Conclusion générale
La forêt de la Maâmora est
caractérisée par une ambiance climatique semi-aride, un substrat
géologique constitué par un dépôt de sable
décalcifié qui repose sur un plancher argileux rouge du
Villafranchien et un relief très peu accidenté. Dans cette
forêt, la régénération du chêne-liège
reste capricieuse bien que des méthodes de
régénération artificielle soient mises au point et
vulgarisées. L'introduction des essences exotiques aux dépens du
chêne-liège sous-entend d'apprécier l'étendue des
milieux défavorables au chêne-liège et leur ampleur. Ceci
s'impose dans une perspective d'adapter les techniques culturales en fonction
du niveau d'aptitude constaté.
Pour résoudre cette problématique, en premier
lieu, les principaux facteurs reconnus avoir une influence dans la
régénération du chêne-liège ont
été identifiés et cartographiés. En seconde
position suite à l'importance accordée à
l'épaisseur du sable dans la forêt de la Maâmora, la
variabilité de l'épaisseur du sable a été
étudiée par des approches géostatistiques notamment pour
évaluer la dépendance spatiale. Enfin la combinaison de ces
facteurs avec chacun ayant un poids déterminé par
évaluation d'experts à partir de l'approche AHP (Analytic
Hierarchy Process) permet de déterminer les indices d'aptitude du sol
à la régénération du chêne-liège.
Les principaux facteurs influençant l'aptitude à
la régénération du chêne-liège dans la
forêt de la Maâmora sont le climat exprimé par l'expression
« la continentalité » ; celle-ci se manifeste par une
diminution des précipitations de l'ouest vers l'Est et l'augmentation
des températures dans le sens inverse ; la pente du terrain naturelle
à savoir les pentes faibles (<10%) et les pentes fortes (>15%) ;
l'épaisseur du sable, la pente du plancher argileux, les groupements
végétaux et les types de sols.
La cartographie de ces facteurs est faite à partir soit
des données préexistantes qui ont été
actualisée ou traitée, soit à partir des données
récoltées. Ainsi la pente du plancher argileux est déduite
à partir d'un modèle numérique d'élévation
et des épaisseurs du sable.
Par ailleurs, l'épaisseur du sable de la forêt
est très variable ; cette variabilité est plus importante dans la
direction sud-ouest nord-est que dans la direction opposée. A partir
d'un échantillonnage systématique carré de 100 m de
côté, il ressort qu'il y a une grande variabilité spatiale
qui n'est pas visualisée à 500 m d'intervalle et ceci augmente
l'effet de pépite du variogramme.
65
Une maille d'échantillonnage carrée de 300
à 350 m permet de prendre en considération une variabilité
spatiale importante. La dépendance spatiale ou l'autocorrélation
spatiale est de l'ordre de 43% avec un échantillonnage à partir
d'une maille carrée de 500 m de côté.
Il convient alors que la carte des épaisseurs du sable
est d'une précision assez raisonnable pour prendre des décisions
mais reste toujours discutable.
Les zones les plus aptes sont dans la partie occidentale de la
forêt. Les zones ayant une bonne aptitude représentent 23407.02 ha
soit 17.4% de la forêt. Les zones ayant une aptitude faible et
très faible couvrent 39.12% de la forêt.
Certaines zones identifiées aptes ont fait l'objet de
reboisements ou plantation antérieurs qui se sont soldés par des
échecs ou des taux de réussite médiocres. Un échec
qui pourrait être attribué aux techniques culturales plutôt
qu'à l'aptitude du milieu. Les résultats obtenus se basent
essentiellement sur les travaux antérieurs. Par conséquent,
ceux-ci sont sujets de changement et de modification avec la recherche.
A la lumière de ces résultats, peut-on recommander
ce qui suit :
? Donner la priorité aux zones avec de bonnes aptitudes
à la régénération lors des programmes de
régénération artificielle du chêne-liège,
? Respecter la mise en défens dans les
périmètres de régénération jusqu'à
l'âge défensable des jeunes sujets de chêne-liège
afin de permettre au milieu naturel d'offrir tout son potentiel,
? Etre prudent dans la prise de décision des
périmètres de régénération, et si besoin
est, une vérification préalable des facteurs est
recommandée,
? Améliorer la qualité des données
notamment la précision de la profondeur du plancher argileux par
recherche de variable fortement corrélée à la profondeur
du plancher argileux ou par utilisation des techniques de prospection non
destructrices et fiables et à faible coût comme le GPR (Ground
Penetrating Radar),
? Procéder à une évaluation de la
vocation vue que celle-ci intègre en plus des conditions
écologiques, la dimension socio-économique.
Benzyane, M. (1996). L'aménagement forestier : concept et
évolution. Le grand livre de la forêt marocaine. Mardaga,
126-144.
66
|