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La lutte contre la criminalité financière au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Arsène Gérard ESSONO EDOU Université de Yaoundé II - Diplôme dà¢â‚¬â„¢Etudes Approfondies 2012 |
2°) La volonté de réduction du nombre d'infractions financières :Un autre effet positif de la lutte entreprise contre la criminalité financière, est l'avancée vers la réduction des cas de commission d'infractions financières. Cela s'explique en grande partie par la peur que certains ont de « se faire prendre ». En effet, au vu des condamnations et autres exactions opérées contre les auteurs de crimes financiers, ceux qui entrevoient les infractions financières comme solution de facilité sont amenés à se poser des questions, à se demander si c'est la bonne option. Cependant, il faut dire que cette considération ne tient pas toujours. En effet, alors que certains éviteront de commettre des infractions financières à cause de la peur engendrée par le système, d'autres au contraire onttendance à être motivés par cette sensation. En effet, certains ne tiennent nullement compte de la maxime latine : « Neminem cum alteriusdetrimentofierilocupletoriem »99(*). Au contraire, ils continuent de commettre des crimes financiers, c'est pourquoi un autre effet positif de la lutte contre la criminalité financière au Cameroun s'observe à travers l'exercice d'une répression exemplaire. Il faut dire qu'au cours des années passées, le Cameroun a mené une lutte ardente contre la corruption, qui aurait permis, semble-t-il, de réduire le taux de commission cette infraction. En effet, il faut se rappeler qu'au début des années 2000, le Cameroun avait été classé par Amnesty International100(*) au rang de premier pays le plus corrompu au monde. Aujourd'hui, la place du pays s'est améliorée, et il n'occupe plus le même rang. Ceci grâce à la réduction des cas de corruption obtenue à travers une lutte ardente contre ce phénomène. B- La mise en oeuvre effective de la répressionDans le cadre de la lutte contre la criminalité financière au Cameroun, l'on observe de plus en plus l'exercice d'une véritable répression. Celle-ci se justifie par le désir de punir avec la plus grande rigueur ceux qui portent atteinte aux intérêts de l'Etat ou à ceux d'autrui. La conséquence la plus palpable en est l'enrichissement de l'actualité jurisprudentielle en ce qui concerne la poursuite des auteurs de crimes financiers. A côté de cette actualité jurisprudentielle, l'on note aussi la multiplication de sanctions contre ces criminels d'un genre récent. A titre d'exemple, dans le cadre de l'assainissement de la justice, dès le 03 Janvier 2006, deux magistrats ont été révoqués de leurs fonctions pour pratique d'usure et de corruption. De plus, le 21 Février 2006, l'Etat a procédé à l'interpellation de trois anciens Directeurs généraux de sociétés d'Etat et certains de leurs collaborateurs pour détournement de deniers publics, corruption, faux et usage de faux au préjudice de l'Etat et de certains établissements publics. De plus, les procès pour détournement de deniers publics sont sans conteste, à l'heure actuelle, parmi ceux qui attirent le plus de public. Cependant, ces actions répressives, engagées avec beaucoup d'éclat, semblent accuser un certain ralentissement dans leur capacité à fournir des résultats. En effet, pour ce qui concerne les interpellations de présumés auteurs d'atteintes à la fortune publique, l'on note très peu de décisions judiciaires rendues, alors que le nombre d'inculpation a semblé croissant ces dernières années. A titre d'exemple, le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi a rendu quelques décisions contre des présumés auteurs de détournements de deniers publics, parmi lesquelles on peut citer : Ces décisions, bien que leur nombre soit assez réduit par rapport à l'ampleur du phénomène criminel, montrent la volonté des autorités judiciaires de voir la lutte contre la criminalité financière aller de l'avant. Cependant, elles démontrent aussi la faible réaction des autorités, du fait des lenteurs judiciaires qui font trainer plusieurs procédures, et du fait aussi des inculpations apparemment « timides ». Les autorités judiciaires camerounaises devraient ainsi mettre plus d'effort dans la mise en oeuvre et la prise de sanctions contre les auteurs de crimes financiers. Bien que la répression semble battre campagne contre la criminalité financière au Cameroun, il faut dire que seules certaines infractions sont beaucoup plus poursuivies, entres autres la corruption et le détournement de deniers publics. Et même parmi les auteurs de ces infractions, beaucoup reste à faire, afin que tous les criminels voient leurs actes sanctionnés. En attendant, le système de lutte contre la criminalité financière au Cameroun semble aussi apporter un début de réponse aux attentes de la Communauté internationale. Paragraphe II : L'ADAPTATION AUX IMPERATIFS INTERNATIONAUXComme nous l'avons démontré, la lutte contre la criminalité financière constitue de plus en plus, non pas seulement un impératif national, mais plus une exigence internationale, à cause de l'impact négatif que ce type de criminalité a sur la scène internationale toute entière. Aussi la lutte entreprise contre la criminalité financière au Cameroun intéresse-t-elle au plus haut point la communauté internationale, dont la satisfaction se fait ressentir principalement à deux niveaux : l'amélioration de la position du pays sur la scène internationale (A) et l'encouragement à l'investissement dans le pays (B). * 99 Nul ne peut s'enrichir au détriment d'autrui * 100 Organisation Non Gouvernementale, qui s'occupe de la lutte contre certaines infractions financières, principalement la corruption |
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