Paragraphe II : L'établissement d'un
système compétitif
Le dynamisme de la participation des citoyens aux
consultations électorales réside dans les opportunités de
choix. Ainsi, peuvent renforcer le système compétitif,
l'ouverture du jeu électoral (A) et le renouvellement régulier du
personnel politique (B).
A- L'ouverture du jeu électoral
L'ouverture du jeu électoral s'analyse sous l'angle de
la liberté de choix. L'élection étant un choix, la
liberté du vote qui présuppose la garantie d'un pluralisme doit
être une réalité. Cette liberté n'a
réellement de sens que si les candidats en compétition sont
à armes égales. Mais, elle est aussi accompagnée d'un
accès effectif aux fonctions électives par tout citoyen.
En effet, quand bien même la Constitution du 11 juin
1991 proclame le droit de tous les burkinabé à participer
à la gestion des affaires de l'Etat110, il n'en demeure pas
moins que le principe connaît une application sélective. C'est le
problème de l'application effective des règles touchant à
l'environnement de la compétition politique. En réalité,
jusqu'à nos
108 Idem, p. 238
109 Idem, P. 239
110 Art. 12 de la Constitution du 11 juin 1991
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jours, la majorité et l'opposition sont tous unanimes
contre l'adoption d'une loi autorisant les candidatures indépendantes.
Les candidatures à toute élection sont donc parrainées par
les partis ou formations politiques qui détiennent le monopole de la
présentation des candidatures. Il s'ensuit que la désignation des
candidats aux consultations électorales ne peut qu'obéir aux
critères définis par chaque parti qui décide de celui qui
défendra ses couleurs.
Le constituant originaire ainsi que le législateur se
sont, jusque là, réservés d'établir des
règles en la matière. Le processus de désignation des
candidats aux fonctions électives reste un apanage de la direction de
chaque parti. Ce qui implique que la validation d'une candidature peut subir
les caprices ou manipulations de la direction du parti surtout lorsque la
compétition interne est inexistante111. En effet, la
sélection des candidats aux élections est le plus souvent
fondé sur des critères subjectifs notamment «les raisons
de compagnonnage, de subordination»112 plutôt que
sur le mérite et les compétences. Le jeu politique se trouve
alors restreint, peu compétitif dès l'étape de la
sélection des candidats. Ce qui réduit avant tout les
possibilités offertes aux électeurs. D'où la
nécessité d'ouvrir le jeu en vue d'une participation plus
inclusive.
En plus de cette ouverture interne aux partis politiques, il
importe d'entreprendre un assainissement du jeu électoral. Cela consiste
pour le parti au pouvoir à l'abandon de toute pratique visant à
soutenir expressément ou implicitement la fragmentation et les
dissidences internes des partis d'opposition113. Ce genre de
manoeuvres politiques empêche la construction d'une alternative
crédible en dehors de la majorité. Le «débauchage
du principal parti de l'opposition (CNPP/PSD en 1996, ADF/RDA en
2005)»114 eut pour effet de verrouiller davantage le jeu
électoral au lieu d'aménager des garanties effectives pour une
opposition forte et compétitive. Cette manoeuvre a abouti, pour le
premier cas, à une surreprésentation du CDP à
l'hémicycle avec 101 députés sur 111 contre 10 pour
l'opposition, soit quatre (4) partis politiques représentés
à l'Assemblée Nationale et, pour le second, à un raz de
marée électoral (80,30% des suffrages exprimés) pour le
Président sortant en 2005.
111 L'unique compétition à l'interne fut
l'organisation des primaires au sein du CDP, dans la perspective des
élections législatives du 11 mai 1997.
112 IBRIGA (L.M) et TOE (M.M), Rapport d'étude sur
l'exercice du libre choix électoral au Burkina Faso, Ouagadougou,
GERDDES, 2007, p.48.
113 L'exemple qui a le plus défrayé la chronique
judicaire est sans contexte le cas du PAI auquel il faut ajouter
l'éclatement de l'OBU. Interrogé à ce sujet, Mr Salif
DIALLO n'a pas éludé son rôle en disant «(...) donc de
temps en temps si on peut accélérer leur décomposition
interne, on le fait, c'est tout à fait logique (...) » in CGD, op
cit, p 56
114 CGD, op. cit, p.37.
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En effet, une compétition ouverte requiert à la
fois des challengers sérieux et disposant de ressources
financières pour leur campagne. Ce d'autant plus que l'apathie du corps
électoral, en général, renforce le statu quo.
En somme, pour des élections plus compétitives
et une participation soutenue des électeurs, le parti au pouvoir doit
renoncer aux pratiques monopolistiques et accepter la construction d'une
opposition, afin de crédibiliser le système démocratique
à l'intérieur du pays. Mieux, il convient d'instituer la pratique
de renouvellement du personnel politique afin de poser les bases d'une
alternance pacifique au pouvoir.
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