Chapitre 5 : La
nouvelle organisation des processus Supply Chain
Ce cinquième chapitre est davantage un avis personnel
sur les tendances et les perspectives sur l'impression 3D.
Soyons clair. Je parlerai bien entendu ici que de petites et
moyennes séries. Si le produit vise un marché de plusieurs
dizaines de millions de personnes et qu'il est tout à fait
standardisé (grandes séries), les moules à injection
restent encore la meilleure solution. Par contre, si l'objectif est de proposer
une expérience unique, personnalisée et adaptée à
chaque client, l'impression 3D va permettre de tirer les coûts vers le
bas tout en court-circuitant le nombre d'intermédiaires.
Pour relever le défi du passage à l'impression
3D, les industriels vont devoir revoir toute leur organisation Supply Chain
tant les conséquences pour eux sont importantes.
1. Les bonnes questions à se
poser
Avant de se lancer dans l'aventure de la fabrication additive,
les directeurs Supply Chain pour anticiper cette nouvelle technologie et
modifier en conséquence leur organisation logistique devront se poser
les bonnes questions.
La première d'entre elles, la plus basique mais sans
doute la plus importante : « Quelles sont parmi les
pièces que je commercialise celles qui sont éligibles à
l'impression 3D ? ».
Cette question doit être étudiée à
la fois d'un point de vue technique, financier mais aussicommercial.
Au niveau technique, on jugera de la faisabilité pour
le matériau requis et de la possibilité de combiner plusieurs
matériaux.
Au niveau financier, on mettra dans la balance la
rentabilité de l'impression 3D en prenant en compte l'ensemble des
coûts du produit (production, transport, logistique, ...) et celle de la
production dite « traditionnelle ».
Enfin, au niveau commercial, dans la stratégie Achats
(cf cours du Master II de Natacha Tréhan), on se penchera sur
les véritables motivations et besoins des clients des industriels
pour imprimer les objets en 3D : qualité, coût ou et
délai ? Sachant qu'ils cherchent de plus en plus à se
distinguer à la fois par les coûts et par la
différenciation. L'occasion également de faire une analyse de la
valeur ainsi qu'une analyse fonctionnelle du produit (nécessité
pour cela d'un cahier des charges plutôt fonctionnel que technique). Une
autre piste consiste à chercher d'éventuels matériaux de
substitution, voire un nouveau design moins consommateur de matière. Il
faudra alors idéalement travailler sur une re-conception à
coûts objectifs pour le produit dans sa globalité.
Tout dépendra bien évidement du type d'achat,
fonction de l'engagement financier et du niveau de risque de l'entreprise
: achats lourds, achats stratégiques, achats simples ou achats
risqués.
Deuxième question : « Suis-je
suffisamment équipé pour me lancer dans l'impression
3D ? »
Au-delà de l'aspect matériel avec l'acquisition
de ces imprimantes et de l'investissement financier qui est requis vient le
souci de formation des équipes. L'objectif est de maîtriser
l'étendue des possibilités des imprimantes 3D, d'identifier les
qualités et contraintes de leur usage, d'étudier la
législation du numérique et d'être maître de la
chaîne numérique : du scan 3D à l'impression 3D pour passer
du réel au virtuel et du virtuel au réel.
Dernière question : « Où
positionner ces machines à répliquer en 3D pour être
au plus près de la demande ?»
Directement chez le fabricant ? Chez de nouveaux
fournisseurs de proximité qui détiendraient des machines par
matière ?Chez des prestataires de service type La Poste ?
Directement chez le client ? La logique : plus on se rapprocherait du
client, plus les flux logistiques se simplifieraient (réduits à
la simple fourniture de matières premières) et les flux
d'information se complexifieraient (envoyer le bon plan à la bonne
machine, de manière sécurisée pour protéger les
secrets de fabrication).
Je pense sincèrement que les services d'impression 3D
en ligne de type Sculpteovont être amenés à se
développer largement en France, en Europe et Outre-Atlantique.
Quant à la localisation des imprimantes 3D, elle se
positionnera soitdirectement chez l'industriel pour les grandes entreprises
soit sur de grands centres régionaux pour les PME.
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