Transformations
récentes des systèmes agraires à Baloumgou
- Dans les zones d'agriculture intensive, la
"faim de terres" liée à la forte pression démographique,
entraîne le fractionnement des exploitations familiales et une
densification de l'espace. De plus en plus, on installe les fils ou les
frères sur les parties supérieures des concessions et on octroie
aux émigrés des parcelles pour la construction de
résidences secondaires. Dans certains quartiers, la densité du
bâti est de 3,3 cases à l'hectare et le taux d'accroissement
annuel des constructions d'environ 3 %, avec des densités de population
à la limite du tolérable. L'espace est moins saturé dans
la zone granitique longtemps soumise à une émigration plus
intense. Le rythme annuel des constructions y est plus faible (1,5 %), la
densité du bâti aussi (0,82 case à l'hectare) (Ducret &
Fotsing, 1987).
Sur les exploitations de plus en plus réduites - 1,3 ha
en moyenne - le maraîchage entraîne une simplification des haies et
une réduction des boisements. La jachère tend à
disparaître et l'utilisation des engrais minéraux se
généralise à l'ensemble des cultures. Cette fertilisation
minérale est complétée par les déchets des
élevages hors-sols notamment les fientes des poules. L'adoption du soja,
du maïs "Z 230" et de la pomme de terre "cardinal", variétés
culturales vulgarisés par l'UCCAO (Union Centrale des
Coopératives Agricoles de l'Ouest), ansi que la formation des paysans
par le PNVERA (Programme Nationale Pour la vulgarisation et la recherche en
agriculture) confirme la tendance à la diversification et
parachève la saturation de l'espace agraire.
- Dans les zones périphériques,
les exigences en terres agricoles favorisent la colonisation
anarchique des terres et la mise en culture des pentes fortes. La chasse aux
éleveurs porte un coup fatal à l'élevage du gros
bétail.
L'agriculture itinérante
Les estimations du nombre effectif de cultivateurs
itinérants vont de 250 millions (Myers 1986) à 300 millions
(Russell 1988). Sur une population mondiale de 5 milliards de personnes, la
manière dont 5% de la population assure sa subsistance pourrait sembler
peu importante. Mais on ne saurait ignorer la distribution géographique
des populations pratiquant l'agriculture itinérante et la grande
superficie sur laquelle leurs systèmes agro-forestiers sont
pratiqués. L'agriculture itinérante est la technique de gestion
des sols tropicaux la plus répandue. Divers types d'agriculture
itinérante sont actuellement pratiqués sur 30% des sols
exploitables dans le monde (Hauck 1974, Sanchez 1976:346).
Comment
définir l'agriculture itinérante?
Il existe plusieurs définitions de l'agriculture
itinérante. Le plus souvent, on appelle agriculture itinérante
tout système agricole dans lequel les champs sont
défrichés (habituellement par le feu) et cultivés pendant
une période brève pour être ensuite mis en jachère
(Conklin 1957). Avec l'apparition de la théorie des
agro-écosystèmes, qui inscrit les systèmes agricoles dans
un écosystème naturel plus grand, la définition de
l'agriculture itinérante a été repensée. La
théorie des agro-écosystèmes s'efforce d'intégrer
«la multiplicité des facteurs entrant en jeu dans les
systèmes culturaux» (Gliessman 1985:18). Tandis que de nombreuses
études antérieures présentaient le système de
culture sur brûlis comme essentiellement stable et répertoriaient
ses caractéristiques, des travaux plus récents fondés sur
la théorie des agro-écosystèmes inscrivent les
systèmes de culture sur brûlis et de jachère dans une
stratégie globale de subsistance, qui permet de répondre avec
souplesse aux différentes contraintes s'exerçant sous l'effet de
l'évolution du milieu social, économique ou naturel (Gliessman
1985, Altieri et al. 1973).
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