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Problématique de la croissance économique en RDC

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par Bakanaka Kalwani
UNILU - sciences économiques et de gestion 2013
  

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CHAPITRE.I. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

I.1. CROISSANCE ECONOMIQUE

La croissance économique désigne la variation positive de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, généralement une période longue. En pratique, l'indicateur le plus utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré « en volume » ou « à prix constants » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise souvent la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration de la richesse individuelle, assimilée au niveau de vie.

La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, reposant sur le développement des facteurs de production, lié notamment à la révolution industrielle, à l'accès à de nouvelles ressources minérales (mines profondes) et énergétiques (charbon, pétrole, gaz, énergie nucléaire...) ainsi qu'au progrès technique. Elle transforme la vie des populations dans la mesure où elle crée davantage de biens et de services. À long terme, la croissance a un impact important sur la démographie et le niveau de vie (à distinguer de la qualité de vie) des sociétés qui en sont le cadre. De même, l'enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la pauvreté.

I.1.1. Définition

Les économistes utilisent le terme de croissance conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux, la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels6. ». La définition de Simon Kuznets va au-delà et affirme qu'il y a croissance lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la population.

À court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'« expansion », qui s'oppose à « récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d'une expansion.

Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique. Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global. » Le terme de « croissance » s'applique alors plus particulièrement aux économies déjà développés.

La Commission du développement durable du gouvernement britannique souligne qu'il est important de distinguer trois notions qui « ne sont absolument pas les mêmes choses » :

6Francois Perroux, Dictionnaire économique et social, Hatier 1990

? La croissance des flux biophysiques (énergie et matériaux) ; ? La croissance de la valeur monétaire de la production (PIB) ; ? La croissance du bien-être économique de la population.

Le croissantisme économique est considéré comme étant l'idéologie de la croissance par opposition à la philosophie décroissantiste.

I.1.2. La mesure de la croissance

La croissance économique est généralement mesurée par l'utilisation d'indicateurs économiques dont le plus courant est le produit intérieur brut (PIB). Il offre une certaine mesure quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achat dans une monnaie de référence. Pour comparer la situation d'un pays à des époques différentes on peut également raisonner à monnaie constante7.

L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance

économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques.
Il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle. Une part importante des transactions, non déclarée, est ainsi perdue pour les statistiques comme le fisc. Même s'il prend en compte la production des activités non marchandes, il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec sa cuisinière pour faire baisser le PIB. Il ne mesure que les apports de valeur ajoutée dans l'immédiat (sur une année). Les effets de long terme, notamment dans des services tels que l'Éducation ou la Santé, ne sont pas ou mal comptabilisés à travers leur impact sur la production.

Le PIB ne mesure que la Valeur Ajoutée produite par les agents économiques résidents. Il ne prend donc pas en compte les transferts de ressources internationaux, alors que ces derniers représentent souvent une part importante de leur richesse nationale. Il est possible d'utiliser un outil plus pertinent tel que le Revenu national brut. Enfin, il ne prend en compte que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays, sans distinguer les effets positifs ou négatifs sur le bien-être collectif. Une catastrophe naturelle (Katrina détruisant La Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction qu'elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure, ni le coût du financement de la reconstruction. Cette contradiction était dénoncée dès 1850 par l'économiste français Frédéric Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre cassée écrivait que « la société perd la valeur des objets inutilement détruits », ce qu'il résumait par : « destruction n'est pas profit. »

Cette contradiction apparente provient probablement du fait que le PIB ne mesure pas réellement le développement, le progrès en lui-même ; mais juste l'activité économique, pourvoyeuse d'emploi. Peu importe s'il y a progression de la société dans l'absolu : le fait est que toute augmentation de la Valeur Ajoutée signifie in fine un emploi et des revenus pour ceux qui y contribuent. À partir de là, on suppose la création de richesse par la dynamique de l'augmentation de la production.

7 Pierre Maillet, La Croissance économique, Presses Universitaires de France, 1976

8

Dans son acception classique, le développement économique ne se résume pas à la seule croissance économique et des indicateurs ont été proposés pour mesurer plus finement celui-ci, comme l'indice de développement humain.

I.1.3. Histoire de la croissance économique

Grâce au développement des statistiques nationales, les économistes, les historiens et les démographes ont constaté qu'avant la Révolution industrielle, la croissance économique est essentiellement liée à celle de la population: on produit plus parce qu'il y a plus d'individus pour produire, mais le niveau de vie reste le même. À partir du XVIIIe siècle, la croissance économique se déconnecte de celle de la population et l'augmentation du niveau de vie devient exponentielle, mais très irrégulière. Après les très forte croissance mondiale des années 1830 et croissance mondiale des années 1850, la Grande Dépression (1873-1896) donne un sérieux coup de frein. De même, la grande dépression des années 1930 fait suite à la croissance économique de la Belle Époque et à la puissante expansion des années 1920. Plus généralement les périodes de reconstruction suivant une guerre sont favorables, comme lors de la très forte croissance des années 1950, socle des Trente Glorieuses8.

Les historiens s'accordent sur le fait que le niveau de vie sur l'ensemble du globe a peu évolué de l'Antiquité jusqu'au XVIIIe siècle (entre l'an 1 et l'an 1000 l'économie mondiale aurait même décliné), mis à part une embellie en Europe occidentale entre le Xe et XIIIe siècles, annulée par les épidémies et les famines des XIVe et XVe siècles. Ils s'accordent aussi à constater qu'il y a de grandes disparités selon les peuples et selon les époques. Sachant qu'on a affaire à des sociétés ou presque toute la population est rurale, il est de toutes façon presque impossible d'obtenir la statistique de leur production, puisque celle-ci est presque complètement locale, voire familiale (bâtiment, mobilier, confection, alimentation, services, ...), et très marginalement commerciale, de telle sorte qu'il est impossible de reconstituer un standard moyen de consommation et de l'évaluer en monnaie.

La croissance économique, aussi bien comme phénomène que comme donnée objectivable, est donc quelque chose de récent, lié à l'urbanisation des sociétés et à l'apparition de statistiques nationales. Jusqu'aux années 1970, c'était aussi un phénomène géographiquement limité, qui concernait surtout les pays occidentaux et le Japon.

Les Pays-Bas sont la première société à connaître un phénomène de croissance, au XVIIe siècle. Comme le note Henri Lepage en reprenant les analyses de Douglass North, « pour la première fois dans l'histoire connue de l'humanité, un pays se trouvait en mesure d'offrir un niveau de vie croissant à une population croissante, et cela un siècle avant que se manifestent les premiers signes réels de la Révolution industrielle. »

Le phénomène s'est ensuite progressivement étendu. La phase de développement économique depuis la Révolution industrielle n'a aucun précédent historique. Après le XVIe siècle, lorsque différentes parties du monde développent des relations commerciales, on constate des périodes de croissance économique, mais éphémères et marginales. Les écarts entre conditions de vie au XVIIIe siècle étaient réduits, pour certains auteurs comme Paul Bairoch: l'Inde possédait même un niveau de vie supérieur à l'Europe. On estime que la croissance globale de l'économie entre 1500 et 1820 n'est que d'un trentième de ce qu'elle a été depuis (de 247 milliards de dollars internationaux en 1500 à 695 en 1820, puis 33 725 en

8 Régis Benichis et Mare Nouschi, « histoire économique comptemporaine », 2e éd. Paris 1986. P.47

9

1998). Les revenus en Europe ont été multipliés par 20 depuis 1820. L'Asie accélère aussi son rythme de croissance depuis un demi-siècle : le niveau de vie en Chine a été multiplié par six et celui du Japon par huit.

Cependant, au XIXe siècle le développement économique entraîne des bouleversements sociaux comme l'exode rural. Le niveau de vie et le développement n'ayant commencé à être étudiés rigoureusement qu'au XIXe siècle, il est cependant difficile, faute de données, de faire une comparaison entre le XVIIIe et le XIXe siècle.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote