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Croissance et mutations du système financier au cameroun

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par Yves Lionel MEFO'O NGO'O
Université de Yaoundé II - Master Professionnel II en Relations Internationales 2012
  

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I.1.2.1-Le ratio de liquidité générale :

A travers ce ratio encore appelé rapport de liquidité, la COBAC oblige les banques au respect permanent d'une couverture minimum de 100% de leurs dettes à échoir dans un délai d'un mois au plus par les ressources immédiatement disponibles. A travers le tableau 6, nous pouvons noter que toutes les banques de l'échantillon présentent des ratios satisfaisants au 30 Juin 1999. On

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

peut remarquer que la SCB-CL et la BICEC qui éprouvaient de sérieuses difficultés au 31 Décembre 199538, ont réalisé des progrès remarquables dans la stabilité de leur trésorerie.

Tableau 6 : Évolution du ratio des liquidités minimum (en %)

 

30/06/95

30/12/95

30/06/96

31/12/96

30/06/97

31/12/97

30/06/98

31/12/98

30/06/99

Std bank

239.56

257.6

272.83

264.46

319.35

220.23

166.6

150.6

118.5

Amity bank

214.8

358.53

298.35

200.7

332.7

290.17

271.48

199.63

160.6

Sgbc

162.85

137.8

100.74

225.5

381.87

280.14

155.35

99.84

137.7

Ccei

223.44

152.25

217

105.66

196.32

157.78

141.34

110.11

173.6

Bicec

27.83

26.02

54.27

62.17

89.14

87.27

105

84

144

Scb-cl

85

45.9

86.9

77.43

109.48

55.36

84.55

40.4

104.75

Source : Commission bancaire de l'Afrique Centrale : Secrétariat Général
I.1.2.2-Le ratio de transformation à long terme :

Ce ratio qui se détermine par le rapport entre les ressources de plus de 5 ans et les emplois et engagements de même terme a pour but de dissuader les établissements de crédit d'utiliser trop de ressources de court terme pour des emplois longs. La COBAC exige pour ce ratio un minimum de 50%.

38A cette date, les deux banques éprouvaient un besoin de liquidité respectif de 2.2 milliards et de 24.3 milliards.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 67 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

Tableau 7 : Évolution du ratio de transformation à long terme (en %)

 

30/06/

30/12/

30/06/

31/12/

30/06/

31/12/

30/06/

31/12/

30/06/

 

95

95

96

96

97

97

98

98

99

Std Bank

189.5

224.4

142.4

-69.5

-45.9

-7.72

-001

37.78

-83.76

 

7

8

8

 
 
 
 
 
 

Amity

78.85

-9.6

-20.46

-39

-59.56

-13.18

-1.58

6.7

20.32

Bank

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sgbc

7.13%

17.78

2.56

151.47

12.18

185.8

178.2

21.17

196.2

 
 
 
 
 
 
 

6

 

6

Ccei

31.28

20.85

17

8.57

9

12.6

11.6

20.74

19

Bicec

-50.36

-24.75

-50.32

-9

-2

18.03

22.32

25.3

27.98

Scb-Cl

-21.5

-62.5

-71.7

-115

13.76

27.28

28.6

30

8.26

Source : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale : Secrétariat Général

Il peut être relevé à partir du tableau 7 que seule la SGBC parvient à respecter ce ratio au 30 juin 1999. Pour les autres banques, d'importantes proportions de ressources courtes sont utilisées pour des placements longs. Pour la SCB-CL par exemple, 8.26% seulement des emplois et engagements à plus de 5 ans sont constitués des ressources de même terme. Ce qui signifie que près de 92% sont puisés des ressources de moins de 5 ans. Cette proportion est de 81% pour la CCEI et de 80% pour Amity Bank. Cette utilisation d'importantes proportions des ressources courtes pour des emplois longs expose les banques camerounaises à un risque permanent d'illiquidité.

I.2-REFORMES FINANCIERES ET ANALYSE DE LA RENTABILITE DU SYSTEME
BANCAIRE CAMEROUNAIS :

Les différents soldes de gestion qui s'en déduisent permettent de déterminer les principaux coefficients d'exploitation et de rentabilité. Toutes ces données sont récapitulées par le tableau 8. Il peut donc être relevé que les produits et charges d'exploitation ont enregistré un repli entre Juin 1995 et Juin 1997. Les produits d'exploitation sont passés de 75.4 milliards à 56.7 milliards et les charges d'exploitation de 36.6 milliards à 14.9 milliards. Ce repli se justifie par la liquidation de la BIAO MERIDIEN BANK et le Crédit Agricole au cours de l'exercice 1996/1997. Au cours de deux derniers exercices de la période d'analyse, on note un accroissement sensible de ces deux encours

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 68 ~

qui ont augmenté de 30 milliards pour les produits d'exploitation et de 8 milliards pour les charges d'exploitation. Cela peut s'expliquer par la création de nouvelles banques telles que la C.B.C. et la CITI BANK. Les frais généraux ont connu la même évolution en passant de 37.7 milliards à 21.4 milliards entre Juin 1995 et Juin 1997 avant de se porter à 40.4 milliards en Juin 1999. En revanche, les produits accessoires ont enregistré une évolution en dents de scie, avec un niveau impressionnant de 14.5 milliards en juin 1997 contre 4.6 milliards seulement un an plus tôt39.

L'évolution de tous ces encours influence celle des différents soldes de gestion. C'est ainsi que le Produit Net Bancaire (P.N.B)40 qu'on assimile à la valeur ajoutée, a enregistré un repli entre Juin 1996 et Juin 1997 en passant de 46 à 41 milliards avant de se porter à 73.6 milliards deux ans plus tard. Il est important de souligner que la CCEI Bank, LA BICEC et la SCB-CL ont plus contribué à sa formation avec des proportions respectives de 22.222%, 30.24% et 18.8% au 30 Juin 1999.

L'analyse du Produit Net Bancaire par rapport aux différents types d'opérations permet de noter que la marge sur opérations avec la clientèle contribue pour plus de 60% à sa formation. Cela signifie que les activités des banques camerounaises sont plus concentrées sur les opérations de mobilisation de l'épargne et de distribution des crédits à la clientèle. La BICEC et la CCEI présentent les marges les plus impressionnantes avec des proportions respectives de 37.8% et de 33.25% par rapport à celle de l'ensemble du système bancaire.

Quant à la marge sur opérations diverses, elle représente environ 30% du Produit Net Bancaire au cours de toute la période d'analyse. La SGBC a réalisé la marge la plus importante au cours des trois derniers exercices avec une proportion de 29.66% au 30 Juin 1999 par rapport à celle de l'ensemble du système bancaire.

La marge sur opérations financières s'est considérablement améliorée ces dernières années. Elle est passée de 918 millions en Juin 1996 à 5.17 milliards 3 ans après. Cette embellie est tributaire à la hausse des intérêts et dividendes produits par les placements financiers des banques. Cependant, sa proportion dans la formation du Produit Net Bancaire reste encore très faible. Elle est

39Ce relèvement est particulièrement imputable à la SGBC dont les produits accessoires se sont portés à 14 milliards contre 3.6 milliards un an plus tôt.

40Le PNB est la différence entre les produits d'exploitation et les charges d'exploitation. Il peut encore se déterminer par la somme des marges de différents types d'opérations réalisées par les banques réalisées par les banques : opérations de trésorerie, opérations avec la clientèle, opérations financières, opérations diverses, etc.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 69 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

de 6.8% au 30 Juin 1999. Il en est de même de la marge sur opérations de trésorerie qui contribue pour environ 3% seulement à la formation du Produit Net Bancaire.

L'amélioration du Produit Net Bancaire se fait simultanément avec la maîtrise de frais généraux. C'est ainsi que le coefficient net d'exploitation est passé de 97.4% à 54.8% entre juin 1995 et Juin 1999. La BICEC dont le coefficient est passé de 122.53% à 29.67% est plus concernée par cette amélioration. Alors que pour la CCEI et la SGBC dont, les coefficients respectifs sont de 73% et de 65.2%, de nombreux efforts restent encore à faire.

Le résultat net qui était déficitaire de 50 milliards au 30 Juin 1995 s'est considérablement amélioré en se portant à 17.5 milliards au 30 Juin 1999. Cela est imputable non seulement à la maîtrise des frais généraux mais aussi à la faible dotation aux comptes de prévoyance41. C'est ainsi que le ratio comptes de prévoyance / résultat brut d'exploitation est passé de 810.17% à 50% entre Juin 1995 et Juin 1999. La Standard et Amity Bank disposent encore des ratios très élevés qui sont respectivement de 106.8% et de 143.15% au 30 Juin 1999. Ce qui signifierait que les concours et engagements de ces institutions sont orientés vers les secteurs les plus risqués.

41Au 30 juin 1995, la dotation aux comptes de prévoyance se portait à 54.5 milliards compte tenu de la forte dégradation des créances de la BMBC et du CAC. Au 30 Juin 1999, l'assainissement de l'ensemble du système bancaire s'est traduit par une réduction à 1/3 de ces dotations qui se chiffrent à 17.5 milliards.

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 70 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

Tableau 8 : Synthèse du compte de résultat et des coefficients de rentabilité du système bancaire
camerounais (montants en millions de FCFA).

 

30/06/95

30/06/96

30/06/97

30/06/98

30/06/99

A- Produits d'exploitation

75 458

70 930

56 779

82 151

96 668

B- Charges d'exploitation

36 681

24 744

14 991

17 829

22 998

C- Frais Généraux

37 785

30 506

21 411

32 779

40 432

D- Produits accessoires

5 716

4 642

14 501

686

1 811

E- Dotations comptes de prévoyance

55 508

19 600

20 845

17 228

17 535

F- Impôts sur les sociétés

910

1 870

1 828

347

846

G- Fonds propres nets (F.P.N.)

24 295

-501

28 139

48 830

55 841

H- Total du bilan

809 708

751 530

516 635

778 020

880 740

I- Frais et pertes nets

-1 322

-1 191

233

5 514

-773

1- PNB = A-B

38 777

46 186

41 788

64 322

73 670

2- RBE = PNB + D - C

6 728

20 322

34 878

32 229

35 049

3- RNE = RBE - E

-47 780

3 422

14 033

15 001

17514

4- Résultat Net = RNE+I-F

50 012

361

12 436

17 368

15 891

5- Coefficient brut d'exploitation A + D = B + C

91.70%

73.10%

51.0%

61.0%

64.40%

6- Coefficient d'exploitation PNB = C

91.39%

66.0%

51.2%

50.9%

54.8%

7- Comptes de prévoyance / RBE

81.17%

83.1%

59.7%

53.4%

50.0%

8- Coefficient de rentabilité R, N F, P, N

-205.85%

-72.0%

44.2%

35.5%

28.4%

9- Coefficient de rendement Total bilan = RN

-6.18%

0.05%

1.74%

2.23%

1.80%

Source : Commission Bancaire d'Afrique Centrale : Secrétariat Générale

En ce qui concerne le coefficient de rentabilité, il est autant influencé par les fonds propres nets que par le résultat net de fin d'exercice. Son niveau le plus élevé de 44.2% au 30 Juin 1997 correspond à un résultat net de 12.4 milliards pour 28 milliards des fonds propres nets. Le meilleur ratio est celui de la BICEC. Il est de 168.4%, correspondant à un résultat net de 5 milliards. Ce qui représente un motif de satisfaction et de motivation pour les actionnaires de cette banque. Au 30 Juin 1998, ce coefficient enregistre un repli en se portant à 35.5%. Il est essentiellement imputable à un accroissement de 20 milliards des fonds propres. Puisque le résultat net s'est accru de 4 milliards,

MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 71 ~

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

Croissance et mutations du système financier au Cameroun. IRIC/BMFI

suite au bon comportement de la SGBC, la BICEC, la CCEI et la SCB-CL qui ont enregistré un résultat net de 5.193 milliards, 5.081 milliards, 4.4477 milliards et 3.16 milliards42 respectivement. Au 30 Juin 1999, le coefficient de rentabilité enregistre un repli en se portant à 28,46% à la suite d'une contraction du résultat net. Ce repli est particulièrement imputable à la SGBC dont le résultat net a chuté de 2 milliards et à Amity Bank qui a enregistré un déficit de 1.228 milliards43.

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