II.3- L'ACHEVEMENT DE LA RESTRUCTURATION DU SYSTEME
FINANCIER :
La restructuration bancaire comme le relève
Touna Mama (2002) doit déboucher sur une politique plus
agressive de collecte de l'épargne et une politique plus audacieuse de
distribution de crédit. Il ne saurait y avoir de politique de
crédit fiable sans système bancaire sain et jouissant de la
confiance du public. Or, il est étonnant que les banques
restructurées comme la BMBC soient peu après, obligées de
fermer malgré la surveillance de la COBAC. Si les banques commerciales
persistent dans la politique de distribution des crédits qui consiste
à privilégier essentiellement le court terme au détriment
des moyen et long terme, alors, il faut absolument créer les banques
spécialisées dans le financement du développement.
En fait, le système financier actuel doit être
réorganisé et élargi afin de couvrir un certain nombre de
secteurs que les banques commerciales ne veulent assumer. Il s'agit notamment
du financement de l'agriculture, des PME et des financements longs.
L'impulsion devra alors venir de l'autorité
monétaire pour donner à la politique de crédit des
orientations plus conformes à "l'esprit de développement". La
forme à donner au système financier devrait alors s'inscrire dans
cette logique pour qu'enfin les techniques et les instruments à donner
à ce système contribuent à remodeler le canal du
crédit bancaire. Aussi, les banques commerciales classiques sont encore
réticentes à intervenir dans les secteurs précités,
puisqu'elles travaillent avec des capitaux à courts termes
déposés par leurs clients sur lesquels, elles ne veulent prendre
des risques inconsidérés. Il faut donc imaginer de nouveaux
mécanismes, notamment des mécanismes d'atténuation du
risque qui permettront aux banques commerciales de s'engager davantage. Le
développement du crédit-bail, la création de fonds de
garanties, la création des sociétés de cautions mutuelles
professionnelles et de sociétés de capital-risque, pourraient en
plus d'une banque spécialisée dans le financement des PME
permettre de résoudre le problème. Il doit également
être envisagé, la création d'autres institutions plus
spécialisées.
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
II.3.1- La création d'institutions
financières spécialisées :
L'architecture actuelle du système bancaire camerounais
suite à la liquidation d'institutions spécialisées telles
que la Banque Camerounaise de Développement (BCD) en 1989,
révèle un vide de financement qui se doit d'être
comblé.
Il s'agit donc de créer des banques de
développement dont, la gestion serait plus rigoureuse et qui
utiliseraient outre l'épargne nationale, les fonds alloués par
les institutions financières internationales pour le financement du
développement. Elles devraient, en outre, à travers plusieurs
guichets, créer de la monnaie destinée exclusivement au
financement du développement. A côté de ces banques, on
peut envisager d'autres institutions telles que des crédits
d'équipement aux PME, les banques de développement
régionales au niveau provincial ou départemental, et les fonds de
garantie des investissements. La nécessité
d'accélérer le processus de la mise en place des premières
cotations au niveau de la bourse des valeurs mobilières de Douala
demeure pressante. Du reste, il est essentiel, dans les structures
financières à recréer au Cameroun, de se rappeler que la
priorité est le développement. Aussi, la Banque Centrale devra
recentrer ses objectifs vers les besoins de financement de l'économie
réelle. Car, au-delà des objectifs traditionnels de
stabilité des prix, d'équilibre extérieur, de croissance
du PIB et de réduction du chômage, le développement
économique est bien l'objectif ultime de la politique monétaire.
Il est également nécessaire que le système financier
camerounais s'intègre véritablement dans le mouvement actuel de
globalisation financière.
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