VIDANGE
Les résultats de l'analyse des paramètres
physico-chimiques sont présentés dans le tableau 9.
Tableau 9:
Caractéristiques physico-chimiques des boues de vidange de
Bafoussam
Paramètres
mesurés
|
Boues d'une fosse septique
|
Boues d'une latrines sèche
|
pH
Température ( °C)
Conductivité ( ìs/cm)
MES(mg/l)
MS (mg/l)
Turbidité (mg/l)
STD (mg/l)
Teneur en eau (%)
DCO (mg/l)
NH4+ (mg/l)
PO43- (mg/l)
|
7,6
22,1
1434
1280,5
39,5
879
708
/
/
/
/
|
7,6
22,1
1646
/
/
/
702
50,7
60500
1472,9
1044,8
|
Le tableau 9 montre que la température, la
conductivité et le STD des boues de la ville de Bafoussam ne varient pas
en fonction du type d'ouvrage. Ces paramètres ont sensiblement les
mêmes valeurs pour les latrines sèches que pour les fosses
septiques. Comparés aux caractéristiques des boues du tableau 1,
le pH reste autour de 7 (milieu neutre). Il ne s'éloigne pas de la
valeur que nous avons obtenus sur le terrain. pas La Demande Chimique en
Oxygène (DCO) et des boues prélevées est très
élevée par rapport à celle du tableau 1.
fosses septiques, 62500 mg/l contre 7800 mg/l-4200mg/l. De même, la
quantité d'azote ammoniacale NH4+ varie de la
même façon que la DCO. Par contre, les matières
sèches sont très élevées dans les boues des villes
de Accra, Ouagadougou, Bangkok, Alcorta par rapport à celle boues de
ville Bafoussam. En raison de la percolation élevée des eaux
des latrines par rapport à celles des fosses septiques, les boues des
latrines sont moins diluées que celles des fosses septiques. Cette
situation explique les fortes teneurs en DCO et en azote ammoniacal contenues
dans les boues des latrines sèches par rapport à celle des fosses
septiques. Par ailleurs, la fosse septique est un ouvrage moderne de
prétraitement des boues de vidange et on comprend pourquoi elle regorge
des concentrations en polluants moins élevées que les latrines,
les boues qu'elle contient subissent une transformation plus poussée que
celles des latrines.
D'après Rehacek (1996), il
faut signaler que les concentrations des boues en NH4+ et
en NH3 sont dépendentes de la température et du pH du
milieu. Pour une température de 30° C et un PH de 7,8, la
concentration en NH3 est autour de 5% de
(NH4+ - NH3)-N. Lorsque le pH est de 8,2,
cette concentration monte à 10%. Ce dernier cas est comparable aux
caractéristiques des boues de Bafoussam. Le NH3 est
très toxique pour l'environnement. D'après Bechac et
al., (1983) il inhibe l'action des bactéries
methanogéniques dans les processus anaérobiques et la
prolifération des algues dans les cours d'eau. C'est grand vecteur
d'eutrophisation des cours d'eau. Les boues de Bafoussam, sont riches en
NH4+ et les risques de contamination de la nappe sont
à craindre.
D'après Bechac et al., (1983), les niveaux de
rejet sur les MES et la DCO sont fixés respectivement à 30mg/l et
90mg/l. Or les boues de la ville de Bafoussam présentent de très
fortes concentrations en MES et en DCO (tableau 9). Les risques liés
à la dégradation des écosystèmes du site de
decharge sont à craindre. Pour cette raison, les boues de vidange
constituent un danger pour l'environnement et la santé des populations.
4.5 IMPACT DES BOUES DE VIDANGE SUR LES POPULATIONS DU
SITE
DE DECHARGE
Les principales nuisances évoquées par les
populations du site de décharge sont résumées sur le
tableau 10.
Tableau 10: Types de nuisances indiquées par
les populations du site de décharge
Types de
nuisances
|
Effectifs
|
Nombre
%
|
Odeurs
|
30
|
80,0
|
Sources de maladies
|
30
|
73,3
|
Prolifération des moustiques
|
30
|
63,3
|
4.5.1 Les nuisances causées par les boues de
vidange sur les populations
Il ressort du tableau 10 qu'il existe trois principales
nuisances causées par les boues de vidange sur les populations du site
de décharge : mauvaises odeurs, prolifération des moustiques
et maladies. Ces nuisances font l'objet de plusieurs conflits entre les
vidangeurs et la population et dont plusieurs plaintes seraient
déposées au niveau du préfet de la Mifi. Malgré ces
plaintes qui semblent ne pas avoir de suite, les boues continuent à
être décharger à proximité de la rivière Noun
(Figure 11) dont les conséquences sur les plantes, sur les animaux et
les populations qui utilisent cette eau en aval peuvent être
néfastes à long terme.
4.5.2 Types de maladies causées par les boues
de vidange sur les populations du site
de décharge
Tableau 11 : Types de maladies causées par
les boues de vidange sur les populations
Types de maladie
|
Effectifs
|
Nombre d'enquêtés %
|
Ankylostomiase/Ascaridiose
|
30
|
63,3
|
Choléra/Typhoïde
|
30
|
54,6
|
Diarrhée/amibiase/Hépatite A
Distomatose/Schistosomiase
|
30
30
|
60,2
40,5
|
Le tableau 11 montre que l'effet néfaste des boues de
vidange sur la santé des populations est réel. Dans ce tableau
les différentes maladies recueillies dans les carnets d'hôpital
des enquêtés montrent que ces maladies sont dues au contact des
personnes avec les boues de vidange (diarrhée, amibiase, hépatite
infectieuse), contamination par l'eau (Choléra, typhoïde).
L'enquête a montré que les populations de cette zone ont pour
seule point d'approvisionnement en eau potable la rivière Noun. Puisque
les populations ne sont pas éloignées du point de
décharge, on comprend pourquoi elles souffrent des maladies
causées par l'eau polluée par les boues de vidange. D'autres
formes de maladies sont dues par contamination par les champs et le sols
(diastomiase, ankylostomiase).
a
b
![](Gestion-des-boues-de-vidange-en-milieu-urbain-au-cameroun-CSA-de-la-ville-de-Bafoussam9.png)
Source : Defo
Figure 11 : Décharge
des boues de vidange dans la nature sans traitement
a. Décharge des boues de vidange par le camion
b. Les boues déversées s'écoulent
vers la fosse.
4.6 STATION
D'EPURATION
4.6.1 Dimensionnement des ouvrages
Bassin de réception : 100 m3
Profondeur : 1m
Surface : 10m x 10 m
4.6.1.1 Bassin de
sédimentation/épaississement
Données :
Profondeur : 2m
Temps de rétention : 1 mois
Matières Sèches : 39,5 g/l
Volume de boues pompées par mois : 120
m3
Charge massique du bassin : 8 l/ kgMS
Paramètres à
calculer :
Masse de boues nécessaires : 120 000x 0,0395 =
4800 kg
Volume du bassin : 0.008x4800 = 40 m3
Surface nécessaire
Volume : 40 m3
Profondeur : 2 m
Surface : 40/2 = 20 m3
Longeur : 5 m
Largeur : 4 m
On utilisera deux bassins de 40 m3 en parallèle
pour assurer un service continu.
4.6.1.2 Lits de séchage
Profondeur : 0,8 m
Masse de boues : 4800 kg
Temps de rétention : 10jours
Charge massique du lit : 17 kgMS/mois/m2
Surface nécessaire : 4800 /47 = 282
m2/mois
Pour un temps de rétention de 10 j , la surface
nécessaire sera : 94 m2
Partie rectangulaire
Profondeur : 0,7m
Surface : 94 m2
Longueur : 10 m
Largeur : 9,4 m
Partie de section triangulaire
Profondeur : 0,1m
Pente : 1 :20
Volume : base x hauteur x longueur = 2 x 0,1 x 10 x 2 = 4
m3
NB : longueur = pente x profondeur = 2m
On aménagera 3 lits de séchage de 94
m2
4.6.2 Fonctionnement de la station
Les camions déversent leur contenu dans le bassin de
réception. Les boues coulent selon la pente et les objets grossiers sont
retenus au niveau des grilles prévues à cet effet. De là,
les boues sont déversées dans l'un des bassins de
sédimentation/épaississement. Ces bassins ont chacun un volume de
40m3. Les matières solides décantent. On obtient une
phase solide et une phase liquide. La phase liquide (eaux usées) est
conduite par le tuyau PVC vers le réseau de traitement des eaux
usées. Les boues décantées sont recueillies
répandues sur des lits de séchage. Le soutirage peut s'effectuer
manuellement ou au moyen de chargeurs frontaux après évacuation
de la colonne de liquide et respect d'une période de séchage. Les
lits de séchage sont utilisés à alternativement : si l'un
est rempli, Les boues sont déversées dans les autres. Chaque
bassin de lit de séchage a un volume de 70 m3 avec 0.8 m de profondeur.
Les lits de séchage ne sont pas plantés, mais les bassins sont
garnis des cailloux surmontés de sable. Après séchage, les
boues sont récupérées et peuvent être
utilisées en agriculture.
Le présent système proposé pour le
traitement des eaux usées n'est pas dimensionné en fonction des
caractéristiques de celles-ci. Ce système est une proposition
faite par Klingel et al. en 2002.
De ces bassins, les différentes phases liquides coulent
directement à travers les regards dans le bassin de la série
nommé « anaérobie » parce que sa profondeur de 3 m
garantit l'absence d'oxygène dans les couches plus profondes et a un
volume de 100 m3
Du bassin anaérobie l'eau passe dans le bassin
facultatif, lorsque ce premier est rempli, à travers des tuyaux PVC, qui
relient les deux bassins. A la sortie du bassin anaérobie, le tuyau PVC
communique avec un tuyau en T, plongé environ à 30 cm dans l'eau.
Le bassin facultatif est le plus volumineux de la série
avec un volume de 320m3 pour 1,5 m de profondeur. Il comprend deux
zones (une zone anaérobie au fond et une aérobie à la
surface). Le temps de rétention est de l'ordre de 5 à 20 jours.
Lorsque ce bassin est rempli l'eau passe dans le 1er bassin de
maturation à travers un tuyau en T.
Bassin de maturation : il existe deux bassins de maturation de
même dimension, 180 m3 pour une profondeur de 1,5 m. Les deux
derniers bassins de la série sont les bassins de maturation. Ici on veut
éliminer des germes pathogènes et réduire le nombre des
coliformes fécaux. Le temps de rétention est de l'ordre de 6
à 8 jours. Après la maturation, les eaux traitées sont
stockées dans deux réservoirs semi enterrés de 20
m3 chacun. Il est prévu de les utiliser dans le
maraîchage ou dans l'irrigation.
La figure 12 présente les différentes
étapes de traitement des boues de vidange.
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