DISCUSSION DES RESULTATS VII. DISCUSSION DES RESULTATS
La connaissance des conditions
agrométéorologiques favorables aux différentes phases
phénologiques de l'anacardier est importante pour la production de la
noix de cajou en Guinée Bissau. C'est dans le cadre d'une meilleure
connaissance de ces conditions que cette étude a été
entreprise. Les résultats obtenus montrent que les facteurs climatiques
qui agissent sur le développement de l'anacardier diffèrent en
fonction des stades phénologiques de l'arbre. Ces variations
correspondent aux exigences de cette culture. Les besoins thermiques et
d'ensoleillement de l'anacardier sont plus élevés pendant la
phase reproductive et plus basse pendant le développement
végétatif. Ceci confirme les résultats enregistrés
par d'autres auteurs comme Férrao (1999). C'est ainsi que les valeurs de
température élevées au cours de l'année
coïncident avec la floraison ; cependant la température seuil
ne doit pas être au dessus de 32°C afin de ne pas compromettre la
floraison et la fructification de l'arbre. En effet, au delà de cette
valeur seuil, la température peut provoquer des phénomènes
d'échaudage et d'avortement des fleurs et réduire de façon
importante la fructification de l'anacardier (Vaz & Neves, 1994).
L'insolation est également importante au cours de la
floraison de l'arbre (Férrao, 1999). C'est ainsi que les
résultats de notre étude montrent que les valeurs d'insolation
sont également plus élevées (8 à 9 heures/jours)
durant la floraison. Les plus faibles valeurs (inférieures à 5
heures/jour) sont observées pendant la saison des pluies (mois de
juillet, août et septembre) correspondant à la phase de croissance
végétative de l'anacardier. Les besoins en eau et
l'humidité relative de l'air sont également plus
élevés pendant la phase végétative que durant la
phase reproductive de cette espèce.
Les conditions édaphiques sont également
importantes pour une bonne production de l'anacardier. Le sol dominant en
Guinée Bissau est le sol sablo limoneux meuble et léger
(luvisols). C'est ce type de sol qui est en général le plus
approprié pour un bon développement de l'anacardier (Vaz &
Neves, 1994). Ceci confirme l'interprétation paysanne en terme de
besoins édaphiques selon laquelle l'anacardier préfère le
sol sableux, meuble et profond pourvu qu'il permette la
pénétration facile de racines et le développement de la
plante. En effet, dans les sols argileux où la croissance de l'arbre est
réduite, la production commence en général tardivement,
à partir de la quatrième ou de la cinquième année
contre 2 à 3 ans dans le sol sableux.
La densité de la plantation des arbres joue aussi un
rôle très important sur la production de l'arbre en noix de cajou.
Lorsque la densité est très élevée l'arbre perd une
partie de sa performance de production en noix (r= -0,72). Ce qui confirme les
résultats de Tandjiekpon (2005). Ceci s'explique par la
compétition intra spécifique des arbres au niveau des racines
pour les éléments minéraux, l'eau et au niveau de la cime
pour la lumière. En effet, ce constat est plus perceptible dans les
plantations âgées que les jeunes, puisqu'à mesure que
l'arbre se développe, les besoins nutritifs augmentent ainsi que la
compétitivité.
L'analyse de densité et le poids de la noix a
montré une liaison faible et cette faiblesse pourrait
s'expliquée par la différence de poids qu'existe entre les
différents variétés, l'âge d'arbre, les
entretiens de vergers ou la nature de sol.
Un autre facteur qui est également apparu important
dans la détermination du rendement de l'anacardier en noix de cajou est
l'âge des arbres. En effet, notre travail a confirmé les
connaissances paysannes selon lesquelles la productivité de l'anacardier
augmente avec l'âge. Cette productivité est maximale entre 8 et 21
ans. Au delà de 21 ans, elle commence à baisser progressivement.
En effet, le découpage de l'âge de production de l'anacardier nous
a permis de distinguer 3 périodes bien précises : une
première période d'accroissement progressif de la
productivité qui s'étale entre la troisième et la
huitième année ; une seconde période de
productivité stabilisée entre la huitième et la vingt
unième année ; et une période de chute de la
productivité à partir de la vingt unième année.
Mais selon l'Aide au Développement de Peuple par le Peuple (ADPP) on
peut remédier à une baisse de la production de l'anacardier par
la technique de greffage.
Une pluviométrie comprise entre 800 à 1800 mm
(Lacroix, 2003), est considérée suffisante pour une production
acceptable de la noix de cajou. Cependant, bien plus que la quantité de
pluie totale, sa répartition au cours de l'année est très
importante dans la production et la prévision de rendement de
l'anacardier.
C'est ainsi que nos résultats ont montré qu'il
existe une corrélation positive et significative (r= 0,77) entre le
rendement en noix et la date de fin de saison de pluies et (r = 0.76) entre le
cumul pluviométrique de mois de novembre et le rendement.
En fait, une date de la fin de la saison tardive se
traduit par la prolongation de pluie pendant le mois de novembre, raison pour
laquelle il y a des liens entre ces deux facteurs.
Ce résultat montre qu'une pluviométrie
prolongée dans le temps permet un stock important d'eau dans le sol
permettant ultérieurement un bon développement et la production
de la plante comme l'affirment les paysans. Ce qui contribue à
l'obtention d'un bon rendement en noix de cajou.
Cependant, aucune relation n'a été
établie entre le nombre de jours de pluies et le rendement en
noix. Ce qui indique que le nombre de jours pluvieux peut être
important mais ne pas être bien espacé dans le temps. Le manque de
corrélation entre le rendement et le cumul pluviométrique peut
s'expliquer de fait que la pluviométrie en général ne
constitue pas un facteur limitant.
En dehors de tous les paramètres agroclimatiques
déjà mentionnés, on peut ajouter aussi la brume
sèche, phénomène qui est toujours accompagné de
vents et de poussières observée pendant la floraison et qui peut
affecter la production de l'arbre en empêchant la fécondation au
niveau des capsules. A cela s'ajoute aussi le vol de noix pendant la
récolte qui fait partie aussi des facteurs non maîtrisés et
qui peuvent aussi affecter l'analyse du rendement.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
VIii. Conclusion et suggestions
L'anacardier constitue la principale culture d'exportation de
la Guinée Bissau et joue un rôle socio- économique
important pour les populations. Au cours de ces dernières années,
les superficies consacrées à cette espèce ont connu une
augmentation considérable en raison du prix élevé de la
noix d'une part et du moindre effort requis pour l'entretien des plantations
d'autre part. Cependant, cette augmentation des superficies s'est faite au
détriment des céréales qui constituent les cultures
vivrières du pays.
En raison de l'importance de l'anacardier pour
l'économie Bissau guinéenne, il était apparu
nécessaire d'étudier les conditions agroclimatiques ainsi que les
itinéraires techniques favorables à la production de l'arbre. Au
terme de ce travail, il est apparu que la densité et l'âge de la
plantation jouent un rôle très important sur le rendement et la
qualité de la noix. En effet, la production de l'arbre en noix de cajou
diminue lorsque la densité de plantation augmente. Aussi, il est
nécessaire de sensibiliser les producteurs d'anacardier pour une
densité optimale de plantation permettant une meilleure production de
noix et de bonne qualité.
Par ailleurs, la quantité de pluie tombée en fin
de saison de pluie, notamment au mois de novembre contribue à constituer
un stock d'eau important dans le sol. Ce qui permettra un bon
développement reproducteur de l'anacardier, développement qui
intervient pendant la saison sèche de l'année. Un cumul
pluviométrique important de mois de novembre peut servir comme outil de
suivi et de prévision de rendement de la noix de cajou.
Cependant, le manque de données de rendement sur
plusieurs années n'a pas permis d'aborder le sujet sur tous les aspects
souhaités. En effet, la série des données de rendement
obtenus couvrait seulement deux années (1996 et 1997) ; ce qui
n'est pas suffisant pour effectuer les différents analyses
statistiques.
L'absence des données pluviométriques
journalières dans plusieurs postes pluviométriques a rendu
difficile l'analyse climatique telle que la date de début saison, la
date fin saison, la longueur de saison, le nombre de jours de pluies au cours
de la saison et la pluviométrie de mois de mai, mai-juin,
octobre-novembre et novembre en relation avec le rendement. En plus, la
quantité des données est faible.
Compte tenu de l'importance de la culture de l'anacardier pour
la Guinée Bissau, il est nécessaire de recueillir chaque
année des données précises sur la production de cette
culture afin d'améliorer la qualité des études
ultérieures.
La tendance progressive de la production de l'anacardier et
une baisse de la production des céréales pourrait être
dangereuse pour la Guinée Bissau, par suite par exemple d'une
dévalorisation du prix de la noix au niveau international, ou d'une
apparition des maladies ou fléaux dans les plantations au niveau
national. Cela pourrait entraîner une crise alimentaire et une baisse
considérable de l'économie du pays en général. Une
menace d'insécurité alimentaire observée dans le pays et
en particulier dans les régions de Quinara et Tombali du à une
chute des termes d'échange cajou/riz, par suite d'une chute du prix de
la noix de cajou en 2006 doit servir d'exemple à l'ensemble des
producteurs ; ce qui doit les conduire à adopter un changement de
comportement en pratiquant une diversification des cultures.
Compte tenu de tous les problèmes rencontrés au
niveau de la culture d'anacardier, nous recommandons :
Aux paysans une densité de semis de 300 à 400
plantes par hectare au maximum soit un écartement de 5 m x 5 m à
4 m x 4 m pendant les 6 premières années et de réduire
celle-ci à partir de 7 eme année, à 6m*12mm ou
5m*10m soit 140 à 200 plante par hectare et au fur et à mesure
que la compétition augmente on procède encore une autre
réduction de la densité ;
Ø Organiser la filière de la noix de
cajou ;
Ø Développer les autres secteurs qui peuvent
contribuer à une augmentation de revenu par les ventes sur les
marchés internes et externes des produits tels que les légumes,
les fruits, le riz, l'arachide, le coton huile de palme la pêche le
tourisme ;
Ø Développer l'industrie de transformation ou
décorticage de la noix en vu d'obtenir une valeur ajoutée au
produit d'exportation, de créer milliers d'emplois et diminuer les
coût d'exportation.
L'exploration et le développement de ces secteurs
doivent être faits d'urgence afin de diversifier les sources de revenus
et réduire la dépendance vis-à-vis de la seule noix du
cajou. L'ensemble de ces facteurs pourrait constituer un pôle
d'attraction des investisseurs dans les domaines de l'industrie de
décorticage.
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