L'OCCUPATION ADMINISTRATIVE
DU VILLAGE BALOUMGOU
Après de longues tentatives d'occupation du village
baloumgou par voie du conflit armée, les Bangou oeuvrèrent pour
une conquête par voie administrative. À ce sujet les informations
qui nous sont rapportées expliquent que le chef TAYO II continua
l'oeuvre machiavélique de son père change de tactique. Car comme
le disent nos informateurs se croyant plus rusés et plus
éduqués adoptèrent une conquête par la voie
administrative. A ce sujet le décret ministériel de 1975 portant
sur l'organisation des chefferies traditionnelles aux Cameroun a
été monté de toute pièce par le représentant
du chef Bangou, feu Djomo Christophe alors en exile, ceci dans le but de
marginaliser le village Baloumgou et d'y créer une confusion totale dans
l'esprit des congénères et population baloumgou. Comme nous le
rapporte un fils Baloumgou le nommé DJOMO Bertrand :
« Ce qui figure dans l'arrêté
préfectorale No 91/AP/DM de 1967I, n'est que le fruit d'un montage
soigneusement réalisé sur la dictée du feu Djomo
Christophe. En effet l'article premier de cet arrêté
précise très bien qu'il s'agit des sous chefs et de chefs de
quartiers. Toutefois une question liée à la signature de cet
arrêté reste d'actualité à savoir pourquoi cette
notion de sous-chef n'intervient que dans le groupement Bangou ? Alors que
ce même arrêté est muet en ce qui concerne les autres
groupement du département de la Mifi, ou nulle part
ailleurs »
Tout laisse croire que sa Magesté Tayo ayant compris
que la conquête par voix militaire n'était plus possible. Il
fallait changer de tactique ; d'où la mise sur pied de la
stratégie administrative. Nous ne pouvons continuer sans
présenter cet arrêté préfectoral.
A sans tenir sur l'aspect juridique des choses ; il n'y
a pas de différence entre un chef de quartier et un chef de
troisième degré. Le nombre de quartiers(08) que compte ce village
fait de lui une chefferie de 2ème degré. L'on constate
que le chef Djomo Christophe avait tout simplement cherché à
semer la confusion dans l'esprit des administrateurs. Force est de constater
que cet arrêté n'avait même pas tenu compte de
réalités historiques et traditionnelles du terrain. À ce
sujet le chef du village Baloumgou, sa majesté WACHE Norbert
déclare :
« Nous connaissons tous le village Baloumgou. Il
est composé de 08 quartiers à savoir TSWETCHA, NGWETCHA,
TCHITCHI, TOUKONG, NGWETCHE, POUTSWE, POKEHEU, FOPSACK. Aucune autorité
camerounaise n'est descendue sur les lieux pour étudier de près
la velléité des rapports que lui avait présentés le
chef Bangou ; mettant ainsi de côté tous les faits
historiques et traditionnels qui relient les quartiers suscités Notons
en passant que ces quartiers qui constituent le village Baloumgou sont dans la
norme des choses une Chefferie de troisième degré. Vous le voyez
tous comme personne que Baloumgou qui se limite à POKEHEU, selon la
frauduleuse carte qui accompagne l'arrêté, n'aucun très de
ressemblance avec la carte originale du village... »
Les années 1960 furent des années de tensions
au Cameroun. Ce fut des années très troublantes pour l'histoire
des peuples Baloumgou. Le Cameroun est plongé dans l'épineux
problème la lutte contre le maquis. Ceci nous permet d'expliquer le
succès de DjomoZaché dans son processus d'annexion administrative
sur deux angles. En effet entre 1960 - 1975, sévi au Cameroun la
révolution Upéciste taxé de maquis. Il faut mettre fin
à ces troubles et construire un Cameroun libre et prospère.
Cependant l'ouest Cameroun et plus précisément les hauts plateaux
sont la pièce maitresse, le fief par excellence du maquis. Nous
comprenons que l'insécurité devait battre son plein dans la
région de Bangou et par ricoché le village Baloumgou. Pour cela,
tout rapport qui sera présentés à une autorité
administrative en cette période devait être validés sans
chercher à avoir des preuves justificatives de peur de faire une
descente sur le terrain et de faire face à la poursuite
Upéciste. À ce sujet un chef de Maquis de la région,
notable Baloumgou nous décrit la situation
« Le maquis à Baloumgou
extrêmement dangereux. Avec le chef de l'États qui avait
décrété l'Etat d'urgence, l'insécurité avait
atteint son summum. Les maquisards semaient la terreur dans le village.
C'était la panique dans le village. On enregistrait des kidnappings, des
assassinats atroces (les tètes des gens tranchées et
déposées en plein carrefour) opérés par les forces
de l'ordre et les maquisards. Vous comprenez qu'il était très
difficile pour une autorité de se déployer dans cette
région sans craindre d'être descendu. De plus en cette
période un problème crucial opposait les deux villages. C'est
pour cela qu'une enquête de ce genre ne pouvait se dérouler
dans la région sans risque de déclencher les attaques pouvant
conduire à de bains de sang »
La seconde raison serait le fait qu'après
l'indépendance, le président du Cameroun Ahmadou Ahidjo
prônait la réconciliation et l'intégration nationale. Il
invitait tout les ethnies du Cameroun à se mettre ensemble pour
favoriser le développement politique, économique et social du
pays. Ceci dans le seul but d'éviter autant que possible les
disparités régionales dans le pays. Il trouvait aussi en cette
réconciliation nationale un moyen idéal pour lutter contre le
maquis grandissant au Cameroun. Ainsi il envisagea la décentralisation
des pouvoirs. L'on comprend que tout regroupement qui était
présenté aux autorités était ratifié par
l'administration sans aucune preuve quelconque. Ainsi tout chef, qui comme
Djomo Christophe, avait des ambitions hégémoniques pouvait
facilement annexer administrativement le territoire qu'il voulait mettre sous
son autorité. C'est dont ainsi que ce dernier s'amusa à mettre
sous sa juridiction la localité Baloumgou. Ainsi par ce décret
Baloumgou de 1965 fut dépecé et réduit au quartier
POKEHEU.
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