LES SYSTEMES INTENSIFS
TRADITIONNELS
Ils sont pratiqués sur les zones habitées du
plateau où les exploitations familiales disposent des trois terroirs
indispensables à l'autonomie de chaque famille (bas-fond, versant et
sommet de colline). On y pratique une polyculture intensive associée au
petit élevage (chèvres, porcs, volailles) dans un paysage de
bocage. Les exploitations familiales (généralement
inférieures à 1 ha), s'allongent sur les versants et associent
une gamme variée de plantes, depuis le sommet jusqu'à la
vallée.
Les parties supérieures des versants portent soit des
pâturages pour les moutons et chèvres (Pennisetum purpureum,
Panicum maximum) soit des champs vivriers (temporaires ou permanents)
où l'arachide est associée au maïs, à la patate
douce, aux haricots, aux ignames, aux pois de terre. Là où les
densités sont peu élevées, l'usage du feu pour les
défrichements et pour le renouvellement du fourrage est
pratiqué.
Les parties intermédiaires sont le domaine de
l'habitat et des jardins multi-étagés aux associations culturales
complexes. Dans les caféières ombragées, maïs,
arachides, macabos, maniocs, taros, ignames, légumes, pommes de terre,
condiments divers, bananiers... en proportions variables, prospèrent
à proximité des caféiers et des arbres fruitiers ou
forestiers autour des habitations et de l'enclos à porc. Sur les
parcelles exclusivement réservées aux cultures vivrières,
une deuxième campagne de cultures (haricot, patate douce, pomme de
terre) succède à la récolte du maïs.
L'omniprésence des arbres donne au paysage un aspect touffu. On y
dénombre entre 120 et 130 arbres à l'hectare.
Les bas-fonds sont réservés aux palmiers raphias,
Raphia farinifera, à la lisière desquels
s'étendent de petits champs de tubercules (macabo, taro, ignames,
manioc...), associées à quelques bananiers et légumes
divers.
Les techniques de maintien
de la fertilité des sols y sont multiples:
- le recours à la jachère
permet la reconstitution naturelle des éléments
nutritifs du sol. Sur les champs vivriers intensifs, c'est une courte
jachère d'inter-saison culturale, alors que sur les champs d'arachide
des sommets de collines, la jachère est annuelle ou pluriannuelle.
- l'intégration de l'élevage à la
culture: les parcelles laissées en jachère, sont
pâturées par les moutons et chèvres qui exploitent les
résidus des récoltes et déposent leur fumier. L'enclos
à porc est régulièrement déplacé tout autour
des habitations et l'emplacement libéré mis en culture. Le fumier
ramassé sur les lieux de séjour fréquent du bétail
(porcherie, aires de stationnement des poules et des chèvres et petits
enclos à volaille de début des semailles), est disposé
dans les sillons.
- l'enfouissement des matières organiques sous
les billons : les résidus de récoltes, le fumier du
bétail, les déchets et cendres domestiques et toute
matière organique pouvant enrichir le sol sont entreposés dans
les sillons et recouverts de terre lors de la préparation des champs.
Cependant, toute la fumure organique n'étant pas transformée
pendant la saison culturale, les labours réexposent en surface les
déchets non humiliés qui protègent partiellement les
sols.
- le recyclage de la biomasse : il est
particulièrement efficace au regard de l'alternance
régulière entre billons et sillons. Pendant que les premiers
portent les cultures, les seconds reçoivent les déchets
domestiques et de sarclage qui vont fertiliser le futur billon. Ainsi, à
chaque saison culturale, une partie du sol est moins sollicitée que
l'autre et se reconstitue pour accueillir les cultures à la saison
suivante.
- la pratique de l'écobuage :
elle consiste à entasser les herbes arrachées sur les
parcelles, les recouvrir de terre puis, à partir d'un trou
aménagé sur le côté, on y met le feu. La combustion
lente conserve toutes les cendres issues de l'incinération, les
protège des eaux de pluies et facilite la fertilisation des sols.
Organisation traditionnelle de l'espace (fragment agrandi d'un
quartier du plateau granitique)
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