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Analyse des determinants du choix du type de mariage dans le district d'Abidjan

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par Gerard Elie GODJI
Université Felix Houphouet Boigny de Cocody - DEA Economie du développement 2012
  

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CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DU CHOIX DU TYPE DE MARIAGE DANS LA THEORIE ECONOMIQUE

Laformationdescouplesdansdenombreusessociétés,dépendtrèspeu de décisions individuelles. L'attrait sexuel et affectif qui pousse des individusles unsversles autresestfortementréglementé,contrôléparceuxqui,dans une société, détiennent le pouvoir. Ainsi, la formation des couples surtout chez les jeunes a toujours été soushautcontrôlesocial (Locoh, 2005). La synthèse de la littérature en matière de dynamique matrimoniale révèle en tendance générale que ce sont les facteurs socioculturels, les facteurs économiques et les facteurs institutionnels qui sont à la base des mutations observées dans la nuptialité des jeunes.

2.1 Les déterminants du choix du type de mariage

Plusieurs facteurs expliquent certainement le choix du type de mariage. Cette partie sera consacrée aux facteurs socioculturels, économiques et institutionnels.

2.1.1 Les facteurs socioculturels

Les facteurs socioculturels se définissentcommel'ensembledescaractéristiquesetconditions quidéterminentet modulentàdesdegrésdiverslesvaleursetnormespropresà ungroupesociocultureldonné. Il s'agit notamment del'ethnie,lareligion,lemilieudesocialisation, leniveau d'instructionetlarégionderésidence.

ü L'ethnie

Conçue comme le cadre de production desmodèlessocioculturelspropreàchaquesociété, l'ethnie façonneetorienteles représentations enmatièredesexualitéetdeféconditédesindividus. Ainsi, selon Kouton (1992), l'ethnie exerceuneinfluencesur lesvariablesdecomportements tellesquel'âgeauxpremiersrapportssexuels,l'âgeàla premièreunion,lapratiquecontraceptive,l'âgeàlapremièregrossesse,etc. De l'avis de Bledsoe et Cohen(1993) laprocréation dans le contexte africain estmoinsuneaffaireducouplemaiscelledelafamille,du groupeetdelacommunautéquiontaprioriune emprisesurlavolontéindividuelle. C'est pourquoi, Calvès (1996 ; cité par Bado, 2007) fera-t-il observer l'existence enAfrique de deux types de groupes ethniques en matière de pré-nuptialité ou de pré-sexualité : d'une part les ethniesauxmoeurssexuellespermissivesquiaccordentpeud'importanceàla virginitéde la femme avant le mariage ou qui tolèrentsinonencouragent à la limitela sexualitéet la féconditéprénuptiale. Dans ces ethnies,lesjeunesfillesetleursmères,dufaitdel'indépendance etl'autonomiequileursont accordées,selivrentplusprécocementauxrapports sexuels(quisesoldentsouventpardes grossessesprécoces), Bledsoe etCohen(1993). D'autres part, celles dont lesmoeurs sexuels sont rigides,où lavirginitédel'adolescente ou de la jeune fille estconsidéréecommeunevaleursacrée àpréserver carlapertedelavirginitéestunehontepourtoutelafamillevoiredetoutlelignage.

EnCôte d'Ivoire, il ressort des travaux de Talnan et al. (2002)7(*)quela proportionde jeuness'étantlivréstrèstôtàla primo-sexualité estplusélevéechezlesfilles appartenantaux groupesethniquesMandédu Sud (34,3%) ,Krou(34,1%) et Senoufo (33,1%). Par contre, cette proportion est plusfaibledanslegroupeAkanoù20,6%des jeunesfilles ontvécul'expérience d'unerelationsexuelleavantl'âgede16ans. Les auteurs notent toutefois que les différencesobservéeschezlesgarçonsbien qu'elles soientnonsignificatives laissent tout de mêmeapparaître unetendanceidentiqueàcelledesfilles, soient 36,1%, 43%, 36,8% et 34% respectivement pour les jeunes hommes Akan, Krou, Mandé et Sénoufo qui ont eu leur premier rapport sexuel avant l'âge de 16 ans. Lesfilles Krousontégalementplusnombreuses(12,5%)àavoirdéclarédesrapports sexuelsavecplusieurspartenaires que leurs homologues Akan (4,7%), Mandé (3,6%) et Sénoufo (2,2%). En revanche, cette étude révèle que dans ces différents groupes ethniques les garçons ont beaucoup plus tendance à multiplier les partenaires sexuels que les filles avec des proportions de 20,2%, 27,9%, 16,8% et 22,2% chez les Akan, Krou, Mandé et Sénoufo.Très souvent d'ailleurs les mariages ne sont acceptés qu'entre individus appartenant au même groupe ethnique (l'ethnie, la caste, parfois même le lignage). L'endogamie ethnique reste forte : à Madagascar en 1966, 90% des mariages sont endogames ; cette proportion est de 96% en Côte d'Ivoire en 1978, et est encore de 89,3% à Abidjan (pour les mariages entre ivoiriens).(Gendreau et Gubry, 1988).

ü La religion

Définiecomme«un systèmeinstitutionnalisédecroyances,desymbole, devaleursetpratiquesrelatifsausentimentdeladivinité»(Akoto,1993),lareligion toutcomme l'ethnie,estun mobile devaleurs etde croyancesquid'unemanière ou d'uneautre imposeàsesadeptestoutunmodedepenser etd'agir quipeutinfluencerleursexualitéetleurs visions vis-à-vis delafécondité. Car selon ce même auteur, la religion véhicule un certain nombre de valeurs et normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental et psychique (Akoto, 2005). Ainsi, l'appartenance à une religion peut modifier l'activité sexuelle des jeunes et leur propension à adopter un comportement sexuel à risque. En se basant sur le cas du Ghana et du Cameroun, Calvès (1996) a pu mettre en évidence que lesjeunes filleschrétiennesontunrisquerelativementplus élevéquelesmusulmanesetlesadeptesdesautresreligionsd'avoir desrelationssexuels prénuptiales. Delaunay (1994) est parvenu à des conclusions similaires enmontrantquelesconceptionsprénuptialessontplusnombreuses chezlesfilleschrétiennes (25,4 %)quechezlesmusulmanes (20,3 %) au Sénégal qui est d'ailleurs un pays fortement islamisé.Pourcesauteurs, la religionchrétienneoffreplusdelibertéaux jeunesenmatièredesexualité. En effet, avoir des rapports sexuels hors mariage est considéré comme un péché dans la religion musulmane de telle sorte que la sexualité y est tabou et de ce fait, les jeunes doivent uniquement se conformer aux dogmes et principes qui enseignent la virginité pour les filles et la chasteté pour les garçons et ce jusqu'au mariage.

Par contre en Côte d'Ivoire, les résultats des travaux de Talnan et al. (2002) abondent totalement dans le sens contraire. Ces auteurs démontrentque lesfillesmusulmanes etcellesn'ayantpasdereligionontune tendancerelativement plusmarquéeàavoirdesrapportssexuelsavant16 ans(environ31%contre24,4%chezleschrétiennes). Au niveau des garçons, on note des proportions comparables 36,5% pour les jeunes chrétiens et 36,4% pour les jeunes musulmans.Lesfillessansreligion sontégalementplusnombreuses àavoireudesrapportssexuelsavec plusieurspartenaires aucoursdestroisderniersmoisayantprécédé l'enquêtelorsqu'onlescompareauxautres(10,2%contre4,3%chezles chrétienneset3,2%chezlesmusulmanes).En outre, Bozon (2001, 2004) fait observer que les jeunes filles qui ont connu une socialisation religieuse « cohérente », c'est-à-dire catholique de famille catholique, et surtout pentecôtiste de famille pentecôtiste, sont entrées plus tardivement que les autres dans l'activité sexuelle.

De ce fait, les jeunes musulmans grandissent sans être convenablement informés sur la sexualité et les conséquences néfastes qui en résultent car ils accèdent difficilement aux informations relatives à la sexualité que les jeunes adeptes de religions chrétiennes (Rwenge, 1999). Parcontre,lenonrecoursau condomlorsdesrencontressexuellesestuncomportement plusfréquent chezlesjeunesmusulmansque chezceuxdesautresconfessionsreligieuses.

Ceci étant, il ressort globalement que l'appartenance religieuse est un déterminant de l'entrée précoce en vie sexuelle aussi bien en Côte d'Ivoire que dans nombres de pays africains.

ü Le milieu de résidence ou de socialisation

Le lieu de résidence revêt une importance fondamentale dans l'étude de nuptialité dans la mesure où non seulement il constitue le cadre naturel dans lequel évoluent les individus, mais aussi, il préfigure leur univers futur enmatièrede sexualité,demariageetdeprocréation. La plupart des études réalisées en la matière ont montréque les individus du milieu rural sont sexuellement plus actifs que ceux du milieu urbain (Kouton, 1992 et Delaunay, 1994). Les travaux d'Akoto et al.(2000 ; 2005) font observer par exemple qu'au Burkina, 66 % des jeunes ruraux de 18 ans et plus ont leurs premiers rapports sexuels contre seulement 45 % en milieu urbain. Dans la plupart des cas, l'activité sexuelle précoce en milieu rural reflète un respect de la tradition, soit dans le mariage, qui lui est aussi bien souvent précoce, soit avant le mariage quand il s'agit d'apporter une preuve de fertilité (Rwenge 1999 ; 2000 et Bozon, 2001 ; 2004).

En plus, ces auteurs ont montré qu'en milieu rural, les jeunes filles entrent plus précocement en vie sexuelle que les garçons. Cette fortepropension de la pré-sexualité ou de la pré-nuptialitéenmilieu ruralparrapportaumilieuurbains'explique souvent paruneplusgrandefréquentationscolaireenmilieuurbainqu'enmilieurural. En réalité, lafaiblefréquentationscolaire non seulement a tendance à retarder la nuptialité des jeunes en ville en raison des études plus prolongées, mais aussi, en milieu rural elle s'accompagne très souventpar unefortepressionsociale quiobligeraitlesjeunes (entre temps déscolarisés)àavoiruneviedecoupledèsquelesconditionsphysiques pour les travaux champêtres des jeunes sont réunies. Acelas'ajoutentlesdifficultéséconomiques plus contraignantesenville qu'au village,enparticulier en ce qui concerne lesdépenses liéesaumariage quideviennent deplus enplusélevéesouencorelesdifficultésdesetrouverunlogementetdepouvoirhonorerles fraisliésauloyer.

Toutefois, d'autres études dont celle de Delaunay et al. (2001) ont démontré une réalité contraire. Il a été mis en évidence dans ces études que l'urbanisation s'accompagne de l'ouverture des jeunes aux médias et d'un faible contrôle social des jeunes, de telle sorte que l'activité sexuelle est davantage intense et précoce dans des les villes que dans les villages. En effet, lesjeunesrurauxontplustendanceàrespecterlesrèglestraditionnellesdenuptialité que cellesque leurs homologues citadins. L'emprisesocialepousse doncles jeunesàadopter uncomportementen matièrede sexualitéetdeprocréationdictéparsa familleetlesnormessociétales (Bado, 2007). Lereplidumilieuurbainparrapportaumilieurural en matière d'encadrement nuptial s'explique alors parles mutations socialesnotammentlerelâchementducontrôle parental, latolérancederapportssexuelshors mariageouduchoixautonomedu futurconjointoudelafutureconjointe.Par ailleurs, l'ouverture aux valeurs modernes à travers la scolarisation, la migration de travail, les modifications des normes de sexualité sont autant de facteurs par lesquels l'urbanisation module significativement les comportements sexuels des jeunes.

ü Le niveau d'instruction

La scolarisation est un facteur explicatif déterminant dans la variation des comportements sexuels chez les individus. Les études menées sur les jeunes en Côte d'Ivoire et dans la sous-région ont révéléqueleniveaud'instruction est positivement associé à la pré-nuptialitéetàlafécondité (Rwenge, 1999 et Kouton, 1992).Ces travaux ont montré que l'instruction au-delàduprimaireaune influencenégativesurlaprécocitéde la pré-sexualité. En effet, ces auteurs ne soutiennent que le calendrier de la primo-sexualité, fait état d'une sexualité davantage précoce chez les jeunes de faible niveau d'instruction. Selon Akoto et al. (2000) en 1998, c'est 57 % de jeunes filles illettrées au Burkina qui sont déjàen vieféconde contre respectivement40%pour celles deniveauprimaire et 24% pour celles qui ont un niveau secondaire etplus. En Côte d'Ivoire, les données de EDSCI-II indiquent queles jeunes femmes dont l'âgemédian est de22,5ans etayant uneinstructionsecondaireouplus semarienttroisansplustardqued'autres encore plus jeunes (19,3 ans comme âge médian)ayantuneinstructionprimaireetprèsde 4 ansetdemiplustardqueles femmessansinstruction dont l'âge médian est 17,9ans. Par contre chez les jeunes hommes, plus ilssont instruits,plusl'entréeenviesexuelleest précoce(17,5anspourceuxquisontduniveaud'instruction secondaireet plus,18,5anspourleprimaireet20anspourlesanalphabètes).

En d'autres termes, les risques d'activité sexuelle précoce chez les jeunes filles sont d'autant plus faibles que leur niveau d'éducation est élevé contrairement aux jeunes hommes.Toutefois, il est à noter que l'entréeenvie sexuelle deshommescommence unpeuplustard,soitenviron 2,5années aprèscelledesfemmes.Akotoetal. (2000) en déduit quel'allongementdelascolaritéatendanceàretarderde façontrèssensiblel'entrée envieféconde. Il ressort donc globalement que le niveau d'instruction influence significativement les comportements sexuels des jeunes en général (Kouton, 1992 ; Bledsoe, 1986 ; Rwenge, 1999, 2000,2001). Pour les jeunes femmes, cette influence est positive car en effet, une femme instruite est capable de créer de bons rapports de communication au sein du couple tout en prenant certaines initiatives relatives par exemple à l'usage des méthodes contraceptives, à la planification familiale ou à l'utilisation des préservatifs comme moyens de prévention des IST/VIH/SIDA.

ü Larégionderésidence

Lesdifférencesrégionales en matière de primo-nuptialité chez les jeunestrouvent leurs explications à traverslesdifférences socioculturellesentre entités géographiques,parexempleles flux migratoires,la religion, l'ethnieou lecomportement féconddumilieuderésidence, maisaussiparlesstructures sociodémographiques,commela compositiondelapopulationrésidante (Bado, 2007). En effet, à l'aide des données du RGPH-1998, certaines études sont parvenues à montrer une disparité spatiale comme indicateurde la primo-nuptialité desfemmesetdeshommes en Côte d'Ivoire. Ainsi, il ressort de leurs travaux que les départementsde lazonedesavanes, en l'occurrence Vavoua, Mankono et Tingrela sont caractérisés par une pratique remarquable de la primo-nuptialité de type traditionnel avec unâgemoyenàl'unioninférieur20ans les jeunes femmes contre 28 ans pour les jeunes hommes. Au niveau du mariage civil, par contre lesdépartements les plus urbanisés notammentAbidjan, Dabou, Yamoussokro, Dimbokro, Bouaké sont les zones où l'on rencontre beaucoup plus de mariage civil avec 22 ans comme âge moyen pour les jeunes filles et 28 ans pour les jeunes hommes.

ü L'âge

La différence d'âge diminue entre époux lorsque le niveau d'instruction du mari augmente comme à Abidjan (Côte d'Ivoire) (Antoine et Herry, 1984).

2.1.2 Les facteurssocioéconomiques

Lesétudes surlanuptialité révèlent que les facteurs économiques et le niveau de vie du ménage (ou les conditions sociales) sont prépondérants dans les comportements sexuels des jeunes.

ü Le revenu

Le revenu selon la littérature est un déterminant du choix du conjoint. Puisque, pour choisir le conjoint la femme est très regardante sur la situation professionnelle de l'homme. Ceci est confirmé par Lemennicier (1988). Le revenu a également un impact sur le choix du type de mariage parce que l'on choisirait le mariage civil qui nécessite beaucoup de moyens financiers si cela est possible.

ü L'emploi

Il est difficile de dissocier les effets du niveau d'instruction et de l'emploi sur la nuptialité donc sur le choix du type de mariage. En ce qui concerne les femmes, ce n'est pas le fait d'être active ou non qui retarde l'âge au mariage mais le fait d'occuper un emploi de type formel ou non.

ü Le niveau de vie du ménage

Ilestsouvent établiqueles jeunes issus de foyers pauvres ont un comportement sexuel beaucoup plus accentué et donc beaucoup plus risqué que ceux issus de milieux non pauvres. Ces études démontrent que lesfilles appartenant auxménagespauvres sontplusexposées précocementàlasexualitéetàl'entréeen vieféconde, faute d'unencadrement matérieletfinancier. Eneffet,Kouton(1992)montre quelesjeunes fillesissuesdesménagespauvresont20% plus dechanced'avoirunematernité précocequecellesdes ménagesaisés.Delaunay(1994) et Calvès(1996) ont de leur côté révéléque lesfillespauvresutilisent souventlagrossesse commeunmoyendepouvoir bénéficierdu soutienfinancieret matérield'unpartenaireplusaisé ou même de prétexte aumariage. Par ailleurs, les travaux de Rwenge (1999 ; 2000) font observer que l'activité sexuelle était moins courante chez les jeunes dont le père était fermier ou pécheur que chez ceux dont le père était employé de bureau. Toutefois, il précise que la relation entre la suffisance des moyens et l'activité sexuelle ne présentait aucun effet significatif.

En revanche, Talnan et al. (2002) vont relever une différence non significative en Côte d'Ivoire entre les filles des milieux difficiles (26,5%) et celles des milieux aisés (25,6%) qui ont expérimenté leur primo-sexualité avant l'âge de 16 ans. Cette tendance est quasiment pareille chez les garçons (37,4% pour les jeunes de milieux aisés contre 32% pour les milieux pauvres).

2.1.3 Les facteurs institutionnels

Bien que la littérature existante en parle moins, les facteurs institutionnels regroupent les lois, les politiques, les programmes et projets élaborés dans le cadre de l'état matrimonial et de la nuptialité en général, et en particulier les règles institutionnelles applicables à la sexualité et à la nuptialité des individus aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. Ainsi, la célébration des unions des individus est-elle réglementée dans la plupart des pays africains par des textes portant organisation de l'état civil et diverses autres dispositions relatives aux droits et obligations dans la vie du couple. D'où l'importance accordée aux législations relatives au mariage, à la vie maritale des parents, aux politiques de la santé publique. Ces facteurs sematérialisent par exemple parladisponibilitéetl'accessibilitédesservices de soins de santé maternelle et reproductive. En effet, du fait des multiplicités des risques de grossesses précoces et non planifiées ainsi que la forte prévalence des IST et VIH/SIDA au sein des populations, le recours aux facteurs institutionnels pour l'explication des comportements sexuels des individus est totalement justifié pour permettre aux politiques de créer des conditions susceptibles d'influencer les comportements des populations, en renforçant leurs connaissances en matière de prévention à travers les programmes de sensibilisation.

Par ailleurs, il est également à noter dans l'ensemble que les législations en matière de nuptialité, d'état matrimonial et surtout de la protection sociale des enfants et des jeunes dans la plupart des pays africains sont non seulement limitées, mal appliquées et non adaptées aux réalités sociologiques des populations, mais en plus, elles sont sélectives en tendance car elles s'adressent davantage aux adultes et moins aux jeunes comme l'a fait observer Rwenge (1999).

2.2 Les caractéristiques du choix du type de mariage

2.2.1- Les types de mariage

Le contrôle de la sexualité et de la constitution des familles, la responsabilité a l'égard des enfants ont toujours été des domaines importants d'expression de règles, souvent fondées sur des croyances religieuses. L'union, qu'elle relève de l'initiative des familles ou de celle des individus, est, dans presque toutes les sociétés, marquée par des cérémonies qui attestent de sa reconnaissance par la communauté. L'instance qui va signifier cette reconnaissance diffère d'un groupe à un autre. Elle peut nécessiter des rites religieux dont la symbolique reflète les principes qui doivent régir le comportement des époux et qui sont destinés à marquer la reconnaissance de l'union par un représentant attitré d'une communauté religieuse. Dans les pays islamisés, le mariage est prononce par un imam sauf lorsque la législation en vigueur autorise aussi l'autorité civile a prononcer des mariages (en Tunisie, par exemple).

Avec la sécularisation de la vie sociale, c'est l'autorité civile qui préside à l'enregistrement et à la reconnaissance des unions. Mais dans de nombreuses sociétés africaines, ce peut être simplement un accord entre les représentants de deux groupes lignagers avec ou sans présence d'un chef coutumier. L'union n'en est pas moins reconnue si les prestations requises ont été apportées par la famille de l'homme à celle de la jeune fille.

En Europe, certains pays ne reconnaissent que le mariage civil ; le mariage religieux, relevant de choix privés, ne peut alors être célébré qu'après un mariage civil (France, Belgique). Dans d'autres pays, en Europe du Nord, en Italie par exemple sont reconnus soit les mariages civils, soit les mariages religieux. Le choix de la cérémonie dépendra des convictions de chacun ou du lustre que l'on désire donner à la cérémonie (Dittgen, 1994). Avec la sécularisation des sociétés, les autorités civiles ont peu à peu pris le pas sur les autorités religieuses pour enregistrer les mariages. Les préceptes religieux n'en demeurent pas moins des déterminants essentiels des comportements matrimoniaux et parfois les cérémonies religieuses sont socialement plus marquantes que les mariages civils.

Il ressort de la littérature que nous avons trois types de mariage qui sont le mariage traditionnel, le mariage civil et le mariage religieux.

ü Le mariage traditionnel ou coutumier

Dans une partie des pays en développement, on célèbre essentiellement des mariages coutumierspuisque l'enregistrement des mariages est peu répandu et le recours à l'état civil très limité. Les mariages coutumiers qui diffèrent d'un groupe social, religieux, ethnique à un autre peuvent être validés par la présence d'une autorité reconnue par la communauté mais sont souvent simplement une affaire de familles. Lorsque deux familles se sont entendueset que des échanges de prestations, symboliques ou non, ont eu lieu, le mariage est célébré avec plus ou moins de publicité et reconnu par la communauté.Le versement d'une compensation matrimoniale (bridewealth) ou d'une dot est souvent une étape importante du processus qui conduit à l'union. En cas de séparation, une autorité villageoise coutumière pourra être appelée a déterminer les compensations que peut attendre la famille qui s'estime lésée par la rupture de ce qui est considéré par la communauté comme un contrat. Dans les pays en transition, ou la pratique du mariage civil se répand progressivement, le mariage coutumier continu néanmoins à être célébré et l'aval des familles demandé au cas où l'initiative de l'union est venue des futurs conjoints eux-mêmes.

ü Le mariage civil

Le mariage civilcomporte l'enregistrement, par un représentant de l'autorité publique, de la décision de mariage (en général le consentement des conjoints en est l'expression indispensable) et le rappel de principes acceptés par la communauté qui devront être respectés dans la vie commune des époux. Il suppose réunies des conditions préalables, notamment l'âge minimum requis pour se marier et l'état matrimonial antérieur des candidats au mariage (ne pas être déjà marié, sauf cas d'union polygyne). L'âge minimum requis pour les jeunes filles est presque toujours inferieur à celui exigé des jeunes gens. Ces principes régissent essentiellement les modes de résidence du couple, la prise en charge des enfants mais peuvent aussi définir d'autres modalités. Ainsi, dans les mariages civils prononcés en Afrique, il est courant que l'époux se prononce sur l'option qu'il fait, pour l'avenir, de la monogamie ou de la polygamie. L'enregistrement d'une union à l'état civil en fait un mariage reconnu par la société et donne accès à des droits éventuels en matière familiale (allocations, dispositions fiscales...). Il définit certains droits et devoirs des époux au sein du mariage. Si les normes de vie en couple ne sont pas respectées, cela pourra constituer un motif de rupture d'union qui sera, elle aussi, enregistrée et permettra le remariage ultérieur de chacun des époux.

ü Les mariages religieux

Les mariages religieux édictent leurs propres normes qui peuvent renforcer ou infléchir les normes édictées par la société civile. Ils se fondent sur un ensemble de prescriptions qui concernent non seulement la résidence ou la prise en charge des enfants mais aussi la vie sexuelle avant et dans le mariage, ainsi que les attitudes que doivent adopter les époux l'un envers l'autre. Ils jouent ainsi un rôle important dans la détermination des rôles prescrits selon le sexe dans le cadre de la vie conjugale. La religion catholique, par exemple, définit un cadre strict à l'exercice de la vie sexuelle et a la constitution d'une famille. Le mariage y est le cadre exclusif de la vie sexuelle. Il est fondé sur le principe de l'indissolubilité, sauf par le décès d'un des conjoints. De ce fait, il n'y a pas de remariage possible des divorcés. Le mariage est conçu comme le ciment d'une famille stable et autonome. Les époux doivent y consentir librement et «quitter leurs père et mère» comme le dit la Bible (Matthieu, 19-5). Il transmet des valeurs de contrôle strict sur la sexualité, de stabilité de l'union dans une cellule familialeou le noyau conjugal joue un rôle central. Enfin une forte valorisation est conférée au célibat consacre (le mariage des prêtres reste interdit). Cet ensemble de règles restreint de façon conséquente la population de ceux qui sont a un moment donne sur le marché matrimonial. Ce type de mariage a eu une importance très grande dans toute l'Europe et a continué à influencer fortement le comportement des candidats au mariage dans tous les pays de tradition catholique jusqu'à la fin des années 1950. Mais l'évolution en cours atteste d'une diminution de l'emprise de l'Eglise. En France ou, en 1950, 90 % des mariages enregistrés à l'état civil étaient également célébrés à l'église, on assiste à la fois au recul du mariage formel et a la désaffection pour le mariage religieux puisque seuls 65 % des mariages civilssont maintenant célébrés également a l'église (Dittgen, 1991).

ü Les unions libres

Lorsqu'il n'y a ni mariage civil, ni mariage religieux, ni mariage coutumier,on parled'unions consensuelles(visiting unions). Elles sont très fréquentesen Amérique latine ou elles représentent près de 50 % des unionsdans certains pays d'Amérique centrale et des Caraïbes. Elles sont aussi assezinstables, ce qui donne à penser qu'elles sont, dans de nombreux cas, des mariagesà l'essai (Rosero-Bixby, 1990). Elles diffèrent des unions sans co-résidencequi existent en Afrique avec un statut d'union reconnu par la sociétédans le cadre de la polygynie (Locoh, 1994 ; Oppong, 1992).La diffusion récente des unions consensuelles est très rapide en Europe.Au début des années 1970, au moment où le phénomène émergeait, on l'a qualifiéde cohabitation juvénile. On sait maintenant qu'il ne s'agissait pasd'un mode de vie temporaire pour de jeunes couples mais d'un changementradical de comportement qui conduit un nombre croissant d'adultes à vivre encouple sans pour autant se marier (Leridon et Gokalp, 1994).

2.2.2- Les caractéristiques des différents types de mariage

Cette se consacre aux caractéristiques propres à chaque type de mariage.

ü Le mariage traditionnel ou coutumier

La caractéristique particulière du mariage traditionnel est le paiement de la dot qui est un don en nature ou en espèce que l'on remet à la famille de la mariée. Ce présent symbolique varie selon les pays, les cultures et les groupes ethniques. Chez les Akan en Côte d'Ivoire en général et les Agni en particulier le mariage traditionnel se fait en deux étapes. Une première étape qu'on appelle kôkô8(*) qui est suivi du mariage traditionnel. Certaines circonstances autorisent la célébration du mariage traditionnel en une seule fois au cours d'une cérémonie qui associe les deux évènements. En dehors de cette particularité, le mariage traditionnel se pratique de la même manière dans presque toutes les régions de la Côte d'Ivoire.

ü Le mariage civil

Le mariage civil (également qualifié de mariage à la mairie) est une forme de mariage dans lequel une autorité publique reconnaît la validité de l'union :

- Dans la grande majorité des Etats, d'un homme et d'une femme ;

- Dans certains autres Etats, comme au Sénégal ou en Arabie Saoudite, d'un homme et de plusieurs femmes (mariage polygame où chacune des femmes est séparément mariée à l'homme en question)

- Dans quelques états, comme au Yémen entre un homme adulte et une mineure ou plusieurs.

La célébration du mariage civil en Côte d'Ivoire nécessite que les futurs époux fournissent trois mois avant la célébration de leur union les dossiers suivants : un extrait de d'acte de naissance ou de jugement supplétif datant de moins de trois mois avec la mention « en vue du mariage » (à défaut, un Acte de Notoriété suppléant l'acte de naissance à établir au tribunal, un certificat de résidence à établir(l'un des époux doit habiter la commune où il souhaite célébrer son mariage), la photocopie recto-verso de la pièce d'identité (CNI, Attestation d'identité, Passeport, carte consulaire, carte de séjour) des futurs époux et des témoins, une photo d'identité pour chacun des futurs époux, deux enveloppes timbrées à acheter à la mairie.

ü Le mariage religieux

Il est célébré soit par le prêtre, le pasteur ou encore l'imam selon la religion. Il a lieu généralement après le mariage civil. Il se déroule dans un temple ou une mosquée ou un lieu préparé à cet effet. Les autorités religieuses prodiguent des conseils aux époux et les bénissent en prononçant à leur endroit de bonnes paroles. Le mariage religieux diffère quelques peu selon les religions et selon les époques.

A partir de l'article sur la fécondité écrit par Becker(1960), l'économie de la famille est devenue un vaste champ d'étude. Plusieurs théories économiques dont celles de la famille et du mariage ont été élaborées pour servir de fondements. La famille découlant du mariage, les économistes ont défini des modèles théoriques en vue d'expliquer la prise de décision dans la famille. Ce sont le modèle altruiste, le modèle du consensus, le modèle de la famille agglutinée et les modèles de négociation coopérative non coopérative.

* 6 Lundberg et Pollack (1994) analysant la répartition dans le mariage comme la répétition d'un jeu non coopératif.

* 7Lesdonnéesutiliséespar les auteurs sont celles d'une enquête réalisée en 2002 sur unéchantillon de2681jeunesfillesetgarçonsâgésde15à24ans parl'EcoleNationalede laStatistique etd'Economie Appliquée (ENSEA)danslecadredesactivités duprojet«SantéFamilialeetpréventionduSida»(SFPS). Cetteréalisée en2002 porte surtrois grandesvillesdelaCôted'Ivoire en l'occurrence Abidjan (au Sud), Bouaké (au centre) et Korhogo (au Nord). Lesquelles villes reflètentladiversitésocio-économique, culturelleetdémographiquedu milieuurbainivoirien. Bien que le milieu rural n'a pas été pris en compte, toutefois, l'enquête a porté sur les quatre grands groupes ethniques représentant la soixantaine d'ethnies en Côte d'Ivoire à savoir : les Sénoufo (ou Voltaïques selon d'autres sources), les Mandés (Mandés du Sud et Mandés du Nord), les Akans et les Krou.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein