V. CONCLUSION
Notre étude qui porte sur la
« crise de la microfinance : causes et
conséquences sur le bien-être des ménages à
Bukavu » comporte en totalité trois chapitres hormis
l'introduction générale et la conclusion.
Cela étant, au regard de la théorie
développée au premier chapitre, nous pouvons dire que la
microfinance au terme de notre travail, nous est apparu clairement que :
- De sa naissance à nos jours, elle a connu des
mutations importantes passant d'un stade informel et rudimentaire à un
stade marqué par son institutionnalisation et sa modernisation ;
- Là elle est devenue un phénomène
mondial : en effet, elle existe sur la quasi-totalité des continents
même si d'un continent à l'autre ou d'un pays à l'autre
elle peut prendre des formes juridiques et organisationnelles
différentes ;
- Longtemps financée par des fonds de subvention, la
microfinance est obligée aujourd'hui de se commercialiser si bien qu'aux
objectifs de service des pauvres se sont ajoutés des objectifs de
rentabilité sans laquelle la pérennité même des IMF
pourrait être remise en cause.
Cela suscite des débats nourris. D'un
côté ceux qui soutiennent que la microfinance ne peut pas «
se contenter de cibler les pauvres » si elle veut disposer d'un
portefeuille de qualité qui autorise la rentabilité et par voie
de conséquence la pérennité. De l'autre
côté, il y a ceux qui estiment que le ciblage des pauvres doit
demeurer la raison d'être fondamentale de la microfinance sinon celle-ci
risque de se mettre en porte à faux avec les principes du social ayant
été à la base de sa création.
Lorsqu'on considère qu'aujourd'hui
certaines IMF entrent en bourse et réalisent de grands
bénéfices qui sont redistribués sous forme de dividendes
à des acteurs intéressés uniquement par la maximisation de
la rentabilité de leurs fonds, on peut raisonnablement craindre que les
objectifs de rentabilité soient mis en avant au détriment des
aspects sociaux.
A côté de l'arbitrage entre le
ciblage des pauvres et la rentabilité financière, il y a la
question de l'impact de la microfinance sur les pauvres qui n'est pas
totalement tranchée. Si pour certains, l'impact positif de la
microfinance ne fait pas de doute, les résultats de certaines
études semblent montrer que la microfinance dans certains cas contribue
à dégrader davantage la situation de ceux qu'elle est
censée aider à sortir de la pauvreté.
De ce fait, on peut dire que si pendant longtemps,
la microfinance a bénéficié d'une grande victoire,
aujourd'hui elle est confrontée à des défis,
questionnements et des crises voire des remises en cause qui nécessitent
qu'on y apporte des réponses appropriées et peut être
urgentes que nous avions essayé d'analyser.
L'analyse descriptive des données
récoltées auprès de 31 et 30 ménages respectivement
bénéficiaires des microcrédits et non
bénéficiaires dans les trois communes de la ville de Bukavu,
indique que la plupart est constitué par le célibataire dont la
majorité sont des genres masculins avec un âge moyen de 38 ans et
dont une grande part exercent une activité commerciale avec une
majorité des bénéficiaires ayant un revenu mensuel
inférieur ou égal à 200$ et pour les non
bénéficiaires avec un revenu de plus 200$.
Cependant, le concept de pré défaillance
mêlé à la méthode de groupe apparié nous a
permis d'identifier d'un côté les emprunteurs défaillants
avec leurs caractéristiques et de l'autre côté les
emprunteurs non défaillants et cela nous a conduit à
vérifier par le test de Khi-deux le niveau d'indépendance qui
existerait entre la pré défaillance de l'emprunteur et la
politique de crédit appliquée par l'IMF. Par l'analyse de
différentes variables liée à la politique de crédit
notamment le taux d'intérêt, l'échéance du
crédit et le montant de crédit reçu, cela nous a conduit
à conclure que la pré défaillance de l'emprunteur n'a
aucun lien avec la politique de crédit cela veut dire que les causes de
la pré défaillance n'incomberait pas à la
responsabilité de l'IMF mais seules et uniquement de l'emprunteur.
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