I.1.4. Les déterminants de la croissance
On peut distinguer plusieurs types de déterminants
à la croissance : richesses naturelles, environnement extérieur,
population, innovation9 (concept qui ne concerne pas seulement le
progrès technique), investissement, connaissance, cohérence du
développement10. Les principales conclusions des travaux de
Xavier Sala-i-Martin, économiste espagnol spécialiste de la
croissance, confirment qu'il n'y a pas qu'un seul déterminant simple de
la croissance économique.
Xavier Sala-i-Martin avance par ailleurs que le niveau initial
est la variable la plus importante et la plus robuste. C'est-à-dire que,
dans la plupart des cas, plus un pays est riche, moins il croît vite.
Cette hypothèse est connue sous le nom de convergence conditionnelle. Il
considère également que la taille du gouvernement
(administration, secteur public) n'a que peu d'importance. Par contre la
qualité du gouvernement a beaucoup d'importance : les gouvernements qui
causent l'hyperinflation, la distorsion des taux de change, des déficits
excessifs ou une bureaucratie inefficace ont de très mauvais
résultats. Il ajoute également que les économies plus
ouvertes tendent à croître plus vite. Enfin, l'efficience des
institutions est très importante : des marchés efficients, la
reconnaissance de la propriété privée et l'état de
droit sont essentiels à la croissance économique. Il rejoint en
cela les conclusions d'Hernando de Soto.
Sur une plus longue période, l'expérience
historique, notamment celle du XVIIIe siècle, suggère
que l'extension des libertés économiques (liberté
d'entreprendre, liberté de circulation des idées, des personnes
et des biens) est une condition de la croissance. Au XXe
siècle, il existe plusieurs cas où une population partageant les
mêmes antécédents historiques, la même langue et les
mêmes normes culturelles a été divisée entre deux
systèmes, l'un étant une économie de marché et
l'autre une économie planifiée : les deux Allemagne, les deux
Corée, la République populaire de Chine et Taïwan. Dans
chaque cas, les zones ayant pratiqué l'économie de marché
ont obtenu une croissance nettement supérieure sur le long terme.
Cependant, l'enrichissement de l'Allemagne de l'Ouest
s'explique par l'aide des États-Unis, l'enrichissement de la
Corée du Sud et de Taïwan par l'aide des États-Unis et du
Japon et que Taïwan a attiré les Chinois les plus qualifiés.
Les États-Unis et l'Europe de l'Ouest étant beaucoup plus
développés que l'URSS, leurs pays alliés ont
été beaucoup plus aidés. La très forte croissance
de l'URSS avant les années 1960 et la très forte croissance de la
Chine depuis les années 1980 sont des exemples de pays dont
l'économie planifiée a
9 Angus Maddison, The World Economy: A
Millennial Perspective, OCDE, Paris, 2001, page 46
10 Lester R. Brown,
Éco-économie, une autre croissance est possible,
écologique et durable, Seuil, 2001, p. 69
10
augmenté la croissance. Aucun pays n'a eu une
croissance telle que celle de la Chine et l'URSS sans bénéficier
d'aide extérieure ou d'une exploitation massive de ressources naturelles
très lucratives, telles le pétrole, par rapport au nombre
d'habitants. L'effondrement de l'URSS témoigne également des
meilleurs résultats des économies de marché par rapports
aux économies de type collectiviste.
Sur le très long terme, Angus Maddison identifie trois
processus interdépendants qui ont permis l'augmentation conjointe de la
population et du revenu : la conquête ou la colonisation d'espaces
fertiles et relativement peu peuplés, le commerce international et les
mouvements de capitaux, l'innovation technologique et institutionnelle.
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