La vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain: cas de la ville de bamenda( Télécharger le fichier original )par Frédéric SAHA Université de Yaoundé I - Master 2 2014 |
III. DELIMITATION DU SUJETIV.1. Délimitation thématiqueLe sujet s'inscrit dans le thème général de la spécialité « dynamique de l'environnement et des risques » du cycle de Master en géographie de l'université de Yaoundé I. L'étude de la vulnérabilité aux risques naturels dans un contexte de variabilité climatique en milieu urbain mobilise les connaissances de biogéographie, de climatologie, de géomorphologie, d'hydrologie et aussi de géographie urbaine. Ce sujet aborde aussi les questions environnementales et d'aménagement de l'espace urbain avec une meilleure prise en compte des menaces liées aux aléas naturels. IV.2. Délimitation temporelleCette étude s'appuie sur l'analyse des données climatiques de 1971 à 2010. L'analyse rétrospective des risques naturels ne couvre que les deux dernières décennies à cause de difficulté à retrouver des témoignages sur des évènements plus anciens. IV.3. Délimitation spatiale du sujetCette étude aborde les questions de vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda. Bamenda est une ville située à l'ouest du Cameroun en Afrique subsaharienne. Elle est logée entre 5°56-6°00N et 10°08-10°12E et couvre une superficie de 4880 ha6(*). Pour ce qui concerne sa situation par rapport au niveau de la mer, les altitudes varient entre 1210 et 1570 m. Au plan politique, la ville de Bamenda est située au centre de la région du Nord-ouest où elle est le chef-lieu. Elle est aussi le chef-lieu du département de la Mezam. Par rapport à la configuration urbaine générale du Cameroun, Bamenda est située à 50 km de Mbouda dans les Bamboutos et 77 km de Bafoussam sur la nationale N° 06. Bamenda est également située à 363 km de Douala (capitale économique du Cameroun) et 380 km de Yaoundé (capitale politique du Cameroun). Au nord, Bamenda est limitrophe avec l'arrondissement Bafut; au Sud, elle est délimitée par les arrondissements de Santa et Bali; à l'Ouest par le département de la Momo et à l'Est par l'arrondissement de Tubah et le département du Ngo Ketunja. La figure 3 donne un plan de localisation de la ville de Bamenda au Cameroun. Figure 3 : Localisation de la zone d'étude IV. PROBLEMATIQUELa vulnérabilité aux risques naturels c'est-à-dire l'exposition et la sensibilité des populations et de leurs biens aux aléas d'origines naturels est une réalité au monde et en Afrique en général et dans les villes des hautes terres de l'Ouest du Cameroun en particulier. Le cas de la ville de Bamenda est très frappant. En effet, Bamenda n'échappe pas au contexte démographique de la majorité des villes africaines caractérisées par une forte croissance. Depuis plusieurs décennies, cette ville connaît une croissance démographique accélérée. L'on est passé de 45 955 habitants en 19767(*) à 322 889 habitants en 20058(*) et 496 931 habitants en 2012. Une telle croissance urbaine s'accompagne d'une consommation sans précédent de l'espace. La spéculation foncière couplée à la faiblesse relative de l'offre formelle en parcelles destinées à l'habitat social contribue dans une large mesure au développement de l'habitat spontané, insalubre et des bidonvilles. Il convient à ce propos de noter l'absence de documents d'urbanisme susceptibles de contribuer à la planification de l'occupation de l'espace. De même, la faiblesse des administrations compétentes liée à une législation foncière et domaniale obsolète, inadaptée au rythme et au contexte actuel de la croissance urbaine, contribue également à la prolifération de l'habitat précaire. Or, November (1994) argumente que cette croissance urbaine galopante va non seulement avec de multiples dysfonctionnements urbains à la fois techniques, sociodémographiques et économiques, voire institutionnels qui inhibent l'implémentation d'une planification urbaine préventive, mais aussi conduisent à l'accroissement des dommages aux risques naturels. Ville coloniale, Bamenda fut créée en 1902 par les colons allemands qui appréciaient les sols volcaniques très propices à l'agriculture. D' abord simple station militaire, la ville a connu une extension spatiale très accélérée. Actuellement, Bamenda s'étend au-delà d'un rayon de 25 km du centre et couvre 4880 ha. Compte tenu des conditions socio-économiques et démographiques marquées par la pauvreté ambiante l'augmentation trop rapide de la population et le non-respect des règles d'urbanisation, la ville de Bamenda comme la plupart des villes d'Afrique subsaharienne s'est étendue à des zones non constructibles marquées par une instabilité morphologique et géologique ; notamment les zones à fortes pentes, les bas-fonds marécageux. Cette situation conduisant généralement aux risques comme : les ravinements, les glissements de terrain, les éboulements, les écroulements sur versant, les inondations et les ensevelissements des habitats dans les bas-fonds. En outre, il faut noter que la ville de Bamenda est située entre 1150 et 1500 mètres d'altitude et, est divisée dans sa partie S-E par un escarpement qui constitue un véritable danger à la sécurité des populations des quartiers Sisia, New layout... Les instabilités climatiques actuelles ne font qu'aggraver cette situation. L'intensité, la violence et le volume des précipitations surtout pendant les mois de juillet, août et septembre font de Bamenda une des villes les plus exposées aux risques naturels des hautes terres de l'ouest Cameroun. La ville connait aussi l'absence des services de secours appropriés. Les urgences des hôpitaux accusent des manquements au plan du matériel sophistiqué et du personnel qualifié. Et les populations associent généralement ces évènements malheureux à la colère des dieux ; avouant ainsi leur impuissance. C'est dans ce contexte qu'il est opportun de conduire des investigations afin d'analyser les risques naturels en milieux urbains camerounais. Il est question d'interroger les causes de ces risques, d'analyser la vulnérabilité des populations et enfin de tabler sur les mesures urgentes nécessaires à la sécurisation de la ville. Cette étude se veut critique pour la définition des priorités d'action, d'où l'acuité et la pertinence de ce travail sur la scène locale. Pour y parvenir, il a été nécessaire de définir une question principale et quatre questions spécifiques. * 6 Google Earth : image de décembre 2012 * 7 Premier recensement général de la population * 8 Troisième recensement général de la population |
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