1-3- Un avenir incertain pour les AVAP
Si le projet de loi patrimoine de Madame Aurélie
FILIPPETTI ministre de la culture et de la communication, actuellement en
étude arrivait à être validé, les AVAP ou ZPPAUP
seront appelés à disparaitre. Car le projet de loi ambitionne une
harmonisation du droit du patrimoine.
1-3-1- L'ambition du projet du projet de loi
patrimoine
Selon les rédacteurs du projet de loi, il existe une
complexité excessive du droit en matière de patrimoine urbain et
paysager due à une stratification normative et un cloisonnement des
régimes de protection. Il en ressort des dispositifs mal
identifiés et peu lisibles, donc moins efficients qu'ils ne pourraient
l'être. Actuellement, on ne dénombre pas moins de 5 dispositifs en
faveur de la protection et de la mise en valeur d'ensembles urbains ou
paysagers remarquables par leur intérêt patrimonial: les secteurs
sauvegardés, les zones de protection du patrimoine architectural, urbain
et paysager (ZPPAUP) appelées à être transformées en
aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP), les sites
classés et inscrits relevant du code de l'environnement, les zones dites
de titre III de la loi du 2 mai 1930 relative aux sites et monuments
naturels18.
Partant de ce constat, le projet de loi prévoit une
simplification et modernisation de ces dispositifs. En mettant en oeuvre une
approche globale et cohérente de la protection du patrimoine au sein
d'un seul outil unifié et polyvalent selon les types de patrimoines
concernés. Le projet propose une fusion au sein des «cités
historiques» des secteurs sauvegardés, des ZPPAUP ou AVAP, ce qui
impliquera, une qualification claire des ensembles bâtis et des espaces
éligibles au champ d'application des cités historiques (ville,
quartier de ville, village, espace non bâti formant écrin de la
cité historique). Dans cette perspective de bonne lisibilité du
droit de la protection du patrimoine (code du patrimoine et d'urbanisme), le
projet fait une distinction nette entre la servitude d'utilité publique
(Cité historique) créée par l'État
après enquête publique et accord de la collectivité, et le
document d'urbanisme choisi et élaboré sous la
responsabilité de la collectivité : plan local
d'urbanisme (PLU) ou plan de sauvegarde et de mise en valeur
(PSMV).
18 Projet de loi relatif aux patrimoines de 2014
1-3-2- Impact du projet de loi en cas de validation
Le projet de loi prévoit, une simplification et
modernisation des dispositifs actuels de protection du patrimoine. En proposant
une fusion au sein des cités historiques des secteurs
sauvegardés, des ZPPAUP ou AVAP. Il prévoit à court terme
leur mutation en «cités historiques» qui devront être
dotées d'un document de gestion. Celui-ci prendra soit la forme d'un
plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) soit d'un plan local d'urbanisme
(PLU) patrimonial. « Même si les ZPPAUP sont transformées en
AVAP, elles seront appelées à disparaître avec la mise en
place de PLU patrimonial ou PSMV» (décryptage de Vincent ROUILLON
rédacteur à la fédération national des
collectivités territoriales pour la culture, sur la table-ronde sur les
dispositifs de protection du patrimoine au Sénat, le 19 février
2014).
«Dans cette perspective, il n'y aurait plus
d'intérêt à engager des frais nécessaires à
la transformation d'une ZPPAUP en AVAP ou de création d'une
AVAP»19. Mais, il a été rappelé à
cette table-ronde, qu'au cas où, le projet de loi n'est pas
validé à la mi-juillet 2016, les ZPPAUP qui n'auront pas
été transformées en AVAP disparaîtront en laissant
la place aux protections des abords de monuments historiques...Une
réforme qui n'encourage pas les communes à transposer le
dispositif AVAP.
Au niveau du coût, il ne sera pas le même pour
les deux instruments proposés dans le cadre des cités
historiques. Le PSMV nécessite une connaissance parfaite du patrimoine,
immeuble par immeuble (les intérieurs d'immeubles également)
l'investissement ne peut être par conséquent le même que
celui exigé par la mise en oeuvre d'un PLU patrimonial. Cette
différence, laisse un doute quant à la pertinence du PLU
patrimonial. Est-ce que l'État sera prêt de mettre la main
à la poche pour la mise en place des PSMV dans le cadre des cités
historiques, sachant, que ces PSMV prendront en compte un
périmètre plus important et donc plus couteux ?
Même si le projet de loi patrimoine laisse des doutes
sur le l'avenir des AVAP, la réglementation en vigueur impose sa
transposition.
19 Vincent ROUILLON, Décryptage de la
table-ronde sur les dispositifs de protection du patrimoine, du 19
février 2014
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