Introduction:
Le système financier des pays de la zone CEMAC est
placé sous l'autorité et le contrôle des principaux organes
de l'UMAC22, à savoir la BEAC23 et la
COBAC24. La BEAC est chargée principalement de
l'émission monétaire et depuis le 16 Octobre 1990, elle a pour
mission prioritaire la stabilisation monétaire, celle-ci passant par le
maintien de la parité de change par rapport à la zone Euro et un
contrôle rigoureux du taux d'inflation à l'intérieur de la
zone. La COBAC quant à elle a pour tâche principale
l'harmonisation des réglementations et le contrôle de
l'activité bancaire de la zone. Pour cela, elle censure les banques qui
évoluent en marge du système réglementé et est
garante des règles prudentielles mises en oeuvre depuis la
libéralisation financière des années 1970.
Le Cameroun est le pôle économique de cette zone
économique et bénéficie en conséquence de
près de la moitié de la masse monétaire qui y est en
circulation. Il bénéficie en outre du système financier le
plus étoffé. Celui-ci a beaucoup évolué depuis les
indépendances (Eze-Eze, 2001). En
réalité, le système financier camerounais est un vestige
de la colonisation. Il a subi de nombreuses modifications s'accordant avec les
exigences économiques et les objectifs de politique monétaire.
Le système financier Camerounais dont les
défaillances ont été observées au milieu des
années quatre-vingt est sujet à de nombreuses mutations. Ces
mutations désignent les changements observables sur la sphère
financière, et se sont traduites par une émergence de nouveaux
établissements financiers, un essor remarquable de la microfinance, un
passage de l'illiquidité à la surliquidité des banques et
la mise en place des mesures d'ajustement financier. L'explication de ces
changements réside dans un certain nombre de faits criants, dont deux
paraissent pertinents pour être évoqués pour notre propos.
Il s'agit d'abord de la crise économique qui a profondément
affecté les banques, limitant ainsi leur rôle
d'intermédiation financière. Ensuite le rétablissement des
équilibres macroéconomiques, et enfin, l'apparition des besoins
de plus en plus importants des
22 UMAC : Union Monétaire de l'Afrique
Centrale.
23 BEAC : Banque des États de l'Afrique
Centrale.
24 COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 33 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
ressources pour le financement des activités de
production. Contrairement aux évolutions observées dans les
systèmes financiers anglo-saxons, pour lesquelles l'initiative relevait
du secteur privé, celles du système financier Camerounais se sont
réalisées par l'initiative des pouvoirs publics, qui
étaient soucieux de rétablir l'équilibre financier
détérioré par la crise. Ils ont ainsi mis en place
d'importantes réformes. L'objectif de ces réformes était
de donner au système bancaire une solidité financière et
une capacité à mobiliser les ressources financières, et
à les affecter dans les secteurs productifs de l'économie.
A cet effet, à partir de la fin des années 1980
et le début des années 1990, les pouvoirs publics camerounais,
avec l'appui des bailleurs de fonds internationaux : Banque Mondial, Fonds
Monétaire International et Banque des États de l'Afrique Centrale
; vont dans le cadre des plans d'ajustement structurel enrichir leur
thérapie habituelle par des restructurations bancaires. Ainsi, une
nouvelle organisation va être donnée au système bancaire
sur le plan technique se traduisant par le désengagement de
l'État du capital des banques au profit des intérêts
privés.
L'objet de ce chapitre est double. Il apporte une explication
aux origines internes des mutations financières et relèvera le
degré de développement du système financier du Cameroun
via d'une part, la crise de l'intermédiation financière et,
d'autre part, les mesures d'ajustement financier et de stabilisation. Il
importe dès lors de revenir sur la crise de l'intermédiation
financière (section I), qui nous permettra d'aborder
les mesures d'ajustement financier qui soulignent la corrélation entre
le développement financier et la croissance économique au
Cameroun (section II).
|