé, médecine,
biotechnologies et les équipements relatifs à la discipline
vétérinaire.
2.4. Voyages d'affaires individuels
Les voyages d'affaires individuels sont courants dans
l'activité des entreprises. Le choix de la destination n'est pas
décidé en fonction des atouts de cette dernière, mais
plutôt par obligation. Il s'agit donc de tourisme
d'affaires.52 Exemple : le voyageur d'affaires habitant Antibes,
doit se rendre à Paris pour un rendez-vous client. Il va alors prendre
le train ou l'avion pour s'y rendre, éventuellement y passer une
nuitée, déjeuner et dîner au restaurant. C'est un touriste
qui voyage pour les affaires.
3. Les acteurs du tourisme d'affaires
Le marché du tourisme d'affaires regroupe divers
acteurs. Nous allons énumérer - de manière non exhaustive
- les acteurs les plus pertinents dans le cadre de cette recherche. Cette
caractérisation se base aussi sur les enquêtes de terrains
réalisées.
3.1. Les acteurs de la demande
Les acteurs de la demande sont les touristes d'affaires et les
entreprises à l'initiative de l'organisation des
événements d'entreprises.
3.1.1. Les touristes d'affaires
Selon l'OMT, l'ONU, l'INSEE et certains professionnels, un
touriste est caractérisé par « toute personne effectuant un
voyage comprenant au moins une nuit passée hors de son environnement
habituel, quel que soit le motif du voyage ». Le touriste d'affaires est
avant tout un touriste. Néanmoins, le voyageur d'affaires est contraint
dans l'organisation du séjour : durée, objet, destination,
organisation... il ne décide pas de ces critères.
Jean-Pierre Derail53, directeur d'exploitation du
Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins, insiste sur ce point :
« le congressiste va sur une ville parce que ça a
été décidé
52 B. Plasait, Le tourisme d'affaires : un atout majeur pour
l'économie [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 16-03-2014).
53 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail,
voir annexe 4.
41
comme ça, il n'a pas le choix. f...] La motivation
c'est d'aller travailler f...]. Donc vous voyez quand même qu'on
s'éloigne des problématiques touristiques. »
On préfère en général, le terme de
« voyageur d'affaires » qui enlève toute connotation
touristique.
3.1.2. Les commanditaires de congrès : entreprises,
fédérations, associations...
Les commanditaires peuvent être des entreprises
privées ou publiques, des organisations professionnelles, des
fédérations, des associations... Au sein de ces organisations,
des traveller manager (Leliévre, 2008) sont chargés
d'organiser ces séjours. C'est eux qui décide de la destination,
en fonction des besoins, et qui négocie avec les acteurs de l'offre du
tourisme d'affaires.
3.2. Les acteurs directs
Les acteurs directs sont les structures sur place qui
participent directement au séjour des congressistes.
3.2.1. Les hôtels
Les hôtels a forte capacité d'accueil ont
développé un service « affaires » et proposent des
prestations complètes : séminaire, restauration, activités
et hébergement dans un seul et unique lieu. Cette formule séduit
les entreprises clientes car elle permet d'optimiser le temps de travail et de
n'avoir qu'un seul interlocuteur. L'intérêt qu'ont les
hôtels à se tourner vers le tourisme d'affaires, c'est de combler
les périodes creuses. Les hôtels qui appartiennent à des
chaines possèdent un avantage de taille : leur forte
notoriété. Par exemple, à Juan-les-Pins deux hôtels
appartiennent à des groupes connus : l'hôtel Garden Beach (groupe
Partouche) et l'hôtel AC Marriott. Le client sait à quoi
s'attendre, la confiance entre dans son processus de décision.
Cependant, l'offre est limitée dans son originalité.
3.2.2. Les centres de congrès
En 2010, en France, 145 sites étaient
dédiés à l'organisation de congrès, foires,
séminaires...54. Un centre de congrès est un lieu qui
possède les équipements suivants : auditorium, salles de
commissions, surface d'exposition, espace de traiteur et des équipements
techniques adaptés. Un centre de congrès est un lieu qui
accueille des
54 Bilan d'activité 2010, [en ligne],
disponible sur
<
http://www.unimev.fr/medias/fichiers/bilan_2010_sites_daccueil.pdf>
(consulté le 12-04-2014).
42
événements professionnels nationaux ou
internationaux. Une équipe de commerciaux, de de chargé de
développement et de projet est chargée de la promotion de ce
lieu. Dans un premier temps, on met en avant les attributs du lieu
(capacité d'accueil, nouvelles technologies...). Cependant, la
réelle attractivité d'un centre de congrès, c'est son
territoire et sa notoriété. En effet, les clients désirent
associer leurs événements à une destination et à
ses composantes qui en découlent (culture, patrimoine, image). Il est
important de souligner qu'un centre de congrès n'est pas un lieu
indépendant : il est étroitement lié à la politique
de la ville, et à ses partenariats avec les différents
prestataires touristiques (hôtellerie, restauration...).
3.2.3. Les prestataires de service
Les prestataires de service peuvent être les
restaurants, les transports, les boutiques... Ce sont toutes les structures qui
peuvent potentiellement participer au séjour du touriste d'affaires.
3.3. Les acteurs indirects
Il est difficile de définir le nombre d'agences qui
sont spécialisées dans le tourisme d'affaires. En revanche, nous
pouvons caractériser les agences de voyages qui se sont
spécialisée dans la branche « affaires », ainsi que les
agences de communication évènementielle.
3.3.1. Les agences de voyages
Avec l'avènement de l'internet et la multiplication des
offres « low-cost » les agences de voyages voient leur
clientèle disparaitre. Un touriste lambda peut se procurer ses billets
de transports et son hébergement sur l'internet via les
innombrables sites de réservations et de comparaison de prix. Il peut
aussi organiser ses activités et même voir les avis des autres
touristes sur les différentes structures (via TripAdvisor par
exemple). Alors, pour relancer leur activité, ces agences se
positionnent sur la clientèle affaires. Leur mission est d'organiser
leur séjour dans son intégralité (vol, hébergement,
activité, lieu de séminaire...). Ces agences ont l'avantage
d'avoir un positionnement de spécialiste, la clientèle leur fait
confiance.
3.3.2. Les agences de communication
évènementielle
Les agences de communication évènementielle ont
pour mission de concevoir un événement professionnel pour une
entreprise ou une institution. L'agence a deux
43
missions : celle de conseiller le client dans une approche de
communication globale, et celle de concevoir un événement, un
concept sur mesure, à l'image de l'entreprise. L'Association nationale
des agences d'événementiel (ANAé) regroupe une soixante
d'agences et a pour rôle de valoriser, de représenter et de
défendre les métiers de l'évènementiel, composante
du tourisme d'affaires. En effet, les agences d'évènementielle
sont souvent décrédibilisés au profit d'organismes
professionnels.
3.4. Les acteurs encadrants
3.4.1. Les collectivités territoriales
- Les communes représentées par les Offices
de Tourisme
Ce sont les communes qui ont inventées les syndicats
d'initiative et les offices de tourisme. Leurs compétences ne sont
devenues officielles qu'en 1992, grâce à la loi de la
décentralisation touristique55 (Cousin et Réau, 2009 :
64). Les communes ont alors la responsabilité des missions en
matière d'accueil, d'information et de promotion touristique. Au niveau
local, l'activité touristique se situe dans le secteur public mais aussi
dans le secteur privé (hôtellerie, activités...). Les
enjeux politiques et objectifs financiers font que les politiques touristiques
se calquent sur le modèle d'actions commerciales. Les
problématiques touristiques d'une commune sont gérées avec
les mêmes outils que les problématiques d'une entreprise
privée. (Ibid., 2009 : 64).
- Les comités départementaux de tourisme
(CDT)
Les CDT sont des organismes locaux du tourisme,
créés au niveau de département depuis la loi de
décentralisation. C'est une création institutionnelle des
conseils généraux et ils contribuent au développement du
tourisme départemental. Les CDT « préparent et mettent en
oeuvre la politique touristique du département »56.
Leurs principales missions sont les suivantes : fédérer les
acteurs publics et privés du tourisme ; mettre en place la
stratégie de développement touristique du département et
faire la promotion de son territoire.
55 La Loi Mouly [en ligne], disponible sur
<
http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000361723>
(consulté le 12-042014).
56 Article L132-2 [en ligne], disponible sur
<
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074073&idArticle=L
EGIARTI000006812577&dateTexte=&categorieLien=cid> (consulté
le 12-04-2014).
44
- La Fédération nationale des
comités régionaux de tourisme (FNCRT) et les Comités
régionaux de tourisme (CRT)
Depuis 1998, la FNCRT anime le réseau des
Comités régionaux du tourisme. Les CRT ont pour mission
l'organisation et la promotion du tourisme de leur région au plan
national et international. Ils sont chargés d'assurer la mise à
disposition des informations touristiques via divers supports (site
web, brochures, dossiers de presse, magazines...). Certains CRT sont aussi
chargé d'observer l'économie du secteur d'activité
tourisme sur leur territoire. Par exemple le CRT Côte d'Azur a
créé l'observatoire du tourisme de la Côte d'Azur. Sur leur
site57, différentes informations se répartissent en
quatre rubriques : baromètre, chiffres clés, études &
analyses, statistiques.
3.4.2. Les acteurs institutionnels
- Organisation mondiale du tourisme (OMT)
L'OMT est une institution spécialisée des
Nations Unies. Elle est composée de 156 pays et de plus de 400 membres
qui représentent le secteur privé (associations de tourisme,
autorités touristiques locales).58 Sa mission principale est
de promouvoir et de développer le tourisme, tout en veillant aux
intérêts des pays en développement. Elle encourage
l'application du Code mondial d'éthique du tourisme pour s'assurer que
les pays membres, les destinations touristiques et les entreprises du secteur
maximisent les effets économiques, sociaux et culturels positifs de
cette activité et en recueillent tous les fruits, tout en en
réduisant au minimum les répercussions négatives sur la
société et sur l'environnement.59
Pour les pays industrialisés, le tourisme d'affaires
présente des avantages économiques et créé des
emplois.
- Atout France
Unique opérateur de l'État dans le secteur du
tourisme, Atout France est l'agence de développement du tourisme en
France. Elle répond à deux missions principales. D'une part, elle
favorise la mise en commun de moyens sur la connaissance du secteur touristique
et la promotion internationale. D'autre part, Atout France a pour ambition
57 L'observatoire du tourisme de la Côte d'Azur
[en ligne], disponible sur <http://www.cotedazur-touriscope.com/>
(consulté le 12-04-2014).
58 À propos de l'OMT [en ligne], disponible sur
<
http://www2.unwto.org/fr/content/propos-de-l-omt>
(consulté le 12-04-2014).
59 L'organisation mondiale du tourisme [en ligne],
disponible sur <
http://www.dgcis.gouv.fr/tourisme/acteurs/omt>
(consulté le 12-04-2014).
45
d'être une structure unique qui a pour mission de
renforcer l'attractivité de la France.60 Atout France
s'engage à accompagner chaque partenaire et à adapter sans cesse
l'offre française vis-à-vis de la demande. Le tourisme d'affaires
étant un secteur porteur en France, Atout France a créé le
cluster du tourisme d'affaires : Club Français du tourisme d'affaires
réceptif (CFTAR).
La stratégie « Destination France 2010/2020 »
initiée par Atout France propose un plan d'actions pour les 10 ans
à venir : faire émerger de nouvelles destinations, valoriser
l'offre française via les outils numériques, intensifier
la distribution de l'offre française, optimiser la qualité des
prestations...
- Club Français du tourisme d'affaires
réceptif (CFTAR)
Le CFTAR est un lieu d'intelligence économique qui
propose aux adhérents de bénéficier d'informations en
provenance des directions techniques d'Atout France et des bureaux du Groupe
d'intérêt économique (GIE). Ce cluster61 a trois
objectifs principaux : améliorer la lisibilité des marchés
étrangers, favoriser la mise en marché des produits de l'offre
française et participer à l'adaptation de l'offre et de la
demande
Le CFTAR à l'avantage d'avoir une bonne connaissance de
la clientèle étrangère et des acteurs professionnels
grâce à l'expérience d'Atout France.
3.5. Les acteurs du tourisme d'affaires à Antibes
Juan-les-Pins 3.5.1. Les acteurs principaux
À Antibes Juan-les-Pins, le tourisme d'affaires
existait avant l'ouverture du Palais des Congrès en novembre 2013 :
« Il faut déjà dire que le tourisme d'affaires existait
avant que le Palais des Congrès ouvre ses portes. Ce tourisme d'affaires
été essentiellement géré par les hôtels
»62. Les hôtels ont joué, et jouent toujours
un rôle majeur dans le développement du tourisme d'affaires
à Antibes Juan-les-Pins. Depuis l'ouverture du Palais des
Congrès, ils sont désormais partenaires : un « club des
partenaires » a été créé et il rassemble des
hôtels, des restaurants, des boutiques, des transports... Pour Audoin
Rambaud : « Il s'agit de définir ensemble une politique pour le
tourisme d'affaires »63.
60 Atout France [en ligne], disponible sur <
http://www.dgcis.gouv.fr/tourisme/atout-france-lagence-developpement-touristique-la-france>
(consulté le 12-04-2014).
61 Un cluster est un pôle de
compétitivité
62 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et
Audoin Rambaud, voir annexe 6.
63 Ibid.
46
Le Palais des Congrès est géré par la
ville d'Antibes Juan-les-Pins (AJLP). L'équipe du palais des
congrès est rattachée à l'Office de Tourisme d'AJLP qui
est un Établissement public à caractère industriel et
commercial (EPIC). L'Office de tourisme et l'équipe du palais des
congrès ont pour but la gestion d'une activité de service public.
Les équipes travaillent dans les mêmes locaux et ont un objectif
commun : développer le tourisme (qu'il soit de loisirs ou d'affaires)
à Antibes Juan-les-Pins.
3.5.2. Le club des partenaires
Comme nous l'avons dit précédemment, les
offres low-cost ont envahis la société de consommation.
Pour arriver à se différencier, il faut miser sur le service.
Antibes Juan-les-Pins a compris cette réalité et axe sa
stratégie sur le service aux congressistes. Pour Philippe Baute,
directeur de l'Office de Tourisme : « On joue la carte de la
qualité et du service. On préfère offrir du service
plutôt que des réductions. Pour les congressistes, 5 % de
réduction ce n'est pas significatif. Pour les restaurants de plage, on
ne va pas demander l'apéritif offert, on préfère assurer
une table d'office aux congressistes. C'est du service ! [...]
Service, service, service. Je pense que c'est ce que les gens attendent.
C'est là qu'on se différencie »64.
Afin de pouvoir offrir un service misé sur la
qualité aux clients d'affaires, l'Office de tourisme et des
congrès d'Antibes Juan-les-Pins a créé le Club des
partenaires. Ce dernier réunit les principaux acteurs du tourisme
d'affaires : hôtels, agences évènementielles, sites de
gala, restaurants, activités de loisirs et services, transports,
commerces... Ces partenaires, au travers d'une convention, s'engagent dans une
démarche de qualité et de professionnalisme. En contrepartie,
l'Office de tourisme et des congrès s'engage à promouvoir ces
adhérents au travers de leur stratégie marketing : notamment
à travers leur site web. Leur objectif commun est de garantir une
efficacité de service et un haut niveau de prestations.
Aujourd'hui, environ 75 professionnels sont adhérents
au Club des partenaires. Ils sont tous prêts à jouer le jeu et y
voient un véritable intérêt : développer la
notoriété d'Antibes Juan-les-Pins à travers le tourisme
d'affaires et par conséquent attirer l'économie. Voici quelques
exemples concrets des services que propose le club des partenaires :
- les commerces proposent de livrer les achats
effectués directement à l'hôtel des congressistes ; de plus
un traitement personal shopper est offert ;
64 Ibid.
47
- les hôtels pratiquent une politique d'early
booking ou l'exonération de frais d'annulation pour tout ancien
congressiste revenant à Antibes Juan-les-Pins.
Lors d'une négociation avec un organisateur de
congrès, le Club des partenaires est mis en avant et il est
considéré comme un véritable atout.
3.5.3. Les acteurs de promotion
- Le Conseil régional du tourisme Côte
d'Azur (CRT Riviera)
Le CRT est porteur de la marque cotedazur-tourisme,
qui est notamment déposée à l'INPI. Le choix de
créer une marque est justifié par la stratégie de
renforcer l'impact à travers une signature commune et
fédératrice. Le CRT a pour mission de valoriser le territoire de
la Côte d'Azur que ce soit pour mettre en avant le tourisme de loisirs ou
d'affaires. Le CRT est au service de ses partenaires : villes, bureau des
congrès, hôtels, transporteurs, lieux
d'événementiels... il a pour objectif de fédérer
les acteurs autour d'un projet commun : améliorer sans cesse la
notoriété de la Côte d'Azur afin d'attirer toujours plus de
touristes et d'investisseurs.
Tout au long de l'année, le CRT engage des
opérations de valorisation du territoire. Nous en avons retenu deux qui
ont pour objectif commun : mettre en avant l'offre du tourisme d'affaires. Du
20 au 22 mai 2014, se déroule le salon IMEX (Salon international des
voyages événementiels, rencontres et événements)
à Francfort. Le palais des congrès d'Antibes Juan-les-Pins y
participe en partenariat avec Provence Côte d'Azur Events : d'autres
villes de la région y participeront aussi ; cela permet de mutualiser
les coûts et de proposer une offre globale et régionale. Le salon
accueillera 9.000 visiteurs ; pour Antibes Juan-les-Pins c'est l'occasion de
présenter son offre et de rencontrer des clients potentiels. En juillet
2014, le CRT Côte d'Azur a prévu de publier un article sur les
offres en matière de tourisme d'affaires dans un magazine
spécialisé : Events & Conventions.
Toutes ces opérations ne seraient pas possibles pour
Antibes Juan-les-Pins si ce n'était pas le CRT qui les initiait. En
effet, le fait de fédérer plusieurs destinations augmente le
budget et donc les opérations qui en découlent sont de plus
grande qualité.
Il faut savoir que le CRT Côte d'Azur est membre
fondateur et actif de Provence Côte d'Azur Events.
48
- Provence Côte d'Azur Events (PCE)
Le bureau des congrès régional Provence
Côte d'Azur Events (PCE) a été créé en 2008
et il a été initié par quatre membres fondateurs : le CRT
PACA, le CRT Côte d'Azur, Provence Méditerranée
Congrès et la chambre régionale de commerce et d'industrie PACA.
Le but de cette association loi 1901 est de fédérer les
principaux acteurs du tourisme d'affaires d'Avignon à Menton. Cette
démarche s'inscrit dans la politique générale des
Pôles régionaux d'innovation et de développement
économique solidaire (PRIDES), initiée par le conseil
général PACA. Il s'agit de fédérer les acteurs
publics et privés de la filière du tourisme d'affaires afin de
construire une démarche marketing commune. Il existe 29 PRIDES sur le
territoire PACA : Patrimoines et Cultures, Mode, Bâtiments Durables,
Risques etc.
Les objectifs de PCE sont de redynamiser la destination. Pour
ce faire PCE s'engage à améliorer la position concurrentielle de
la région, à renforcer la qualité et la
compétitivité, à adapter l'offre régionale à
la demande et enfin à mieux connaitre l'impact économique de ce
secteur. Les missions de PCE sont de promouvoir l'offre régionale
auprès des décideurs et prescripteurs d'événements
d'entreprise ainsi qu'accompagner les adhérents dans des actions
collectives (salons, formation, démarche qualité...).
Le bureau des congrès de PCE est composé d'une
cellule commerciale, et il s'agit d'un véritable atout : ce dispositif
propose un service complet aux adhérents de cette association. PCE est
capable d'assister les professionnels dans l'organisation
d'événements, de les accompagner dans l'étude des cahiers
des charges, de les mettre en relation avec des prestataires de
qualité... De plus, PCE possède une parfaite connaissance de
l'offre régionale. Afin d'avoir toujours une meilleure connaissance du
marché pour adapter son offre, PCE a créé un observatoire
de l'industrie du tourisme d'affaires. Cela consiste à mettre en place
des outils capables de suivre les impacts économiques, de connaitre
l'état des lieux de l'offre régionale et de suivre les tendances
du marché. PCE s'associe généralement aux travaux
déjà existants d'Atout France.
Antibes Juan-les-Pins tire des avantages de son partenariat
avec PCE : le principal étant la mutualisation des moyens. Prenons pour
exemple la réponse de Jean-Pierre Derail, dans le cadre de notre
entretien, quand on pose la question des avantages à être
partenaire de PCE : « Tout simplement de mutualiser les moyens.
Prenons un exemple tout bête : nous participons à Heavent Meetings
Cannes, on aura un stand « Provence Côte d'Azur Events » qui
fera 150m2. Nous occuperons 12m2, aux côtés
d'autres villes de la région,
49
que nous paierons 2000€. Si on avait pris un stand
seul de la même surface nous aurons dû payer 8000€.
L'intérêt c'est une force de frappe en terme d'image, car la
visibilité est beaucoup plus forte : moyens de marketing, de
commercialisation, de communication. »65
PCE privilégie les opérations de promotions qui
se déroulent sur le territoire même de la région PACA, pour
une bonne raison : « on privilégie les opérations qui se
déroule sur le territoire car on pense que c'est les plus efficaces.
Tout simplement parce que lorsque le client a vu le produit il est
séduit. Au lieu de beau discours il vaut mieux leur montrer [...]
».66
- Atout France et CFTAR
Comme dit plus haut, Atout France est l'agence de
développement de la France. Le Club français du tourisme
d'affaires réceptif (CFTAR) accompagne ses partenaires à travers
des opérations de promotion. Par exemple, en avril 2014, Antibes
Juan-les-Pins a participé à un workshop en Allemagne,
destiné aux professionnels du tourisme d'affaires, en partenariat avec
Atout France.
- Association Internationale des Villes Francophones de
Congrès (AIVFC)
L'AIVFC a été créée par des
directeurs de Palais des Congrès, il y a plus de 35 ans. L'association
rassemble une cinquantaine de destinations francophones d'accueil
d'événements professionnels. L'organisme est riche de la
diversité de ses membres et des différentes typologies des
événements organisés à travers les diverses villes
partenaires. L'AIVFC a pour objectif d'être à l'écoute de
ses membres, de fédérer, et de participer ainsi à
l'évolution de la profession.
L'AIVFC s'est engagé à mettre en place des
outils et des actions concrètes afin de développer
l'activité congrès en France :
? les bourses d'échanges : chaque membre amène
un fichier actualisé de contacts professionnels et l'échange avec
les autres partenaires ;
? les rencontres d'affaires : séminaire d'une
durée de trois jours durant lequel les membres se rencontrent, discutent
de leurs destinations. Cela leur permet d'adapter leurs offres et leurs cahiers
des charges ;
? la participation à des salons tels qu'IMEX Francfort ou
EIBTM Barcelone.
65 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail,
voir annexe 4.
66 Entretien semi-directif avec Pierre-Louis
Roucaries, voir annexe 5.
50
- Union Française des Métiers de
l'Évènement (UNIMEV)
L'UNIMEV est une organisation professionnelle
représentative de l'ensemble des acteurs de l'industrie des rencontres
professionnelles. Plus de 400 adhérents y sont réunis :
organisateurs de foires, de congrès, de salon ; prestataires de services
; gestionnaires de sites d'accueil etc. L'organisme a pour mission de
défendre les intérêts des acteurs de la profession et de
les accompagner dans leurs activités et leur professionnalisation.
4. La situation actuelle du tourisme d'affaires
Les retombées du tourisme d'affaires au niveau de
l'économie sont importantes. Selon une étude de l'association
France Congrès, le secteur des congrès et des salons a
dégagé environ 7,1 milliards d'euros de retombées
économiques (dont 1,6 milliards d'euros uniquement pour les
congrès).67
4.1. Le tourisme d'affaires en chiffres
4.1.1. Le tourisme d'affaires sur la Côte d'Azur
La Côte d'Azur est d'abord connue pour ses plages
paradisiaques et sa saison estivale. Mais depuis une soixantaine d'année
le tourisme d'affaires creuse son nid. En 1950, le palais des expositions de
Nice est construit. En 1978, Monaco innove avec son premier auditorium. C'est
ensuite au tour de Cannes en 1982 qui construit son palais des congrès,
suivi de près en 1984 avec l'Acropolis de Nice. Plus récemment en
2000, Monaco investit dans le Grimaldi Forum pouvant accueillir jusqu'à
3.000 participants. En 2013, Antibes Juan-les-Pins sort de terre son nouveau
palais des congrès.68
Le tourisme d'affaires sur la Côte d'Azur enregistre une
tendance à la baisse. Une pointe absolue a été
enregistrée en 1998 avec 33.6 % de passagers affaires arrivant en avion.
En revanche, en 2012 on enregistre une baisse record avec moins de 20 % de
passagers affaires. Cette rétrogradation est due à la concurrence
internationale. Nous pouvons également noter que 1 séjour sur 5
est réalisé pour motif « affaires ».69
67 Étude sur les retombées
économiques de l'activité des congrès en France et en
Île-de-France [en ligne], disponible sur <
http://www.francecongres.org/images/documents/%C3%A9tudes_et_r%C3%A9flexions/Synth%C3%A
8se_etude_retomb%C3%A9es_%C3%A9conomiques_de_lactivit%C3%A9_congr%C3%A8s.pdf>
(consulté le 10-05-2014).
68 Observatoire du tourisme de la Côte d'Azur
[en ligne], disponible sur <
www.cotedazur-touriscope.com/pdf/fiches/8/normal.pdf>
(consulté le 10-05-2014).
69 Touriscope [en ligne], disponible sur <
http://www.cotedazur-touriscope.com/pdf/chiffres/2013/Fiche_2013.pdf>
(consulté le 15-05-2014).
51
Le touriscope de la Côte d'Azur nous donne une
idée de la répartition des séjours affaires en avion : 45
% viennent pour motif de réunions, rendez-vous professionnels, 31.5 %
pour des congrès, séminaires ou colloques, 9,7 % pour des expos,
foires ou salons, 3 % pour des stages, formations et seulement 0.5 % pour des
voyages incentive. Un peu plus de 10 % viennent pour « autres raisons
». Cela nous donne une idée des opérations de tourisme
d'affaires les plus présentes sur la Côte d'Azur. On note tout de
même que les touristes d'affaires séjournant qu'une seule
journée sont peu nombreux.
Le site du CRT Côte d'Azur70 nous donne
quelques chiffres clés de l'industrie du tourisme d'affaires. Avec 400
manifestations nationales et internationales par an, 8 palais des
congrès71, 30 lieux d'événementiel, 500 salles
de séminaires, 500.000 congressistes par an, la Côte d'Azur est le
deuxième pôle du tourisme d'affaires en France, après
Paris. De plus, la Côte d'Azur possède le 2ème
aéroport français d'aviation d'affaires : Aéroport
Cannes-Mandelieu et la 1ère ligne hélicoptère
en Europe : 70 rotations par jour entre Nice et Monaco. La Côte d'Azur
c'est aussi le 1er pôle français d'hôtellerie de
luxe 4 et 5 étoiles. La recherche et développement est au coeur
du territoire avec la première technopole européenne :
Sophia-Antipolis. L'ensemble de ces données font de la Côte d'Azur
un territoire attractif.
Malgré ses atouts incontestables, la Côte d'Azur
n'a plus la position de leader dans l'industrie du tourisme d'affaires : la
concurrence est exacerbée (pays frontaliers, Europe de l'Est,
Maghreb...).
4.1.2. La France, une destination encore
privilégiée
Selon Atout France, les retombées économiques de
l'industrie du tourisme d'affaires sont estimées à 7,4 milliards
d'euros par an pour le secteur des foires, salons, congrès et
réunions d'entreprises. On estime à plus de 30 milliards les
retombées indirectes (activités annexes). Comme nous l'avons dit
précédemment, il n'existe pas de statistiques officielles portant
sur le flux des touristes d'affaires en France.
La France est considérée comme une destination
attractive. Elle est synonyme de « bien-vivre », de luxe, de culture.
Les produits touristiques sont de qualités (hébergements,
restaurants...) et la France est au 1er rang européen en
termes d'équipements : 120 centre
70 Côte d'Azur, tourisme d'affaires [en
ligne], disponible sur <
www.pro-cotedazur-tourisme.com/convention-bureau/tourisme-daffaires-06-897.html>
(consulté le 10-05-2014).
71 Touriscope - Palais des congrès et des
expositions, voir annexe 8, disponible sur <
http://www.cotedazur-touriscope.com/pdf/stats/5/normal.pdf>
(consulté le 22-05-2014).
52
de congrès, 2000 lieux d'accueils et 80 parcs
d'expositions.72 En termes d'accueil d'événements sur
son territoire, la France prend la 5ème place. On peut noter
les États-Unis en première place, suivi par l'Allemagne,
l'Espagne et le Royaume-Uni73.
L'image « haut de gamme » de la France, anciennement
un atout, est désormais considéré comme une faiblesse en
temps de crise. En effet, il est mal vu pour une entreprise d'organiser ses
événements d'entreprises dans une destination vue comme «
chère ». En effet, la France est défavorisée en
matière de fiscalité et ne peut donc pas rivaliser avec ses
concurrentes, notamment l'Espagne. La France voient alors des clients
potentiels partirent ailleurs en Europe (Barcelone, Amsterdam, Bruxelles...).
Néanmoins, selon une étude d'American Express Meetings &
Events74, Paris reste la deuxième destination
privilégié après Londres.
La France accueille des grands événements
internationaux comme le mondial de l'automobile ou le salon international de
l'agriculture : l'événementiel contribue à son
rayonnement. De plus, l'offre hôtelière, la facilité
d'accès sur la majorité des territoires et les 18 pôles de
compétitivité sont des atouts majeurs75.
La grande faiblesse de la France en matière de tourisme
d'affaires est l'absence d'une agence professionnelle officielle qui
réunit tous les acteurs et assure une mission de veille, de promotion,
de statistiques. À première vue le cluster Atout France `CFTAR'
répond à ces missions mais n'est pas reconnue en tant
qu'organisme unique et officiel. De la même manière que les autres
clubs de promotion d'Atout France, le CFTAR contribue à la mise en
oeuvre de la Stratégie « Destination France 2010-2020 ».
Le tourisme est le premier secteur de l'économie
française : 7,4 % du Produit intérieur brut (PIB), 11,3 milliards
d'euros de solde positif, 2 millions d'emplois directs et
indirects76. La France véhicule une image attractive mais
elle subit une concurrence féroce des autres pays européens
notamment. Les deux principaux concurrents de la
72 Dossier de presse CFTAR, 2011, 26p. [en ligne],
disponible sur <
http://www.atout-france.fr/system/files/bibliotheque_contenus/dpresse-fr08-08-2011.pdf>
(consulté le 17-05-2014).
73 Classement ICCA 2013 [en ligne], disponible sur
<
http://www.bedouk.fr/article/classement-icca-2012-un-top-10-sans-surprise.109966>
(consulté le 17-05-2014).
74 Le Mice au ralenti, publié sur le site de
l'ANAé [en ligne], disponible sur <
http://anae.org/documents>
(consulté le 17-05-2014).
75 Dossier de presse CFTAR, 2011, 26p. [en ligne],
disponible sur <
http://www.atout-france.fr/system/files/bibliotheque_contenus/dpresse-fr08-08-2011.pdf>
(consulté le 17-05-2014).
76 Économie touristique [en ligne], disponible
sur <
http://www.veilleinfotourisme.fr/le-tourisme-international-en-france-les-touristes-etrangers-accueillis-en-france-en-2011--92228.kjsp>
(consulté le 1705-2014).
53
France en matière de tourisme de loisirs sont l'Espagne
et l'Italie (pays du patrimoine et de l'art de vivre comme la France mais avec
une image plus positive). Le plan marketing « Destination France 2010-2020
» est axé sur un objectif majeur : promouvoir d'avantage le
territoire pour augmenter le flux de visiteurs et accroitre les recettes. Le
tourisme d'affaires, de par l'importance de ses retombées
économiques, est un axe privilégié dans le cadre de ce
plan d'actions.
4.2. La demande en matière de tourisme
d'affaires
Dans le contexte de crise, la demande est de plus en plus
exigeante. Les entreprises continuent à organiser des opérations
de tourisme d'affaires car c'est aujourd'hui un outil marketing à part
entière. En revanche, on peut noter une nette diminution du budget
d'organisation. Cette limitation budgétaire engendre plusieurs tendances
:
- réduction de la durée moyenne des manifestations
;
« On observe notamment pour les grands congrès un
net raccourcissement de leur durée, laquelle passe de quatre jours en
moyenne à deux nuitées afin d'en amoindrir les coûts [...]
»77 . L'étude Coach Omnium 2013* nous informe qu'en
2012, 31 % des entreprises ont organisée une manifestation sur une
demi-journée, contre 23 % en 2011 et 10 % en 1999.
* Étude conjoncturelle sur l'évolution de la
demande sur le marché du tourisme d'affaires. Cette étude se base
sur 538 interviews téléphoniques réalisées en
décembre 2012 à des entreprises organisatrices de manifestations
professionnelles de tous secteurs et de toutes tailles.
- réduction du budget par participant ;
L'étude Coach Omnium 2013 démontre qu'en 2013,
78 % des entreprises ont réduit leur budget par participants pour les
manifestations professionnelles, contre 63 % en 2009.
- une attention particulière à l'image de la
destination : la destination ne doit pas refléter une image trop luxe
;
En effet, l'étude 2013 de Coach Omnium met en exergue
une tendance du moment : « en somme, on ne cherche pas uniquement ou
pas forcément à payer moins cher, mais pour des questions
d'images, les entreprises évitent tout ce qui peut paraitre trop
ostentatoire, trop voyant, trop « bling-bling » ou trop prestigieux
».
77 B. Plasait [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 19-05-2014).
54
En 2012, 12 % des entreprises reconnaissent choisir des
destinations moins haut de gamme, contre seulement 6 % en 2009. Philippe Baute,
directeur de l'Office de Tourisme et des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins
à intégrer cette problématique : « en
période de crise, certaines entreprises n'ont plus le droit ou ne
veulent pas se placer dans le très haut de gamme.
».78
- régression des activités
périphériques ;
« Pour une société, d'aller
dépenser de l'argent pour s'amuser, faire du bateau c'est mal vu. Il y a
une connotation qui peut être contre-productive pour une
société. Aujourd'hui, les entreprises ont tendance à
réduire ça et à consacrer beaucoup plus de temps au
travail, à l'échange etc. »79.
D'autre part, les organisateurs de congrès ne
choisissent pas une destination pour son bord de mer et son ensoleillement mais
pour ses outils de travail.80 Ils vont se concentrer sur les
équipements neufs, spacieux et polyvalents, ainsi que sur l'argumentaire
périphérique : parc hôtelier, lieux
d'événementiels, facilité d'accès etc. De plus, il
y a une réelle demande de solution d'accompagnement en termes
d'organisation. Les prescripteurs de congrès recherchent des offres
intégrées : un seul interlocuteur pour un ensemble complet de
prestations.81
L'étude Coach Omnium 2013 date la régression des
activités périphériques depuis le déclenchement de
la crise en 2008. En effet, le recul des activités est très net :
en 2012, 55,5 % des entreprises déclarent qu'elles n'y ont jamais
recours contre 24 % en 2006.
- préoccupation des organisateurs pour l'environnement.
L'étude Coach Omnium 2013 nous informe qu'en 2011, 59%
des organisateurs intègrent le respect de l'environnement dans leur
processus de décision, contre seulement 30 % en 2007. Cela
démontre l'expansion de la valeur du respect de l'environnement : elle
est de plus en plus intégrée dans les politiques des entreprises
et elle participe à l'image de ces dernières.
78 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et
Audoin Rambaud, voir annexe 6.
79 Entretien semi-direct avec Jean-Pierre Derail, voir
annexe 4.
80 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et
Audoin Rambaud, voir annexe 6.
81 B. Plasait [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 17-05-2014).
55
4.3. La concurrence à l'internationale
La concurrence est rude, d'autant plus que selon Bernard
Plasait82 l'offre évolue plus rapidement que la demande. Dans
un premier temps, la concurrence est visible à l'échelle
européenne. Prenons un exemple : Paris a toujours été
connu pour ses événements en rapport avec la mode ; aujourd'hui
la capitale est concurrencée par Milan, Londres (avec sa Fashion
week...).
Mais récemment, c'est l'Espagne qui a sorti son
épingle du jeu. Avec plus de 200.000 m2 d'équipements
construits en 10 ans (1998 à 2008), l'Espagne est aujourd'hui une
destination affaires incontournable. Le salon de la téléphonie
mobile autrefois organisé à Cannes est aujourd'hui un
événement incontournable à Barcelone, tout comme le salon
Incentive Business Travel and Meeting qui a quitté
Genève pour la capitale catalane. De nouveaux entrants dans l'Union
Européenne comme Prague, Genève, Malte se sont lancés dans
l'industrie du tourisme d'affaires et concurrence la France de par leurs prix
défiant toute concurrence (fiscalité et coût du travail
moins élevé).
Au niveau international, on note l'émergence de l'Asie
avec des villes comme Pékin, Bangkok, Singapour, Séoul... ces
dernières ont toutes investis dans des structures ultramodernes. De
plus, les prix sont nettement moins élevés qu'en Europe en raison
du contexte économique local.
4.4. L'offre Provence-Alpes Côte d'Azur : du constat
de faiblesses à une stratégie
d'homogénéité
Nous pouvons affirmer que la région PACA est en proie
à un déclin. Pierre-Louis Roucaries, président de Provence
Côte d'Azur Events, reconnait une réelle problématique
comparable, selon lui, à la désindustrialisation des
années 70. Pour lui, la région est confrontée à une
importante concurrence. Il est fréquent d'entendre que l'on ne peut pas
délocaliser le tourisme, néanmoins selon Pierre-Louis Roucaries
on peut délocaliser le client, ce qui revient au
même83. L'offre en PACA est abondante en termes de structures
d'accueil mais ces dernières ont une faible capacité : en effet,
mis à part le palais des congrès de Marseille qui peut accueillir
jusqu'à 3200 personnes, les autres structures
82 B. Plasait [en ligne], disponible sur <
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/074000449/0000.pdf>
(consulté le 17-05-2014).
83 Entretien semi-directif avec Pierre-Louis
Roucaries, président de Provence Côte d'Azur Events, voir annexe
5.
56
peuvent accueillir entre 100 et 900 personnes. Selon Bernard
Plasait84, l'offre de la région a tendance à
être vieillissante : depuis la parution de son rapport la donne a
changée. En effet, le Palais Acropolis a été
rénové à hauteur de 25 millions d'euros, le Centre Expo
Congrès de Mandelieu a été rénové et agrandi
à hauteur de 12 millions d'euros et le nouveau palais des congrès
d'Antibes Juan-les-Pins représente près de 50 millions d'euros
d'investissement.
La multiplicité des centres de congrès sur la
région a abouti à la dispersion de l'offre, des
hébergements et à un manque de lisibilité évident
pour les clients potentiels. Provence Côte d'Azur Events a
assimilé cette problématique et sa mission principale est de
créer une homogénéité dans l'offre. Pour
Pierre-Louis Roucaries, il est nécessaire de créer une offre
homogène à travers la création d'une marque ombrelle qui
est « Provence Côte d'Azur », il s'agit de communiquer sur une
marque à portée internationale. Les termes de « Provence
» et de « Côte d'Azur » sont connus à travers le
monde entier.
Pour Pierre-Louis Roucaries, toutes les villes
présentes sur ce territoire profiteront de cette marque commune car il y
a une complémentarité d'offre entre elles. Philippe Baute,
directeur de l'office de tourisme et des congrès d'Antibes Juan-les-Pins
n'est pas tout à fait d'accord avec la notion d'offre
complémentaires : « Il faut aussi avoir une certaine
objectivité, il y en a qui sont plus complémentaires que
d'autres. On n'est pas là pour tomber dans le discours. f...] Cannes,
Nice et Monaco sont absolument concurrentiels »85.
Voici un tableau récapitulatif de la concurrence locale
:
84 Le tourisme d'affaires : un atout majeur pour
l'économie [en ligne], disponible sur
<
http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2007/2007_15_bernard_plasait.pdf>
(consulté le 17-052014).
85 Entretien semi-directif Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
57
|
Mandelieu
|
Cannes
|
Nice
|
Monaco
|
Juan-les-Pins
|
Capacité
|
|
|
|
|
|
Amphithéâtres
|
3
|
5
|
5
|
3
|
1
|
Salles
modulables
|
16
|
26
|
50
|
22
|
12
|
Halls
d'exposition
|
2 500 m2
|
46 000 m2
|
26 000 m2
|
35 000 m2
|
1 700 m2
|
Accessibilité
|
|
|
|
|
|
Distance gare
|
3,2 kms
|
1 km
|
1 km
|
2,2 kms
|
550 m (gare de Juan-les-Pins)
2,5 kms (gare
d'Antibes)
|
Distance de l'aéroport de Nice
|
31 kms
|
27 kms
|
9,1 kms
|
32 kms
|
17 kms
|
Image
|
|
|
|
|
|
Notion de développement durable
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Hébergement
|
|
|
|
|
|
Hôtels à proximité immédiate
|
18
|
101
|
176
|
145
|
19
|
Hôtels dans la ville
|
189***
251****
|
1281***
2534****
|
3385***
2998****
|
145
|
6886
|
Contexte économique
|
|
|
|
|
|
Taux de chômage
|
15,5 %
|
10,3 %
|
9,4 %
|
Proche de 0 %
|
11,7 %
|
Visibilité internet
|
|
|
|
|
|
Visite 3D des espaces
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Nombre de photos
|
Quasi- inexistant
|
Important
|
Important
|
Important
|
Important
|
Destination mise en avant
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Nous pouvons résumer ce tableau en affirmant qu'Antibes
Juan-les-Pins : - a la plus petite capacité d'accueil ;
- a une accessibilité relativement élevée
par rapport aux villes concurrentes ; - a un parc hôtelier moins
important que les villes concurrentes ;
86 Capacité des communes en hébergement
touristique [en ligne], disponible sur
<
http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=99&ref_id=base-cc-tourisme>
(consulté le 04-062014).
58
- a une visibilité internet optimisée.
Antibes Juan-les-Pins (AJLP) projette de travailler de plus en
plus avec la ville de Cannes pour le secteur congrès. En effet, la ville
à l'avantage d'avoir une notoriété internationale
grâce à son festival du film. De plus, ce n'est pas une
destination concurrente : Cannes a une capacité d'accueil nettement
supérieure à AJLP. Aussi, les deux villes ne renvoient pas du
tout la même image : Cannes a un côté « bling bling
» alors qu'Antibes a un côté « bobo »
selon Philippe Baute87. C'est ce qui permet aux deux destinations de
pouvoir travailler ensemble : la cible n'est pas la même.
4.5. Antibes Juan-les-Pins : la nouvelle destination
affaires
4.5.1. Présentation du palais des congrès
d'Antibes Juan-les-Pins
L'ancien palais des congrès d'Antibes Juan-les-Pins fut
construit en 1971. Il disposait d'un auditorium de 600 places, d'une salle de
conférence de 250 places et de 5 salles de commission de 20 à 100
places. Après plusieurs rénovations, et partant du constat qu'il
n'était plus adapté à la demande et aux normes, la ville
d'Antibes a finalement décidée de le détruire pour
repartir à zéro. En septembre 2013, pour 23 millions d'euros, le
nouveau palais des congrès fut livré : il est signé Jean-
Jacques Ory, architecte (célèbre notamment le siège Louis
Vuitton ou encore Galeries Lafayette à Paris). Le palais des
congrès est désormais d'un style contemporain et par ses courbes,
il est en parfaite harmonie avec la célèbre Pinède Gould.
De plus sa situation est idéale : à 17 kilomètres de
l'aéroport de Nice, à 20 kilomètres de celui de Mandelieu
et surtout à 150 mètres de la mer !
Le palais des congrès dispose de 4 niveaux hors sol :
Niveau 0/1 Hall d'accueil
|
Accueil de l'Office de Tourisme
Entrée des manifestations du palais des
congrès
|
Niveau 2
Espace Exposition / Restauration modulable de
1600m2 permettant d'accueillir :
|
Une exposition de 85 stands de 9m2
Jusqu'à 1000 personnes en repas assis
1 à 3 salles plénières à plat
jusqu'à 250 places
|
Niveau 3
Espaces congrès
|
1 amphithéâtre de 500 places
5 à 12 salles de commissions modulables
1 espace de réception de 500m2
1 terrasse panoramique avec vue sur la mer
|
87 Entretien semi-directif Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
59
Niveau 3/4
|
500 fauteuils
|
|
Régie audiovisuelle complète
|
L'amphithéâtre
|
3 cabines de traduction simultanée pré-
équipées
|
|
Salon VIP et de repos pour les traducteurs
|
|
Scène de 200m2
|
|
Loge
|
|
Monte-charge de 1000 kg avec accès direct sur
scène
|
Niveau -1/0/1
|
Galerie commerciale composée de 16
boutiques, d'un centre de fitness et d'une grande surface
alimentaire.
|
Niveau -2/-3/-4
|
Parking souterrain de 376 places (complété d'un
second parking adjacent de 350 places
|
|
(parking Ambassadeur)).
|
Le gestionnaire du palais des congrès est l'Office de
tourisme. L'atout majeur de ce fonctionnement est la proposition d'une offre
intégrée : « Car on ne vend pas qu'un produit, on doit
aussi vendre une équipe, des solutions d'accompagnement, d'organisation
et c'est là où on a aussi peut-être un avantage
concurrentiel. Je m'explique : le fait que ce soit l'office du tourisme qui
soit gestionnaire de ce palais des congrès est une force. On l'annonce
et on l'argumente quand on est dans l'échange commercial. Cela rassure
car on n'est pas la énième boite privée. L'office de
tourisme apporte un peu plus de garantie, de notoriété, de
professionnalisme car on est à même d'avoir une maîtrise
totale de notre territoire, une connaissance approfondie. »88
L'équipe du palais des congrès propose plusieurs
prestations et services :
- accueil et étude de projets ;
- coordination technique et logistique de la manifestation
(encadrement permanent des
prestations) ;
- production technique (régie
événementielle, assistance technique) ;
- restauration sur place ;
- logistique (aménagement des espaces, montage de
stands...) ;
- service d'accueil et d'information aux congressistes ;
- gestion de l'hébergement ;
- organisation de soirée de gala ;
- gestion et suivi de la qualité.
88 Entretien semi-direct avec Jean-Pierre Derail,
voir annexe 4.
60
L'ensemble de ces prestations sont gérées par
une interface unique : l'équipe congrès de l'Office de tourisme
d'Antibes Juan-les-Pins.
4.5.2. Les composantes du produit - Le parc
hôtelier
L'offre hôtelière à Antibes Juan-les-Pins
est particulièrement adaptée à la clientèle du
tourisme d'affaires : 1000 chambres de 3* à 5* sont situées
à moins d'un kilomètre du palais des congrès89.
Au total c'est 2182 chambres sur l'ensemble de la ville90.
Néanmoins, certains établissements de luxe, comme le
Provençal ou l'Hôtel du Parc sont fermés et ne sont pas
près de rouvrir. Henry Mathey 91, président du
syndicat des hôteliers, affirme « ce sont près de 150
chambres qui manquent à notre station en plein développement avec
le Palais des Congrès ».
La plupart des hébergements présents sur
l'agglomération appartiennent à des enseignes nationales ou
internationales à forte notoriété : Oetker (hôtel du
Cap-Eden Roc), Relais et Châteaux (hôtels Impérial Garoupe
et Cap d'Antibes Beach Hôtel), Marriott (hôtel AC Ambassadeur),
Accor (hôtels Ibis Styles), Best Western (hôtel Grand Pavois et
Astoria), Partouche (hôtel Garden Beach)...
- Les lieux événementiels
La destination Antibes Juan-les-Pins propose aussi des lieux
d'exceptions pour organiser des soirées de galas, en complément
d'un congrès ou d'un séminaire. En effet, la soirée de
gala est très courante dans les opérations de tourisme d'affaires
: pour Jean-Pierre Derail, « il y a un poste qui reste
indéfectible, c'est la soirée, il y a pratiquement toujours une
soirée de gala »92.
L'équipe du palais des congrès fait valoir quatre
lieux principaux : y' La Villa Eilenroc : 11 hectares et
possibilité de dîner jusqu'à 700 personnes
y' Marineland : soirée de gala face au
lagon des dauphins ou au tunnel des requins, spectacle nocturne, 3 restaurants
thématiques pouvant accueillir jusqu'à 500
89 Plan des chambres d'hôtels, voir annexe 7.
90 Article « Antibes Juan-les-Pins, la nouvelle
génération congrès » dans la revue Businessevent'
janvier/mars 2014 (consulté le 25-05-2014).
91 Nice Matin, 24 janvier 2014, page 5.
92 Entretien semi-direct avec Jean-Pierre Derail, voir
annexe 4.
61
personnes. Marineland propose également l'organisation
de séminaires et d'activités incentive.
y' La Siesta : 3 offres en une avec le casino, le restaurant
et la discothèque, possibilité d'accueillir 150 personnes en
cocktail et 500 en repas assis.
y' Le domaine La Dilecta : superficie totale de 6.000
m2, nu et non équipé, possibilité
d'aménagement
Les plages privées sont aussi très souvent
sollicitées dans l'organisation de diner de gala : une vingtaine de
plages à Antibes Juan-les-Pins peuvent accueillir de 60 à 500
personnes.
62
PARTIE 2 - Le tourisme d'affaires, facteur de
développement pour le territoire ?
Le cas d'Antibes Juan-les-Pins
Cette partie fait l'objet d'une analyse de terrain, que j'ai
pu élaborer tout au long de mon stage à l'Office de Tourisme et
des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins. Nous allons nous demander quelle
place tient le tourisme d'affaires dans le développement d'Antibes
Juan-les-Pins, aussi bien au niveau économique que symbolique. Le
premier chapitre sera dédié à caractériser les
retombées sur le territoire. Les entretiens réalisés ont
été précieux pour réaliser ce premier travail. Le
second chapitre est consacré à la stratégie marketing / de
communication du nouveau Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins.
Nous allons commencer par analyser le marché environnant afin de mieux
comprendre la stratégie mise en place. Nous allons voir que cette
dernière profite à l'image de la destination et à son
économie.
63
CHAPITRE 1 : Une activité qui génère
des retombées positives pour le territoire
Nous avons constaté que le tourisme d'affaires engendre
des retombées sur le territoire d'Antibes Juan-les-Pins. Dans un premier
temps, ces retombées sont économiques. Nous allons voir que
l'activité du tourisme d'affaires permet des créations d'emplois,
des installations d'entreprises et bien entendu un surplus d'activité
dans les hôtels et restaurants. Dans un second temps, les
retombées sont vis-à-vis de la notoriété de la
destination. En effet, nous allons voir que le tourisme d'affaires est un
réel complément d'image. Cette activité permet
également de renforcer les pôles de compétitivité
présents sur le territoire.
64
1. Le tourisme d'affaires engendre des retombées
économiques conséquentes
1.1. Premières constatations
Le suivi de la fréquentation touristique s'impose
à toute destination mais nous avons pu noter la difficulté
à mesurer clairement les retombées économiques
liées à l'activité de tourisme d'affaires sur un
territoire. De plus, il n'est pas évident pour les acteurs de
différencier les retombées dues au tourisme d'affaires, et celles
dues au tourisme de loisirs. Nous l'avons vu précédemment, des
acteurs tels que le CRT ou PCE ont mis en place des outils pour évaluer
ces retombées. En revanche, les chiffres varient de façon
significative suivant les organismes. Voici un tableau qui résume
parfaitement le manque de cohérence des diverses données.
Organisme observateur
|
PCE93
|
CRT Paca94
|
Période observée
|
2009
|
2012
|
Territoire observé
|
Provence Alpes Côte d'Azur
|
Provence Alpes Côte d'Azur
|
Nombre de nuitées
générées
|
7,5 millions de nuitées
générées
|
10 millions de nuitées
|
Dépenses par jour d'un congressiste
|
152 € par jour et par personne
|
126 € par jour et par
personne
|
Durée moyenne d'un séjour
affaires
|
4 nuits en moyenne
|
5,7 nuits en moyenne
|
Le premier constat après la lecture de ce tableau est
le suivant : on observe une différence de trois ans entre les deux
mesures de fréquentation. Il n'est donc pas très pertinent de
comparer les chiffres de ces deux organismes observateurs. Néanmoins,
même en considérant la nuance de la période
observée, deux différences sont marquantes : l'écart de
2,5 millions de nuitées générées, et l'écart
de 1,7 nuits en moyenne pour un séjour affaires. En trois années,
les chiffres ne peuvent pas évoluer aussi rapidement.
93 Enquête dépense des congressistes [en
ligne], disponible sur
<
http://provencecotedazurevents.com/enquete-depense-des-congressistes>
(consulté le 22-05-2014).
94 CRT PACA : tourisme d'affaires [en ligne],
disponible sur <
http://www.infotourismepaca.fr/tendances-et-chiffres-cles/offre/tourisme-daffaires/>
(consulté le 22-05-2014).
65
En dehors de cette analyse, un constat évident en
ressort : il est très difficile d'évaluer les retombées
économiques liées au tourisme d'affaires. Faute de l'avoir
évoqué lors de l'entretien avec Pierre-Louis Roucaries, nous
avons appelé Claude Ferrière, chargée de mission de PCE.
Lors de cette discussion téléphonique, un point majeur est
ressorti : les organismes chargés de l'observation des retombées
sur le territoire, à savoir CRT Paca et CRT Côte d'Azur se sont
peu à peu désintéressés du secteur du tourisme
d'affaires. Les raisons sont diverses : conjoncture économique,
difficulté à identifier les retombées...
Dans le secteur du tourisme, et plus particulièrement
du tourisme d'affaires, trois types de retombées économiques
peuvent être caractérisés :
- les retombées économiques directes : ce sont
les dépenses destinées aux opérateurs de foires, de
salons, de congrès, de sites dédiés ... ce sont les
coûts liés à l'équipement ;
Par exemple : à Antibes Juan-les-Pins, les
retombées économiques directes correspondent à la somme
versée au Palais des Congrès pour l'exploitation de leur
équipement : salle plénière, amphithéâtre,
salle de commission ... il s'agit aussi des dépenses liées au
service restauration, promotion, sécurité... dans l'enceinte du
Palais des Congrès.
- les retombées économiques indirectes : ce sont
les dépenses des congressistes/exposants, hors équipement,
c'est-à-dire les transports, hôtels, restaurants, cadeaux, sorties
;
Par exemple : à Antibes Juan-les-Pins, l'équipe
du Palais des Congrès propose à ses clients d'organiser toute la
logistique autour de l'événement d'entreprise
(hébergement, diner de gala, transferts etc...). Ces prestations
externes ont des retombées économiques indirectes pour la ville
d'Antibes Juan-les-Pins.
- les retombées économiques induites : elles
correspondent à l'effet « boule de neige » dû aux
retombées directes et indirectes.
Par exemple : à Antibes Juan-les-Pins,
l'activité de tourisme d'affaires va engendrer des créations
d'emplois (au palais des congrès même, dans les hôtels
partenaires, par la création de nouvelles entreprises...).
L'activité tourisme d'affaires dans la ville dynamise l'économie
en créant des emplois.
1.2. Ce qui ressort des entretiens
réalisés
L'entretien le plus fructueux est celui réalisé
avec Mr Baute, directeur de l'Office de Tourisme d'Antibes Juan-les-Pins et
avec Audoin Rambaud, adjoint au tourisme. Voici les principaux points qui en
découlent :
66
- le tourisme d'affaires participe à la croissance de
l'activité hôtelière ;
« Les premiers chiffres que nous avons peuvent nous
faire dire que le tourisme d'affaires participerait à hauteur de 2
points de croissance au niveau hôtelier. »95
- l'activité congrès attire des personnes à
fort pouvoir d'achat ;
Les voyageurs d'affaires appartiennent en
général à des classes supérieures et ont par
conséquent un pouvoir d'achat élevé. De plus, leurs frais
d'hébergement et de restauration sont payés par leur entreprise :
ils disposent d'un budget entièrement dédié aux
activités annexes, au shopping etc. Il est évident que les
congressistes consomment sur place et ne restent pas cloitrés dans leur
chambre d'hôtel. Un article de Nice Matin, datant du 28 mai 2014, relate
des réflexions des commerçants antibois et juanais « On voit
de plus en plus de personnes qui se promènent dans Juan, avec un badge
autour du cou. C'est bon signe. »96
- le tourisme d'affaires permet de lutter contre la
saisonnalité ;
L'une des caractéristiques du tourisme d'affaires est
que la majorité des événements d'entreprises sont
organisés hors-saison. Le touriscope de la Côte d'Azur met en
évidence cette non-saisonnalité : on remarque que le pourcentage
de chambres louées à la clientèle affaires sur la
Côte d'Azur est le plus fort dans les mois de janvier à mars et
d'octobre à novembre (à l'inverse du tourisme de
loisirs)97. Cela permet de redynamiser l'économie pendant les
périodes les plus creuses. Ces deux types de tourisme sont des
activités complémentaires pour un territoire.
- les congressistes vont probablement revenir par la suite
pour les loisirs (voir partie 2, chapitre 1 : 3 l'activité de
tourisme d'affaires entraine une activité de tourisme de loisirs)
;
- l'activité congrès et ses retombées
économiques vont permettre aux propriétaires de beaux
précaires de repenser leur local en contrat de location pérenne
;
« Je suis optimiste dans le sens où je pense
que l'économie attire l'économie. C'est à partir de
là, sur deux ans, trois ans, si on installe ces gens sur la ville, que
le propriétaire de beaux va réfléchir et va se dire : j'ai
tout intérêt à revaloriser mon locatif et mettre du
95 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et
Audoin Rambaud, voir annexe 6.
96 Nice matin, mercredi 28 mai 2014, page 6 «
Cinq idées reçues sur ... le Palais des Congrès.
97 Taux de nuitées hôtelières
« affaires » 2012 [en ligne], disponible sur <
www.cotedazur-touriscope.com/pdf/stats/36/normal.pdf>
(consulté le 25-05-2014).
67
bail pérenne, en tout cas pas précaire, pour
installer de la marque etc... Mais ça prendra du temps.
»98.
- le tourisme d'affaires va favoriser l'implantation
d'entreprises et le développement des pôles de
compétitivité ;
En effet, le dynamisme de l'activité congrès va
attirer de nouvelles entreprises sur le territoire. À Antibes
Juan-les-Pins, il n'y a pas de pôles de compétitivité
précis, mais nous avons vu que Sophia-Antipolis est
particulièrement axée sur les technologies de l'information.
- le tourisme d'affaires permet la création d'emplois
pérennes ;
Le tourisme d'affaires contribue à
désaisonnaliser le tourisme et par conséquent à
créer des emplois à l'année dans divers secteurs :
hôtellerie, restauration...
Le Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins a
accueilli/va accueillir sur l'année 2014 34 congrès
réunissant 10 940 participants (deux à quatre jours
d'occupations). C'est autant de nuitées qui sont
générées grâce à l'activité de
tourisme d'affaires.
2. Le tourisme d'affaires, un moyen de communication pour
le territoire
Outre les retombées économiques importantes, le
tourisme d'affaires profite également au rayonnement d'un territoire. Il
est un levier essentiel de son image et de sa notoriété.
La ville d'Antibes Juan-les-Pins possède
déjà une très belle notoriété : soleil,
plage, vacances, joie de vivre... Pour Jean-Pierre Derail, « on a
beaucoup de chance sur la Côte d'Azur : le soleil, Juan-les-Pins et une
très belle image, un très bel affect, une belle
notoriété »99. En effet, selon la nouvelle
enquête Booking 2014, Antibes est la 7ème destination
préférée des étrangers sur le territoire
français, et Juan-les-Pins est 14ème. Sur 3,600
communes c'est conséquent100.
À Antibes Juan-les-Pins, le développement de
l'activité tourisme d'affaires se base en partie sur la
notoriété déjà existante de la destination : on se
sert des facteurs d'attractivité pour attirer la clientèle
affaires. Mais, cette même activité de tourisme d'affaires va
aussi
98 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et
Audoin Rambaud, voir annexe 6.
99 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail,
voir annexe 4.
100 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
68
permettre de renforcer l'image de la ville. En effet,
l'activité congrès participe au rayonnement de la destination. Mr
Baute, directeur de l'Office de Tourisme et des Congrès d'Antibes
Juan-les-Pins, met une évidence en exergue : « finalement on
connait Cannes pour son festival du film... »101. La ville
de Cannes s'est forgé une notoriété sur cet
événement. L'activité du tourisme d'affaires est un
complément d'image.
Le tourisme d'affaires est un véritable outil
stratégique de développement d'un territoire. Les acteurs
institutionnels l'ont bien compris : le CRT Côte d'Azur a
intégré le tourisme d'affaires dans le touriscope, Atout France a
créé le Club français du tourisme d'affaires
réceptif (CFTAR) et la région PACA a initié Provence
Côte d'Azur Events (PCE)... autant d'organismes qui ont compris le
réel enjeu de communication à travers l'activité du
tourisme d'affaires.
Les événements d'entreprises qui se
déroulent sur le territoire d'Antibes Juan-les-Pins confèrent une
valeur ajoutée au territoire et une véritable
légitimité. De plus, ils permettent de renforcer les pôles
de compétitivité : nous avons vu que Sophia-Antipolis est
spécialisée dans de nombreux domaines : technologies de
l'information, chimie fine, énergies, environnement... L'activité
de tourisme d'affaires sur la ville permet d'augmenter son
attractivité.
L'activité congrès permet de faire connaitre le
territoire, notamment par le bouche-à-oreille : « l'avantage
c'est que l'on fait la promotion de la ville et que ça ne nous
coûte rien. Les gens viennent à la suite d'un congrès, en
parle à leurs amis... C'est important. »102. Pour
Marc Boyer et Philippe Viallon, le bouche-à-oreille est une forme de
communication où l'émetteur peut en perdre le contrôle. En
effet, les informations peuvent être déformées,
améliorées, dénigrées etc. Cela permet de faire
découvrir la destination à une autre cible, qui plus est avec un
fort pouvoir d'achat.
Chacun d'entre nous est à la fois émetteur et
récepteur du tourisme. En effet, « l'émetteur de la
communication touristique est récepteur du touriste et le
récepteur de la communication touristique est émetteur de
tourisme » (Boyer, Viallon, 1994 : 20). On en revient à dire (cf.
partie 1, chapitre 2 : 2.8 les acteurs du marketing territorial) que
toute personne physiquement présente sur le territoire est acteur de la
communication de ce dernier, et émetteur de message touristique.
101 Entretien avec Philippe Baute et Audoin Rambaud, voir annexe
6.
102 Ibid.
69
3. L'activité de tourisme d'affaires entraine une
activité de tourisme de loisirs
Au fil de nos recherches et nos lectures, on constate que le
tourisme d'affaires est une porte d'entrée au tourisme de loisirs. Une
étude réalisée en 2009 par PCE nous le confirme. Voici le
dispositif de l'étude : 22 congrès ont été
enquêtés sur la région PACA de mars à
décembre 2009, parmi ces 22 congrès, sept sont internationaux. En
tout, 608 questionnaires ont été recueillis. Voici ce qui en
ressort103 :
Ce schéma nous permet de considérer le tourisme
d'affaires comme outil d'attraction et de fidélisation des potentiels
visiteurs. En effet, même si la motivation première d'un touriste
d'affaires est l'infrastructure et les équipements proposés, cela
n'empêche pas qu'il est dans la nature humaine d'être sensible
à un territoire visité. Certes, l'objectif premier des
entreprises commanditaires n'est pas de donner envie aux participants de
revenir sur le territoire. En revanche, nous avons vu que le choix de la
destination dépend, mis à part l'infrastructure d'accueil, de la
notoriété du territoire et de sa facilité
d'accès.
103 Enquête dépenses des congressistes [en ligne],
disponible sur
<
http://provencecotedazurevents.com/enquete-depense-des-congressistes>
(consulté le 27-05-2014).
70
Les participants à l'activité de tourisme
d'affaires ont des raisons d'être séduit par la destination.
Les voyages de motivation, ou incentive sont les
activités les plus susceptibles de donner envie aux participants de
revenir en vacances. Par exemple, à Antibes Juan-les-Pins, une agence
incentive Boule d'Énergie propose des journées
catamarans ou des après-midi pétanque. Il est alors très
probable que les participants aient envie de découvrir ce territoire
dans un autre contexte que celui des affaires. De plus, nous avons vu qu'il est
très intéressant pour les territoires d'attirer cette
catégorie de touristes : ils appartiennent à la population active
et ont pour la plupart un pouvoir d'achat conséquent.
L'industrie du tourisme d'affaires profite à l'industrie
touristique et aux territoires.
71
CHAPITRE 2 : La stratégie de communication
d'Antibes Juan-les-Pins.
Le marketing territorial à trois grands objectifs :
donner du plaisir aux habitants à vivre à cet endroit, donner
envie aux touristes de visiter notre territoire et attirer les investissements
des entreprises désireuses de s'installer dans notre ville. Le but final
est bien entendu d'attirer l'économie. À Antibes Juan-les-Pins,
le nouvel enjeu tourne autour du tourisme d'affaires : il s'agit de provoquer
des retombées économiques et d'image sur le territoire. Pour
cela, une stratégie marketing a du se mettre en place.
72
1. L'analyse marketing
Afin d'élaborer un plan marketing, il faut tout d'abord
réaliser une analyse macro-environnementale à travers plusieurs
approches. Ces différentes études permettront de cibler la
clientèle et définir le positionnement d'Antibes Juan-les-Pins
sur le marché du tourisme d'affaires.
1.1. Analyse macro-environnementale 1.1.1. Analyse
PESTEL
L'analyse PESTEL permet de décrire, de comprendre et
d'évaluer les facteurs et les forces de l'environnement
général autour d'une entreprise, infrastructure... L'analyse
étudie différents aspects : politique, économique,
sociologique, technologique, écologique et légal. Il est
important de réaliser cette étude pour Antibes Juan-les-Pins afin
de mieux comprendre son environnement général et d'en extraire
ses forces et faiblesses.
- Au niveau politique :
Selon un article des Échos104, la
France reste la première destination touristique mondiale. La France
jouit d'une stabilité politique qui conforte les voyageurs d'affaires.
En effet, la sécurité fait partie des principaux critères
des touristes d'affaires105.
Au niveau local, Antibes Juan-les-Pins a un atout majeur : le
label « Qualité Tourisme » : l'Office de tourisme s'engage sur
plusieurs critères comme la qualité des services proposés,
la gratuité de l'information, la mise à disposition d'un WIFI, le
traitement des courriers et réclamations etc... Le label «
Qualité Tourisme » est reconnu et il offre un gage de
qualité ainsi qu'une lisibilité de l'offre.
Comme vu précédemment, Antibes Juan-les-Pins
fait partie de la Communauté d'agglomération de Sophia-Antipolis
: aux côtés de 23 autres communes, Antibes Juan-les-Pins à
un poids politique important.
Antibes Juan-les-Pins est également supportée
par des organismes tels que le CRT Côte d'Azur, le CRT Paca et Provence
Côte d'Azur Events. Ces acteurs sont essentiels pour la
104 La France reste la première destination touristique
mondiale [en ligne], disponible sur <
http://www.lesechos.fr/28/01/2014/lesechos.fr/0203275942740_la-france-reste-la-premiere-destination-touristique-mondiale.htm>
(consulté le 30-05-2014).
105 Baromètre européen du tourisme d'affaires 2013
[en ligne], disponible sur
<
http://www.themavision.fr/jcms/rw_394699/barometre-europeen-du-voyage-d-affaires-2013-publie-par-american-express-les-entreprises-sont-toujours-a-l-heure-des-economies?portal=c_224032>
(consulté le 30-05-2014).
73
destination : cela permet de gagner en
crédibilité. De plus, il faut noter qu'il s'agit d'organismes
institutionnels, ils sont donc contrôlés par le gouvernement.
- Au niveau économique :
La crise économique touche tous les secteurs, du moins
la majorité. L'industrie du tourisme d'affaires n'y échappe pas.
En effet, selon l'étude Coach Omnium 2013, 60 % des entreprises avouent
qu'elles ont été impactées dans l'organisation de leurs
manifestations professionnelles. Néanmoins, les entreprises continuent
à se réunir pour fructifier dans les affaires : les
économies budgétaires se font sur la durée de la
manifestation, les budgets par participant et les activités annexes.
Néanmoins, la France et principalement la Côte d'Azur restent des
destinations prisées aussi bien pour le tourisme de loisirs que pour le
tourisme d'affaires. De plus, Antibes Juan-les-Pins a une image « moins
chère » que ses concurrentes comme Cannes ou Monaco.
- Au niveau social :
La démographie, l'éducation ou la santé
n'influent pas sur le secteur du tourisme d'affaires. En revanche, certains
comportements socio-culturels peuvent conditionner l'activité
congrès. Pour la plupart des entreprises, dans un contexte de crise, il
est mal vu de se rendre dans une destination luxueuse. Antibes Juan-les-Pins a
la chance d'avoir une image plus modeste qui ne lui confère pas une
notoriété de destination fortunée.
- Au niveau technologique :
On pourrait penser que l'avènement de l'internet aurait
eu une influence sur l'activité congrès. Or, on se rend compte
que non : les entreprises privilégient toujours les rencontres
physiques. Néanmoins, l'outil internet s'est largement imposé
comme le moyen pour rechercher des lieux propices aux rencontres
professionnelles (centres de congrès, palais des expositions...).
Aujourd'hui, il est nécessaire à toute entreprise,
collectivité, organisme d'avoir une vitrine internet.
- Au niveau écologique :
Dans son attribution au label « Qualité Tourisme
», l'Office de tourisme d'Antibes Juan-les-Pins ainsi que le Palais des
Congrès doit mettre en place des actions liées au
développement durable. Cela passe par de simples gestes quotidiens (tri
des déchets) à une infrastructure pensée de manière
écologique (panneaux isolants, économies
74
d'énergie...). En revanche, le Palais des
Congrès ne possède pas le label Haute qualité
environnementale (HQE), c'est un point négatif pour son image.
- Au niveau légal :
Les employeurs ont pour obligation, chaque année, de
participer financièrement à la formation continue de ses
salariés : « lors de l'exécution du contrat de travail,
l'employeur doit permettre l'adaptation permanente du salarié à
son poste de travail, notamment par des actions de formation, en ce qui
concerne l'évolution des métiers, des technologies et des
organisations »106. Cette loi peut permettre d'augmenter
l'activité des lieux de formations, tels que les Palais des
Congrès.
Pour conclure, l'analyse PESTEL nous permet d'affirmer que le
secteur du tourisme d'affaires rassemble de nombreux participants. En revanche,
la conjoncture actuelle oblige de redoubler d'efforts afin de rester
compétitifs. Les valeurs éthiques ont de plus en plus
d'importance : on est à l'heure du développement durable.
1.1.2. L'analyse SWOT
L'analyse SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities,
Threats) est un outil permettant d'identifier les forces, faiblesses,
opportunités et menaces d'un produit ou d'une entreprise. Cette analyse
permet de définir son positionnement et d'élaborer sa
stratégie marketing en fonction des facteurs externes et internes.
Forces
|
Faiblesses
|
- Accessibilité
|
- Capacité d'accueil limité (500
|
- Situation géographique
|
participants maximum)
|
- Proximité du parc hôtelier
|
- Produit non adapté pour des salons
|
- Esprit « resort »
|
(uniquement des petits)
|
- Produit neuf (dernières technologies)
|
- Faible notoriété par rapport à Cannes,
|
- Conditions météorologiques
|
Nice ou Monaco
|
- Produit intégré dans un complexe
|
- Transports dans la ville (peu de bus et gare
|
(restaurants, boutiques, salles de sport)
|
éloignée du Palais des Congrès)
|
|
- Absence de TGV
|
|
- Pas de label « développement durable »
|
106 Obligation de l'employeur en matière de formation
professionnelle [en ligne], disponible sur
<
http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F23466.xhtml#N10076>
(consulté le 30-052014).
75
Opportunités
|
Menaces
|
- Se bâtir une nouvelle image « destination
loisirs ET affaires »
|
- Concurrence internationale (Espagne,
Pays de l'Est...)
|
- Se créer une image « bobo »
|
- Image négative de la Côte d'Azur
|
|
(notamment Cannes)
|
|
- Projet de création d'un centre des
expositions au coeur de l'éco-vallée de
|
|
Nice (80.000 m2)
|
Dans cette analyse SWOT, nous pouvons remarquer qu'Antibes
Juan-les-Pins peut être associée aux cotés négatifs
de la Côte d'Azur (« bling-bling », destination
chère...). En revanche, de par ses prix et son environnement, Antibes
Juan-les-Pins à l'opportunité de se créer une image «
bobo » : moins chère que ses concurrentes comme Monaco et Cannes
mais avec les même avantages météorologiques et
géographiques.
Antibes Juan-les-Pins profite d'une accessibilité
importante grâce à l'aéroport international de Nice.
Néanmoins, l'accessibilité au niveau local reste faible (peu de
bus, prix élevé des taxis...). De plus, l'absence de Train
à grande vitesse (TGV) est une réelle faiblesse : « le
transport en PACA n'est pas opérationnel : l'absence de TGV
jusqu'à la Côte d'Azur. Il manque 150 km ce qui est quand
même un comble pour une des régions mondiale du tourisme. Il faut
savoir que 1 touriste sur 100 (niveau mondial) chaque année vient en
vacances sur la Côte d'Azur. »107
Le Palais des Congrès n'a pas été
construit selon les normes Haute qualité environnementale (HQE), c'est
une véritable faiblesse pour Antibes Juan-les-Pins car le
développement durable est une valeur éthique de plus en plus
répandue dans les entreprises.
Cette analyse SWOT reflète trois grandes tendances :
l'environnement du palais des congrès reste son meilleur atout
(situation géographique, conditions météorologiques) ; il
y a une réelle opportunité de créer une image
différentes des destinations voisines ; la concurrence est importante
à l'internationale mais aussi sur le plan régional.
1.2. Analyse de la demande
Nous avons vu précédemment dans la partie 1,
chapitre 3 : 4.2 la demande en matière de tourisme d'affaires que
la demande sur le secteur du tourisme d'affaires est de plus en plus exigeante,
avec pour principale raison la diminution des budgets. Antibes Juan-les-
107 Entretien semi-directif avec Pierre-Louis Roucaries, voir
annexe 5.
76
Pins n'échappe pas à la tendance. Ce qu'on
constate en premier est la diminution des activités
périphériques : « la demande évolue. Les
congrès d'il y a 20 ans, 30 ans, ce n'est plus tout à fait les
mêmes qu'aujourd'hui. On est dans un contexte économique plus
compliqué, il y a des problématiques budgétaires mais
aussi d'image. [...] Aujourd'hui, les entreprises ont tendance à
réduire ça et à consacrer beaucoup plus de temps au
travail, à l'échange etc... [...] Les activités de loisirs
liées à un congrès c'est plus rare.
»108. Les organisateurs de rencontres professionnelles
préfèrent consacrer leur budget à un lieu d'accueil
adapté, avec des outils de travail performants, plutôt que
d'organiser des activités de loisirs.
La destination affaires Antibes Juan-les-Pins est
également sujette à la réduction du budget par
participant. En effet, le Palais des Congrès a déjà eu des
retours négatifs concernant le prix des prestations : quand nous avons
demandé à Philippe Baute les principaux points faibles qui leur
ont été communiqué la réponse est la suivante :
« le prix. Le gros point faible de la Côte d'Azur qui ressort
aussi dans notre destination c'est peu importe que ce soit un individuel ou un
congressiste c'est un one shot au niveau du prix. [...] L'activité
congrès est toute nouvelle et on a tous intérêt à
être généreux dans notre démarche commerciale.
»109. De plus, Antibes Juan-les-Pins subit une concurrence
à l'international, dans le sens où des destinations peu couteuse
émergent comme l'Espagne, les pays de l'Est et les pays du Maghreb.
Néanmoins, nous ne constatons pas de réduction
de la durée moyenne des manifestations à Antibes Juan-les-Pins :
il est très rare qu'un congrès dure seulement une journée
; la plupart des événements durent entre deux et quatre jours.
Enfin, nous avons vu que le choix d'une destination sans image
luxueuse est un des principaux critères d'un organisateur de
congrès. Antibes Juan-les-Pins, malgré sa situation
géographique, à la chance d'avoir une image « bobo »
qui est loin de celle de Cannes ou de Monaco. C'est un réel atout qu'il
ne faut pas négliger.
Nous avions trouvé pertinent de contacter des
organisateurs de congrès ayant déjà eu lieu au Palais des
Congrès de Juan-les-Pins afin de connaitre leurs motivations et
comprendre leur choix. Malheureusement, après maintes relances, aucune
de ces enquêtes n'a aboutie.
108 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail, voir annexe
4.
109 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
77
1.3. Cibler la clientèle
Pour Jean-Pierre Derail, il est primordial de cibler la
clientèle, c'est le point de départ pour toute action : «
une fois qu'on a répondu à la question : quelle est notre
clientèle, on a fait 50% du boulot. Il faut être capable
d'identifier nos clients, savoir qui sont les clients d'Antibes Juan-les-Pins,
ville de congrès. Une fois qu'on a réellement répondu
à cette question on peut commencer à faire des actions de
développement, de commercialisation, de communication dans la bonne
direction. Car si l'on se trompe de cible, rien ne va fonctionner
»110.
Antibes Juan-les-Pins se positionne sur trois marchés :
local, régional et national. Le Palais des Congrès n'a pas la
capacité d'accueil pour se positionner sur le marché
international.
- Marché local :
Par marché local nous entendons les villes
environnantes à Antibes Juan-les-Pins : Sophia-Antipolis, Nice... En
effet, la proximité avec Sophia-Antipolis est une opportunité :
plus de 1.400 entreprises y sont implantées. Elles représentent
toutes une clientèle potentielle pour le Palais des Congrès
d'Antibes Juan-les-Pins. D'autres villes à forte proximité
pourraient constituer une clientèle pour Antibes Juan-les-Pins : la
ville de Nice, de Carros...
- Marché régional :
Par marché régional, nous entendons le secteur
Sud-Est de la France. De nombreuses entreprises sont installées dans les
villes de Lyon ou de Grenoble : il s'agit d'une véritable
opportunité. La proximité relative avec ces villes est un atout :
elles dépenseront moins cher en transport et auront un budget plus
important pour l'infrastructure et les activités annexes.
- Marché national :
Par marché national, nous entendons la France
métropolitaine. Le Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins a
une capacité de 500 participants, ce qui permet d'accueillir des
congrès nationaux.
110 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
78
En revanche, certains Palais des Congrès en
région PACA (Cannes, Nice, Marseille) se positionnent sur une cible
internationale : la Belgique, l'Allemagne, l'Angleterre.111
Néanmoins, la clientèle internationale reste minime : «
Cannes qui à 40 ans d'ancienneté sur le segment tourisme
d'affaires, sur les 3 dernières années, sur leurs nouveaux
congrès signés il y a 75 % qui sont français,
signés en France par des français. »112
2. Les moyens communicationnels d'Antibes Juan-les-Pins
2.1. L'axe de communication choisi
Pour être efficace, une stratégie de
communication doit être globale et cohérente : il faut choisir un
axe et s'y tenir. Il s'agit de communiquer vers une cible qui a
été définie auparavant.
Pour Jean-Pierre Derail, il est important d'axer la
communication du Palais des Congrès sur l'authenticité de la
ville : « moi, je ne suis pas tout à fait pour le fait de
concevoir un concept tel que « Only Lyon » ou « So Toulouse
». Je considère que Antibes Juan-les-Pins c'est suffisamment fort
et que ça exprime suffisamment de choses plutôt qu'aller
créer un autre concept qui fera, de toute façon, un peu
artificiel. [...] Il faut rester simple, très lisible, très
percutant mais il faut aussi s'appuyer sur de l'authenticité. On ne peut
pas mentir aux gens et quand on a la chance d'avoir des atouts, des forces, des
qualités il faut absolument jouer là-dessus, c'est ça
qu'il faut travailler, qu'il faut optimiser. »113
Le Palais des congrès d'Antibes Juan-les-Pins
communique sur deux facettes : la destination (ses atouts, sa situation
géographique) et la modernité de l'infrastructure.
2.1.1. La destination Antibes Juan-les-Pins mise en
avant
La communication de la destination affaire est basée
sur les atouts qu'offrent la ville d'Antibes Juan-les-Pins.
- les critères géographiques ;
Située sur la Côte d'Azur, la ville d'Antibes
Juan-les-Pins profite d'un ensoleillement de 300 jours annuels, de 23
kilomètres de littoral, d'une position stratégique entre Nice et
Cannes... Nous avons vu précédemment que l'identité d'un
territoire est la base d'une stratégie marketing. C'est le cas à
Antibes Juan-les-Pins : son identité est le pilier de toute
111 Entretien semi-directif avec Pierre-Louis Roucaries, voir
annexe 5.
112 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
113 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail, voir annexe
4.
79
action de communication. Nous le verrons par la suite avec les
différents supports de communication utilisés : logo, brochure,
site internet etc. La destination est toujours indissociable du Palais des
Congrès.
- l'esprit resort de la destination ;
« On peut s'amuser à dire que c'est dans
l'idée d'un « resort » même si c'est un terme anglais.
Le « resort » est quand même un produit fini,
complétement intégré donc ce n'est pas tout à fait
ça mais on est dans l'idée. »114
En effet, un resort est un complexe qui réunit
plusieurs établissements touristique : hôtels, restaurants,
loisirs ... À Juan-les-Pins, le Palais des Congrès est au centre
de tous ces établissements et avec une proximité immédiate
à pied. C'est un atout majeur qui est mis en avant dans toutes les
opérations de promotion et de démarchage.
- la notoriété de la destination ;
Nous l'avons vu précédemment, Antibes
Juan-les-Pins jouit d'une notoriété déjà existante.
Il est plus simple de communiquer lorsque ce travail d'image est
déjà réalisé. La ville bénéficie de
la notoriété de la Côte d'Azur, même si celle-ci
n'est pas toujours bien vue.
2.1.2. La modernité du Palais des Congrès
mise en avant
Antibes Juan-les-Pins à l'atout majeur de
posséder un palais des congrès neuf. Tout juste sorti de terre en
septembre 2013, il est à la pointe de la modernité. La
destination ne pourra pas communiquer pendant longtemps sur la modernité
de son infrastructure. En effet, il y aura de nouveaux palais des
congrès qui seront construits et qui seront plus performants que celui
d'Antibes Juan-les-Pins : « gardons une humilité, on
bénéficie d'un beau palais, dans une belle station, dans de
bonnes conditions, dans une situation économique où tout joue en
notre faveur. Mais les efforts il va falloir les redoubler car d'ici 3 ans il y
aura 5 nouveaux palais des congrès en France, qui nécessairement
seront beaucoup plus performants que le nôtre. »115
Néanmoins, la stratégie de communication peut
être dans un premier temps axée sur la modernité de
l'infrastructure, la performance de ses équipements etc. C'est ce qui va
attirer dans un premier temps les clients potentiels.
114 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail, voir annexe
4.
115 Entretien semi-directif avec Philippe Baute et Audoin
Rambaud, voir annexe 6.
80
L'architecture du Palais des Congrès est
également mise en avant : conçu par Jean-Jacques Ory, il
épouse des lignes souples et se fond dans le paysage de la
Pinède.
2.2. Les outils marketing
Le Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins utilisent
divers outils communicationnels afin de se faire connaitre auprès des
organisateurs de congrès. Nous allons voir qu'il est aussi important de
communiquer auprès des habitants, commerçants locaux pour
développer un sentiment d'appartenance au territoire.
2.2.1. L'identité visuelle
Avant de lancer toute opération de communication, il
est primordial de construire une identité visuelle qui sera
déclinée sur tous les supports. Le logo est le plus important,
c'est ce qui fait l'image d'un produit, qui permet de marquer le consommateur :
« il est le signe de reconnaissance de l'émetteur [...].
Il a une fonction de repérage plus forte que celle du slogan [...]
» (Boyer, Viallon, 1994 : 111).
Antibes Juan-les-Pins a décliné son logo du
tourisme de loisirs afin d'en créer un pour la destination affaires.
Logo « loisirs » Logo « congrès
»
C'est dans la volonté du Palais des Congrès
d'avoir gardé le même logo, juste en le déclinant.
Là encore, la stratégie est de garder à l'esprit la
destination touristique.
Une charte graphique au niveau du choix des couleurs existe,
elle est utilisée sur les différentes supports de communication :
bleu turquoise, bleu marine et couleur sable. Ce n'est pas sans rappeler ce qui
fait l'attractivité de la destination : le ciel bleu, la mer et les
plages de sable.
81
2.2.2. L'internet
Le principal moyen de communication utilisé est l'outil
internet : il est indispensable d'avoir une visibilité sur la toile.
Jean-Pierre Derail a mesuré l'importance de posséder cet outil :
« la priorité qui a été donnée dès
le départ ça a été d'avoir un outil internet.
»116. Le site du Palais des Congrès est en ligne
depuis le 17 septembre 2013.
La page d'accueil du site internet du Palais des
Congrès de Juan-les-Pins117 représente une vision
paradisiaque: une mer bleue et plate sous un coucher de soleil : « plus
les photos sont belles, plus le rêve est beau » (Boyer, Viallon,
1994 : 114). Cela confirme le fait la communication est axée sur les
atouts géographiques de la destination. En effet, la page d'accueil
aurait pu représenter la structure du Palais des Congrès et non
le paysage alentour. Le site internet est présenté de
façon très claire et lisible afin de faciliter la navigation aux
organisateurs de congrès et d'aller à l'essentiel en quelques
clics. Le site est divisé en quatre grandes catégories :
destination Antibes Juan-les-Pins ; Palais des Congrès ; services
à la carte ; accès et infos pratiques. Cette répartition
des informations montrent une fois de plus les deux axes majeurs de
communication : la destination et l'infrastructure. La catégorie -
services à la carte - met en exergue la prestation de service qu'offre
l'équipe du Palais des Congrès : « car on ne vend pas
qu'un produit, on doit aussi vendre une équipe, des solutions
d'accompagnement, d'organisation et c'est là où on a aussi
peut-être un avantage concurrentiel. »118. Le site
internet propose également une visite en 3D du Palais des Congrès
: la visibilité du produit est à son maximum. L'étude
Coach Omnium 2013 rapporte que 49 % des entreprises utilisent l'internet pour
rechercher un lieu d'accueil de rencontres professionnelles.
L'outil internet est aussi utilisé pour faire de la
publicité. En 2013, le Palais des Congrès a cotisé pour
être présents sur deux sites de références :
www.1001salles.com et
www.abcsalles.com. Ces sites sont
les plus utilisés par les entreprises pour rechercher des lieux
d'accueils de leurs événements d'entreprises.
2.2.3. Les réseaux sociaux
Le Palais des Congrès d'Antibes est actif sur les
réseaux sociaux tels que Facebook, LinkedIn et Viadéo.
116 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail, voir annexe
4.
117 http://www.antibesjuanlespins-congres.com/
118 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail, voir annexe
4.
82
Sur Facebook119, des mises à jour sont
faites régulièrement : photos des congrès passés,
actualité des congrès à venir... Il est important pour le
Palais des Congrès d'avoir une visibilité sur les réseaux
sociaux aussi bien pour les clients potentiels que pour les locaux qui
désirent se tenir informés.
Le profil LinkedIn120 du Palais des Congrès
permet de construire un réseau professionnel. Aujourd'hui la plupart des
entreprises sont sur LinkedIn : il permet de gérer sa réputation
en ligne auprès des autres membres. Le réseau professionnel
Viadéo121 a le même principe que LinkedIn :
développer un réseau de contacts.
L'objectif premier d'être présent sur les
réseaux sociaux est d'acquérir le plus de visibilité
possible auprès d'une large cible. De plus, il y a de plus en plus de
collectivités territoriales présentes sur les réseaux
sociaux (voir partie 1, chapitre 3 : 2.7 l'importance des réseaux
sociaux). Il est donc stratégique de suivre ce mouvement et de
s'adapter aux nouveaux modes de communication.
2.2.4. Le support papier
Selon l'étude Coach Omnium 2013, 68 % des entreprises
utilisent des magazines spécialisés pour rechercher un lieu
d'accueil pour une manifestation professionnelle, 6 % se servent des prospectus
et 1 % se fient aux guides touristiques. Nous constatons que la communication
papier est alors essentielle. Voici la liste des supports utilisés par
la destination affaires Antibes Juan-les-Pins :
- magazines spécialisés ;
De nombreux magazines spécialisés dans
l'industrie des rencontres professionnelles existent. La destination Antibes
Juan-les-Pins a déjà été mise en avant dans
plusieurs d'entre eux :
? L'Évènementiel, rubrique « les
lieux à découvrir », n°224, novembre 2013 ? Events
& Conventions, rubrique « Alpes-Maritimes », n°16,
2013-2014
119 Page officielle du Palais des Congrès d'Antibes
Juan-les-Pins [en ligne], disponible sur <
https://www.facebook.com/pages/Palais-des-Congr%C3%A8s-Antibes-Juan-les-Pins/1426698024221501>
(consulté le 04-06-2014).
120 Profil LinkedIn du Palais des Congrès [en ligne],
disponible sur
<
http://www.linkedin.com/company/palais-des-congr-s-d%27antibes-juan-les-pins?trk=company_name>
(consulté le 04-06-2014).
121 Profil Viadéo du Palais des Congrès d'Antibes
Juan-les-Pins [en ligne], disponible sur <
http://fr.viadeo.com/fr/company/palais-des-congres-d-antibes-juan-les-pins>
(consulté le 04-06-2014).
83
? Évènements & Conventions,
rubrique « Palais des Congrès », n°1, septembre -
octobre 2013
? Objectif méditerranée, rubrique «
dossier », n°144, décembre - janvier 2014
? Meet and Travel Mag, rubrique « Palais des
Congrès », n°23, janvier - février 2014
? Guide Bedouk, édition 2014 ? Guide
Réunir, édition 2014
Ces magazines permettent une visibilité très
importante pour la destination : ils sont diffusés entre 6.000
exemplaires (Events & Conventions) à plus de 22.000
exemplaires (Évènements & Conventions). Sachant que
le lectorat est composé à plus de 75 % par des entreprises, la
visibilité est optimisée. La plupart de ces articles sont des
publi-rédactionnel, c'est-à-dire des publicités payantes
rédigées sous forme d'article.
- presse locale ;
Il est très important que la presse locale relaie les
informations relatives au Palais des Congrès. En effet, les locaux ont
le besoin de se sentir intégré dans les nouveaux enjeux que
représente cette structure. On en revient au sentiment d'appartenance
développé dans la partie 1, chapitre1 : 1.2. Le
sentiment d'appartenance est un pilier essentiel à la stratégie
de marketing territorial.
Le service presse de l'Office de Tourisme et des
Congrès d'Antibes Juan-les-Pins est en charge de la diffusion du dossier
de presse ou autres informations auprès de la presse locale,
régionale et nationale. De la même manière, des accueils de
presse avec pour thématique « affaires » sont organisés
afin de faire découvrir la destination et générer des
retombées presse.
- la documentation (brochures, courriers etc.).
Selon Marc Boyer et Philippe Viallon (1994 : 38), la
documentation papier est le « b.a.-ba de la communication ».
Jean-Pierre Derail a pour projet de communiquer via le support papier,
qui a tendance à être mis de côté depuis l'internet :
« la saturation des boites mails fait qu'on aurait presque tendance
à revenir à l'époque du courrier. Moi, mon objectif
ça va être de me positionner là-dessus. Normalement, ce
n'est jamais bon d'aller à
84
contre-courant mais là ça peut être
une opportunité et devenir un élément de
différenciation. »122
À ce jour, aucune brochure n'a été
éditée. En revanche, elle est en cours d'élaboration.
C'est un choix de l'équipe du Palais des Congrès que d'attendre
quelques mois après l'ouverture de l'infrastructure pour créer
une brochure : ils attendaient d'avoir des photos du Palais des Congrès
en exploitation afin d'illustrer au mieux la brochure au format A4 avec 4
volets.
Cette brochure sera réalisée selon une
règle essentielle : l'organisateur de congrès y trouvera
l'essentiel des informations relatives à l'organisation d'un
congrès et à la ville d'Antibes Juan-les-Pins. Dans le cahier des
charges, il est souligné que le Palais des Congrès et la
destination sont indissociables. La ligne directrice est l'unité de lieu
exceptionnelle dont bénéficie l'infrastructure, où tout
est accessible à pied.
La brochure sera utilisée de différentes
manières : mailing de présentation ; demande de documentation ;
distribution dans les opérations de promotion ; un appui aux
propositions commerciales, en téléchargement sur le site
internet. Dans un premier temps, la brochure sera éditée à
2 000 exemplaires.
2.2.5. La promotion/prospection
Pour Jean-Pierre Derail, la prospection est le pilier de toute
action commerciale : « il faut donc aller chercher les clients. C'est
là qu'on déploie une action commerciale, il faut être
capable d'identifier les clients, de les détecter, de les reconnaitre
puis après il faut les rencontrer à travers différents
types d'actions, du démarchage, des opérations de promotions
comme les salons et workshop. On organise également des eductours, on
fait venir les gens pour leur faire voir l'infrastructure.
»123.
La destination Antibes Juan-les-Pins, par ses partenariats,
est régulièrement présentée lors de workshops ou
d'eductours. Précédemment, dans la partie 1, chapitre 3 :
3.5.3 les acteurs de promotion, on constate qu'Antibes Juan-les-Pins
participe à de nombreuses opérations de promotions en partenariat
avec différents organismes. Voici un tableau récapitulatif des
diverses opérations menées par le Palais des Congrès.
122 Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail, voir annexe
4.
123 Ibid.
85
Nom de l'événement
|
Date
|
Partenariat
|
Salons et workshops
|
Mice Place Méditerranée à Marseille
|
14 et 15 février 2013
& 12 et 13 février 2014
|
/
|
Salon Heavent Cannes Sud à Cannes
|
26 et 27 mars 2013
& 26 et 27 mars 2014
|
PCE
|
Salon Meedex France à Paris
|
3 et 4 avril 2013
|
/
|
Imex
à Francfort
|
21 au 23 mai 2013
& 20 au 22 mai 2014
|
PCE
|
EIBTM à Barcelone
|
19 au 21 septembre 2013
|
PCE
|
Salon Provence Côte d'Azur Events
à Paris
|
10 décembre 2013
|
PCE
|
Workshop Red, White and Blue
à Antibes Juan-les-Pins
|
4 au 6 avril 2014
|
Atout France / CFTAR
|
Workshop Inspire Your
Business
|
10 au 12 avril 2014
|
Atout France / CFTAR
|
Salon Riviera Network à Antibes Juan-les-Pins
|
15 mai 2014
|
/
|
Salon Réunir à Paris
|
À venir : 18 et 19 septembre 2014
|
CRT
|
Eductours
|
Eductour PCE à Nice
|
22 et 23 mars 2013
À venir : 16 et 17 juillet 2014
|
PCE
|
Raising Stone
à Antibes Juan-les-Pins
|
26 et 28 avril 2013
|
/
|
Roadshow PCE
à Antibes Juan-les-Pins
|
4 septembre 2013
|
PCE
|
Eductour PCE à Arles
|
26 et 27 septembre 2013
|
PCE
|
Rencontres d'affaires à Malte
|
8 au 11 novembre 2013
À venir : 7 au 10 novembre 2014
|
AIVFC
|
Démarchage
|
à Paris
|
4 et 5 septembre 2013 13 et 14 mai 2014
|
PCE
|
Régional
|
Tout au long de l'année
|
/
|
Opérations clients
|
Pendant le festival Jazz à Juan
|
Clients nationaux : 13 juillet Clients internationaux : 15
juillet
|
/
|
86
La participation aux salons, eductours et workshops permet au
Palais des Congrès une visibilité importante : c'est la
réunion de tous les professionnels du secteur tourisme d'affaires.
La prospection passe aussi par l'envoi de newsletters via
le mailing. 2.2.6. L'événementiel comme vecteur de
communication
Nous avons pu voir précédemment que
l'événementiel est un outil de promotion du territoire. Le Palais
des Congrès accueille deux manifestations internationales qui, par leur
notoriété, peuvent contribuer à la bonne image de
l'infrastructure.
Le festival international de l'image sous-marine et de
l'aventure : Méditerranea, est organisé par l'Office de Tourisme
et des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins, avec le concours de
l'équipe Cousteau. Cette manifestation est orientée vers la
défense de l'environnement et de la découverte des mers. Chaque
année, 1500 scolaires sont associés à
l'événement et 3500 personnes visitent l'exposition.
Le festival international de la magie : la Colombe d'or,
organisé également par l'Office de Tourisme est le rendez-vous
annuel des magiciens. Au programme : trois jours de spectacles, de gala,
d'exposition et de conférences.
Un nouveau projet est en train de voir le jour, il s'agirait
de décliner le festival Jazz à Juan en hiver et au Palais des
Congrès. Aucune autre information n'est donnée à ce jour,
nous savons qu'un tel projet donnerait une réelle valeur ajoutée
au Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins.
2.2.7. Le suivi qualité
Le suivi qualité fait partie du plan de communication.
En effet, il est primordial pour l'équipe du Palais des Congrès
d'avoir des retours, qu'ils soient positifs ou négatifs, afin de
s'améliorer sans cesse.
Deux questionnaires de satisfaction remplis nous ont
été transmis : celui du symposium sur la santé animale (19
mars 2014) et celui de la conférence « Rendez-vous GSK » (10
avril 2014). Les organisateurs du symposium ont mis un « A » à
toutes les questions, nous pouvons en conclure qu'ils n'ont aucun reproche
à communiquer à l'équipe du Palais des Congrès. En
revanche, les organisateurs de la conférence du 10 avril ont émis
quelques critiques : notamment sur la documentation, le devis,
l'hébergement, la restauration, le
87
parking, la signalétique et l'accès au Palais
des Congrès... autant de critiques qui nous font dire que les
organisateurs ne reviendront pas faire leur événement au
même endroit.
Voir annexes 9 et 10 : les questionnaires de
satisfaction.
3. Une démarche régionale
La région Provence Alpes Côte d'Azur compte de
nombreux lieux d'accueils pour l'activité tourisme d'affaires : centre
de congrès, palais des congrès, lieux d'expositions... En effet,
selon le site de recherche Bedouk124, il existe 13 palais des
congrès dans la région : avec une capacité d'accueil plus
ou moins importante. Le tourisme d'affaires est une spécificité
de la région, Pierre-Louis Roucaries le confirme : « f...]
Ile-de-France représente 50% du marché en France et PACA en
représente 18% f...] ».125
L'offre est variée et hétérogène :
il n'y a pas de cohésion d'offre et par conséquent il y a une
faible visibilité sur la région PACA.
Nous avons rencontré Pascal Gauthier, nouveau directeur
général de l'établissement public d'aménagement
(EPA) de la Plaine du Var, lors d'une conférence au salon Riviera
Network qui s'est déroulé au Palais des Congrès de
Juan-les-Pins le 15 mai 2014. Pour contextualiser, l'EPA est en charge des
projets prévus sur le territoire de la Plaine du Var, dans la future
« Eco-Vallée ». Deux principaux projets sont en cours : le
Grand Arénas (centre d'affaires international) et le Nice Méridia
(technopole urbaine de développement durable). La volonté de
Pascal Gauthier est de créer une action de promotion commune à la
région, afin de défendre communément les projets de
tous.
Pour lui, l'offre est tellement variée qu'il y a une
nécessité de communiquer ensemble, via la
création d'une marque ombrelle. Selon le dictionnaire en ligne du
marketing126, une marque ombrelle est une « marque unique
utilisée pour des produits différents, de manière à
faire bénéficier ces produits de la notoriété et de
l'image de la marque ombrelle ». Prenons l'exemple de l'Auvergne qui a
créé sa marque : Auvergne nouveau monde. À
l'initiative du CRT, la marque regroupe une cinquantaine d'acteurs publics et
privés avec un but commun : fédérer l'ensemble des actions
du territoire. Pour cela, la région a mis en place des outils de
communication tels qu'une identité visuelle, un magazine et
même
124 Bedouk, disponible sur < http://www.bedouk.fr/>
(consulté le 10-02-2014).
125 Entretien semi-directif avec Pierre-Louis Roucaries, voir
annexe 5.
126 Définition d'une marque ombrelle [en ligne],
disponible sur <
http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire-Marketing/Marque-ombrelle-5850.htm>
(consulté le 07-06-2014).
une boutique éphémère à Paris pour
promouvoir le territoire. Il serait judicieux de construire une telle marque
pour la région PACA.
Pierre-Louis Roucaries, président de Provence
Côte d'Azur Events, parle d'une « marque chapeau ». Pour lui,
il y a trop de marques présentes sur le territoire, à tel point
qu'il est impossible de communiquer sur la totalité. Il y a une
réelle nécessité de créer une seule marque, qui
regroupera l'ensemble des destinations. Pierre-Louis Roucaries met en exergue
la notoriété mondiale des marques « Provence » et
« Côte d'Azur », il ne faut donc pas créer une nouvelle
marque qui ne sera connue de personne.
Le constat actuel en région PACA est qu'il n'y a pas
assez de place pour que chaque destination ait sa propre marque, il faut
créer une dynamique et rassembler les destinations afin d'assurer une
meilleure visibilité auprès des clients potentiels. Il existe une
réelle problématique : comment les destinations qui font partie
de la « marque chapeau » vont pouvoir se développer sans avoir
de réelle visibilité ? Pierre-Louis Roucaries nous a
répondu : « On va parler de "marque chapeau" ; ce n'est pas
parce qu'on parle de la "Côte d'Azur" que certaine ville ne vont pas en
profiter car elles sont situées sur la Côte d'Azur. Donc en fait
il faut prendre des chapeaux successifs, il y a deux grands chapeau qui sont
"Provence" et "Côte d'Azur" et après il y a des chapeaux plus
petits qui sont des villes qui sont suffisamment importantes pour prendre en
chapeau tout un territoire autour d'elle. »127
La volonté de regrouper les destinations autour d'une
seule marque est aussi pensée par le maire de Cannes, David
Lisnard128. Les raisons et les objectifs sont les mêmes :
fédérer les acteurs face à une concurrence
exacerbée. En revanche, cette démarche concerne le tourisme de
loisirs. Nous pouvons faire le constat que les deux genres de tourisme
présentent des analogies, notamment au niveau des problématiques
actuelles.
88
127 Entretien semi-directif avec Pierre-Louis Roucaries, voir
annexe 5.
128 « On ne vend plus la Côte d'Azur comme les
Seychelles », Nice Matin, lundi 2 juin 2014, page 12.
89
Conclusion
Tout au long de ce mémoire, nous nous sommes
attachés à répondre à la problématique
principale : quelle est la place du tourisme d'affaires dans le
développement du territoire ?
Plusieurs approches du développement territorial
existent. Cependant, dans le cadre de cette recherche, nous parlons de
développement économique et de notoriété.
Le secteur du tourisme d'affaires engendre des
retombées économiques conséquentes pour les territoires :
hôtellerie, restauration, location d'infrastructure, transport etc. Les
activités de tourisme d'affaires permettent également de lutter
contre la saisonnalité et engendrent une activité de tourisme de
loisirs. Dans certains cas, cela peut aussi favoriser l'installation
d'entreprises sur le territoire.
Si le tourisme d'affaires profite à l'économie,
il profite également à la notoriété du territoire.
En effet, d'une manière générale, les participants aux
événements d'entreprises ont l'intention de revenir
découvrir la destination en famille. La venue de congrès ou de
séminaires confèrent une valeur ajoutée à la
ville.
Nous nous sommes intéressés à la notion
de marketing territorial. Chaque territoire possède des facteurs
d'attractivité : ils peuvent être d'ordres géographiques,
économiques, symboliques etc. Le marketing territorial tire profit de
ces atouts afin de valoriser son territoire via des outils
communicationnels : l'internet, l'événementiel, les relations
presse, le marketing direct etc.
Dans ce mémoire, nous nous sommes
intéressés à la ville d'Antibes Juan-les-Pins, pour qui le
tourisme d'affaires représente un tout nouvel enjeu depuis la
construction du nouveau Palais des Congrès. Nous nous sommes
appliqués, au fil de cette recherche, à comprendre de quelle
manière le tourisme d'affaires participait au développement du
territoire d'Antibes Juan-les-Pins.
Les différents entretiens réalisés dans
le cadre de cette recherche, ainsi que le travail de documentation et l'analyse
de terrain, ont permis de valider les hypothèses suivantes :
? Le tourisme d'affaires à une place stratégique
dans la communication touristique de la ville d'Antibes Juan-les-Pins. Il
permet de donner une nouvelle dimension à la ville, ce qui augmente son
attractivité.
90
? L'activité congrès engendre des
retombées économiques conséquentes sur la ville, notamment
au niveau de l'hôtellerie. De plus, l'activité de tourisme
d'affaires permet de faire connaitre la destination auprès d'une large
cible à fort pouvoir d'achat.
? L'activité de tourisme d'affaires sur la ville lui
confère une double image : destination de loisirs et destination
d'affaires ; la notoriété de la ville est
décuplée.
Si les hypothèses précédentes ont pu
être affirmées, notre travail de recherche a également
permis d'infirmer les hypothèses préalables :
? Certes, à première vue, l'offre d'Antibes
Juan-les-Pins n'a pas plus d'atouts que les villes alentours telles que Cannes,
Nice ou Monaco : même situation géographique, accessibilité
sensiblement égale... Néanmoins, les choix stratégiques de
la destination, tels que le positionnement, l'image perçue ou la
clientèle visée, permettent à la ville de se
démarquer.
? Il existe une dynamique régionale des
différentes villes positionnées sur le secteur du tourisme
d'affaires. En revanche, un gros travail reste à faire. Cela passera
notamment par la création d'une marque ombrelle qui pourra créer
une réelle synergie et une visibilité auprès de la
clientèle.
Antibes Juan-les-Pins possède des facteurs
d'attractivité favorables à l'activité de tourisme de
loisirs et d'affaires. Le nouvel enjeu de la ville est d'intégrer la
notion de « destination affaires » dans leur démarche de
marketing territorial et de générer des retombées
économiques et de notoriété.
Nous avons toutes les raisons de penser que le secteur du
tourisme d'affaires est un secteur en devenir. En revanche, dans un contexte de
concurrence, les acteurs doivent repenser leurs stratégies et être
toujours plus compétitifs. La région Provence Alpes Côte
d'Azur n'y échappe pas : une remise en question est nécessaire
afin de garder sa deuxième place sur le marché national du
tourisme d'affaires. Une dynamique régionale doit être
pensée afin d'assurer une visibilité maximale auprès des
clients potentiels et de maximiser les moyens face à la concurrence.
91
Bibliographie
Ouvrages
Baudelle Guy, Guy Catherine, Merenne-Schoumaker Bernadette. Le
développement territorial en Europe. Concepts, enjeux et débats,
coll. Didact Géographie, éd. Presses Universitaires de Rennes :
2011, 281p.
Boyer Marc, Viallon Philippe. La communication touristique.
Presses Universitaires de France : 1994, 127p.
Chignier-Riboulon Franck, Semmoud Nora. Nouvelle
attractivité des territoires et engagement des acteurs. Presses
Universitaires Blaise Pascal : 2007, 247p.
Cousin Saskia et Réau Bertrand. Sociologie du tourisme.
Éditions La Découverte, Paris : 2009, 126p.
Dauphiné André. Aménager la France et la
Côte d'Azur. Nice : 1994, 79p. Di Méo Guy. Géographie
sociale et territoires. Paris, Nathan : 2001, 320p.
Dupuy Maurice. Le tourisme d'affaires : comprendre, organiser
et réussir. Éditions Technip : 2006, 120p.
Lozato-Giotart Jean-Pierre et Balfet Michel. Management du
tourisme : territoires, systèmes de production et stratégies.
Paris, Pearson Education : 2007, 384p.
Matharan Jean-Louis. Histoire du sentiment d'appartenance en
France : du XIIème siècle à nos jours. Paris, Harmattan :
2010, 330p.
Mégard Dominique. La communication publique et
territoriale. Dunod, Paris: 2012, 126p.
Meyronin Benoît. Marketing territorial : enjeux et
pratiques. Paris, Éditions Magnard-Vuibert : 2012, 225p.
Némery Jean-Claude. Décentralisation et
intercommunalité en France et en Europe. Harmattan : 2003, 141p.
Raffestin Claude. Ecogenèse territoriale et
territorialité. Publié dans Auriac F. Brunet R. Espaces, jeux et
enjeux. Paris, Fayard & Fondation Diderot : 1986, p. 175-185.
Tremblay Diane-Gabrielle et Tremblay Rémy. La
compétitivité urbaine à l'ère de la nouvelle
économie : enjeux et défis. Presses de l'université du
Québec : 2006, 410p.
Zémor Pierre. La communication publique. Presses
Universitaires de France, Collection Que sais-je ?: 2008, 127p.
92
Rapports
Arroyo Jean-José, Fusiller Emmanuel. Les congrès,
conventions et salons : leur contribution au secteur touristique.
Éditions Documentation Française, collection CNT. 79p.
OECD. L'impact de la culture sur le tourisme. OECD Publishing.
2009, 79p.
Plasait Bernard. Le tourisme d'affaires : un atout majeur pour
l'économie. Avis et rapports du Conseil Économique et Social,
2007, 144p.
Articles
Leliévre Claude. Travel Manager, un métier
complexe et passionnant. Les Cahiers Espaces. Voyage d'affaires, novembre 2008,
n°99, p. 10-17.
Sources web
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www.nice-acropolis.com
ANAé, association des agences de communication
événementielle, disponible sur
www.anae.org
Association internationale des villes francophones de
congrès, disponible sur
www.aivfc-congres.com
Atout France, l'agence de développement touristique de
la France, disponible sur
www.atout-france.fr
Cap'Com, le réseau de la communication publique et
territoriale, disponible sur
www.cap-com.org
Centre Expo Congrès Mandelieu, disponible sur
www.mandelieucongres.com
Comité Régional de Tourisme PACA, disponible
sur
www.tourismepaca.fr
Comité Régional de Tourisme Côte d'Azur,
disponible sur
www.cotedazur-tourisme.com
Grimaldi Forum Monaco, disponible sur
www.grimaldiforum.com
Palais des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins, disponible
sur
www.antibesjuanlespins-congres.com
Palais des Festivals et des Congrès de Cannes,
disponible sur
www.palaisdesfestivals.com
Provence Côte d'Azur Events, disponible sur
www.provencecotedazurevents.com
Union française des métiers de l'événement,
disponible sur
www.unimev.fr
93
Table des acronymes
AJLP : Antibes Juan-les-Pins
AIVFC : Association Internationale des Villes
Francophones de Congrès
ANAé : Agence Nationale des Agences de
communication événementielle
ATR : Administration Territoriale de la
République
CASA : Communauté d'Agglomération
de Sophia-Antipolis
CDT : Comité Départemental du
Tourisme
CFTAR : Club Français du Tourisme
d'Affaires Réceptif
CRT : Comité Régional du
Tourisme
DATAR : Délégation
interministérielle à l'Aménagement du Territoire et
à l'Attractivité
Régionale
EDF : Électricité de France
EPA : Établissement Public
d'Aménagement
EPIC : Établissement Public à
caractère Industriel et Commercial
FNCRT : Fédération Nationale des
Comités Régionaux du Tourisme
GDF : Gaz de France
GIE : Groupement d'Intérêt
Économique
HQE : Haute Qualité Environnementale
INSEE : Institut National de la Statistique et
des Études Économiques
LOADT : Loi d'Orientation pour
l'Aménagement et de Développement du Territoire
LOADDT : Loi d'Orientation sur
l'Aménagement et le Développement Durable du
Territoire
MICE : Meetings, Incentives, Congress,
Exhibitions OMT : Organisation Mondiale du Tourisme
ONU : Organisation des Nations Unies
94
PACA : Provence Alpes Côte d'Azur
PCE : Provence Alpes Côte d'Azur
Events
PESTEL : Politique, Économique,
Sociologique, Technologique, Écologique, Légal
PIB : Produit Intérieur Brut
PRIDES : Pôles Régionaux
d'Innovation et de Développement Économique Solidaire
SWOT : Strengths, Weaknesses,
Opportunities, Threats
TGV : Train à Grande Vitesse
UNIMEV : Union Française des
Métiers de l'Évènement
95
Annexes
Annexe 1 - Réforme territoriale : la nouvelle carte des
régions 96
Annexe 2 - Les facteurs d'attractivité d'un territoire,
Benoît Meyronin 97
Annexe 3 - Grille d'entretien pour les entretiens
semi-directifs 98
Annexe 4 - Entretien semi-directif avec Jean-Pierre Derail,
directeur d'exploitation du Palais
des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins 99
Annexe 5 - Entretien semi-directif avec Pierre-Louis
Roucaries, président de Provence Côte
d'Azur Events et directeur de l'Office de Tourisme et des
Congrès de Mandelieu 105
Annexe 6 - Entretien semi-directif avec Philippe Baute,
directeur de l'Office de Tourisme et
des Congrès d'Antibes Juan-les-Pins et Audoin Rambaud,
adjoint délégué au tourisme .109
Annexe 7 - Plan du parc hôtelier à
proximité du Palais des Congrès 114
Annexe 8 - Palais des congrès et des expositions en
Côte d'Azur 2012 ..115
Annexe 9 - Questionnaire de satisfaction du symposium Ceva
Santé Animale 116
Annexe 10 - Questionnaire de satisfaction de la
conférence « RDV GSK » 117
96
Annexe 1 - Réforme territoriale : la nouvelle
carte des régions
97
Annexe 2 - Les facteurs d'attractivité d'un
territoire, Benoît Meyronin : 35 et 43
1- Composante géographique Ressources naturelles et
humaines
|
- La « morphologie du territoire »
- Son climat
- Ses voies de communication
- Sa localisation
- Sa démographie
- La présence ou non d'AOC
|
2- Composante organique (histoire, culture et organisation)
Ressources identitaires et symboliques
|
- Présence des services publics et finances publiques
(ressources) : histoire et organisation actuelle
- Poids du territoire dans l'agglomération,
le département, la région, la nation... dans l'histoire et
dans la période contemporaine
- Dynamiques socioculturelles : dynamique des
« communications sociales » ; le climat social
- Dynamique évènementielle
- Peuplement
- Poids de la culture, sa diversité
- Degré de participation des acteurs
- Tradition en matière de politiques publiques
- Patrimoine (bâti...) vs absence de patrimoine (voir
Atlanta)
|
3- Composante économique et infrastructurelle
|
- Répartition sectorielle, typologie des
activités
(mono-industrie vs diversification), dans l'histoire et dans la
période contemporaine
- Identification des « comptes clés »
- Ressources et attractivité «éducationnelles
» :
enseignement supérieur et de recherche...
- Communications : aéroport, transports
en commun...
- Degré de structuration des filières ;
présence de « clusters »
- Position dans la chaîne de valeur
- « Performances »
- Attractivité économique
- Emploi
- TIC
- Infrastructures tertiaires
|
4- Équipements d'intérêt
général
|
- Équipements sportifs et culturels
- Équipement scolaire et crèches
- Traitement des espaces publics
Etc.
|
|
98
Annexe 3 - Grille d'entretien pour les entretiens
semi-directifs
Thème 1 : la stratégie de
communication
|
Quelle est la stratégie de communication utilisée ?
quels sont les moyens mis en oeuvre ? quels sont les supports
privilégiés ?
|
Thème 2 : les éléments de
différenciation
|
Quels sont les atouts de la destination ? quels atouts avez-vous
que les autres n'ont pas ? quelles sont vos faiblesses ?
|
Thème 3 : le positionnement
|
Sur quels secteurs vous positionnez-vous ? Quelle est votre cible
de clientèle ?
|
Thème 4 : l'environnement
général
|
Quels partenariats avez-vous ? Quels organismes vous supportent ?
Comment ressentez-vous la concurrence locale, nationale ou internationale ?
|
Thème 5 : les enjeux
|
Quels peuvent être les retombées du tourisme
d'affaires ? Quels en sont les enjeux ?
|
99
Annexe 4 - Entretien semi-directif avec Jean-Pierre
Derail, directeur d'exploitation du Palais des Congrès d'Antibes
Juan-les-Pins
Vendredi 07 mars
Heure de début : 09h36 / Heure de fin : 10h14
ML : Quelle est la stratégie de
communication déployée pour communiquer sur la nouvelle dimension
affaire de la ville d'Antibes Juan-les-Pins ?
JPD : Pour commencer, je ne parlerais pas de
communication je parlerais plutôt de commercialisation. Il faut tout
d'abord comprendre la finalité qui est de développer
l'activité congrès sur la ville. Je parle de congrès au
sens large. Le tourisme d'affaires est un terme « fourre-tout » et on
y intègre un peu de tout et n'importe quoi comme les voyages d'affaires
individuels, ceux qui viennent pour un rendez-vous ou une mission. Il y a aussi
les séminaires avec des petits groupes, réunions d'entreprises,
ces touristes d'affaires sont principalement client de l'hôtellerie.
Ensuite vous avez l'incentive, les voyages de stimulation et de
récompense avec des activités de loisirs dans un cadre
professionnel. Et pour finir vous avez l'activité congrès et
événement d'entreprise. À une époque on appelait
ça le tourisme d'affaires, maintenant c'est complétement
révolu. On ne parle plus de tourisme d'affaires, on parle de MICE, de
l'industrie des rencontres professionnelles. C'est une véritable
industrie et on s'éloigne quand même des problématiques
touristiques. En effet les personnes ne viennent pas pour voyager et
découvrir des destinations, ce n'est pas la motivation. La motivation et
la finalité c'est de venir apprendre, échanger, rencontrer,
débattre mais pas de visiter une ville.
ML : Vous pensez donc que les atouts de la
destination ne jouent pas dans la prise de décision de l'organisateur du
congrès ?
JPD : Le congressiste va sur une ville parce
que ça a été décidé comme ça, il n'a
pas le choix. Il ne va pas refuser car la destination ne lui plait pas. La
motivation c'est d'aller travailler, échanger dans un congrès qui
a lieu chaque année. C'est statutaire, le but c'est de travailler sur un
certain nombre de points, de problématiques etc... Donc vous voyez quand
même qu'on s'éloigne des problématiques touristiques.
Déjà on se positionne beaucoup plus dans la communication
d'entreprise que dans du tourisme. Cela ne fait pas toujours plaisir au monde
du tourisme car ils sont dans d'autres raisonnements et réflexions
purement touristiques. Il y a énormément de dénominateurs
communs avec le tourisme, on exploite des équipements touristiques. On
exploite des transports aériens, routiers ou collectifs. On exploite
également l'hôtellerie, la restauration, éventuellement
100
un peu de loisirs mais ça reste accessoire. Et puis on
exploite aussi un équipement, ici c'est le Palais des Congrès.
Ça peut aussi être des parcs d'expositions mais nous
forcément on est positionné sur un secteur congrès. C'est
notre secteur d'activité.
ML : Quelle est votre cible de clientèle
?
JPD : Une fois qu'on a répondu
à la question : quelle est notre clientèle, on a fait 50% du
boulot. Il faut être capable d'identifier nos clients, savoir qui sont
les clients d'Antibes Juan-les-Pins, ville de congrès. Une fois qu'on a
réellement répondu à cette question on peut commencer
à faire des actions de développement, de commercialisation, de
communication dans la bonne direction. Car si l'on se trompe de cible, rien ne
va fonctionner.
Nos cibles clientèles c'est un peu comme partout,
c'est-à-dire qu'on est positionné sur le marché des
congrès et des événements d'entreprise. Sur ce
marché il y a trois types de clientèle, les entreprises, les
associations professionnelles et les agences, qui sont les
intermédiaires. Pour nos clients « entreprises » c'est souvent
des événements internes, mais des événements
externes peuvent aussi arriver. Les événements internes c'est
qu'on réunit 100, 200, 500 parfois 1000 collaborateurs au sein d'une
même société, franchise ou un groupe. Les congrès
c'est souvent des corporations, un secteur d'activité organisé
sous forme de syndicat ou de fédération. C'est vraiment nos deux
cibles de clientèle prioritaire. Nous ne négligeons pas pour
autant les agences car ils font intermédiaires entre nous et des clients
potentiels. Il est important de savoir quelle est la clientèle que l'on
vise pour vendre notre produit, à savoir le Palais des Congrès.
Pour le vendre il y a bien évidemment plusieurs critères comme la
capacité d'accueil, nous savons que nous sommes positionné sur
des événements entre 100 et 500 participants et type
congrès, conventions. Nous ne sommes pas positionnés sur les
salons car nous n'avons pas de salon d'exposition assez grand. Nous pouvons
accueillir des petits salons locaux ou régionaux mais on n'organisera
jamais le salon de l'auto par exemple. La finalité, au-delà de
tout ça, et on en revient à la problématique de
départ, est de développer l'activité congrès. Car
la mission que l'on à reçu de la ville c'est d'attirer les
congrès sur la ville, pour avoir des retombées économiques
: nuitées, repas, achats. Donc effectivement ce n'est pas des petits
salons locaux qui vont nous apporter ces retombées. Tout notre axe de
développement que ce soit commercial ou de l'ordre de la communication
c'est de déployer un maximum d'effort pour attirer la
clientèle.
ML : Quelle stratégie utilisez-vous pour
atteindre cet objectif ?
101
JPD : Dans un premier temps, on s'interroge
sur l'offre, qu'est-ce qu'on propose, quel est le produit que l'on vend. Nous,
on vend une ville, une destination avec toutes ses composantes.
L'accessibilité est un critère prioritaire car si on est
inaccessible on a beau avoir le plus beau palais des congrès du monde et
les plus beaux hôtels mais s'il faut 15 jours pour s'y rendre personne ne
viendra. Notre force à nous c'est l'aéroport international et sa
proximité. Cela fait partie des critères de sélection. Un
autre critère important, l'équipement. Il faut que
l'équipement soit adapté à la manifestation. Le
troisième critère c'est l'hôtellerie, la capacité
hôtelière, la configuration et la proximité. Puis
après c'est tout l'environnement congrès : soirée de gala,
possibilité de loisirs etc... Cela vient agrémenter l'offre et
ça fait partie des besoins. Tout ça ce sont les composantes de
notre produit.
ML : Qu'est ce qui fait que vous êtes
compétitifs sur le marché, quels sont vos éléments
de différenciation ?
JPD : On a beaucoup de chance sur la
Côte d'Azur : le soleil, Juan-les-Pins et une très belle image, un
très bel affect, une belle notoriété. Il faut profiter de
ça, on ne va pas créer un concept marketing « à deux
balles » artificiel alors qu'on peut s'appuyer sur une image de marque
d'Antibes qui est très forte. On va être dans une stratégie
de marque : la ville. Moi, je ne suis pas tout à fait pour le fait de
concevoir un concept tel que « Only Lyon » ou « So Toulouse
». Je considère que Antibes Juan-les-Pins c'est suffisamment fort
et que ça exprime suffisamment de choses plutôt qu'aller
créer un autre concept qui fera, de toute façon, un peu
artificiel. Je n'ai pas la prétention de dire que c'est peut-être
la solution idéale mais en tout cas pour l'instant c'est ce qui s'est
présenté pour nous le plus logique. Il faut rester simple,
très lisible, très percutant mais il faut aussi s'appuyer sur de
l'authenticité. On ne peut pas mentir aux gens et quand on a la chance
d'avoir des atouts, des forces, des qualités il faut absolument jouer
là-dessus, c'est ça qu'il faut travailler, qu'il faut optimiser.
Pour moi, nos deux éléments de différenciation c'est
l'image de la ville Antibes Juan-les-Pins. Le deuxième
élément de différenciation, c'est qu'il faut regarder
notre offre par rapport à la demande, la façon dont on se
positionne. Nous avons une force exceptionnelle, c'est de proposer une
unité de lieu incroyable avec un palais des congrès au coeur du
dispositif avec 1000 chambres d'hôtels à moins d'un
kilomètre. Il y a la mer à 150m, toute l'attractivité
festive, commerçante de Juan-les-Pins, nous sommes à
l'orée du Cap d'Antibes. On peut s'amuser à dire que c'est dans
l'idée d'un « resort » même si c'est un terme anglais.
Le « resort » est quand même un produit fini,
102
complétement intégré donc ce n'est pas
tout à fait ça mais on est dans l'idée. Ces deux arguments
sont nos arguments de vente. Notre stratégie de développement
joue sur ces deux atouts.
ML : Quels sont les moyens que vous utilisez
pour mettre en oeuvre cette stratégie ?
JPD : C'est tous les moyens possibles et
inimaginables pour aller chercher les clients. Il faut avoir la meilleure
visibilité possible sur le marché, c'est là effectivement
où les actions de communication sont importantes. Il faut qu'on aille
faire savoir, faire connaitre, mettre en avant tout ces atouts, qualités
etc... Mais ce n'est pas uniquement diffuser de l'image et de l'information, il
faut aussi aller chercher les clients. En effet, on est dans un environnement
très concurrentiel, dans l'analyse de la demande on s'aperçoit
qu'en France on est dans un « gros délire ». Il y a 120 palais
des congrès, dont une bonne cinquantaine de ville qui sont en
capacité de recevoir des congrès car il faut avoir tous les
atouts et toutes les composantes. Il faut donc aller chercher les clients.
C'est là qu'on déploie une action commerciale, il faut être
capable d'identifier les clients, de les détecter, de les reconnaitre
puis après il faut les rencontrer à travers différents
types d'actions, du démarchage, des opérations de promotions
comme les salons et workshop. On organise également des eductours, on
fait venir les gens pour leur faire voir l'infrastructure. On organise aussi
des opérations de marketing direct, de mailing. La saturation des boites
mails fait qu'on aurait presque tendance à revenir à
l'époque du courrier. Moi, mon objectif ça va être de me
positionner là-dessus. Normalement, ce n'est jamais bon d'aller à
contre-courant mais là ça peut être une opportunité
et devenir un élément de différenciation.
ML : Quels sont vos supports de communication
?
JPD : La priorité qui a
été donnée dès le départ ça a
été d'avoir un outil internet. On a fait un site très
didactique, très clair, très simple, très logique et qui
soit lisible dans le sens de ce que veut voir, lire ou entendre un organisateur
de congrès. D'abord c'est la destination : ou est-ce que je vais, avec
les atouts et composantes de la ville. Ensuite, l'infrastructure : la
capacité d'accueil, le plan de visite en 3D. Puis les services : la
prise en charge, l'accompagnement, comment le dossier va être
traité. Car on ne vend pas qu'un produit, on doit aussi vendre une
équipe, des solutions d'accompagnement, d'organisation et c'est
là où on a aussi peut-être un avantage concurrentiel. Je
m'explique : le fait que ce soit l'office du tourisme qui soit gestionnaire de
ce palais des congrès est une force. On l'annonce et on l'argumente
quand on est dans l'échange
103
commercial. Cela rassure car on n'est pas la
énième boite privée. L'office de tourisme apporte un peu
plus de garantie, de notoriété, de professionnalisme car on est
à même d'avoir une maîtrise totale de notre territoire, une
connaissance approfondie.
Et puis la chance qu'on a c'est de proposer une offre
intégrée : on peut absolument tout traiter de A à Z :
location des espaces, prestations techniques, restauration, gestion de
l'hébergement, soirées, transferts etc... Donc ça c'est
fantastique, il n'y a qu'un interlocuteur : l'office de tourisme. On ne peut
pas rêver mieux pour nous comme pour un organisateur de
congrès.
ML : Travaillez-vous aussi avec des agences
incentives ?
JPD : Bien sûr, mais il faut savoir que
ce marché évolue. La demande évolue. Les congrès
d'il y a 20 ans, 30 ans, ce n'est plus tout à fait les mêmes
qu'aujourd'hui. On est dans un contexte économique plus
compliqué, il y a des problématiques budgétaires mais
aussi d'image. Pour une société, d'aller dépenser de
l'argent pour s'amuser, faire du bateau c'est mal vu. Il y a une connotation
qui peut être contre-productive pour une société.
Aujourd'hui, les entreprises ont tendance à réduire ça et
à consacrer beaucoup plus de temps au travail, à l'échange
etc... Il y a un poste qui reste indéfectible, c'est la soirée,
il y a pratiquement toujours une soirée de gala. Je ne veux pas faire
peur à tous ceux qui pensent que les congressistes vont arriver à
Antibes, se promener, vont faire des activités de loisirs mais je reste
modéré sur cet avis. L'incentive c'est autre chose, l'objectif
c'est de s'amuser. Les activités de loisirs liées à un
congrès c'est plus rare.
ML : Pensez-vous que les congressistes qui
viennent pourront générer un futur tourisme de loisirs ?
JPD : Je pense que oui. Il y a des
retombées économiques directes mais aussi indirectes. C'est
très compliqué de le quantifier.
ML : A quels organismes
spécialisés dans le tourisme d'affaires êtes-vous
rattachés ?
JPD : Nous sommes membres de Provence
Côte d'Azur Events. Il existe un pôle tourisme d'affaires et nous y
sommes rattachés. Cela permet d'avoir des moyens financiers plus
importants. On y retrouve notamment des palais des congrès, des
hôtels, des agences...
ML : Quels sont les avantages à
être rattaché à cet organisme ?
JPD : Tout simplement de mutualiser les
moyens. Prenons un exemple tout bête : nous participons à Heavent
Meetings Cannes, on aura un stand « Provence Côte d'Azur
104
Events » qui fera 150m2. Nous occuperons
12m2, aux côtés d'autres villes de la région,
que nous paierons 2000€. Si on avait pris un stand seul de la même
surface nous aurons dû payer 8000€. L'intérêt c'est une
force de frappe en terme d'image, car la visibilité est beaucoup plus
forte : moyens de marketing, de commercialisation, de communication. Il y a
tout de même cinq salariés qui s'occupent de ça à
l'année. On participe aussi à des opérations à
l'étranger : opérations de promotion, eductours. En
parallèle, il y a aussi une action de prospection car il y a un fichier
avec des listes de clients. Ils font l'interface, ils nous renvoient les
demandes, les contacts. On est aussi membre d'AIVFC (Association Internationale
de Ville de Congrès Francophones), et membre d'Atout France avec le
CFTAR (Club Français du Tourisme d'Affaires Réceptif).
105
Annexe 5 - Entretien semi-directif avec Pierre-Louis
Roucaries, président de Provence Côte d'Azur Events et directeur
de l'Office de Tourisme et des Congrès de Mandelieu
Mercredi 12 Mars
Heure de début : 09h36 / Heure de fin : 10h05
ML : Pouvez-vous me dire quelques mots sur
Provence Côte d'Azur Events ?
PLR : PCE c'est 140 membres d'Avignon
à Monaco, composés de Palais des Congrès, d'hôtels,
d'agences, de prestataires spécialisés, de bureaux des
congrès, de lieux évènementiels. C'est aussi 5
salariés avec 1.000.000 € de budget : 45% de la région, 55%
du privé. PCE n'est pas qu'un bureau des congrès : on travaille
aussi sur le parcours de croissance des entreprises, sur la formation, la RSE,
la qualité, la possibilité des entreprises de se
développer. L'objectif est vraiment d'être en soutien d'une
filière. PCE travaille aussi au développement des congrès
avec les autres PRIDES. On va voir les autres PRIDES et on essaie d'être
candidat pour recevoir des congrès ou générer des
congrès, salons avec eux.
ML : Quelle est la stratégie de
communication de Provence Côte d'Azur Events ?
PLR : Il faut d'abord partir à
l'origine. C'est-à-dire que c'est lié d'une opportunité et
pas d'un constat. En fait la région a créé dans les
années 2000 des pôles régionaux d'innovations
développement économiques solidaires (PRIDES). Elle en a
créé 29, aujourd'hui il n'y en a plus que 16 dont Provence
Côte d'Azur Events. L'idée c'était de mettre en avant des
secteurs d'activités qui paraissaient être de véritables
opportunités pour la région. Donc effectivement le tourisme
d'affaires c'est une spécificité de la région, en
particulier de la Côte d'Azur qui est quand même en pointe sur ce
secteur-là. Et pour imager cette idée-là c'est simple :
Ile-de-France représente 50% du marché en France et PACA en
représente 18%, il ne reste pas grand-chose pour les autres, sachant
qu'il y a 21 régions. Donc en dehors de Paris c'est ici que ça se
passe. Il y a une dimension internationale. Contrairement aux autres
régions de France il y a une véritable dimension internationale
des manifestations qui se déroule ici en PACA. Alors, sur ce il y a un
pôle de compétitivité qui s'appelle pôle
d'excellence, car le mot compétitivité est un terme qu'il faut
utiliser avec précaution car il définit les pôles qui ont
une renommée mondiale, ce qui est pas notre cas. Nous on est
plutôt sur le parfum, sur l'aéronautique, les
télécoms etc. Donc notre stratégie de communication
aujourd'hui elle est basée sur la typologie des
106
actions et sur le type de cible. D'abord un constat, on est
quand même sur des cibles très restreinte, c'est-à-dire sur
chaque territoire sont concernés 15.000/20.000, 30.000 ou 40.000 maximum
clients potentiels. Ce n'est pas une cible que l'on travaille avec des mass
média. On va être très vite déjà dans des
actions hors média. Je vais continuer sur la typologie de nos clients,
ils sont français et ils sont essentiellement sur ce que j'appelle des
marchés matures c'est-à-dire la Belgique, l'Allemagne,
l'Angleterre. Après il y a aussi un peu de russes, un peu d'indiens mais
c'est des micros marchés. C'est d'ailleurs le rôle des
comités régionaux du tourisme d'aller démarcher ces
marchés lointains qui deviendront peut-être un jour des
marchés matures. Aujourd'hui sur le tourisme d'affaires on est
essentiellement sur ces pays-là et pour certains types
d'activités on est aussi sur le marché américain. Les
moyens qu'on utilise sont les outils de e-marketing et la rencontre directe.
Sur le e-marketing ça se traduit d'abord par un site internet qui a
été complément refait, par Facebook, par e-news qui
s'adresse à la fois aux adhérents et aux prospects. Concernant la
rencontre directe on est sur 90% du travail. Le plan d'action se décline
en opérations nationales et internationales avec des salons, des
workshops et des eductours, donc on a vraiment toutes les formes. On
privilégie les opérations qui se déroule sur le territoire
car on pense que c'est les plus efficaces. Tout simplement parce que lorsque le
client a vu le produit il est séduit. Au lieu de beau discours il vaut
mieux leur montrer, en général ils achètent, que ce soit
d'Avignon à Monaco. Il y a quand même un 3ème
élément qui est quand même important c'est qu'il existe une
cellule commerciale, qui à ma connaissance n'existe qu'ici, en PACA.
Cette cellule commerciale fait émerger des cahiers des charges de
clients. Par exemple cette année en 2013 il y en a eu 130 qui sont
transmis aux destinations qui elles même vont les traiter ou vont les
faire traiter par les hôtels ou agences. De ces demandes en
général il y en a une cinquantaine qui sont
concrétisées sur la région. Ce qui est normal car les
demandes sont très qualifiées.
ML : Pensez-vous que la meilleure
stratégie de communication de la région est son image de marque,
sa notoriété ?
PLR : Absolument !
ML : C'est ce que Jean-Pierre Derail me
disait la semaine dernière, pour lui il n'y a pas besoin de créer
des outils marketing alors que nous avons la chance d'avoir une si belle
notoriété. Qu'en pensez-vous ?
PLR : Alors moi je ne suis pas si optimiste
que lui. Il y a une vraie problématique aujourd'hui car on entre dans
une phase, une spirale négative que je compare au début de
107
la désindustrialisation de la France au milieu des
années 70. Alors on peut crier haut et fort qu'on ne peut pas
délocaliser le tourisme. Ce n'est pas vrai, on ne délocalise pas
effectivement les emplois mais on délocalise le client, ce qui revient
au même.
ML : Ressentez-vous une importante concurrence
à l'internationale ?
PLR : Bien sûr, il a une très
forte concurrence. Notamment avec les pays du sud qui ont à la fois
souvent le même niveau de prestations que nous avec des tarifs beaucoup
moins cher. En général, c'est lié à deux
éléments : une TVA différente, par exemple l'Espagne est
à 7% quand nous nous sommes à 20% et les salaires, en Espagne un
salaire de base est de 700€, en France de 1100€ sans compter les
cotisations sociales qui sont plus élevées en France qu'en
Espagne. Donc forcément on se bat sur une même zone avec les
mêmes clients mais pas avec les mêmes armes. Donc ça nous
impacte et il ne faut pas s'endormir et c'est pour ça qu'il faut
être très vigilant surtout qu'il y a des choses qui nous
desservent. D'abord le transport en PACA qui n'est pas opérationnel :
l'absence de TGV jusqu'à la Côte d'Azur. Il manque 150 km ce qui
est quand même un comble pour une des régions mondiale du
tourisme. Il faut savoir que 1 touriste sur 100 (niveau mondial) chaque
année vient en vacances sur la Côte d'Azur. C'est quand même
significatif, et ça reste la région qui n'aura pas de TGV. C'est
totalement bluffant ! Ensuite il y a le problème du transport
inter-régional qui aujourd'hui est balbutiant lié au fait qu'on
est toujours sur la ligne de la PLM (Paris Lyon Marseille) du
19ème siècle. Quand vous prenez le TER vous êtes
sur les rails qu'il y avait il y a 130 ans. Il y a donc des problèmes
récurrents sur la ligne. En effet on fait passer sur la même ligne
les trains de marchandises, les TGV, les TER, les grandes lignes, les
inter-cités etc. Donc ça ne marche pas, forcément car il y
a des millions de personne qui habitent sur le bord de mer entre Marseille et
Monaco et qu'en plus on a plusieurs millions de touristes qui se
déplacent chaque année sur la Côte d'Azur. Attention je ne
parle même pas de la région, uniquement des Alpes Maritimes. Ce
qui est à la fois une force et une faiblesse c'est la
problématique du marketing territorial. C'est-à-dire
qu'aujourd'hui on est face à une offre hétérogène
sur les marques où on a beaucoup de marques fortes sur le territoire et
le problème c'est qu'on ne peut pas communiquer sur toutes ces marques.
Donc moi je considère qu'en tourisme d'affaires il y a un peu
prés 10 à 12 marques qui sont susceptibles de pouvoir
émerger à terme sur ce territoire pour pouvoir en faire
bénéficier l'ensemble du territoire. Les deux premières
c'est « Provence » et « Côte d'Azur ». Il ne faut
surtout pas en faire émerger d'autres, on ne va pas faire émerger
une marque alors que celles-ci ont mis plus de 100 ans pour s'installer au
niveau
108
mondial. C'est un sujet très sensible parce que tout le
monde va vous dire « ma marque elle est super » alors que la marque
est certes connue mais qu'en France mais là on parle de marque mondiale,
ou au moins européenne. C'est essentiel pour pouvoir travailler et
communiquer dessus. Il n'y aura pas la place pour tout le monde mais il faut
s'organiser pour que les marques qui ne vont pas émerger aient quand
même la capacité de se développer, c'est là toute la
complexité. On va parler de « marque chapeau » ; ce n'est pas
parce qu'on parle de la « Côte d'Azur » que certaine ville ne
vont pas en profiter car elles sont située sur la Côte d'Azur.
Donc en fait il faut prendre des chapeaux successifs, il y a deux grands
chapeau qui sont « Provence » et « Côte d'Azur » et
après il y a des chapeaux plus petits qui sont des villes qui sont
suffisamment importantes pour prendre en chapeau tout un territoire autour
d'elle.
ML : Le tourisme d'affaires apporte des
retombées économiques nous le savons, mais quelles autre
retombées apporte-t-il ?
PLR : L'image tout simplement. Il peut aussi
y avoir dans certains cas, mais pas pour toutes les villes, le fait de se
spécialiser sur une thématique ce qui peut générer
éventuellement des installations d'entreprise. C'est-à-dire que
les congrès peuvent venir au bénéfice d'un pôle de
compétence d'une ville. Je prends un exemple facile : Toulouse va
recevoir un congrès international sur l'aéronautique, ça
vient aussi au service de son pôle de compétence.
109
Annexe 6 - Entretien semi-directif avec Philippe
Baute, directeur de l'Office de Tourisme et des Congrès d'Antibes
Juan-les-Pins et Audoin Rambaud, adjoint délégué au
tourisme
Lundi 24 Mars
Heure de début : 09h15 / Heure de fin : 10h03
ML : Quelle est la stratégie de
communication choisie par l'Office de Tourisme et des Congrès pour
communiquer sur cette nouvelle dimension affaire ?
PhB : Déjà on va parler de
réalité du marché, il faut voir d'où on part.
AR : Il faut déjà dire que le
tourisme d'affaires existait avant que le Palais des Congrès ouvre ses
portes. Ce tourisme d'affaires été essentiellement
géré par les hôtels. Depuis le Palais des Congrès
les acteurs du tourisme d'affaires sont réunis dans le « club des
partenaires ». Il s'agit de définir ensemble une politique pour le
tourisme d'affaires.
PhB : Il y a toujours eu une activité
de tourisme d'affaires sur la commune, il manquait la locomotive. On avait les
wagons de très bonne qualité mais il manquait quand même un
élément moteur. Ce moteur c'est le Palais des Congrès.
Après, il faut regarder d'où on part et où on veut aller.
Il ne faut pas voir trop grand et se dire qu'on va aller chercher des
américains, des chinois, des russes etc... Cannes qui à 40 ans
d'ancienneté sur le segment tourisme d'affaires, sur les 3
dernières années, sur leurs nouveaux congrès signés
il y a 75 % qui sont français, signés en France par des
français. Nous on est quasiment à 100 % sur les 24 premiers mois
qui s'annoncent, avec au milieu plein de congrès internationaux. Donc
déjà ça oriente la communication. C'est bien de le faire
savoir à l'international, mais on sait que l'action marketing doit
être essentiellement porté sur le territoire français,
c'est une évidence.
AR : La cible c'est les congrès de
moins de 500, ce qui représente plus de 80 % du marché. C'est ce
qui permet aussi de dire qu'on ne se place pas en concurrence avec Nice, Cannes
et Monte-Carlo qui ont des congrès beaucoup plus importants et donc
complémentaires.
PhB : Il faut aussi avoir une certaine
objectivité, il y en a qui sont plus complémentaires que
d'autres. On n'est pas là pour tomber dans le discours. Il est une
évidence que nous, de plus en plus, jour après jour on va
travailler avec Cannes. Car déjà Cannes est une ville
internationale et géographiquement il y a une cohérence d'offre.
Celui qui vient de Paris, un congrès à Cannes ou à
Juan-les-Pins c'est pareil, c'est un quart d'heure de route. Un
110
quart d'heure de route pour un parisien c'est 3 stations de
métro. Les notions de distances il faut les ramener à la valeur
des grandes métropoles urbaines. À partir de là, dans le
discours on va être efficace à travailler avec nos
collègues cannois. Après, ce n'est pas vrai : Cannes, Nice et
Monaco sont absolument concurrentiels.
Le troisième fait important quand on aborde la
communication de tourisme d'affaires c'est le chemin parcouru. J'entends par
là que l'Office existait avant ce nouveau Palais des Congrès.
À partir de là, incontestablement Antibes Juan-les-Pins a une
notoriété. Ce n'est pas comme si demain dans un village de
Corrèze on faisait un palais des congrès où il y a tout
à faire. C'est-à-dire que dans toute l'Europe si vous demandez
où se trouve Antibes Juan-les-Pins on va pointer la bonne zone
géographique. Déjà tout ce travail préliminaire de
notoriété générale de la destination n'est plus
à faire, donc c'est du temps de gagné. Et c'est vrai que ce
travail qu'ont mené les hôteliers à faire des
séminaires dans leurs établissements, avant que le nouveau palais
des congrès ouvre, a fait qu'on a gagné beaucoup de temps : 10
ans, 15 ans, 20 ans. Donc il y a ce positionnement car en plus il y a eu
l'enquête Booking : pour les étrangers, Antibes est la
7ème destination préférée sur le
territoire français, et Juan-les-Pins est 14ème. Ils
ont coupé la commune en deux, donc si on additionne les deux on peut
avancer encore d'une ou deux places. C'est très intéressant. Sur
3.600 communes on est 7ème ! Donc le travail de
notoriété est déjà fait. Donc ça c'est
déjà le constat initial.
En matière de marketing c'est déjà avoir
les bonnes personnes à la bonne place. Il faut rendre à
César ce qui lui appartient, c'est vrai que le circuit
décisionnel de congrès n'a strictement rien à voir avec
tous les autres segments du tourisme. On était assez complets sur les
segments du tourisme de loisirs.
AR : Il faut aussi dire qu'on a pas mal
d'atouts sur ce nouveau Palais des Congrès : il est neuf, on a un
réseau de chambres d'hôtels à pied assez important. On a la
mer à proximité et une image. Dans un contexte de crise les
entreprises ont un peu de mal à aller faire un congrès à
Monaco qui a une image chère ou Cannes plutôt «
bling-bling ». Nous on a pas de mauvaise image et c'est un atout
pour notre Palais des Congrès. Je pense que c'est important de le
souligner. Et puis on est bien placé, notamment au niveau des
transports.
ML : Quels sont les enjeux pour la ville,
à part les enjeux économiques et de notoriété ?
AR : Le principal c'est l'enjeu
économique car c'est de l'emploi, puis un palais des congrès
ça participe au rayonnement de la ville. Finalement on connait Cannes
pour son
111
festival du film... C'est un complément d'image. Ca va
contribuer aussi à faire vivre la station hors saison estivale. Ca va
prendre du temps. Les premiers chiffres que nous avons peuvent nous faire dire
que le tourisme d'affaires participerait à hauteur de 2 points de
croissance au niveau hôtelier.
PhB : Il ne faut pas oublier que nous sommes
une petite unité de congrès donc il faudra vraiment marteler le
renouvellement de congrès sur les périodes de mi- saison pour que
les propriétaires de beaux précaires remettent leur façon
de louer en cause. Si demain, on installe 4 congrès de façon
pérenne sur la période mars, avril il y aura donc sur la station
des gens à bon pouvoir d'achat. Je suis optimiste dans le sens où
je pense que l'économie attire l'économie. C'est à partir
de là, sur deux ans, trois ans, si on installe ces gens sur la ville,
que le propriétaire de beaux va réfléchir et va se dire :
j'ai tout intérêt à revaloriser mon locatif et mettre du
bail pérenne, en tout cas pas précaire, pour installer de la
marque etc... Mais ça prendra du temps. Le fait de pouvoir accueillir
des « petits congrès » nous oblige à redoubler
d'efforts pour en attirer plusieurs dans le mois. Les congressistes sont des
visiteurs obligés, ils n'ont pas choisi de venir sur cette destination.
Le fait qu'il soit là par obligation, il faut leur donner du plaisir. Et
s'il y a du plaisir il y aura de la consommation. Une consommation
immédiate et comportementale du fait qu'ils reviendront par la suite
avec leur famille.
Tout à l'heure Audoin parlait du club des partenaires,
c'est une pensée collégiale que l'on partage, c'est un choix
stratégique que l'on a fait. On est dans une activité
commerciale, il faut que l'on pense privé. La première vitrine
que l'on doit montrer la première année c'est le must de la
destination. Dans le club des partenaires on a les 15 meilleurs hôtels,
les 5 meilleures plages, les 5 meilleurs restaurants, les 10 meilleures
boutiques, les 2 meilleurs transporteurs. Je préfère travailler
avec 10 boutiques qui ont de la marque, comparable aux Galeries Lafayette. En
effet, les congressistes rentrent dans ces boutiques ils ont un traitement
personal shopper. On leur propose un café, un jus de fruit. Ce qui
achète, c'est les boutiques qui leur ramènent à
l'hôtel. Par ce qualitatif on fera revenir les gens. On joue la carte de
la qualité et du service. On préfère offrir du service
plutôt que des réductions. Pour les congressistes, 5 % de
réduction ce n'est pas significatif. Pour les restaurants de plage, on
ne va pas demander l'apéritif offert, on préfère assurer
une table d'office aux congressistes. C'est du service ! Pour les hôtels
on va leur dire : quand vous avez été congressistes on va
pratiquer une politique d'early booking ou l'exonération de
112
frais d'annulation. Service, service, service. Je pense que
c'est ce que les gens attendent. C'est là qu'on se
différencie.
AR : L'avantage c'est que l'on fait la
promotion de la ville et que ça ne nous coûte rien. Les gens
viennent à la suite d'un congrès, en parle à leurs amis...
C'est important.
ML : Ressentez-vous une grosse concurrence
à l'internationale ?
AR : Ce qui est certain c'est que la concurrence
n'est pas dans le département.
PhB : La concurrence est mortelle au niveau
des gros événements internationaux. Pour nous, à notre
échelle, on subit plus une concurrence de notoriété.
C'est-à-dire que dans l'esprit des gens s'inscrit la Turquie. Une chose
essentielle que j'ai découverte à analyser la façon de
procéder du client congrès c'est que sa réflexion porte
sur l'outil de travail. Il s'en moque d'aller au bord de la mer. Ce n'est pas
un choix géographique, sa décision se porte sur l'outil de
travail et bien sûr l'argumentaire périphérique tel que
l'hôtellerie, la facilité d'accès etc...
AR : Et le prix compte ! Et aussi la
qualité du service ! Notre job c'est de faire en sorte qu'il
réussisse son événement. Si le congrès est mal
réussi, l'organisateur ne reviendra pas. De même s'il n'est pas
satisfait de l'hôtel, du restaurant. Le rapport qualité prix est
primordial. Il faut être meilleur que les autres, c'est toujours
pareil.
PhB : Nos meilleures expertises seront bien
sûr les retours client. On a besoin de ces ressentis pour savoir nos
points faibles et pouvoir les corriger.
ML : Avez-vous déjà eu des retours
?
PhB : Oui.
ML : Y'a-t-il des points faibles qui en sont
ressortis ?
PhB : Le prix. Le gros point faible de la
Côte d'Azur qui ressort aussi dans notre destination c'est peu importe
que ce soit un individuel ou un congressiste c'est un one shot au
niveau du prix. On ne pense pas à la pérennisation. C'est les
défauts de la Côte d'Azur, on gère un individuel, un groupe
ou un congrès de la même manière. L'activité
congrès est toute nouvelle et on a tous intérêt à
être généreux dans notre démarche commerciale.
113
AR : On est tout de même là pour
bâtir une réputation. Ca va prendre des années.
Déjà, on est au-dessus de nos prévisions. Je pense qu'en 3
ans on va atteindre notre vitesse de croisière. Mais il faut garder
toute humilité par rapport à ces premières
constatations.
PhB : Il y a eu deux nouveaux palais des
congrès en France. A Juan-les-Pins il n'y en avait pas depuis 20 ans et
on a vraiment senti une attitude d'attente de la part des gens qui disait
« c'est vrai c'est sympa Juan ». D'où notre idée
d'allier les mots congrès et resort qui sont deux mots
antinomiques mais qui ne choquent pas quand on parle de Juan-les-Pins.
Il faut aussi se dire, quand on est dans une stratégie
de marketing et de communication, et que nos résultats sont bons qu'on y
est pour rien et que c'est plutôt circonstanciel. En période de
crise, certaines entreprises n'ont plus le droit ou ne veulent pas se placer
dans le très haut de gamme. Donc Juan-les-Pins a ce positionnement
« bobo » qui plait vachement, qui passe bien. Gardons une
humilité, on bénéficie d'un beau palais, dans une belle
station, dans de bonnes conditions, dans une situation économique
où tout joue en notre faveur. Mais les efforts il va falloir les
redoubler car d'ici 3 ans il y aura 5 nouveaux palais des congrès en
France, qui nécessairement seront beaucoup plus performants que le
nôtre. Et notre hôtellerie va commencer à se dégrader
donc soyons vigilants.
114
Annexe 7 - Plan du parc hôtelier à
proximité du Palais des Congrès
115
Annexe 8 - Palais des congrès et des expositions
en Côte d'Azur 2012
116
Annexe 9 - Questionnaire de satisfaction du symposium
Ceva Santé Animale
Données envoyées
Libellé Détails
Quel est le nom de votre société ? * CEVA SANTE
ANIMALE
Quel est le nom de votre manifestation ? * REPRODACTION CATTLE
SYMPOSIUM
À quelle date a eu lieu votre manifestation ? * 19 MARS
2014
Comment avez-vous connu notre établissement ? * Bouche
à oreille
Accueil téléphonique A
Accueil durant votre visite sur le site A
Accueil pendant la manifestation A
Documents A
Salles et équipements A
Services de restauration A
Service d'hébergement A
Activités de loisirs et gala A
Devis A
Son écoute client A
Son amabilité A
Sa disponibilité A
La signalétique A
L'aménagement des salles A
Les équipements techniques A
La restauration/ les pauses A
La réactivité de l'équipe A
L'hébergement A
La restauration A
La soirée de gala A
Transfert A
Activités de loisirs A
La signalétique d'accès A
Le parking A
Accès au Palais des congrès A
117
Annexe 10 - Questionnaire de satisfaction de la
conférence « RDV GSK »
Données envoyées
Libellé Détails
Quel est le nom de votre société ? * le public
système
Quel est le nom de votre manifestation ? * Rendez-vous GSK
À quelle date a eu lieu votre manifestation ? * 10
AVRIL
Comment avez-vous connu notre établissement ? * Bouche
à oreille
Accueil téléphonique A
Accueil pendant la manifestation A
Documents B
Salles et équipements B
Devis B
Son écoute client A
Son amabilité A
Sa disponibilité A
La signalétique A
L'aménagement des salles A
Les équipements techniques A
La restauration/ les pauses A
La réactivité de l'équipe A
L'hébergement B
La restauration B
Transfert A
La signalétique d'accès B
Le parking B
Accès au Palais des congrès B
118
Table des matières
Introduction 5
PARTIE 1 - Du développement territorial au marketing
territorial 7
CHAPITRE 1 : Le développement du territoire 8
1. La notion de territoire 9
1.1. Une définition polysémique 9
1.2. Un sentiment d'appartenance : l'identité
territoriale 10
1.3. Le développement et l'aménagement territorial
11
1.3.1. L'aménagement du territoire en France 11
1.3.2. À chaque territoire, ses compétences 13
1.4. Antibes Juan-les-Pins et l'intercommunalité 14
1.4.1. Le principe d'intercommunalité 14
1.4.2. Antibes, membre de la Communauté
d'Agglomération de Sophia-Antipolis
(CASA) 15
2. La notion de développement territorial 15
2.1. Définitions de développement territorial
15
2.2. Définitions et facteurs d'attractivité 16
2.2.1. L'attractivité comme outil de développement
territorial 16
2.2.2. Les facteurs d'attractivité 17
2.3. La région PACA et Antibes Juan-les-Pins,
l'attractivité au service du tourisme
d'affaires 18
CHAPITRE 2 : Le marketing territorial, une dimension de la
communication publique 20
1. Le champ de la communication publique 21
1.1. L'avènement de la communication publique 21
1.2. Les différentes formes de la communication publique
24
2. Notion de marketing territorial 24
2.1. Définir le marketing classique 25
2.2. Rencontre des notions de marketing et de territoire 25
2.3. De la promotion au marketing territorial 26
2.4. L'identité territoriale, un pilier du marketing
territorial 27
2.5. Marketing territorial : de l'attractivité d'un
territoire à une stratégie de
développement 29
2.6. L'événementiel comme vecteur de mobilisation
et d'image 30
2.7. L'importance des réseaux sociaux dans la
stratégie de marketing territorial 31
2.8. Les acteurs du marketing territorial 32
CHAPITRE 3 : Le tourisme d'affaires 33
1. L'industrie du tourisme d'affaires 34
1.1. Sur les traces du tourisme d'affaires 34
119
1.2. Définitions 34
1.2.1. L'approche des pouvoirs publics 35
1.2.2. L'approche des professionnels 36
1.2.3. Une définition contestée 36
2. Les composantes du tourisme d'affaires 37
2.1. Foires, salons et expositions 37
2.2. Congrès et conventions d'entreprise 38
2.3. Évènements d'entreprises 39
2.4. Voyages d'affaires individuels 40
3. Les acteurs du tourisme d'affaires 40
3.1. Les acteurs de la demande 40
3.1.1. Les touristes d'affaires 40
3.1.2. Les commanditaires de congrès : entreprises,
fédérations, associations... 41
3.2. Les acteurs directs 41
3.2.1. Les hôtels 41
3.2.2. Les centres de congrès 41
3.2.3. Les prestataires de service 42
3.3. Les acteurs indirects 42
3.3.1. Les agences de voyages 42
3.3.2. Les agences de communication
évènementielle 42
3.4. Les acteurs encadrants 43
3.4.1. Les collectivités territoriales 43
3.4.2. Les acteurs institutionnels 44
3.5. Les acteurs du tourisme d'affaires à Antibes
Juan-les-Pins 45
3.5.1. Les acteurs principaux 45
3.5.2. Le club des partenaires 46
3.5.3. Les acteurs de promotion 47
4. La situation actuelle du tourisme d'affaires 50
4.1. Le tourisme d'affaires en chiffres 50
4.1.1. Le tourisme d'affaires sur la Côte d'Azur 50
4.1.2. La France, une destination encore
privilégiée 51
4.2. La demande en matière de tourisme d'affaires 53
4.3. La concurrence à l'internationale 55
4.4. L'offre Provence-Alpes Côte d'Azur : du constat
de faiblesses à une stratégie
d'homogénéité 55
4.5. Antibes Juan-les-Pins : la nouvelle destination affaires
58
4.5.1. Présentation du palais des congrès
d'Antibes Juan-les-Pins 58
120
4.5.2. Les composantes du produit 60
PARTIE 2 - Le tourisme d'affaires, facteur de
développement pour le territoire ? 62
CHAPITRE 1 : Une activité qui génère des
retombées positives pour le territoire 63
1. Le tourisme d'affaires engendre des retombées
économiques conséquentes 64
1.1. Premières constatations 64
1.2. Ce qui ressort des entretiens réalisés 65
2. Le tourisme d'affaires, un moyen de communication pour le
territoire 67
3. L'activité de tourisme d'affaires entraine une
activité de tourisme de loisirs 69
CHAPITRE 2 : La stratégie de communication d'Antibes
Juan-les-Pins. 71
1. L'analyse marketing 72
1.1. Analyse macro-environnementale 72
1.1.1. Analyse PESTEL 72
1.1.2. L'analyse SWOT 74
1.2. Analyse de la demande 75
1.3. Cibler la clientèle 77
2. Les moyens communicationnels d'Antibes Juan-les-Pins 78
2.1. L'axe de communication choisi 78
2.1.1. La destination Antibes Juan-les-Pins mise en avant 78
2.1.2. La modernité du Palais des Congrès mise en
avant 79
2.2. Les outils marketing 80
2.2.1. L'identité visuelle 80
2.2.2. L'internet 81
2.2.3. Les réseaux sociaux 81
2.2.4. Le support papier 82
2.2.5. La promotion/prospection 84
2.2.6. L'événementiel comme vecteur de
communication 86
2.2.7. Le suivi qualité 86
3. Une démarche régionale 87
Conclusion 89
Bibliographie 91
Table des acronymes 93
Annexes 95
Table des matières 118
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