2.1.2 Causes de l'explosion
urbaine
Le développement urbain est d'abord lié à
la croissance naturelle des populations dans les villes (IAGU, 1996).
Autrefois, les villes des pays en voie de développement accueillaient
une forte population de jeunes hommes résidant temporairement dans la
cité avant de retourner dans leurs villages. Maintenant, la composition
par sexe de la population urbaine s'est équilibrée et, comme le
taux de mortalité dans les villes est plus faible que dans les campagnes
alors que le taux de natalité y fléchit lentement, leur effectif
gonfle. D'autre part, la ville attire une masse croissante de ruraux. Dans les
pays touchés par la civilisation moderne, les paysans quittent leurs
villages. Chassés par l'absence des ressources et le manque d'emplois,
ils affleurent dans les villes capitales où ils espèrent trouver
une occupation rémunérée dans les services et
l'administration (IAGU, 1996).
2.1.3 Crise urbaine
Les villes croissent plus vite que les constructions des
logements. Delà, vient le contraste entre les quartiers pauvres
peuplés de nouveaux citadins souvent établis à
l'extérieur de la ville. Là se développent la zone
d'habitat spontané ou «les bidonvilles», sans que ne soient
réalisés les indispensables travaux de voirie, d'assainissement
des eaux usées. Les nouveaux venus s'y entassent et sont
dépourvus d'équipements de base. L'afflux des ruraux dans les
villes accroît la masse des chômeurs, car leur nombre
dépasse celui des créations d'emplois. Force est de noter
qu'aucun projet pertinent dans le domaine des infrastructures (eau, routes,
assainissement) ne peut suivre le rythme d'évolution de la population
(MINMEE, 2004).
2.2 ASSAINISSEMENT URBAIN AU
CAMEROUN
2.2.1 Contexte général
2.2.1.1 Définition
L'assainissement regroupe toutes les
préoccupations liées à la collecte et au traitement des
déchets liquides, solides ou gazeux (effluents) issus des habitants et
de leurs activités, qu'elles soient domestiques ou économiques
(Tanawa et Nginkam, 2004).
2.2.1.2 Gestion des déchets solides
urbains
Les déchets solides sont constitués des ordures
ménagères et assimilés. Dans la plupart des villes
camerounaises, la production de ce type de déchets s'élève
à près de 180 tonnes par jour et leur collecte est assurée
par les municipalités, appuyées par les sociétés
privées comme HYSACAM (Hygiène et Salubrité du Cameroun)
et autres (ONG et associations). Le taux de couverture est
généralement limitée à 40 % suite à
l'insuffisance des camions et la pénurie des voies de circulation
praticables. Pour cette raison, 60 % de la population urbaine jette ses ordures
en bordure des voies publiques, dans les bas-fonds et dans les cours d'eau
(Tanawa et Nginkam, 2004). Les décharges se créent
spontanément sur les voies publiques et sur les terrains non
construits. Elles sont des sources des mauvaises odeurs, abondance des mouches
et rétrécissement des voies publiques (CIPCRE, 2002).
Débordées par les déchets qu'ils ont
eux-mêmes produits, exaspérés par l'indifférence des
pouvoirs publics, les populations choisissent la solution facile de
l'incinération. Etant donné que les décharges renferment
certains objets en plastique ou en caoutchouc, leur combustion va se
révéler toxique : les fumées de ce type
d'incinérateur sont nocives pour les sujets souffrant d'asthme. Elles
sont suffocantes pour les passants et sont même
cancérigènes (IAGU, 1996).
2.2.1.3 Gestion des déchets liquides
urbains
Les déchets liquides sont généralement
les eaux de ruissellement et les eaux usées. Le réseau
d'assainissement est séparatif dans l'ensemble. L'évacuation des
eaux pluviales est effectuée dans des canaux en fibrociment ou en terre,
et parfois en béton le long des rues qui débouchent dans les bas
fonds. Suite au curage insuffisant des caniveaux, les voies publiques sont
inondées momentanément par les eaux de ruissellement. Les eaux
usées industrielles sont rejetées sans traitement dans la nature
et les eaux usées domestiques sont prétraitées au niveau
des habitations (assainissement individuel) dans les latrines et dans les
fosses septiques (IAGU, 1996)Les déchets provenant de la vidange des
fosses septiques et des latrines sont acheminés vers les rivières
ou les champs environnants où ils sont déversés sans
traitement au mépris des dispositions relatives à la protection
de l'environnement. Cette situation caractérise les quartiers à
habitat précaire, où on observe les remontées des boues de
vidange qui s'écoulent des maisons et s'épandent dans les cours
d'eau (MINUH, 1982). Dans la plupart des villes camerounaises, le réseau
d'égout n'existe pas. Dans les villes de Douala et Yaoundé, un
certain nombre d'infrastructures d'assainissement collectif avec des stations
d'épuration ont été réalisées au cours de
la mise en place des quartiers résidentiels gérées par la
Société Immobilière du Cameroun (SIC). Mais la plupart de
ces installations ne fonctionnent plus. Allongifor (2002) affirme que des
neufs stations d'épuration observées dans la ville de
Yaoundé, cinq sont complètement en ruine. Ce constat fait suite
à celui de Agendia (1995) selon lequel seule la station à boues
activées de l'Hôpital Général de Yaoundé
fonctionne parmi les quinze que compte la ville.
|