I.1.2.1-Le ratio de liquidité générale
:
A travers ce ratio encore appelé rapport de
liquidité, la COBAC oblige les banques au respect permanent d'une
couverture minimum de 100% de leurs dettes à échoir dans un
délai d'un mois au plus par les ressources immédiatement
disponibles. A travers le tableau 6, nous pouvons noter que toutes les banques
de l'échantillon présentent des ratios satisfaisants au 30 Juin
1999. On
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
peut remarquer que la SCB-CL et la BICEC qui éprouvaient
de sérieuses difficultés au 31 Décembre 199538,
ont réalisé des progrès remarquables dans la
stabilité de leur trésorerie.
Tableau 6 : Évolution du ratio
des liquidités minimum (en %)
|
30/06/95
|
30/12/95
|
30/06/96
|
31/12/96
|
30/06/97
|
31/12/97
|
30/06/98
|
31/12/98
|
30/06/99
|
Std bank
|
239.56
|
257.6
|
272.83
|
264.46
|
319.35
|
220.23
|
166.6
|
150.6
|
118.5
|
Amity bank
|
214.8
|
358.53
|
298.35
|
200.7
|
332.7
|
290.17
|
271.48
|
199.63
|
160.6
|
Sgbc
|
162.85
|
137.8
|
100.74
|
225.5
|
381.87
|
280.14
|
155.35
|
99.84
|
137.7
|
Ccei
|
223.44
|
152.25
|
217
|
105.66
|
196.32
|
157.78
|
141.34
|
110.11
|
173.6
|
Bicec
|
27.83
|
26.02
|
54.27
|
62.17
|
89.14
|
87.27
|
105
|
84
|
144
|
Scb-cl
|
85
|
45.9
|
86.9
|
77.43
|
109.48
|
55.36
|
84.55
|
40.4
|
104.75
|
Source : Commission bancaire de
l'Afrique Centrale : Secrétariat
Général I.1.2.2-Le ratio de transformation à
long terme :
Ce ratio qui se détermine par le rapport entre les
ressources de plus de 5 ans et les emplois et engagements de même terme a
pour but de dissuader les établissements de crédit d'utiliser
trop de ressources de court terme pour des emplois longs. La COBAC exige pour
ce ratio un minimum de 50%.
38A cette date, les deux banques éprouvaient un besoin
de liquidité respectif de 2.2 milliards et de 24.3 milliards.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 67 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Tableau 7 : Évolution du ratio
de transformation à long terme (en %)
|
30/06/
|
30/12/
|
30/06/
|
31/12/
|
30/06/
|
31/12/
|
30/06/
|
31/12/
|
30/06/
|
|
95
|
95
|
96
|
96
|
97
|
97
|
98
|
98
|
99
|
Std Bank
|
189.5
|
224.4
|
142.4
|
-69.5
|
-45.9
|
-7.72
|
-001
|
37.78
|
-83.76
|
|
7
|
8
|
8
|
|
|
|
|
|
|
Amity
|
78.85
|
-9.6
|
-20.46
|
-39
|
-59.56
|
-13.18
|
-1.58
|
6.7
|
20.32
|
Bank
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sgbc
|
7.13%
|
17.78
|
2.56
|
151.47
|
12.18
|
185.8
|
178.2
|
21.17
|
196.2
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
|
6
|
Ccei
|
31.28
|
20.85
|
17
|
8.57
|
9
|
12.6
|
11.6
|
20.74
|
19
|
Bicec
|
-50.36
|
-24.75
|
-50.32
|
-9
|
-2
|
18.03
|
22.32
|
25.3
|
27.98
|
Scb-Cl
|
-21.5
|
-62.5
|
-71.7
|
-115
|
13.76
|
27.28
|
28.6
|
30
|
8.26
|
Source : Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale : Secrétariat Général
Il peut être relevé à partir du tableau 7
que seule la SGBC parvient à respecter ce ratio au 30 juin 1999. Pour
les autres banques, d'importantes proportions de ressources courtes sont
utilisées pour des placements longs. Pour la SCB-CL par exemple, 8.26%
seulement des emplois et engagements à plus de 5 ans sont
constitués des ressources de même terme. Ce qui signifie que
près de 92% sont puisés des ressources de moins de 5 ans. Cette
proportion est de 81% pour la CCEI et de 80% pour Amity Bank. Cette utilisation
d'importantes proportions des ressources courtes pour des emplois longs expose
les banques camerounaises à un risque permanent d'illiquidité.
I.2-REFORMES FINANCIERES ET ANALYSE DE LA RENTABILITE
DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS :
Les différents soldes de gestion qui s'en
déduisent permettent de déterminer les principaux coefficients
d'exploitation et de rentabilité. Toutes ces données sont
récapitulées par le tableau 8. Il peut donc être
relevé que les produits et charges d'exploitation ont enregistré
un repli entre Juin 1995 et Juin 1997. Les produits d'exploitation sont
passés de 75.4 milliards à 56.7 milliards et les charges
d'exploitation de 36.6 milliards à 14.9 milliards. Ce repli se justifie
par la liquidation de la BIAO MERIDIEN BANK et le Crédit Agricole au
cours de l'exercice 1996/1997. Au cours de deux derniers exercices de la
période d'analyse, on note un accroissement sensible de ces deux
encours
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 68 ~
qui ont augmenté de 30 milliards pour les produits
d'exploitation et de 8 milliards pour les charges d'exploitation. Cela peut
s'expliquer par la création de nouvelles banques telles que la C.B.C. et
la CITI BANK. Les frais généraux ont connu la même
évolution en passant de 37.7 milliards à 21.4 milliards entre
Juin 1995 et Juin 1997 avant de se porter à 40.4 milliards en Juin 1999.
En revanche, les produits accessoires ont enregistré une
évolution en dents de scie, avec un niveau impressionnant de 14.5
milliards en juin 1997 contre 4.6 milliards seulement un an plus
tôt39.
L'évolution de tous ces encours influence celle des
différents soldes de gestion. C'est ainsi que le Produit Net Bancaire
(P.N.B)40 qu'on assimile à la valeur ajoutée, a
enregistré un repli entre Juin 1996 et Juin 1997 en passant de 46
à 41 milliards avant de se porter à 73.6 milliards deux ans plus
tard. Il est important de souligner que la CCEI Bank, LA BICEC et la SCB-CL ont
plus contribué à sa formation avec des proportions respectives de
22.222%, 30.24% et 18.8% au 30 Juin 1999.
L'analyse du Produit Net Bancaire par rapport aux
différents types d'opérations permet de noter que la marge sur
opérations avec la clientèle contribue pour plus de 60% à
sa formation. Cela signifie que les activités des banques camerounaises
sont plus concentrées sur les opérations de mobilisation de
l'épargne et de distribution des crédits à la
clientèle. La BICEC et la CCEI présentent les marges les plus
impressionnantes avec des proportions respectives de 37.8% et de 33.25% par
rapport à celle de l'ensemble du système bancaire.
Quant à la marge sur opérations diverses, elle
représente environ 30% du Produit Net Bancaire au cours de toute la
période d'analyse. La SGBC a réalisé la marge la plus
importante au cours des trois derniers exercices avec une proportion de 29.66%
au 30 Juin 1999 par rapport à celle de l'ensemble du système
bancaire.
La marge sur opérations financières s'est
considérablement améliorée ces dernières
années. Elle est passée de 918 millions en Juin 1996 à
5.17 milliards 3 ans après. Cette embellie est tributaire à la
hausse des intérêts et dividendes produits par les placements
financiers des banques. Cependant, sa proportion dans la formation du Produit
Net Bancaire reste encore très faible. Elle est
39Ce relèvement est particulièrement
imputable à la SGBC dont les produits accessoires se sont portés
à 14 milliards contre 3.6 milliards un an plus tôt.
40Le PNB est la différence entre les
produits d'exploitation et les charges d'exploitation. Il peut encore se
déterminer par la somme des marges de différents types
d'opérations réalisées par les banques
réalisées par les banques : opérations de
trésorerie, opérations avec la clientèle,
opérations financières, opérations diverses, etc.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 69 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
de 6.8% au 30 Juin 1999. Il en est de même de la marge
sur opérations de trésorerie qui contribue pour environ 3%
seulement à la formation du Produit Net Bancaire.
L'amélioration du Produit Net Bancaire se fait
simultanément avec la maîtrise de frais généraux.
C'est ainsi que le coefficient net d'exploitation est passé de 97.4%
à 54.8% entre juin 1995 et Juin 1999. La BICEC dont le coefficient est
passé de 122.53% à 29.67% est plus concernée par cette
amélioration. Alors que pour la CCEI et la SGBC dont, les coefficients
respectifs sont de 73% et de 65.2%, de nombreux efforts restent encore à
faire.
Le résultat net qui était déficitaire de
50 milliards au 30 Juin 1995 s'est considérablement
amélioré en se portant à 17.5 milliards au 30 Juin 1999.
Cela est imputable non seulement à la maîtrise des frais
généraux mais aussi à la faible dotation aux comptes de
prévoyance41. C'est ainsi que le ratio comptes de
prévoyance / résultat brut d'exploitation est passé de
810.17% à 50% entre Juin 1995 et Juin 1999. La Standard et Amity Bank
disposent encore des ratios très élevés qui sont
respectivement de 106.8% et de 143.15% au 30 Juin 1999. Ce qui signifierait que
les concours et engagements de ces institutions sont orientés vers les
secteurs les plus risqués.
41Au 30 juin 1995, la dotation aux comptes de
prévoyance se portait à 54.5 milliards compte tenu de la forte
dégradation des créances de la BMBC et du CAC. Au 30 Juin 1999,
l'assainissement de l'ensemble du système bancaire s'est traduit par une
réduction à 1/3 de ces dotations qui se chiffrent à 17.5
milliards.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 70 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Tableau 8 : Synthèse du compte
de résultat et des coefficients de rentabilité du système
bancaire camerounais (montants en millions de FCFA).
|
30/06/95
|
30/06/96
|
30/06/97
|
30/06/98
|
30/06/99
|
A- Produits d'exploitation
|
75 458
|
70 930
|
56 779
|
82 151
|
96 668
|
B- Charges d'exploitation
|
36 681
|
24 744
|
14 991
|
17 829
|
22 998
|
C- Frais Généraux
|
37 785
|
30 506
|
21 411
|
32 779
|
40 432
|
D- Produits accessoires
|
5 716
|
4 642
|
14 501
|
686
|
1 811
|
E- Dotations comptes de prévoyance
|
55 508
|
19 600
|
20 845
|
17 228
|
17 535
|
F- Impôts sur les
sociétés
|
910
|
1 870
|
1 828
|
347
|
846
|
G- Fonds propres nets (F.P.N.)
|
24 295
|
-501
|
28 139
|
48 830
|
55 841
|
H- Total du bilan
|
809 708
|
751 530
|
516 635
|
778 020
|
880 740
|
I- Frais et pertes nets
|
-1 322
|
-1 191
|
233
|
5 514
|
-773
|
1- PNB = A-B
|
38 777
|
46 186
|
41 788
|
64 322
|
73 670
|
2- RBE = PNB + D - C
|
6 728
|
20 322
|
34 878
|
32 229
|
35 049
|
3- RNE = RBE - E
|
-47 780
|
3 422
|
14 033
|
15 001
|
17514
|
4- Résultat Net = RNE+I-F
|
50 012
|
361
|
12 436
|
17 368
|
15 891
|
5- Coefficient brut d'exploitation A + D = B +
C
|
91.70%
|
73.10%
|
51.0%
|
61.0%
|
64.40%
|
6- Coefficient d'exploitation PNB = C
|
91.39%
|
66.0%
|
51.2%
|
50.9%
|
54.8%
|
7- Comptes de prévoyance / RBE
|
81.17%
|
83.1%
|
59.7%
|
53.4%
|
50.0%
|
8- Coefficient de rentabilité R, N F, P,
N
|
-205.85%
|
-72.0%
|
44.2%
|
35.5%
|
28.4%
|
9- Coefficient de rendement Total bilan = RN
|
-6.18%
|
0.05%
|
1.74%
|
2.23%
|
1.80%
|
Source : Commission Bancaire d'Afrique
Centrale : Secrétariat Générale
En ce qui concerne le coefficient de rentabilité, il
est autant influencé par les fonds propres nets que par le
résultat net de fin d'exercice. Son niveau le plus élevé
de 44.2% au 30 Juin 1997 correspond à un résultat net de 12.4
milliards pour 28 milliards des fonds propres nets. Le meilleur ratio est celui
de la BICEC. Il est de 168.4%, correspondant à un résultat net de
5 milliards. Ce qui représente un motif de satisfaction et de motivation
pour les actionnaires de cette banque. Au 30 Juin 1998, ce coefficient
enregistre un repli en se portant à 35.5%. Il est essentiellement
imputable à un accroissement de 20 milliards des fonds propres. Puisque
le résultat net s'est accru de 4 milliards,
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 71 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
suite au bon comportement de la SGBC, la BICEC, la CCEI et la
SCB-CL qui ont enregistré un résultat net de 5.193 milliards,
5.081 milliards, 4.4477 milliards et 3.16 milliards42
respectivement. Au 30 Juin 1999, le coefficient de rentabilité
enregistre un repli en se portant à 28,46% à la suite d'une
contraction du résultat net. Ce repli est particulièrement
imputable à la SGBC dont le résultat net a chuté de 2
milliards et à Amity Bank qui a enregistré un déficit de
1.228 milliards43.
|