Piraterie ou contrefaçon des oeuvres musicales: facteurs explicatifs, modes opératoires et impact sur les artistes-musiciens à Yaoundé( Télécharger le fichier original )par Joel Christian NKENG à NKENG Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Sociologie 2010 |
V.4.2.1 - L'observation documentairePar définition, l'observation documentaire ou « l'étude des traces »69(*) est une forme d'observation différée ou encore une « observation médiatisée par les documents »70(*). D'une importance fondamentale en sciences sociales, elle est effectuée par le truchement des documents71(*), et vise à compléter les insuffisances de l'observation directe. A la vérité, elle constitue la première étape dans la réalisation d'un travail scientifique et consiste pour le chercheur à dépouiller plus ou moins l'ensemble des documents relatifs à son sujet d'étude. Elle lui permet en outre de constituer sa bibliographie. L'observation documentaire s'est avérée importante dans le cadre de ce travail, dans la mesure où elle a permis de tirer des documents de diverses natures, une mine d'informations et autres connaissances relatives à la question de la piraterie des oeuvres musicales au Cameroun et dans d'autres pays. L'attention a notamment été portée sur des documents écrits ou non et en rapport avec notre thème, afin d'analyser leur contenu et d'en tirer les informations utiles. Au nombre des documents écrits, nous avons procédé à la lecture des ouvrages généraux et spécialisés, les mémoires et thèses, les articles de presse, les revues, les magazines, les sites d'actualité en ligne, etc. Ces documents ont été disponibles grâce aux bibliothèques et aux archives de certaines administrations (UCAC, UNESCO, IFORD, CEDIC, CREPLA, CCF, SOCAM, Ministère de la culture, Cercle Philo-Psycho- socio-Anthropologie de l'Université de Yaoundé I), ainsi que sur Internet. Pour ce qui est des documents non écrits, nous avons exploré des documents iconographiques (caricatures, photos) et phonétiques (les émissions télé et radiophoniques) portant sur notre thème. La consultation de tous ces documents nous a davantage édifiés sur notre thème et permis de réorienter quelques aspects de notre projet de recherche. Toutefois, si la recherche documentaire est indispensable dans l'étude des phénomènes sociaux, il faut reconnaître qu'elle ne rend pas totalement compte de la réalité sociale. D'où le recours à l'observation directe V.4.2.2- L'observation directeLes techniques d'observation directe sont considérées comme étant « des modes d'enregistrement, par notes descriptives ou analytiques, d'actions ou d'observations perçues sur le terrain, dans un contexte naturel »72(*). C'est précisément pour cette raison que DURAND, J.P. et WEIL, R. précisent que : « L'observation demeure souvent un préalable obligé pour construire une bonne enquête par entretiens ou par questionnaire »73(*). Dans notre étude, l'observation directe a été dans un premier temps non structurée, et dans un deuxième temps, structurée. a)- L'observation directe non structurée Elle peut être faite par tout le monde. Elle est appréhendée comme étant le fait pour tout individu, sans but précis, d'exercer sur une surface sociale donnée ou sur des conduites sociales précises, son sens de la vue. Dans cette perspective, tout est vu, même les attitudes les plus banales. Ce type d'observation n'est ni élaboré, ni sélectif, ni dirigé. Dans le cadre de notre travail, elle s'est déroulée pendant deux mois, de septembre à novembre 2009. Tout au long de cette période, nous avons observé une foule de faits utiles à la concrétisation de cette étude. Et notre regard a été porté sur les vendeurs de CD, DVD, les personnes qui téléchargent les sons et sonneries, les acheteurs d'oeuvres musicales contrefaisantes, ainsi que sur la vie des artistes-musiciens. Pour cela, il a fallu nous familiariser avec les vendeurs en devenant un client fidèle. b)- Observation directe structurée Ce type d'observation fait appel à une construction plus rigoureuse. Nous l'avons réalisé avec l'aide d'un canevas ou d'un schéma d'observation, sur la base desquels les informations ont été rassemblées. A travers l'observation directe structurée, nous avons porté notre regard sur la pratique de la piraterie des oeuvres musicales au quotidien, notamment l'exercice de l'activité de vente des CD pirates, le comportement des clients, l'attitude des autorités administratives, le fonctionnement des maisons de production et de distribution, puis la vie des artistes-musiciens. Cela nous a permis de collecter des informations pertinentes, grâce à une grille d'observation. Cette tâche prenait de ce fait par moment la forme d'entretiens clandestins ou informels avec les différents acteurs de la piraterie. Aussi, il était question de : Recueillir des informations sur les agents en captant leurs propos au moment où ils se manifestent. L'avantage est de saisir les phénomènes sur le vif et de ne pas dépendre des réponses voire des interprétations des enquêtés, comme dans le cas de l'entretien ou du questionnaire. [Dans ce sens, elle a permis de] saisir des activités (...), des comportements (...), des relations, des rites...74(*) Cette opération qui a commencé en février 2009 et s'est poursuivie tout au long de l'étude (aussi bien pendant la phase exploratoire que pendant la collecte des données proprement dite), nous a permis de recueillir un ensemble d'informations sur la pratique de la piraterie des oeuvres musicales et sur ses modes opératoires. Toutefois, cette technique n'a pas pu véritablement garantir une connaissance approfondie de notre objet d'étude. C'est la raison pour laquelle nous avons également fait recours à l'observation participante, qui s'est révélé plus à même de nous fournir des informations encore plus pertinentes sur cette activité clandestine et illicite qu'est la piraterie des oeuvres musicales. * 69. GHIGLIONE, R., MATALON, B., Les enquêtes sociologiques : théories et pratiques, Paris, A.Colin, 1992, p.30. * 70.LOUBET DEL BAYLE, J-L., cité par NGA NDONGO, in « L'opinion camerounaise, Tome I : problématique de l'opinion en Afrique noire », Thèse de Doctorat d'Etat ès Lettres et sciences humaines (sociologie), paris Nanterre, 1999, p.102. * 71. La notion de document est prise ici in lato sensu, car il s'agit ici de tout élément matériel ou immatériel ayant un rapport avec notre thème de recherche, et qui constitue indirectement une source de données ou une source d'information sur le phénomène étudié. * 72. NGA NDONGO, V., op.cit., p.300. * 73. DURAND, J.P. et WEIL, R., Sociologie contemporaine, Paris, Vigot, Collection « essentiel », 1994, 644 p, p.307. * 74. GUIBERT, J. et JUMEL, G., Méthodologie des pratiques de terrain en sciences humaines et sociales, Paris, A.Colin, 1997, pp.92-94 |
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