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La vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain: cas de la ville de bamenda

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par Frédéric SAHA
Université de Yaoundé I - Master 2 2014
  

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CONCLUSION GENERALE

Une étude sur la vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain : cas de la ville de Bamenda permet de mettre en évidence les conclusions suivantes. Il se révèle que plusieurs risques naturels sont observables dans la ville de Bamenda. En outre la population de cette ville est très sensible dans l'ensemble et les habitants des zones à risques particulièrement exposés.

En amont, il est utile de rappeler les principaux risques qui se posent dans la ville de Bamenda. En prenant en compte la topographie du milieu marquée dans des pentes abruptes, les mouvements de masse (glissements de terrain et chutes de pierres) sont les aléas observables dans les secteurs occupés des zones de pente. En prenant en compte l'hydrographie dense, la forte pluviométrie et les vallées à fonds plats, les inondations sont les menaces les plus redoutables du secteur Nord de la ville qui constitue l'exutoire des différents cours d'eaux. Ces risques du fait des changements climatiques planétaires qui s'expriment au niveau local par l'augmentation des hauteurs pluviométriques annuelles, l'instabilité des saisons et l'accroissement des températures connaissent une augmentation de leur intensité et de leur violence ; et de plus en plus d'espaces sont affectés.

S'il est difficile de faire un bilan de ces menaces sur plusieurs années, il s'affiche tout de même qu'entre 1995 et 2010, les inondations ont causé la mort de près de 20 personnes54(*) dans la ville de Bamenda ; prioritairement des enfants. En outre les dégâts matériels sont enregistrés chaque année sans possibilité de chiffrer exactement les pertes. Surtout que les populations déclarent difficilement leurs dommages du fait de la faible intervention des assurances et de la peur des représailles. Pour ce qui concerne les mouvements de masse, l'histoire récente retient une chute de pierre en 2003 au quartier Sisia I qui avait causé la mort d'une personne. Mais aussi, la forme roulée des blocs rocheux dans certains quartiers et la forte fragmentation des roches en présence témoignent d'un phénomène ancien plus intense et d'une possible reprise à moins de procéder à la purge ou au concassage des blocs suspendus comme des « épées de Damoclès » dans les quartiers Sisia, New Layout et Abangoh. Les glissements de terrain à travers les coulées boueuses présentent une forte capacité d'endommagement. La majorité des sols (andosols, vertisols et sols ferralitiques) présentent des caractéristiques qui prédisposent aux glissements. En outre la forte pluviométrie constitue un facteur à l'origine du déclenchement des coulées boueuses. Les glissements de terrain affectent plus de 2/3 de la superficie de la ville. Certains secteurs présentent une forte prédisposition tandis que les autres ne présentent qu'une prédisposition moyenne ou faible. Les zones ou l'aléa est fort sont celles situées en pentes abruptes. Il faut remarquer que dans ces zones, les aménagements inconséquents augmentent drastiquement la gravité de l'aléa. Dans les autres secteurs de la ville, l'ondulation du relief produit par endroit des pentes moyennes et faibles ce qui correspond aussi à la gravité des aléas. L'impact des grands travaux est aussi redoutable dans le déclenchement des glissements de terrain. Le cas de Alakuma en août 2012 est illustratif. Le bilan rétrospectif des glissements de terrain est aussi très difficile mis à part quelque évènements catastrophiques ayant mobilisé non seulement la totalité de l'opinion nationale mais aussi internationale.

L'endommagement des risques naturels dans la ville de Bamenda est aussi lié à la vulnérabilité différentielle des populations. Si dans les quartiers populaires la sensibilité et l'exposition se révèlent très fortes, les quartiers résidentiels ont une vulnérabilité très faible aux différents aléas. La vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda est liée aux facteurs socioculturels, économiques, institutionnels et politiques. La pauvreté, le manque d'infrastructures routiers, l'inadaptation des constructions au milieu, les fortes densités, la croissance démographique très forte, le manque de services de secours et la mauvaise perception du risque encouru sont entre autres les indices ayant guidé une cartographie de la vulnérabilité. Couplé aux aléas, la vulnérabilité fait de la ville de Bamenda une ville à haut risque d'endommagement surtout dans les quartiers mal structurés. Même si les autorités ne présentent pas une attention particulière vis-à-vis de ces risques, plusieurs efforts réglementaires et opérationnels sont à mettre à leur actif.

Dans le but d'assurer une gestion durable du territoire camerounais, la loi n°201/008 du 06 mai 2011 fixe les orientations générales. Ce texte met l'accent sur la décentralisation en définissant les schémas directeurs à tous les niveaux (national, régional, sectoriel et local) pour une gestion de proximité et efficace de l'ensemble de l'espace territorial national. Pour ce qui est du milieu urbain et compte tenu de sa sensibilité au plan économique, socio démographique un texte fixe code de l'urbanisme. La loi n°2004/003 du 21 avril 2004 consacre l'aménagement du milieu urbain non seulement comme une préoccupation nationale mais aussi comme une priorité locale. Ce texte fixe les règles générales du contrôle de l'occupation de l'espace dans la ville. Il consacre en son article 9 inconstructibles tous les terrains exposés à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme...). Les autorités urbaines au sein des communes urbaines d'arrondissements et la communauté urbaine sont chargées de délimiter ces espaces dans un plan d'occupation du sol. D'autres actes comme le certificat de conformité, le permis d'implanter, le permis de construire et le permis de démolir permettent aux autorités municipales de garder la main mise sur le processus d'urbanisation. A cause du laxisme des uns et des autres les populations de la ville de Bamenda comme ceux des autres grandes métropoles du Cameroun trouvent le moyen de contourner toute la réglementation. C'est ainsi qu'on observe un important désordre. Pour rétablir l'ordre dans certains secteurs les autorités procèdent à des actes de représailles. En outre, les curages massifs des drains et le reboisement visent à diminuer la sensibilité des populations aux risques naturels.

De leur côté, les populations mettent sur pied des stratégies d'adaptation pour éviter l'endommagement. Mur de soutènement, diguette, élévation des fondations, fuite face au danger et entraide entre voisins sont entre autres les méthodes très populaires dans les zones à risques. La principale crainte réside dans le fait que la mise en place de ces stratégies ne prend en compte que les paramètres stationnaires ; ce qui les rend désuets avec la variabilité que subit le système climatique. Tous les acteurs sont invités à un regain d'engouement dans l'aménagement durable du territoire et l'adaptation aux risques naturels pour éviter la recrudescence des dommages.

* 54 Enquêtes de terrain

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein