III-4-5 De la recherche du consensus
La bonne gestion des interactions dans les groupes augure une
bonne ambiance favorable au travail. Cette gestion passe, comme le disent les
enseignants et leurs directeurs, par « des conseils, des entretiens,
la sensibilisation » mais aussi par les styles et les techniques
d'animation. Aussi, J. HOWDEN (1995) insiste-t-il sur la formation et la
consolidation des groupes ainsi que sur son interdépendance et la
responsabilité de ses membres.
Le consensus doit être issu toujours d'un débat,
d'une réflexion suivie de discussion à laquelle chacun s'est
exprimé. Le maître doit donc opter pour le style
démocratique et la majorité des enseignants l'a signalé. A
travers ce style, le maître propose des démarches mais donne
l'initiative aux groupes d'adopter une autre démarche qui leur est
propre s'ils le désirent. Les élèves au sein des groupes
procèdent de la même manière. Personne dans le groupe n'est
plus intelligent que les autres. Chacun peut donner sa position face à
un problème à résoudre. L'humilité doit être
de mise ainsi que l'entraide mutuelle. Après une discussion sans
consensus, le groupe doit se référer au maître qui donnera
plus d'informations sur l'exercice sans proposer une solution, car elle doit
venir du groupe. Une décision prise dans le groupe est signe de
consensus. Pour D. ANZIEU et al, (2000 :180), ils définissent le
consensus comme étant « un consentement composé
d'acceptation active de soi et d'autrui, et des relations de soi-autrui
».
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Quant à la technique d'animation, elle sera fonction de
l'exercice à résoudre. Pour un exercice à tendance
descriptive, la technique d'animation « brainstorming » semble mieux
adaptée. Chaque élève, et à tour de rôle,
doit prendre la parole pour exprimer son idée sur le sujet. Un
secrétaire prend note pendant que le chef distribue la parole. A la fin,
une confrontation doit être faite pour écarter les mauvaises
réponses et retenir les bonnes réponses. La deuxième
technique d'animation que nous suggérons est « le tour de table
». Cette technique favorise le débat car les membres sont assis
face à face tout en formant un cercle. La participation est donc presque
obligatoire. La prise de parole est à tour de rôle et personne ne
doit interrompre l'autre. Afin de réussir la gestion des interactions,
il faut en amont former les groupes suivant certains critères. Ce sont
des techniques qui mettent en exergue le conflit sociocognitif. A l'exposition
des propositions des uns et des autres, l'élève se rend compte
qu'il peut y avoir d'autres réponses que la sienne. Alors naît un
déséquilibre qui va plus tard se stabiliser et aboutir à
une accommodation des nouvelles connaissances. Par la résolution du
conflit sociocognitif né de la confrontation des idées des
autres, l'élève enregistre donc une progression dans le domaine
cognitif.
Si J. MORENO (1969) a proposé la sociométrie, J.
HOWDEN(1995) suggère que la formation des groupes en vue de sa
consolidation doit répondre à certaines conditions. Pour lui, il
faut prendre en compte les traits de personnalité de chaque membre, les
niveaux d'habileté, les antécédents
socio-économiques, l'origine ethnique et le sexe. En plus, chaque membre
du groupe doit avoir le sentiment de responsabilité et chercher à
améliorer sa performance individuelle par la coopération franche.
Aussi, faut-il dans le groupe « la compréhension de base entre
les pairs et une empathie à leur égard » pour que le
groupe fonctionne dans le sens positif prôné par l'enseignement
coopératif. C'est donc une disposition de plus qui permettra aux
maîtres de former des groupes dynamiques et surtout performants. Le
consensus ne peut sortir que d'un débat ouvert et démocratique.
Pour cela, les enseignants doivent former les groupes de travail en respectant
ces critères afin d'améliorer les compétences des uns et
des autres par le biais des confrontations franches d'idées.
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