2°)
L'amélioration des organes de lutte contre la criminalité
financière
L'étude des organes de lutte contre la
criminalité financière nous a permis de voir l'organisation et
les lacunes de chacun d'entre eux. Nous avons vu que l'ANIF par exemple,
pourrait se trouver en butte aux exigences de certaines professions, par
rapport à l'exigence de la déclaration de soupçon faite
à cette agence. Le Contrôle Supérieur de l'Etat, pour sa
part, face aux difficultés liées aux mutations de fonctionnaires
formés, qui entrainent une nécessité de réorganiser
de nouvelles formations pour une nouvelle équipe de contrôleurs de
la gestion publique, devrait travailler avec un certain nombre d'agents
vérificateurs stables. De manière générale, nous
avons vu qu'il pourrait se poser le problème de la formation des membres
chargés de mettre en place la politique nationale de lutte contre la
criminalité financière, ainsi que celle de la population.
Afin d'améliorer l'action des organes chargés de
la lutte contre la criminalité financière, il est donc urgent de
prendre certaines mesures leur permettant de mieux exercer leur action.
D'abord, l'on pourrait mettre un accent particulier sur la formation des
personnes chargées de mener l'action des organes de lutte contre la
criminalité financière. Cela commence bien évidemment par
le processus de choix de ces personnes, et leur désignation en tant que
membres de tel ou tel organe. Il est nécessaire de fixer de
manière claire et précise les compétences requises pour
exercer au sein de tel ou tel organe. Cela assure déjà une
certaine base de connaissances, et une habitude dans l'exercice de telle ou
telle fonction. Cette même exigence de formation continue durant
l'exercice des fonctions de ces membres, car il est établi que,
même en possession d'une certaine base, une période
d'apprentissage leur permettra de mieux s'adapter aux évolutions de la
criminalité, et de mieux comprendre le fonctionnement des outils mis
à leur disposition.
Une autre action qui pourrait être menée dans le
cadre de l'amélioration des conditions des personnes chargées de
lutter contre la criminalité financière, est la fixation d'un
statut particulier pour les personnes chargées de mettre en pratique
cette lutte. En effet, pour ce qui concerne certaines administrations comme le
Contrôle Supérieur de l'Etat, il faudrait éventuellement
prévoir des mesures permettant d'assurer leur stabilité au sein
de l'organe dans lequel ils exercent. Cela aurait pour principal effet de
permettre leur stabilité au sein du ministère en évitant
les fréquents déplacements au sein des autres administrations, et
de faciliter la prise en compte des mesures de contrôle des gestionnaires
publics. Fonctionnaires de la République, ils pourraient avoir la
liberté nécessaire pour exercer leur action de poursuite des
criminels financiers.
Au delà de la formation et de l'aménagement des
moyens d'exercice des fonctions, une action qui devrait être
envisagée, est la mise à disposition des organes de lutte contre
la criminalité financière des moyens matériels, financiers
et humains nécessaires pour l'exercice de leur action. C'est dire, qu'il
faudrait par exemple prévoir des représentations des organes au
niveau de chaque région, afin de coordonner l'action nationale
lancée par l'organe central. Cette décentralisation des services
permettrait de mieux orienter l'action de lutte contre la criminalité
financière sur l'ensemble du territoire national. Cela peut certes
sembler coûteux pour le budget de l'Etat, mais il ne faut pas perdre de
vue que la criminalité financière cause plus de
dégâts aux fonds publics, aussi est-il nécessaire de la
combattre avec la plus grande sévérité, et avec les moyens
disponibles.
Ainsi donc, afin d'améliorer la lutte contre la
criminalité financière au Cameroun, il est nécessaire
d'envisager le renforcement des institutions de lutte contre la
criminalité financière. Cependant, cette amélioration de
la lutte non juridictionnelle passe aussi par la définition d'autres
actions de lutte contre la criminalité financière.
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