Sources : Lacina et Gleditsch (2005) ; Coghlan et al.
(2006) ; base de données sur les conflits armés ;UCDP/PRIO ;
Human Security Brief (2007).
Les pertes en vies humaines ne constituent pas les
seuls impacts désagréables des conflits sur le plan humain car
les rescapés se trouvent dans le chemin des
réfugiés.
b) Les déplacements de populations
Les déplacements de populations sont une autre
conséquence des conflits. Sans doute, le problème se pose avec
acuité en Afrique aujourd'hui. Les mouvements massifs de populations
fuyant désespérément des zones de conflits sont des
scènes terrifiantes. La guerre civile au Soudan, l'une des plus
anciennes d'Afrique a fait 4 millions de déplacés. Pire, le
conflit récent qui oppose le gouvernement central de Khartoum à
l'une de ses périphéries,
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le Darfour, est devenu l'un des plus préoccupants du
continent. Depuis le début de l'année 2003, il avait
déjà déraciné plus de 1,5 million de Soudanais de
leur foyer79.
Avec ces chiffres, le Soudan enregistre la plus large
proportion de personnes déplacées dans le monde. Il est suivi par
la République Démocratique du Congo dont le conflit a
provoqué le déplacement de 3,4 millions de personnes. Les
déplacements de populations font référence à deux
notions : les personnes déplacées à l'intérieur du
territoire et les réfugiés. D'un point de vue juridique, une
personne déplacée est celle qui est « ... forcée,
parmi de nombreuses autres, de fuir son lieu de résidence habituel en
raison d'un conflit armé, de troubles intérieurs ou de
catastrophes naturelles ou pour d'autres raisons de sécurité
impérieuses et indépendantes de sa volonté, qui se
retrouve en situation de réfugié tout en n'ayant, dans sa fuite,
franchi aucune frontière internationale reconnue ». Leur proportion
n'a fait que croître avec la multiplication des guerres civiles qui ne se
déroulent pas sur un champ de bataille mais au sein des villes et
villages voire des familles. Leur situation est davantage la
préoccupation des organisations non gouvernementales à
caractère humanitaire. Mais l'action de ces dernières n'est pas
aisée. Les gouvernements y voient souvent une ingérence dans
leurs affaires intérieures. Ceci justifie l'abandon des personnes
déplacées à leur triste sort.
Le réfugié, quant à lui, est une
personne « ...qui du fait d'une agression, d'une occupation
extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour rechercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité80». Suivant les statistiques du Haut
Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), on
dénombre à la fin de l'année 2000, plus de 9
79 V. FOUCHER et J. H. JEZEQUEL, Conflits
d'Afrique subsaharienne, in Les conflits dans le monde, 2004, p.
147.
80 Paragraphe 1 de l'article premier de la
Convention de l'OUA du 10 septembre 1969 sur les réfugiés. Cette
convention régit les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique.
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millions de réfugiés africains. Ceux-ci
représentent plus de la moitié de leurs compagnons d'infortune
dans le monde. L'Afrique est incontestablement le premier "producteur" mondial
de réfugiés et de personnes déplacées. La situation
des réfugiés est d'autant plus préoccupante
qu'aujourd'hui, « (...) il devient de plus en plus difficile à
trouver des refuges sûrs dans des pays voisins ou plus
éloignés pour les victimes de la guerre ou des violations des
droits de l'homme. Tant les pays pauvres que les pays industrialisés
répugnent de plus en plus à accepter l'obligation
élémentaire de fournir leur protection aux
réfugiés». Dans ces conditions, le sort des populations
victimes de la guerre se détériore plus que jamais.
Déshumanisées à l'excès, elles perdent toute
dignité et les bouleversements politiques ne sont pas de nature à
améliorer leur condition.
§2. Les bouleversements politiques a)
L'effondrement de l'Etat
Le drame politique des sociétés africaines en
proie à un conflit armé est l'effondrement de l'Etat. «C'est
une situation où la structure, l'autorité, le droit et l'ordre
politique se sont émiettés et ont besoin d'être
recomposés81». L'exemple le plus caractéristique
de cette situation est la Somalie où le pays avait existé sans
gouvernement en janvier 1991 même si rétabli aujourd'hui. Cette
vacance du pouvoir a conduit à une fragmentation du pays en une douzaine
de "fiefs" dont les "autorités" se concurrencent et se recoupent.
Martin LOWENKOPF nous parler de deux aspects de
l'effondrement de l'Etat avec l'exemple du Libéria : « (...) Non
seulement l'Etat est absent dans sa fonction d'ordre et de
légitimité, mais la société a volé en
éclats, la nation est fragmentée, la population dispersée
et l'économie en ruine. De plus, alors que l'Etat est vacant, ni ordre,
ni pouvoir, ni légitimité ne sont transmis à des groupes
(même si plusieurs organisations existantes pourraient évoluer
dans ce sens). La réalité et le symbole du pouvoir sont tous deux
à qui veut
81 W. ZARTMAN cité par B. POULIGNY :
Ils nous avaient promis la paix : Opérations de l'ONU et populations
locales. Paris : Presses de sciences po, 2004, p.50.
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les prendre parmi les factions armées qui se
combattent 82». La réponse de la communauté
internationale face à cette situation consiste souvent à faire
appel aux leaders des factions en lice : ce qui porte un véritable coup
à la démocratie.
En 2012 après la révolution en Egypte,
L'armée a gardé la main haute sur l'évolution de la
situation politique et sociale après le renversement de Moubarak. Elle a
géré la transition vers le nouveau régime sans
démocratiser le pays : le 24 Mars, la loi sur les grèves et
manifestations n'autorisait que les mouvements sociaux qui ne gênent pas
la production (même si elle n'est pas respectée) ; la modification
de la constitution ne reprend pas les termes de la proposition soumise au
référendum ; le couvre-feu n'a été levé que
progressivement, et totalement quatre mois après le départ du
dictateur83.
b) Le démantèlement du processus
démocratique
La plupart d'Etats africains ont amorcé, quoique
timidement, un processus démocratique depuis une quinzaine
d'années. La décennie 1990 a enregistré à ses
débuts une vague de conférences nationales sur le continent.
Celles-ci ont constitué le point de départ d'un processus
démocratique du moins pour ceux des pays qui les ont réussis.
Sans remettre en cause le caractère naissant de la démocratie
dans les pays africains, il convient de faire remarquer que les guerres ont
tendance à porter un coup dur au processus démocratique, certes
fragile. Cette situation est le corollaire de l'effondrement de l'Etat. En
effet, « L'Etat n'est plus le seul détenteur du pouvoir de
répression légale. Il peut à tout moment se trouver en
compétition avec d'autres centres de pouvoir, en détenant les
mêmes moyens. L'apparition d'un tel phénomène dans le
paysage politique africain est un facteur de grande
vulnérabilité, d'instabilité chronique et
82 M. LOWENKOPF cité par Victor G.
AHANHANZO et M. HOUEDJISSIN : L'intégration régionale comme
instrument de prévention des conflits : cas de la CEDEAO.
Mémoire de fin de 1er cycle. DRI. UAC : ENAM, 2000, p.17.
83 S. SHIHAB, « En Egypte, l'armée
contrôle étroitement la transition », Le Monde,
2 Mars 2011, p.5
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même de délégitimation des pouvoirs
légalement mis en place, qui hypothèque les fragiles processus
démocratiques amorcés ici et là ».
Ici le cas de la République de Côte d'Ivoire
peut être évoqué. A l'issue des élections
présidentielles de 2000, le gouvernement mis sur pied était
obligé de partager le pouvoir avec des groupes rebelles. Ça
devient aussi mode d'expression politique ? Nous constatons avec amertume que
les armes ont tendance à prendre le pas sur les urnes.
Quant au Centre Afrique, La première guerre civile
s'est déroulée de 2004 à 2007 et a débouché
sur un accord de paix, mais les rebelles ont accusé le président
centrafricain François Bozizé d'avoir failli à respecter
les accords de 2007. Les membres de la Seleka ont alors démarré
une offensive militaire le 10 décembre 2012. Le 24 mars 2013,
Bozizé s'enfuit au Cameroun, la Seleka annoncent la prise du palais
présidentiel et son chef Michel Djotodia s'autoproclame président
de la République. Incapable de rétablir l'ordre, la situation
s'enlise et la crise débouche sur la troisième guerre civile de
Centrafrique84.
Ce phénomène constitue un défi pour la
démocratie et pour ses promoteurs. La gestion de cette crise le prouve.
Des accommodements de toutes sortes sont consentis à l'égard des
rebelles désormais sur le même pied avec le pouvoir légal.
Sous prétexte de "réconciliation nationale", des criminels de
guerre sont intégrés dans des processus de reconstruction de
l'Etat de droit, ce qui contredit les idéaux de justice et de
démocratie. La démocratie du peuple devrait prévaloir sur
celle des "Seigneurs de la guerre".85
§3.Naissance des certaines milices
Depuis 1996, l'est du Congo-Kinshasa est le
théâtre des guerres civiles qui ont déjà fait plus
de six millions de morts, selon l'ONU, plusieurs
84 J.P. BOULADA, conflits armés en Afrique
: classifications, causes et alternatives, op. cit, P. 4.
85J.-D. HARERIMANA-KIMARARUNGU,
L'organisation des nations unies face aux conflits armes en Afrique:
Contribution à une culture de prévention, université
de liège, mémoire-DEA en relations internationales et
intégration européenne, 2007.
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millions de déplacés internes et des centaines
de milliers de femmes violées. Principalement localisées à
l'est, ces guerres sont menées par des milices armées soutenues
par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. Ces guerres permettent le pillage des
ressources naturelles au profit des économies et multinationales
américaines et européennes. Au moment où les rebelles du
M23 congolais avançaient vers Goma, le président Kabila engageait
des négociations sous l'égide de Kampala86.
Les groupes armés à l'assaut des Etats
seraient-ils une voie africaine du politique, honnie par la
«communauté internationale»? En effet, la rébellion
croissante du M23, en République démocratique du Congo, en
rappelle irrésistiblement d'autres, et il y a une indéniable
contagion des esprits dans les formes de contestation du pouvoir établi
en Afrique subsaharienne.
Michel GALY87 se pose des questions pour remettre
en question les parrains des rebellions en Afrique : « Mais ne faut-il pas
faire des parallèles plus généraux, qui indiquent une
instrumentalisation ? » ou une «fabrique des rébellions»
pour déstabiliser un régime qui a cessé de plaire à
l'Occident, notamment pour des raisons géopolitiques? la chute
spontanée de certains régimes dictatoriaux (comme en Tunisie, en
Lybie ou en Egypte) est un signal pour nombreux de Mouvements de
Libération, autant le renversement par une force militaire occidentale
(à l'instar de la Libye) et/ou une rébellion
téléguidée semble, en ce débat du XXIème
siècle, fait l'objet d'une terrible «leçon de choses»
pour des régimes ou des leaders contestataires du condominium des
grandes puissances.
Les rébellions instrumentalisées par l'occident
jouent un peu le rôle des «tirailleurs
sénégalais» de l'époque coloniale. Supplétifs
des armées ou corps expéditionnaires occidentaux, elles sont
créées ou aidées par une puissance extérieure qui
les octroie le financement, les uniformes, le
86 M. GALY, Les rébellions à
l'assaut des Etats, voie africaine du politique, in state
Afrique, paris, Janvier 2013.
87Michel Galy est Politologue et
spécialiste du Cote d'ivoire et professeur à l'Institut des
Relations Internationales (ILERI, Paris). Cfr M. GALY, op. cit.
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carburant, les moyens de communication, les armes, les moyens
de transport, et qui les accompagne même jusqu'aux plans d'invasion et de
coordination. Cela peut aussi se faire par une puissance relais comme le
Burkina Faso en Afrique de l'Ouest pour la France, le Rwanda et l'Ouganda pour
les Etats Unis dans la région des Grands Lacs.88
En effet, quand l'Afrique accédait à
l'indépendance dans les années 60, les USA estimaient même
que la responsabilité du continent relève des puissances
coloniales comme la France, l'Angleterre, la Belgique ou le Portugal et qu'il
était normal pour eux de rester à l'arrière-plan. C'est la
raison pour laquelle, les Américains considèrent les
Français comme leurs alliés les plus surs malgré leurs
opérations anti-américaines commencées dès 1965 au
Zaïre, Burundi, Rwanda, pour gagner des points stratégiques. A
chaque fois qu'il y avait une vraie crise en Afrique qui mettait en danger les
intérêts de l'Occident, pendant la guerre froide, les
Français étaient toujours solidaires aux
Américains89.
Pour prouver cette affirmation, Herman Cohen90
explique le fait que ce furent avec les avions américains que les
parachutistes français avaient sauté en 1978 sur Kolwezi pour
sauver la peau à Mobutu, menacé par les gendarmes Katangais.
Herman Cohen dans sa conclusion, il précise que c'est surtout dans les
domaines de la culture, du business, que les Français voyaient les
Américains comme des concurrents déloyaux. Mais pour les grands
sujets de guerre froide à travers le monde, ils étaient souvent
les alliés des américains.
88 Ibidem
89 Afrique /Etats-Unis : L'Amérique et le
syndrome somalien. Entretien de Herman Cohen avec Brice Ahounou. In Africa
International n°330 de décembre-janvier 2000, p.9-10.
90 HERMA est un philosophe allemand, fondateur de
l'école de Marburg. Né à Coswig, Cohen publie en 1871
Kants Theorie des Erfahrung (« la théorie kantienne de
l'expérience »), ouvrage consacré à l'examen critique
de l'a priori kantien, dont l'auteur propose une interprétation en
rupture avec les conceptions dominantes, dissociant l'a priori
métaphysique de l'a priori transcendantal. Il inaugure
ainsi les travaux de réflexion qui seront entrepris sur la pensée
kantienne à l'université de Marburg, où Cohen enseignera
à partir de 1876, donnant naissance à l'école
néo-kantienne du même nom.
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Nous pouvons dire que COHEN a oublié dans ses
affirmations de préciser que les Américains sont toujours friands
de la fragilisation des Etats par la dette, les plans d'ajustement structurel
qui permettent la pénétration des marchés. Le FMI, l'OMC
et la banque mondiale, sont des vecteurs essentiels de cette politique
américaine sans oublier leur opposition radicale aux problèmes de
l'environnement planétaire, sujets sur lesquels ils se heurtent parfois
à la lucidité relative de la France. La guerre économique
ou géostratégique que vont se livrer Français et
Américains sur le continent africain, après la chute du Mur de
Berlin, est à l'origine de son embrasement par des conflits
armés91.
Parfois, nous avons du mal à comprendre les
différents conflits de l'Afrique et de leur mobile car à part les
promoteurs étrangers de ces guerres nous trouvons aussi ceux de
l'Afrique même. C'est le cas du Soudan où depuis 2003
précisément au Darfour, une guerre civile pour obtenir le
contrôle de certaines ressources (eau, terres...) et un nettoyage
ethnique en 2014. On dénombre plus de 300 000
morts92. Il en est de même pour le Côte
d'Ivoire où se sont disputées les forces de l'État
ivoirien et des forces rebelles pour obtenir des changements politiques, cette
crise avait duré 8 ans (2002-2010).
Les capitales occidentales n'ont pas toujours inventé
les rébellions, ni instrumentalisé leurs objectifs. Que l'on se
souvienne de l'Angola par exemple, où chacun des blocs de la guerre
froide soutenait un mouvement armé. Durant les 50 ans des
Indépendances, nombre d'autocrates africains n'ont eu besoin de personne
pour pousser des émigrés politiques à déstabiliser
un rival ou un voisin à leur profit. La différence est sans doute
qu'après la chute du Mur de Berlin93, les
menées par incursions ou rébellions interposées des deux
camps ne se régulent plus dans l'équilibre des Etats-Unis et de
l'URSS, et que le rôle croissant des médias permet une
91Afrique /Etats-Unis, op. cit.
92 Le Soudan mécontent d'Obama »,
Le Figaro, 11 juillet 2009.
93 Ce mur était fortifié et a
séparé Berlin-Est de Berlin-Ouest d'août 1961 à
novembre 1989, érigé sur l'initiative de la République
démocratique allemande (RDA). Durant plus de trente ans, le mur a
été l'un des principaux symboles de la guerre froide et du «
rideau de fer » séparant l'Europe de l'Ouest des pays membres du
Pacte de Varsovie.
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instrumentalisation supplémentaire: celle de l'opinion
publique internationale, selon les buts du moment. Comme s'il s'agissait, par
relais africains et médias complaisants, de naturaliser les raisons de
la chute d'un régime africain ou, c'est selon l'intérêt du
moment, d'intervenir à son profit94.
Section troisième : Le rapport entre les
conflits armés en Afrique et les
sociétés
multinationales
§1.Les enjeux des sociétés
multinationales en Afrique
Le professeur BIYOYA95 pense que l'enjeu
géopolitique de l'Afrique centrale de la politique mondiale, c'est
certainement l'accès aux ressources énergétiques
particulièrement le pétrole dont les gisements se trouvent au
Cameroun, au Congo, en Guinée Equatoriale, au Tchad, en Angola, en RDC,
au Sud-Soudan, au Gabon et certainement en RCA.
L'Afrique continentale représente 12% de la production
mondiale de pétrole et 10% des réserves mondiales
prouvées. Les Etats-Unis importent environ 60% du pétrole
africain (celui-ci constitue plus de 90% des exportations africaines vers les
Etats-Unis) contre 20% respectivement pour la Chine (plus de 60% des
exportations vers la Chine) et pour l'Union européenne. Nombreux pays
africains sont devenus pétroliers du fait des progrès
technologiques de prospection et d'exploitation, de l'anticipation de la hausse
de la demande et des stratégies de diversification des risques de la
part des opérateurs et Etats importateurs. Les principaux producteurs
sont le Nigeria, l'Algérie et l'Angola.
Les puissances européennes la France avec Elf (devenue
Total) et la Grande-Bretagne et les Pays-Bas avec British Petroleum et Shell
ont longtemps dominé le jeu pétrolier dans les anciennes
colonies. La France a cherché à se constituer un espace vital
énergétique autonome. La situation postcoloniale des chasses
gardées et des rapports entre les trois E (Elysée,
94 Idem
95 Ph. BIYOYA, La politique internationale et
ses enjeux géopolitiques en Afrique centrale, in Le
potentiel, Kinshasa, Décembre 2013.cfr
www.mediaf.fr.
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Elf, Etat-major militaire) a disparu ou du moins s'est
fortement transformée. Le jeu est devenu plus complexe et moins
transparent avec l'arrivée de nouveaux acteurs, notamment chinois,
cherchant à être présents sur ces territoires par des
pratiques peu claires (accords de troc, prêts à taux zéro
ou rémunération en nature). L'Afrique est désormais le
théâtre d'une compétition entre les oligopoles, dans un
contexte aujourd'hui mondialisé96.
L'assemblée de Marrakech97 au Maroc a fait
allusion aux Minerais qui font parler d'eux en Afrique. C'est le cas du
pétrole, du gaz, des terres arables... les ressources naturelles dont
l'Afrique dispose en quantités encore largement inexploitées
peuvent-elles enfin devenir le levier de développement du continent ?
Une décennie de croissance sans précédent, portée
par ce que des économistes ont baptisé "supercycle" des
matières premières et des découvertes d'hydrocarbures, a
ouvert de nouveaux horizons à plusieurs pays dont le revenu par habitant
figure parmi les plus faibles du monde, comme le Mozambique ou la Tanzanie.
Dans cette assemblée Hela Cheikhrouhou, directrice du département
énergie-climat à la BAD a reconnu que les obstacles liés
à la bonne exploitation de ces minerais en Afrique n'ont pas encore
disparu. "La corruption existe, mais là n'est pas le
principal problème. Le fait que les Etats ne savent pas ce qu'ils sont
en train de vendre et qu'ils n'ont pas les moyens de
négocier face aux multinationales pèse
davantage".
Cela a conduit la BAD à créer en
2008 la Facilité africaine de soutien juridique pour venir en aide aux
gouvernements dans la rédaction des contrats qui les lient
pour plusieurs décennies aux entreprises étrangères. C'est
le tour du directeur de la BAD Stephen Karangizi de penser ce qui suit :
"La plupart des pays n'ont pas les moyens de négocier
d'égal à égal avec des multinationales qui s'entourent de
bataillons de juristes, d'avocats, de géologues... Il faut cinq ans pour
former un bon expert. Dans des pays pauvres ou qui sortent de conflits, il n'y
en a pas", explique ce directeur.
96 Ph. HOGON, Les nouveaux acteurs de la
coopération en Afrique, 2010, p 110.
97 Il s'agit l'assemblée de Marrakech
où se tenaient les assemblées annuelles de la Banque africaine de
développement (BAD) jusqu'au vendredi 31 mai 2013. Voir Laurence Carmel,
Le combat de l'Afrique pour se réapproprier ses ressources
naturelles, in le Monde, mai 2013. (www.Le
Monde.fr, consulté le 26 Mars 2014)
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Ernest98 pense que lorsque les gouvernements
africains souhaitent mieux encadrer ou réglementer les ressources
naturelles de leur pays, ils n'en ont souvent pas les moyens. Notamment dans
les pays en proie à des conflits ou sortant juste de guerres, ces pays
manquent des capacités institutionnelles permettant de surveiller les
grandes étendues où se trouvent les ressources naturelles.
Certaines zones riches en ressources naturelles se trouvent parfois près
de frontières peu surveillées, comme par exemple les mines de
diamants de la Sierra Leone et du Libéria et les régions
minières de l'Est de la République Démocratique du Congo.
D'autres sont situées en terrain difficile, comme le delta
marécageux du Niger, au Nigéria. D'après une étude
effectuée en 2004 à l'université du Québec à
Montréal (Canada) par un groupe de recherches sur l'industrie
minière africaine, les politiques d'austérité
économique recommandées par le FMI et la Banque mondiale pendant
les années 1980 et 1990 ont généralement affaibli les
capacités de nombreux Etats africains. Bien que ces politiques aient
été en partie modifiées en vue de consolider les
institutions publiques, les récentes réformes des
réglementations de l'industrie minière et des investissements en
Afrique ont octroyé aux sociétés minières des
avantages tels que les pouvoirs publics nationaux ne peuvent exercer qu'un
contrôle restreint et que leur trésor public et leur
économie n'en tirent que de faibles bénéfices.
Ce ne sont pas seulement les minerais qui intéressent
les sociétés multinationales en Afrique car en 2012, les
entreprises alimentaires multinationales se sont rapprochées des
producteurs de cacao, en Afrique subsaharienne notamment, pour suivre le rythme
de la demande en chocolat. Les ONG internationales estiment que ces initiatives
entraînent souvent des effets secondaires néfastes. Les
géants de l'agro-alimentaire Nestlé et Barry Callebaut
l'affirment: l'amélioration des rendements des cultures de cacao, c'est
tout bénéfice pour les entreprises, les agriculteurs et les
consommateurs. C'est en tout cas une nécessité, avec une
population mondiale en expansion rapide, le pouvoir d'achat accru des
consommateurs
98E. HARSCH, conflit et ressources, op.cit.
p.1.
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dans les économies émergentes et donc une
demande en perpétuelle augmentation99.
§2. Les sociétés multinationales
impliquées dans les conflits armés en
Afrique
Un grand nombre des sociétés multinationales
sont citées dans les différentes guerres que connait l'Afrique.
Celles-ci y participent directement ou indirectement, l'étude de
monsieur Mohsen Abdelmoumen100 en est une bonne illustration. Cette
étude fait allusion à différentes sociétés
multinationales qui soutiennent les guerres en Afrique.
C'est le cas d'Anglo American qui est accusée
d'atrocités massives en Afrique (deux mille civils tués pour le
contrôle de la mine de Mongbwalu entre 2002 et 2004) et de pratiques
environnementales destructrices au Ghana et au Mali, sans compter la sortie
clandestine de millions de dollars d'or envoyés vers la Suisse.
Depuis 1995, American Mineral101 Fields a
été impliquée au Brésil, en Russie, en
Norvège, en Zambie, en Angola et en RDC (exploitation du cuivre, cobalt,
zinc). Le financier criminel de la guerre en RDC, Jean-Raymond Boulle, qui
détient 36,4% des actions de la société, était
l'ancien directeur général de De Beers au Zaïre,
allié de Templesman dans le terrorisme pratiqué sous le
régime Mobutu. Anvil Mining a aussi été impliquée
dans les massacres en RDC. Parmi les administrateurs d'Anvil Mining figure
l'ancien ambassadeur américain Kenneth L. Brown, en poste à
Bruxelles, Kinshasa, Congo-Brazzaville, Ghana, Côte d'Ivoire et en
Afrique du Sud.
99 MATTHEW ALLEN et FREDERIC BURNAND, Cacao
africain: les multinationales veulent plus, Février 2012.Article
publié dans
www.AfricaDiligeance.fr
, consulté le 23 avril 2014.
100 M. ABDELMOUMEN, Les multinationales
liées à Gertler arment les milices et financent les guerres en
Afrique, in Algérie patriotique, Alger,
Février 2014. Cfr
www.algériepatriotique.com.
Consulté le 26 Mars 2014.
101 Bentley était également membre du conseil
d'Adastra Minerals anciennement American Mineral Fields, une
société basée en Arkansas, créée par Robert
Friedland avec Max et Jean-Raymond Boulle, amis notables de Bill Clinton.
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Pierre102 pense que la compagnie canadienne
d'Adolf LUNDIN avait poussé l'audace assez loin en concurrençant
les grandes compagnies sur le terrain; elle s'est cependant associée
à une firme de sécurité, l'International Defense and
Security (IDAS) reconnue au Danemark et aux Antilles, et qui a
remplacé en Angola l'Exécutive Outcome, une agence de
sécurité sud-africaine, qui fut donc obligée de quitter ce
pays. Cette Société Exécutive Outcome a
été citée lors de l'attaque et le
démantèlement des camps des réfugiés à l'est
du Zaïre en 1996, pour avoir bombardé ces camps et les colonnes de
réfugiés. Le gouvernement de l'Angola a octroyé à
IDAS des contrats pour assurer la sécurité, mais aussi
l'exploitation de quelques mines angolaises en échange de ses services,
pour faire face à l'UNITA de Jonas SAVIMBI. Et à son tour IDAS a
chargé l'AMFI d'exploiter ces mines à sa place.
L'AMFI en Angola dans les années 1990, a fait tout
pour tirer profit dans le contexte de violence qu'elle y entretenait
elle-même. Tenu par Clinton « d'abandonner les mercenaires qu'il
utilisait au profit des groupes de mercenaires approuvés par Washington,
le patron d'AMFI commença à acheter la filiale d'une
société de sécurité émergente, IDAS,
société installée en Belgique. Cela avec les droits des
diamants en payant 2,3 millions $US et des actions. En effet, à IDAS,
société qui devait fournir à l'Angola des mercenaires
approuvés par Washington, le gouvernement angolais avait accordé
50 % des droits des diamants sur une étendue de 36 000 km2 de brousse
contrôlée par l'UNITA.
Autour d'intérêts strictement privés,
Executive Outcomes (au compte d'Heritage Oil) et AirScan (pour Chevron) ont
mené en sol angolais une guerre terrible pour les civils. Après
avoir vaincu la rébellion en 1994, le gouvernement angolais passe
à la caisse et accorde à Heritage Oil, conjointement avec Ranger
Oil, des gisements pétroliers d'une valeur de 30 millions $US
Après ses lucratives aventures en Angola et en Sierra Leone,
102 P. BARACYETSE, l'enjeu géopolitique des
sociétés minières internationales en République
Démocratique Du Congo, op.cit, p.15.
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Executive Outcomes fusionne ses capitaux avec ceux de
Sandline International, pour se faire oublier le temps des controverses.
Sandline devient logiquement la société
écran qu'utilise Executive Outcomes pour poursuivre ses
opérations. « La boucle était bouclée. Le vivier de
Sud-Africains pauvres au point d'accepter de risquer leur vie fournissait les
forces physiques, Sandline prenait sur elle l'organisation et garantissait la
respectabilité de l'opération (the respectable front).
L'opération avait pour visée d'encadrer la bonne marche des
affaires occidentales en Afrique et dans d'autres points chauds du globe, de
garder ses propriétés et, au besoin, de soutenir les
gouvernements lorsqu'ils étaient les mieux disposés à
répondre des exigences du business103.
Une commission de l'ONU présidée par John
Harker a attesté, en 2002, de la complicité d'une compagnie
pétrolière, cette fois la canadienne Talisman, lorsque le
gouvernement soudanais a attenté à la vie de civils pour
dégager les terres d'exploitation qu'il venait de lui concéder.
Le Rapport Harker confirmait que, dans un Sud-Soudan déjà
éprouvé par la dictature, « les opérations
pétrolières dans lesquelles une entreprise canadienne est
impliquée ne font qu'ajouter à la souffrance était de
notoriété publique que le Soudan sévissait contre les
populations locales et que les titulaires de Talisman étaient de
mèche avec les autorités de Khartoum104.
Le tout commence en 1992. L'inconnue State Petroleum
Corporation (SPC) de Vancouver décroche contre toute attente ces
gisements inestimables. Comme souvent, le trafiquant d'armes Adnan Khashoggi,
versé dans les affaires pétrolières soudanaises à
l'époque du président Jaffar Muhammad Nimeiri et également
présent dans les parages de Barrick Gold, tirait les ficelles.
L'employé de sa Triad Investment, Zayed Jan Kiani, s'est retrouvé
parmi les principaux actionnaires de la SPC, avec les Pakistano-Canadiens Yasin
Muhammad et Lutfur Rahman Kahn. Ils ont négocié leur partenariat
avec l'État soudanais en compagnie d'Imam Daoud Abdel Malik,
103 Christopher WRIGLEY, The Privatization of Violence
New Mercenaries and the State, mars 1999, posté sur le <
www.caat.org.uk/publications/government/.
104 A. DENAULT et alli, op. cit., p.169.
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qui s'est dit « connu et ami d'un certain nombre de
ministres et d'officiels du gouvernement soudanais Khan contestera plus tard
cette version des faits. La suite est aujourd'hui connue105.
SPC a exigé du gouvernement soudanais qu'il encadre
les installations de la pétrolière. Cette triple alliance d'ordre
financier, pétrolier et militaire s'est révélée
désastreuse pour les populations civiles. Fidèle à son
habitude, à l'automne de 1992, « le gouvernement soudanais et ses
milices arabes ont repris leur campagne de terreur et d'expulsion contre la
population toujours là, près de Heglig, soit la partie la plus
prometteuse de la nouvelle concession de SPC.106
Tant de cadavres valaient l'ascension d'un titre à la
Bourse de Vancouver. C'est au plus fort des affrontements que SPC a
finalisé son partenariat d'exploitation avec le gouvernement soudanais,
des intérêts chinois et malaisiens, de même qu'une autre
canadienne de Vancouver, Arakis. La Greater Nue Petroleum Operating Company.
(GNPOC) naissait107. D'autres sociétés multinationales
ont soutenues même des rebellions pour accéder aux ressources
naturelles à vil prix. C'est justement ce que nous allons analyser dans
le chapitre qui suit avec le cas de la RDC.
105 Idem
106 OALITION FOR INTERNATIONAL JUSTICE, Soil and Oil,
Dirty Business in Sudan, Washington, 2006, <
http://www.ecosonline.org/back/pdf_réports)
2006/reports/Soil_and_Oil_Dirty_Business_in_Sudan.pdf>.
107 G., PRUNIER, « Négociations sous tensions
régionales. Paix introuvable au Soudan », Le Monde
diplomatique, décembre 2002, <
http://www
mc.modediplomatique.fr/2002/12/PRUNIER/17270>.
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CHAPITRE TROISIEME : LE ROLE DES SOCIETES
MULTINATIONALES
DANS LES GUERRES EN RDC.
Un travail scientifique de cette envergure ne se limite pas
seulement à expliquer les phénomènes sans qu'il y ait une
analyse approfondie. C'est pourquoi nous allons analyser les rôles des
sociétés multinationales dans les guerres en RDC sur le plan
politico-stratégique dans la première section, pour poursuivre
avec les rôles de celles-ci sur le plan socio-économique dans la
deuxième section en fin de finir avec quelques pistes de solution que
nous ferons à la RDC pour qu'elle évite les différentes
guerres liées à ses sources naturelles.
Section première : le rôle
politico-stratégique des sociétés
multinationales dans
les guerres en RDC: le soutient aux rébellions.
Dans cette section nous essayerons d'analyser les actions
politiques et stratégiques de certaines sociétés
multinationales surtout celles qui ce sont montrées actives dans la
guerre déclenchée par l'AFDL en 1996 et qui avait mis fin au
régime Mobutu. Nous allons analyser quelques cas des
sociétés multinationales qui ont fait parler d'elles au cours de
différentes guerres qu'a connu la RDC.
§1. Le cas de l'American Minerals Fields
International (AMFI) avec
l'AFDL
Alain DENAULT et ses amis affirment que pour déjouer
la méfiance des Congolais de l'est envers les pays voisins,
l'AMFI108, l'Ouganda et le Rwanda ont placé à la
tête de ce qu'ils ont fait passer pour une « rébellion
congolaise » un ancien maquisard du Sud-Kivu proche de feu Patrice Lumumba
: Laurent Désiré Kabila. Se découvrant soudainement
soutenu par ses puissants voisins de même que par la diplomatie
occidentale
108 L'American Minerals Fields International (AMFI)
naît l'année même où le président ougandais
Yoweri Museveni, son homologue rwandais Paul Kagame, des investisseurs
étrangers, les instances financières internationales, les chefs
d'États occidentaux ainsi que leurs diplomates se lassent de la
ploutocratie de Mobutu. C'est que sous sa bannière commerciale, l'AMFI
abrite une coalition militaro-politique. Il ne s'agit surtout pas pour elle de
restituer aux Congolais les ressources dont ils ont été
spoliés deux fois plutôt qu'une, à l'époque
coloniale d'abord et sous Mobutu ensuite, mais de procéder à ce
que Colette Braeckman nommera plus tard « le troisième pillage
» de l'histoire congolaise.
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(étatsunienne au demeurant), Kabila prend la
tête de l'AFDL (Alliance des forces démocratiques de
libération).» Le groupe d'experts mandaté par le conseil de
sécurité de l'ONU ont témoigné en ce contexte des
fréquents déplacements de population et de la litanie de malheurs
afférents : malnutrition, maladie, mort. A cette époque quatorze
pour cent de la population des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema
et du Katanga se trouvaient dans cette situation, soit au moins 1,5 million de
personnes. Plus de trois personnes sur quatre ont eu à vivre ce calvaire
au moins une fois durant les cinq années du conflit. Les rares
infrastructures publiques sont tombées en ruine. À la même
époque, les transactions de sociétés occidentales autour
des gisements miniers du Congo passent du simple au double, atteignant les 20
milliards $US109.
L'AMFI sera un acteur de premier plan dans cette coalition
d'intérêt, comptabilisant en dernière instance le fruit du
pillage que commettront les armées dans leur avancée vers
Kinshasa. « La localisation de ces ressources permet de comprendre la
progression en zigzag des rebelles de l'AFDL, déclenchée en
septembre 1996, avec le soutien de l'Ouganda, du Rwanda et de la compagnie
American Mineral Fields International110, basée au Canada.
Alors que les rebelles s'enfoncent dans le pays, les affaires aussi
évoluent.
Selon Alain DENAULT111, L'idée très
fantaisiste que Boulle se fait du droit international selon laquelle l'Alliance
[de Kabila] contrôlait effectivement le sol, et elle a le soutien de la
population, et que c'est cela qui compte en droit international a soudainement
force de loi. Ce que le quotidien parisien le Monde osera par la suite
avaliser, à sa manière pudique. « Cet accord est aussi une
victoire politique pour Kabila dont le
109 Marie-France CROS et François MISSER cités
par A. DENAULT et alii, Noir canada : pillage, criminalité et
corruption en Afrique, Ecosociété, Montréal, 2008,
p.53.
110 le 10 mai 1997 (une semaine avant que l'AFDL n'entre dans
Kinshasa) cette société a fait visiter les membres des groupes
financiers américains et canadiens ses installations, histoire de
montrer les possibilités d'affaires au Congo ex-Zaïre, ainsi que
l'ouverture des dirigeants de l'AFDL à l'égard des investisseurs
étrangers Fait troublant et commenté à travers le monde,
Kabila n'est pas encore président du Congo oriental mais il octroie
déjà trois contrats miniers d'une grande envergure à ses
alliés de l'AMFI : les concessions de cuivre et de cobalt à
Kolwezi, celles de cobalt (à partir de résidus de cuivre)
à Kipushi, ainsi que l'usine de traitement de zinc à Kipushi.
111 Jean-Raymond BOULLE cité par Alain DENAULT et alii,
op. cit., p.54.
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mouvement rebelle obtient là une connaissance
internationale économique en attendant celle diplomatique.
D'autres offrandes somptuaires sont ainsi destinées
à l'AMFI. Sa filiale, l'American Diamant Buyers (ADB), décroche
le monopole du comptoir de diamants de Kisangani pour quelque 10 000 $US par
jour. De l'argent de poche et, une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, elle
a aussi droit à « la dernière production » de la MIBA.
« À Kisangani déjà, où l'AMFI avait acquis un
comptoir d'achat de diamants, et à Lubumbashi ensuite, la
société sut se montrer généreuse avec les rebelles
qui bénéficièrent d'une avance de 50 millions de dollars
sur les transactions, histoire de financer la guerre alors en cours et de
prendre date pour l'avenir.112
Évidemment, les fruits de ces transactions
n'aboutissent dans aucun budget d'État ou officieusement public, mais
dans le trésor de guerre du camp Kabila. Tandis que Kabila calcule
à la petite semaine, l'AMFI spécule à très long
terme sur des gisements prometteurs. « La redistribution des concessions
des différents sites miniers du nouveau Congo démocratique
à des entreprises américaines, canadiennes et sud-africaines
devait permettre à Kabila d'honorer ses traités à court
terme et de payer les charges quotidiennes de son appareil
politico-administratif.113
C'est révoltant de constater de notre part que ce
tumulte a été observé en RDC impuissamment par la
communauté internationale et que les membres les plus influents dans
celle-ci (USA) complotent avec les rebelles. Pas mal de penseurs estiment que
ce phénomène ne fait que continuer en se métamorphosant
pour distraire l'opinion (AFDL-RCD-M23).
Nous retenons que ces phénomènes doivent
interpeller les africains qui peuvent comprendre d'une manière
aisée que les occidentaux ont une ruse qu'ils appliquent à
travers le monde pour s'enrichir. L'Afrique par exemple est victime de cette
ruse où elle perd abusivement ses ressources naturelles par des pillages
ou des contrats léonins, sa population par des massacres,
112 Idem
113 P. BARACYETSE, « L'Enjeu politique des
sociétés minières internationales en République
démocratique du Congo (ex-Zaïre) », op. cit., p. 7.
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sa sécurité par la circulation illicite des
armes au profit des occidentaux qui la divise pour l'affaiblir. A part ce
premier cas nous verrons que les autres ont découvert un terrain propice
pour leurs affaires. Ce le cas de lundin Group dans le paragraphe suivant.
§2. Le cas de Lundin Group
Bien que lui était engagé aux
côtés du clan Mobutu au début des hostilités, en
1996, le Lundin Group se rend vite à l'évidence que
l'armée nationale zaïroise, démobilisée et aussi
corrompue que le chef d'État, ne résistera pas à
l'invasion de la coalition Kabila-Ouganda-Rwanda soutenue par l'AMFI. « La
promptitude avec laquelle Lundin s'était exécutée pourrait
se justifier par le fait que, tout au long de leur progression vers la
capitale, les rebelles de l'AFDL n'arrêtaient pas de signer des contrats
avec n'importe quel investisseur qui se pointait à Goma. Lundin
avait-elle eu peur de perdre le marché qu'elle venait de gagner sous le
régime de Mobutu en débandade ? C'est possible, le pense Alain.
Le 11 avril 1997, au lendemain de la victoire sans appel de l'AFDL à
Lubumbashi contre des forces zaïroises en déroute, Lundin, via sa
société Eurocan, contresigne avec Kabila l'entente que Mobutu lui
avait auparavant consentie114.
Elle aurait également dû honorer un « pas
de porte » des frais à la signature du contrat de l'ordre de 50
millions $US à la Gécamines, mais cette somme, qui aurait
relancé la société d'État, a été
amputée de moitié par le gouvernement Kabila, pour son «
effort de guerre ». Un second versement prévu au titre du «
pas de porte », de l'ordre de 200 millions $US, se ferait toujours
attendre. Lundin s'est également engagée à investir 15
millions $US pour une étude de faisabilité qu'elle n'avait
toujours pas produite à la fin de 2005, la Lundin Holdings devient
finalement actionnaire majoritaire (55 % des parts) de la société
mixte créée à Vancouver, la Tenge Fungurume Mining (TFM),
la différence revenant à la Gécamines115.
114 . A. DENAULT et alii, op. cit, p.58.
115 Rapport Lutundula cité par A. DENAULT, op.
cit, 59.
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Avec ses découvertes qui nous sont
dévoilées par Alain et ses compagnons nous comprenons facilement
que les sociétés multinationales ont profité l'occasion
dans des situations macabres pour s'enrichir en se fichant de toutes les vies
humaines qui étaient en danger et comme, elles sont « malignes
» ou « rusées », elles utilisent des émissaires
qui leurs permettent d'accéder à leurs intérêts sans
des difficultés et le constat amer est celui de voir que ces
sociétés sont toujours soutenues par leurs pays (comme nous
l'avons vu dans le premier chapitre section troisième). First Quantum
n'a pas aussi hésiter d'aller satisfaire ses besoins au près du
rebelle, c'est pourquoi nous voulons aussi l'analyser dans le paragraphe qui
suit.
§ 3. Le cas de First Quantum
Un mois avant l'arrivée des troupes de
Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa, la First Quantum
Minerals (FQM) signe avec lui trois contrats léonins d'une valeur totale
de près d'un milliard de dollars qui suffiront à assurer sa
richesse''6Mirobolantes, les ententes lui confèrent des
droits sur les mines de Kansanshi et de Lonshi., parmi celles que
détient la puissante SODIMICO (la Société minière
et industrielle du Congo) En dépit du sens commun, le gisement de
Lonshi, par exemple, a été cédé à FQM le 25
février 2000 « sans contrepartie pour Sodimico, La FQM
séduit les officiels congolais en leur promettant une participation
privée au projet. « L'offre d'actions misait sur le fait que ces
actions monteraient en flèche une fois qu'il serait annoncé que
la société détenait quelques-unes des plus riches
concessions minières de la République Démocratique du
Congo». Les employés de la Sodimico supportent des
arriérés de salaire depuis 68 mois. Et les actions que First
Quantum avait cédées aux titulaires du régime
augmenteraient d'autant mieux que ceux-ci trahiraient l'État en bradant
ses ressources au profit de l'entreprise
privée...''7Même approche dans ses tractations pour
faire main basse sur les minerais de Kolwezi.
116 Colette BRAECKMAN, « Les veines ouvertes
», cité par A. DENAULT et alii, op. cit, p.62.
117 Rapport final du Groupe d'experts sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la
République démocratique du Congo, 2002, chapitre 33, p. 10.
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FQM aurait proposé, selon les experts mandatés
par le conseil de sécurité de l'ONU, un maigre 100 millions $US
à l'État et surtout « des paiements en espèces et des
actions tenues en dépôt pour le compte de hauts
fonctionnaires». Des élus figuraient en outre parmi les
privilégiés : « Le ministre de la sécurité
nationale, Mwenze Kongolo, le directeur de l'Agence nationale de
renseignements, Didier Kazadi Nyembwe, le directeur général de la
Gécamines, le général Yumba Monga et l'ancien ministre
d'État à la présidence, Jean-Pierre Mpoyo, figuraient sur
la liste des personnes ayant reçu ces faveurs ». Ce qui a
motivé ce sombre constat des experts de l'ONU : « L'exploitation de
minéraux à une telle échelle serait impossible sans la
collusion de fonctionnaires haut placés qui délivrent des
licences d'exploitation et des permis d'exportation en échange de
profits personnel.118»
D'autant plus que la plupart de ces notables ont
continué de prétendre, par la suite, à des fonctions de
haut niveau au sein de l'appareil d'État Comme prévu, FQM voit
son action à la Bourse de Vancouver monter en flèche, « de
zéro à environ 1.40 $US » en quatre ans (1997-2001).En
même temps qu'elle révélait son dessein strictement
spéculatif, et que le Congo oriental s'enfonçait au 150e rang de
l'index de pauvreté du Programme des Nations unies pour le
Développement (PNUD), la transaction confirmait une thèse de la
pensée économique contemporaine, à savoir que la «
création de richesse » n'est rendue possible que si on
écarte de ses calculs les notions de bien commun. Ou, comme le
résume un Congolais cité par le journaliste François
Misser : « Ici, on mange par hasard »119.
L'activité de FQM ne génère ni emploi,
ni revenus fiscaux dignes de ce nom dans le pays. Le minerai étant
traité dans une de ses filiales (la Bwana Mukubwa Mining)
installée dans la Zambie voisine, la société se trouve
à contourner le fisc congolais : « La Pesée est
effectuée à Ndola dans les installations et sur les balances de
Bwana Mukubwa Mining Ltd qui
118 Idem
119 F. MISSER, « Six millions de Congolais tentent
de survivre dans la capitale de la RDC. À Kinshasa, on mange "par
hasard" », Ouest-France, 24 décembre 2003, p. 3.
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transmet le rapport au personnel de l'OCC [l'Office congolais
de contrôle] pour l'enregistrement sans contrôle. Par ailleurs,
cette filiale transmet, seule, aux instances congolaises les données sur
l'échantillonnage et la qualité du minerai à partir
desquelles elle sera imposée au Congo : elle a ainsi
évalué elle-même à un million et demi $US ce qu'elle
doit au fisc congolais en deux ans et demi, entre 2002 et 2004.» FQM se
contrôlant elle-même, elle parvient ainsi à neutraliser une
partie des droits de douane.
Ces genres des phénomènes peuvent nous conduire
à interpeller les dirigeants congolais qui accèdent au pouvoir
par la démocratie et/ou par la force. D'une part, que ceux qui se
prétendent avoir été élus démocratiquement
fassent respecter les droits de l'homme pour ne pas laisser un alibi à
toute éventuelle rébellion qui déstabilise le pays et
d'autre part ceux qui veulent prendre ce pouvoir par la force peuvent cesser de
se laisser manipuler par ceux qui se font passer comme leurs amis qui les
arment pour tuer leurs propres frère et qui les trahissent après
(comme nous l'avons vu avec Laurent D. KABILA et ses alliés). C'est
difficile pour nous d'analyser toutes les sociétés
multinationales qui ont intervenues dans les guerres en RDC dans un travail
pareil mais pour donner l'essentielle nous nous résumons à dans
quelques cas.
§4.D'autres cas
La guerre congolaise est à interpréter comme
les répercussions de la guerre économique que se livrent les
puissances minières étrangères et locales sur le terrain.
« Quatre parties se disputent par exemple les concessions prolifiques d'or
et d'étain de la "Société minière et industrielle
du Kivu" (Sominki), la société aurifère canadienne Banro,
la Sud-africaine SPC, la société d'État congolaise Somico
et des hommes d'affaires locaux120.
Dominique pense lui, que les Ougandais et les Rwandais
continueront de se battre, mais par forces congolaises interposées.
« Cela provoque la multiplication des conflits locaux et plonge un peu
plus l'est du pays dans le
120 Dominic JOHNSON, « Wettbewerb auch mit
vorgehaltener Waffe », Berlin, Die Tageszeitung, 11 février
2002.
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chaos. Pour ajouter à la complexité de la
situation, dans les territoires qu'ils contrôlent, les rebelles et
leur[s] alliés continuent à se heurter à des forces
hétéroclites (Maï-Maï, Interahamwe, ex-FAR [Forces
armées rwandaises de l'ancien régime heu], ADF [Allied Democratic
Forces], rébellions hutu burundaises. » Du point de vue
économique, les quatre millions de morts qu'on recense dans cette guerre
passent au compte des dommages collatéraux. Dans le Sud-Kivu, le RCD
était un allié forcé de BANRO, puisqu'il contrôlait
l'est congolais où se trouvent ses concessions. Mais les combats pour
ces richesses font rage tandis que les fronts se multiplient. 121
D'abord alliés autour de Kabila, les dirigeants et
généraux rwandais et ougandais deviennent rivaux, se toisent,
jusqu'à ce que les hostilités éclatent, d'abord en 1999,
puis de mai à juin 2000 lors de la terrible bataille de Kisangani. Les
accords de cessez-le feu se multiplieront en vain et la région riche en
diamants ne sera jamais démilitarisée. Les sociétés
minières en cause sont parties prenantes du conflit. « Nombre de
combats qui ont suivi autour de l'extraction minière à l'est du
Congo ont opposé les partisans de BANRO, La plupart soutenant les
rebelles du RCD, à ceux de Somico, pour la plupart MaïMaï et
soutenus par le gouvernement Kabila et Ngezayo. « C'est Victor Ngezayo,
l'un des barons richissimes sous l'ancien régime mobutisme, à la
tête d'une myriade de sociétés allant de l'aviation civile
dont la VAC, Virunga Air Cargo, à la campagne caféière en
passant par l'hôtellerie et l'exploitation des matières
précieuses. » Mais le torchon a aussi brûlé entre
BANRO et les alliés politico-militaires de la section de Goma du RCD. En
2000, la société canadienne met le feu aux poudres lorsque son
représentant dans la région, Victor Ngezayo, fonde au Sud-Kivu
son propre parti politique, le Mouvement des patriotes congolais (MPC) : or,
dans l'est du Congo, qui dit parti dit fraction armée, «
réseau d'élite », mafia financière, contrôle de
territoire... La création du MPC passe donc pour une déclaration
de guerre contre le RCD-Goma122.
121 J.-F. HUGO, La République démocratique du
Congo. Une guerre inconnue, Paris, Michalon, coll. « Ligne
d'horizon », 2006, p. 38.
122 Idem
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Le journaliste Keith Harmon Snow s'est surpris à
constater que Human Rights Watch une ONG états-unienne qu'il croyait
crédible s'est gardée de faire état dans son rapport
« The Curse of Gold » de l'exploitation de Barrick dans l'Est
congolais. Suivant les ramifications et passerelles des sociétés
sud-africaines Anglo-Ashanti Gold et suédoise Metalor, Human Rights
Watch remonte la filière des politiques, des trafiquants d'armes et des
réseaux criminels auxquels elles sont liées, s'il y a encore lieu
de les distinguer. Mais l'ONG a omis de mentionner qu'Anglo-Ashanti agit en
coopération avec Anglo-American, détenue par la famille
Oppenheimer, elle-même associée à
Barrick123.» Ce Rapport de HRW a aussi supprimé les
preuves les plus accablantes, découvertes par ses chercheurs, selon
lesquelles Anglo-Gold Ashanti a envoyé ses meilleurs avocats à
l'Est de la RDC pour assister les chefs de la milice rebelle
arrêtés là-bas, Keith Harmon Snow relève que «
plusieurs compagnies minières multinationales ont rarement voire jamais
été mentionnées dans un quelconque rapport émanant
des organisations de défense des droits de l'Homme. L'une d'entre elles
est Barrick Gold124. »
Barrick Gold et Heritage Oil profitent au premier chef de la
partition en factions armées de l'Est congolais, qu'elles ont, elles
mêmes suscitées. Colette Braeckman cite de façon analogue,
c'est furtivement que Barrick se trouve évoquée dans le Rapport
Lutundula, alors qu'elle aurait transigé avec les « rebelles »
locaux en 1999. « Ce que l'histoire retiendra, selon ce journaliste, c'est
que des Congolais, Hema, Lendu, Nande et autres ethnies ont été
poussés à s'entretuer, à se haïr et à
s'exclure, sur des terres riches qui auraient pu les nourrir tous, et cela afin
que la "paix ougandaise" puisse un jour s'étendre sur des territoires
vidés de leurs habitants, rendus accessibles aux sociétés
pétrolières et à des multinationales comme Ashanti Gold
fields ou Barrick Godlan125. »
123 Keith Harmon SNOW, « Depopulation & Perception
Management Part 2: Central Africa », Pioneer Valley
Voice, Février 2001, <
http://www.
all-thingspass.com/uploads/htm.1-32Depop&PercepMan.htm>.
124 Ibidem
125 A. DENAULT et alii, op. cit, p.141.
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Certaines études ont prouvé que la guerre que
menait Laurent NKUNDA en RDC avait comme objectif de créer plus des
terres vacantes pour les sociétés multinationales canadiennes,
américaines, britanniques, belges, sud africaines et israéliennes
pour faciliter le partage en toute quiétude « du gâteau
congolais », c'est-à-dire l'exploitation des ressources naturelles
immenses dont regorge la RDC. Ces multinationales passent par le Rwanda et
l'Ouganda qui choisissent un des officiers à la retraite des
armées de leurs pays respectifs (Laurent NKUNDA a été
désigné pour accomplir cette mission), Ils vont même
très loin en recrutant des mercenaires et des stratèges
militaires126.
Pour conclure cette section nous remarquons que les congolais
ont encore un grand nombre de défis à relever pour qu'ils aient
une sécurité permanente dans leur pays. Ailleurs ces ressources
naturelles qui font l'objet des massacres en RDC font avancer tous les secteurs
du pays. Malheureusement la RDC par manque d'un leadership capable de
stabiliser le pays par une armée forte et une diplomatie dynamique se
trouve victime des violences de toutes sortes.
Section deuxième : Le rôle
socio-économique de sociétés
multinationales dans les
guerres en RDC
§1. L'accès aux ressources naturelles
à vil prix : contrats léonins
Les entreprises canadiennes Emaxon, Anvil, et Kinross,
pendant la guerre de l'AFDL se sont rangées rapidement à la
« logique » et, comme l'AMFI, transigeront directement avec Kabila,
en dépeçant au passage ce qu'il reste du Congo. Toutes
négocieront des contrats léonins avec le chef d'État en
devenir, et ces contrats étaient par définition, totalement
à leur bénéfice et au détriment absolu des
Congolais. À elles, l'or, le diamant, le cobalt, le manganèse,
l'uranium, le cuivre, le zinc, le germanium, l'argent, le plomb, le fer...
« Les transnationales minières se bousculent entre les
126 Grand lac confidentiel du 15 Novembre 2008
cité par J. WABULAKOMBE, op.cit, p.74.
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rebelles et les gouvernementaux pour accaparer les meilleures
parts, veillant à rester du côté du vainqueur et en
forçant le destin si nécessaire127.
Keith Harmon Snow et David Barouski soutiennent que les
multinationales occidentales procèdent à l'extraction sans
précédente des minerais au Congo, qui sont estimés
à des tonnes et des tonnes de cobalt d'une valeur de $6 millions par
jour rien que le cobalt sortent du Congo par jour. Le cobalt est un
élément contenant des produits essentiellement nécessaires
à l'industrie nucléaire, chimique, l'industrie d'aviation et de
défense. Il y a une section de l'opinion internationale qui loue le
grand progrès accompli dans la dénonciation de l'extraction
illégale des minerais au Congo où les activités
illégales des multinationales sont dévoilées, plus
particulièrement par le groupe Human Rights Wtach (HRW) dont le rapport
de 2005, intitulé «The Curse of Gold ou La Malédiction
de l'Or», a exposé la rapine et la contrebande par les
officieux ougandais et les corporations multinationales qui passaient l'or
à la fraude à travers les rebelles miliciens locaux. Le Front
National pour l'Intégration (FNI) et les Forces Armées du Peuple
Congolais (FAPC) étaient parmi les groupes armés cités
dans ce rapport de HRW. Les compagnies multinationales occidentales
visées par HRW dans ce rapport étaient Anglo-Ashanti Gold, une
compagnie basée en Afrique du Sud et Metalor, une firme
Suédoise128.
Ces auteurs notent également que plusieurs compagnies
minières multinationales n'ont jamais été, si pas
rarement, mentionnées dans un rapport quelconque des organisations des
droits de l'homme, entre autre Barrick Gold129, qui opère
dans la ville de Watsa, au nord-est de la ville de Bunia, localisée dans
l'une des coins les plus secoués par la violence au Congo. Ces mines
étaient sous contrôle intermittent des Forces de Défense
127 P. BARACYETSE, « L'Enjeu géopolitique des
sociétés minières internationales en République
démocratique du Congo (ex-Zaïre) », op. cit., p.
7.
128 Keith HARMON SNOW et David BAROUSKI, comment les
multinationales volent le patrimoine, les richesses naturelles et
minérales du Congo. En même temps les congolais croupissent dans
une souffrance infrahumaine quasiment passée sous silence, Zmag,
Mars 2006.
129 George H.W. Bush a servi comme un conseillé
payé de Barrick Gold. Parmi les directeurs de Barrick Gold, se trouvent
Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada; Edwards Neys, ancien
ambassadeur américain au Canada et PDG de Burston-Marsteller, une
compagnie de rélations publiques; l'ancien sénateur
américain Howard Baker; J. Trevor Eyton, un membre du Sénat
Canadien; et Vernon Jordan, l'un des avocats de Bill Clinton.
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du Peuple Ougandais (UPDF) pendant la guerre. Les
officieux à Bunia ont déclaré que les exécutifs de
Barrick Gold ont atterri dans la région sous l'escorte des troupes
Rwandaises (Front Patriotic Rwandais, FPR) et Ougandaises (UPDF), pour
enquêter et inspecter les intérêts
miniers130.
Nous allons noter également que les actes
illicites de ces sociétés sont pratiqués non seulement
pendant la guerre mais également pendant une période de paix.
Durant cette période elles bénéficient une
complicité des autorités congolaises qui se font corrompre par
celles-ci au détriment des congolais. Cette revue de presse de la radio
okapi ci-dessous va nous édifier dans ce domaine.
En 2012 la Radio Okapi131 avait
rapporté que cinquante neuf compagnies fictives exploitant
frauduleusement les minerais de la RDC sont basées dans les îles
vierges britanniques et à Gibraltar en se référant sur une
enquête menée par le parlementaire britannique Eric Joyce. L'ONG
de ce parlementaire Free Fair DRC a rendu public les résultats
de cette enquête, lundi 28 mai 2012, à Kinshasa. Le
représentant spécial de Free Fair DRC, Herman Nzeza, a
précisé qu'une bonne partie de ces compagnies appartient à
un homme d'affaires juif qui entretiendrait des relations d'amitié avec
le sommet de l'Etat congolais: «Nous avons [en RDC] un gouvernement
qui vend secrètement les ressources de l'Etat aux soi-disant compagnies,
à des prix fortement en dessous de leur valeur réelle. Ces
sociétés fictives n'investissent pas. Elles finissent par vendre
ces ressources naturelles, aux plus gros intérêts, à des
compagnies minières qui les exploitent et en font des
bénéfices.»
Ces entreprises fictives continuent à
percevoir ainsi, chaque année, des millions de dollars
américains, a poursuivi Herman Nzeza, précisant que certaines
d'entre elles apparaissent à la Bourse de Londres. Il a, par ailleurs,
lancé un appel aux politiques congolais et à la
société civile de lutter pour la transparence dans le secteur
minier en RDC en ces mots : «Nous venons d'adresser une lettre ouverte
à Aubin Minaku, président de l'Assemblée
130 Idem
131http:/
radiookapi.net/actualité/2012/05\29/fraude-minière-en-rdc-une-enquete-demasque-59-compagnies-fictives\trackback/.
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nationale, lui demandant de constituer une
commission d'enquête pour statuer sur les personnalités
étrangères et congolaises qui exploitent le secteur minier en
RDC.132»
A la veille des élections présidentielle et
législatives de novembre 2011 à Damas, le député
Eric Joyce avait publié les résultats d'une enquête
similaire dans laquelle il accusait les dirigeants politiques congolais d'avoir
fait perdre à l'Etat 5,5 milliards de dollars américains en
sous-évaluant les contrats miniers contractés avec des
sociétés fictives des îles vierges britanniques. Ces genres
d'allégations ne sont pas nouveaux. Au mois de juillet 2011, l'ONG
Action contre l'impunité pour les droits humains (ACIDH) avait
publié un communiqué pour dénoncer «la vente en
catimini» par la Gecamines de ses parts dans les sociétés
minières Mutanda Mining et Kansuki Sprl, associées respectivement
aux sociétés Actifs rowny ltd et Biko Invest, liées
à l'homme d'affaire israélien Dan Gertler. Ces transactions
avaient été révélées dans un document du
groupe Glencore133, publié lors de son introduction à
la Bourse de Londres au mois de mai 2011.
Avec ces genres des considérations, le congolais est
à croire que les informations de son pays sont connues à
l'étranger plus qu'à l'intérieur du pays. C'est un
défi que le congolais doit relever en lisant en abondance. Ces
études que nous venons d'analyser nous prouvent combien de fois la RDC a
un déficit du leadership car les élus n'ont aucun esprit
patriotique, tout ce
132 Idem
133 Les activités de Katanga Mining Limited (KML) dans
la région de Kolwezi reposent sur des concessions minières
acquises dans des circonstances opaques au sortir de la guerre, dans les
années 2004 2005. Malgré un long processus de
renégociation des contrats miniers menés par le gouvernement
congolais entre 2007 et 2009, les termes des concessions de KML ont peu
changé : aujourd'hui encore, les contrats privilégient
systématiquement les intérêts des investisseurs
privés. Et la population du Katanga a peu de chance de voir ses
conditions de vie s'améliorer, malgré les énormes
bénéfices réalisés par les filiales de Glencore.
Selon le code minier congolais, élaboré en 2002 avec l'appui de
la Banque mondiale, la privatisation de l'entreprise d'Etat Gécamines
devait se faire dans la transparence et la concurrence. En effet, l'article 33
stipule que l'attribution de tout gisement dont les réserves sont
d'intérêt public et dont la valeur est prouvée,
étudiée, voire déjà en exploitation, doit se faire
par le biais d'un appel d'offres public, basé sur une évaluation
sérieuse et indépendante de la valeur des biens
cédés. Dans le cas des licences d'exploitation des mines de
Katanga Mining Limited, aucune de ces clauses n'a été
respectée. A l'époque, Katanga Mining Limited n'existait pas sous
sa forme actuelle. Les six gisements exploités aujourd'hui par la
filiale de Glencore (notamment Kamoto et KOV) ont fait l'objet, en 2005, de
deux accords de joint-venture séparés entre la Gécamines
et des investisseurs privés belges (Kinross Forrest) et canadiens
(Global Enterprise Corporate). Ces deux accords sont réunis en un seul
sous la direction de KML en 2009. Cfr Chantal Peyer, Contrats, droits
humains et fiscalité: comment une entreprise dépouille un pays.
Le cas de Glencore en République Démocratique du Congo.
Enquête de terrain en République Démocratique du Congo
menée par Freek Cronjé, Jean-Didier LOSAMGO NZINGA, et allii
(Benchmarks Foundation), in Pain pour le Prochain et Action de
Carême, Mars 2011.
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qu'ils font marche dans le cadre de satisfaire leurs
intérêts égoïstes et c'est aussi dommage pour le
congolais naïf et incapable de revendiquer son droit.
§2. L'assistance et le soutien aux crimes : Pertes
des vies humaines
Le journal médical britannique, The Lancet,
s'est sensationnellement intéressé dans une étude sur
la République Démocratique du Congo. Un groupe de médecins
après recherche a compilé un rapport qui dit que plus de 4
millions de Congolais ont été tués depuis
l'éclatement «officiel» de la guerre en 1998134. La
BBC a confirmé que la guerre au Congo a coûté beaucoup plus
des vies que tous les conflits armés depuis la Deuxième Guerre
Mondiale135. Cependant, les experts qui travaillent au Congo et les
rescapés Congolais eux-mêmes estiment à 10 millions le
nombre de morts depuis l'éclatement de la guerre en 1996 et non en 1998
à la suite de l'invasion soutenue par les États-Unis pour
renverser le président du Zaïre, Joseph Mobutu.
Keith Harmon Snow et David Barouski pensent que les
médias occidentaux ont l'habitude de « chiffrer » les morts en
Afrique, mais selon eux dans le cas du Congo, aucune statistique ne peut «
quantifier » la souffrance du peuple Congolais. Il y a une section de
l'opinion internationale, qui est consciente que la guerre au Congo est
poussée par le désir d'extraire les matières
premières, y compris le diamant, l'or, le colombium tantalite (Coltan),
le nobium, le cobalt, le cuivre, l'uranium et le
pétrole136.
Ces études motivent en nous une question, celle de
savoir si la commuté internationale137 a réellement
cette volonté de mettre fin aux
134 Benjamin Coghlan et alii, Mortality in the Democratic
Republic of the Congo: A Nationwide Survey.» In The Lancet,
7Jan. 2006. Number 367, pp. 44-51.
135Thousands' dying in DR Congo war,» BBC
News, 6, Jan.2006:http://news.bbc.co.uk/ 1/hi/world/africa/4586832.stm.
136 Keith Harmon Snow et David Barouski, op.
cit.p.16.
137 Cette conception fait l'objet de discussions, de remises
en causes et de réserves. En fait, deux conceptions principales
s'affrontent. L'une considère que la Société
internationale est composée uniquement d'entités politiques
distinctes et indépendantes. L'autre estime que la société
internationale est celle qui existe entre l'ensemble des hommes, et que la
société internationale est au fond celle de l'humanité
toute entière. (Pr. BALAAMO MOKELWA, notes de cours de droit
international public, Inédit, UOB, G3 RI, 2010-2011, p.2.)
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guerres des minerais en RDC ? Avec les études faites,
il est facile de constater que cette communauté a toujours
assisté d'une manière impuissante à ces tragédies
macabres en RDC sans quelle engage des actions concrètes qui prouvent sa
volonté d'y mettre fin.
À la mi-octobre 2004, un groupe jusque-là
inconnu, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du
Katanga (MRLK), Avait occupé la mine isolée d'argent et de cuivre
que l'Anvil Mining Congo (une filiale qu'Anvil contrôle à 90 %)
exploite près de Kilwa. À la guerre, Anvil assume alors
elle-même le transport en avion des soldats de la 62e brigade de la 6e
région militaire de l'Armée nationale et se rend par le fait
même complice de ses crimes : l'assassinat de 70 à 100 civils,
dont des femmes et des enfants, selon des témoins entendus par des
juristes en droit humain. L'ONU a plus tard avancé le chiffre de 73
morts dont 28 exécutions sommaires138. « Les soldats se
sont livrés à un saccage sans distinction aucune, à des
arrestations arbitraires et exécutions sommaires des rebelles
suspectés et de ceux qui les soutiennent violant des femmes, et
soumettant les prisonniers à la torture et à la Bastonnade. Cette
société canadienne aurait cherché à faire
disparaître les cadavres, en finançant et en ravitaillant les
militaires affectés à cette tâche.
D'après l'organisation britannique RAID (Rights &
Accountability in Development)139, « Anvil aurait aussi fourni
des véhicules pour appuyer l'attaque militaire contre la ville ; ces
véhicules auraient également servi à transporter les
personnes arrêtées et à enlever des cadavres après,
l'opération militaire Anvil a plaidé sa cause en déclarant
ne pas avoir eu le choix que d'envoyer la police aux trousses des creuseurs
artisanaux». Le directeur général de la
société, Pierre Mercier, et deux autres employés
sud-africains d'Anvil ont été accusés par la justice
militaire congolaise de complicité de crimes de guerre... First Quantum
se serait ensuite contentée de muter Mercier en Zambie voisine, selon
The Ottawa Citizen. Cette procédure, close le 28 juin 2007, a surtout
permis à Anvil Mining, reconnue
138 J. KHAN, « Massacre de Kilwa au Congo,
D'ex-employés d'une firme canadienne accusés de complicité
de crimes de guerre », Montréal, La Presse, 18 octobre 2006,
p. 26.
139 Anvil Mining et le massacre de Kilwa : Une compagnie
canadienne impliquée ? Mining Watch, posté sur le
www.liberationafrique.org/spip.php?article718.
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non coupable, de se défausser sur ses agents, seuls
inculpés.
Les morts de Kilwa n'auraient été en fait que
« des victimes d'un accident de la route impliquant un véhicule
d'Anvil Mining près de Nsensele, lieu des supposées
exécutions sommaires. Dans un rapport publié en juillet 2007, une
coalition d'ONG internationales et congolaises s'est insurgée contre les
conclusions de ce procès, en relevant une série
d'incohérences dans les dépositions des employés d'Anvil.
Le rapport fait aussi état de graves irrégularités dans la
procédure : blocage de l'enquête par les autorités ;
intimidation des témoins et victimes ; mutation de l'auditeur militaire
après qu'il ait résisté aux pressions en vue d'abandonner
les poursuites contre les employés d'Anvil. L'agent du Haut Commissaire
des Nations unies aux droits de l'homme, Louise Arbour a également
critiqué la façon dont le procès a eu lieu : «
je suis préoccupée par les conclusions du tribunal
disant que les événements de Kilwa sont la conséquence
accidentelle des combats, malgré la présence au cours du
procès de témoins oculaires importants et de preuves
matérielles qui démontrent de façon convaincante que de
graves violations des droits de l'homme ont été commises
délibérément140. »
L'auditeur militaire et plusieurs victimes ont fait appel du jugement.
Hannes Meyer, qui a travaillé pour Anglo-Gold Ashanti
au Congo, de 1999 à 2006, lorsque des milices en Ituri ont
été financées pour l'extraction d'or. Il a
été lié à TEAL Exploration qui a des liens avec
Anvil Mining (société canadienne de production de cuivre au
Katanga, impliquée dans un massacre par son soutien logistique à
l'armée qui a brisé le soulèvement des ouvriers de la mine
de Dikulushi en 2004 et Anglo American Corporation, fondée en 1917 par
la famille Oppenheimer, devenue Anglo American suite à sa fusion avec
Minorco et qui possède 45% de De Beers141.
C'est dommage de constater que les intérêts des
sociétés multinationales peuvent primer sur la vie du congolais.
Ces sociétés ne sont
140 GLOBAL WITNESS, « Le procès de Kilwa : un
déni de justice », communiqué de presse, 17 Juillet 2007,
<
www.globalwitness.org/media_
library_detail.php/560/fr/le_process_de_kilwa_un_deni_de _justice>.
141 M. Abdelmoumen, Les multinationales
liées à Gertler arment les milices et financent les guerres en
Afrique, op.cit.
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- 90 -
pas intéressées par la vie du peuple mais
plutôt de l'accès aisé aux ressources naturelles, elles
oublient qu'elles doivent coopérer avec ce peuple détenteur de
ses ressources. Elles profitent le soutien de leur gouvernement et la
complicité des autorités congolaises qui au lieu de
privilégier les intérêts du peuple, ils privilégient
leurs intérêts et ceux de leurs amis (multinationales). Que la
bourgeoisie foute la paix à la justice en la laissant faire son
travail.
§3. Essaie de balkaniser le pays
La balkanisation est non seulement le partage du pays en
entités mais aussi l'entretien et l'incrustation des idées
tribalistes, d'enrichissement d'une partie etc. Les sociétés
multinationales ne sont pas les seules à vouloir ou à travailler
pour la balkanisation en utilisant les raisons de déplacement de la
population dans des lieux autres que ceux qui contiennent des minerais, les
Etats qui les soutiennent sont eux aussi à l'oeuvre. Nous pouvons
commencer par les Etats-Unis d'Amérique dont la mission diplomatique
selon Wikileaks142, s'emploie à connaître les
intentions des Congolais sur cette question et considère qu'aborder
« la balkanisation doit être un élément
important de la stratégie à déployer dans les efforts de
rayonnement de sa Mission (diplomatique) ». La mission
diplomatique américaine est donc en train d'identifier ceux qui sont
pour et contre de cette théorie du fait que les Etats-Unis sont
cités parmi ceux qui soutiennent les agresseurs de la RDC et que
« les intérêts américains supportent les
efforts supposés du Rwanda d'annexer le Kivu et de monopoliser les
ressources de la région », selon le câble de
l'ambassade américaine à Kinshasa cité par
Wikileaks143.
Le jeu des Etats-Unis est clair dans la balkanisation et le
pillage. Le cas des Tutsis qui forcent les autochtones congolais à
quitter les terres côtières de leur pays sont les preuves du jeu
car le Rwanda est soutenu par les Etats-Unis. Les réfugiés sont
non seulement les congolais mais aussi les hutus venus du Rwanda, et aussi dans
une moindre mesure en provenance du Burundi. Ils sont forcés de migrer
parce qu'ils sont tués par ces forces
142 1
http://www.wikileaks.org/cabledel'ambassage_des_EtatsUnis/théorie_du_complot_dela_balkanisation
143 Idem
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fidèles à Kagamé, au Rwanda. Maintenant
que Kansteiner est remplacé, une personne qui était dans
l'administration Clinton nommé Susan Rice, vient d'être
nommée par Barak Obama pour être l'ambassadeur américain
à l'ONU. Susan Rice est un ardent défenseur de ces clients comme
Kagame au Rwanda, Museveni en Ouganda. Elle ne favorise pas le multipartisme,
elle favorise les dictateurs forte parce que sa marraine, Madeleine Albright, a
désigné M. Kagamé et M. Museveni et Kabila avant que nous
ayons aussi rompu avec lui au Congo. Elle a appelé ces dictateurs
balises Amérique d'espoir pour l'Afrique. Eh bien, ils ne sont pas des
sources d'espoir, ils sont des dictateurs, mais ils donnent le tout aux
États-Unis. Les États-Unis vont aussi loin que la présence
militaire en Afrique procèder également à l'accès
aux matières premières. En cherchant à arranger l'image de
leur mission diplomatique en abordant ce sujet de la balkanisation, il est
clair qu'ils se sont sentis reconnus dans le projet. Leurs
sociétés multinationales inclues dans des dizaines de
multinationales dont la Barclays Bank, De Beers et Anglo American ont
été accusés d'avoir facilité le pillage des
richesses de la République Démocratique du Congo dans un rapport
de l'ONU144.
Section troisième : Pistes des solutions pour
mettre fin à la guerre des
ressources naturelles en RDC
Une chaine de télévision du nom de
télé LAVDC avait rapporté en 2013 par le biais de son
rapporteur que la République démocratique du Congo (RDC), est un
géant minier par excellence et l'une des fournisseurs très
importants de matières minérales au monde, notamment le fameux
Coltan (colombo-tantalite) et que le pays est particulièrement nanti par
une diversité d'espèces minérales réparties dans
toutes ses provinces. Elle avait ajouté que sans cette fourniture
notable, certains secteurs industriels importants du monde occidental s'en
trouveraient certainement affaiblis. Mais qu'au lieu que ces richesses
minérales contribuent au développement de ce pays et au
bien-être de sa population, elles sont plutôt devenues une
malédiction et une source de tous les maux dont souffre actuellement
la
144 R. CAROLL, «history», op. cit., p.22.
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RDC, confrontée à une guerre essentiellement
économique depuis plusieurs années145. Malgré
ce constat nous ne pouvons pas manquer de donner notre contribution en
matière de pistes des solutions pour que la RDC profite de ses richesses
au lieu que ces dernières soient pour elle une source de
malédiction. Ainsi pour que la RDC sorte dans ce gouffre du sous
développement, il est important qu'elle se réfère aux
éléments suivants.
§1.Mettre en place une armée
républicaine et forte
L'armée est l'un de facteurs qui composent une
puissance en relations internationales et doit être fondée sur la
taille des forces armées, leurs équipements et leurs
stratégies mais malheureusement pour la RDC ce n'est pas le cas, car
Isdore nous renseigne qu'elle n'a pas une armée républicaine
capable de mettre fin aux différents groupes armés qui
sévissent à l'Est de son territoire. En effet, depuis la
rébellion de l'Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo (AFDL) qui a chassé le président
Mobutu du pouvoir en 1997, l'armée congolaise n'a gagné aucune
guerre, précise Isdore. Avec le MLC (Mouvement de libération du
Congo) et le RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), Le
gouvernement congolais a fini par signer un accord avec les rebelles pour la
formation du gouvernement de « 1+4 ». Avec le CNDP (Congrès
national pour la défense du peuple) de Laurent Nkunda, c'était le
fameux Accord de paix du 23 mars 2009 qui intégrait les insurgés
dans les instances politiques et militaires du pays. Aujourd'hui avec les
négociations de Kampala avec le M23, on finira probablement par la
réintégration des insurgés d'hier à nouveau dans
les instances politiques et militaires de la RDC146.
Avec de la mue du CNDP groupe armé en parti politique,
la journaliste Charlotte soutient que le président était proche
de Bosco Ntaganda, une figure influente du mouvement. Mais depuis le 13 juillet
2012, la Cour Penale Internationale (CPI) a déposé un
deuxième mandat d'arrêt contre
145 Isidore KWANDJA NGEMBO, Des pistes de solution pour
mettre fin à la guerre des minerais en RDC, posté en janvier
2013 sur le http:/
www.lavdc.net/portail/des-pistes-de-solution-pour-mettre-fin-a-la
guerre-des-minerais-en-RDC et consulté le 24 avril 2014.
146 Idem
- 93 -
l'ancien général. Le président s'est
trouvé donc tiraillé entre la pression internationale qui
pèse contre Bosco NTAGANDA et la difficulté d'abandonner son
allié. Ceci explique selon elle la politique floue qu'il mène
vis-à-vis du M23 depuis le mois d'avril. Pourtant, face à la
pression internationale, Il lâche son allié et demande son
arrestation pour qu'il soit « jugé en RDC ».147
Quant à nous, nous jugeons utile de compléter
ces gens qui viennent de dresser un tableau sombre sur l'armée en RDC
pas dans la même manière mais en formulant quelques pistes de
solutions au gouvernement congolais. Sur ce nous recommandons à ce
gouvernement ce qui suit:
· Encadrer les militaires et les policiers sur tous les
plans en fin de les rendre forts, disciplinés et patriotiques en leur
assurant un bon salaire qui peut le permettre de survenir ne fut ce qu'à
leurs besoins fondamentaux, en construisant pour eux les camps militaires et en
leur assurant les moyens de transport. Dans ce cas ils n'auront pas
d'échappatoire de ne pas sécuriser et défendre le pays.
· Doter l'armée de tous les équipements
qui interviennent dans la défense d'un pays,
· Doter le pays des moyens technologiques pouvant lui
permettre de fabriquer les armes. A ce sujet M.-F. CROS et F. MISSER pensent
que la RDC dispose d'assez d'atouts pouvant lui permettre de fabriquer les
armes sur son sol. Selon eux, le Congo fut un enjeu stratégique durant
la seconde guerre mondiale, en tant que détenteur de la mine d'uranium
de Shinkolobwe, au Katanga, qui servit à la fabrication des bombes
atomiques larguées en août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki au
Japon. Durant aussi presque toute la guerre froide, il constituera un
fournisseur important de cuivre et de cobalt du « monde libre » 148.
Mais la désolation est qu'il n'existe pas en RDC les industries à
fabrication d'armes.
147 Charlotte COSSET, RDC : dix points clés pour
comprendre la guerre au Nord-Kivu posté sur le
http://www.rue89.com/2012/08/22/rdc-dix-points-cles-pour-comprendre-la-guerre-au-nord-kivu-234776"
et
consulté le 23 avril 2014.
148M.-F. CROS et F. MISSER, La
géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, Editions complexe, 2006, p
.26.
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- 94 -
· Que l'armée ne soit pas inféodée
à la politique, elle doit rester indépendante et surtout
républicaine ;
· Faire la coopération militaire avec certaines
puissances pour bénéficier une formation adéquate. Le
président Mobutu avait donné un exemple à ce sujet en
confiant la coopération militaire à la fois à la Belgique,
à la France, à Israël, aux États-Unis, à
l'Italie, à l'Allemagne, à l'Egypte, à la Chine et
à la Corée du nord, en pleine guerre froide.
Des telles coopérations militaires ont aussi
subsisté sous la dictature de Laurent Désiré KABILA,
durant laquelle se succédèrent à Kinshasa instructeurs
rwandais, ougandais, tanzaniens, soudanais, zimbabwéens et angolais.
· Que ceux qui sont chargés d'octroyer des grades
aux officiers et à d'autres agents militaires évitent d'octroyer
les grades fantaisistes ou les grades fondés sur le clientélisme,
le népotisme, les négociations, le tribalisme, etc.
Si la RDC tient compte de ces éléments, elle
peut sans doute reformer son armée et faire le contre poids à
tous les pilleurs de ses richesses. Elle doit toute fois retenir qu'il est
urgent que soit créée une armée républicaine avec
comme mission principale de garantir la stabilité du pays car
l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne
sont pas négociables.
La tenue des Etats généraux de l'armée
et la possession des bases militaires s'avèrent aussi indispensables car
la stabilité du pays en dépend. La possession des bases
militaires implique la libre disposition de terrains, d'installations
militaires, de facilités en matière de stationnement et de
circulation des forces armées, le droit de survol aérien et
d'escale dans les aéroports149.
§2. Une diplomatie agissante basée sur les
ressources naturelles
Lax et Sebebius indiquent que la négociation est un
« processus d'interaction opportuniste dans lequel deux ou plusieurs
acteurs en
149 J. BARREA, Théories des relations
internationales. De l' « idéalisme à la grande
stratégie », Bruxelles, Erasme, 2002, P.90.
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situation de conflit apparent, tentent d'obtenir par un
accord un résultat meilleur que par d'autres moyens de décision
»150. Ainsi pour mettre fin à la « guerre de
minerais congolais » qui sème la mort et la désolation et
qui a déjà fait des millions de victimes innocentes, la RDC peut
même utiliser ces mêmes minerais selon Isdore pour acheter la paix.
Bien que certains pays, tels l'Australie et le Brésil, fournissent une
quantité de Coltan151 sur le marché mondial, la
demande des produits dérivés, notamment les
téléphones mobiles et les ordinateurs portables, fait en sorte
que les pays producteurs de ces produits en ont encore et encore besoin. Les
spécialistes de ce minerai estiment que la RDC regorgerait d'une plus
importante réserve mondiale de cet « or gris » qui
contiendrait l'un des taux les plus élevés de tantale au
monde152. Le tantale (métal extrait du Coltan) est
indispensable à l'industrie aéronautique, aérospatiale et
de défense (réacteurs, missiles, satellites, etc.), il sert
également à la fabrication des gadgets électroniques de
petite taille, tels que les téléphones mobiles, les ordinateurs
portables et les consoles de jeux.
Pour ce faire, la diplomatie congolaise peut retenir quatre
éléments que nous empruntons à Isdore153. En
prenant le Coltan comme exemple, qui peut être applicable pour les autres
minerais.
1er. Le Coltan est un enjeu stratégique
pour certaines puissances
mondiales qui n'en ont pas assez et dépendent des
réserves extérieures pour leur système de
défense.
2e. La RDC a certes des amis, mais n'a pas
des alliés fidèles qui
puissent plaider sa cause et s'opposer
énergiquement lorsque ses intérêts sont bradés.
150 C. LAURENT, Négociation de crise et
communication d'influence, Paris, issy-lesmoulineaus cedex, 2006, p.15.
151 Il est difficile d'avoir les données fiables de la
filière du Coltan congolais, étant donné que
l'exploitation et la
commercialisation de ce minerai est pour la plupart
frauduleuse. Du coup, le Coltan est devenu un matériau
stratégique pour certains pays occidentaux qui dépendent des
réserves extérieures et exercent un contrôle sur la
filière de cette ressource extrêmement précieuse pour leur
système de défense et de haute technologie.
152 Isidore Kwandja Ngembo, Des pistes de solution pour
mettre fin à la guerre des minerais en RDC, op. cit.
153 Idem
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3e. De toutes les façons, la RDC n'a pas
le contrôle ni de
l'exploitation ni de la commercialisation du Coltan et ne
tire aucun bénéfice à l'exportation de ce minerai.
4e. Aussi bien les multinationales, qui
exploitent et commercialisent ce minerai, que les pays qui se le procurent pour
le besoin de leurs industries aéronautiques et aérospatiales, ont
une conscience chargée pour toutes ces victimes collatérales.
Une fois que la diplomatie congolaise aura compris ces quatre
postulats qui peuvent aussi s'appliquent à d'autres sources naturelles,
elle devra entreprendre une démarche sincère en amont pas en aval
pour, d'une part, garantir l'approvisionnement de cette ressource
précieuse aux pays acheteurs; d'autre part, conclure des ententes avec
les multinationales pour une extraction industrielles de ce minerai. Cela
permettrait non seulement à tous de se donner bonne conscience, mais
également de retirer tant soit peu les dividendes de cette exploitation.
En faisant cela, la RDC peut réussir à renverser les alliances
dans cette région des Grands Lacs où elle devrait
idéalement avoir le leadership154.
En diplomatie, les vestes se retournent, les alliances se
font et se défont lorsque les intérêts des Etats se
recoupent, se chevauchent, se juxtaposent, s'imbriquent, ou lorsque les
intérêts des Etats se contredisent, se concurrencent, ou encore
lorsqu'il n'y a plus d'intérêts du tout. Les amateurs de
l'histoire se rappelleront des « Traités de Versailles » de
mai 1756 et mai 1757 qui furent une révolution diplomatique majeure. Ces
deux Traités avaient provoqué le renversement des alliances
diplomatiques de longue date créées lors de la guerre de
succession d'Autriche, puis modifiées à la veille de la guerre de
Sept Ans. Ainsi, l'alliance entre la France et la Prusse contre la
Grande-Bretagne et l'Autriche est devenue l'alliance de la France et de
l'Autriche contre la Grande-Bretagne et la Prusse155.
Du temps de Mobutu, surtout pendant la période de la
« guerre froide», la RDC avait des alliés sur qui elle pouvait
compter. Les Etats-Unis étaient
154 Idem
155 Idem
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l'un des grands alliés pendant une longue
période et peuvent encore le devenir, mais cela a un prix conclue
Isdore. C'est nécessaire pour la RDC de s'allier aux forts car le fait
de conclure les accords avec les faibles accélère la faiblesse
d'un pays.
Au lieu de passer inutilement le temps par exemple à
Kampala pour négocier les postes dans l'appareil gouvernemental avec le
M23, qui ne pourra pas arrêter définitivement la guerre dans cette
partie de la RDC Congo, et consacrer une fois de plus l'impunité comme
système de gestion des conflits dans ce pays, il vaut mieux payer le
prix pour rétablir les alliances d'autrefois avec les puissants de ce
monde. Ceux-ci sont capables de dire un mot aux responsables des bras
armés en RDC pour demander les M23156 de se retirer de la
ville de Goma par exemple.
Concluons ce paragraphe en soutenant que la RDC doit non
seulement revoir ses alliances mais aussi mettre des hommes compétents,
informés et bien formés à cette mission qui relève
du ministère des affaires étrangères, car nous pensons que
le fait de nommer arbitrairement les diplomates est l'un de facteurs qui
affaiblissent la diplomatie congolaise et un budget suffisant doit être
alloué pour le ministère des affaires étrangères en
fin d'harmoniser les différentes missions diplomatiques à
l'étranger.
156 Ce mouvement politico-militaire est issu au départ
de populations rwandophones, désignées sous l'appellation
générique de « Banyarwanda » et plus
précisément de leur composante tutsie « Banyamulenge ».
Son chef, le général Laurent Nkunda, a justifié sa
rébellion par la nécessité de protéger les Tutsis
du Congo, dont la sécurité et les intérêts
économiques apparaissent menacés depuis que la mise en oeuvre des
accords de Pretoria a modifié la configuration géopolitique de la
nouvelle République Démocratique du Congo. Il a
créé à cet effet l'Anti-Génocide Team (devenu par
la suite le Comité militaire pour la défense du peuple, CNDP) au
lendemain du massacre des Banyamulenge réfugiés dans le camp
burundais de Gatumba. Résultant de la fusion, en août 2005, entre
le CNDP et l'ONG Synergie Nationale pour la Paix et la Concorde (SNPC), le CNDP
s'est doté de statuts en juillet 2006, entérinant ainsi sa
création. Son siège politique est situé dans le territoire
de Masisi. Son aile militaire, dénommée « Armée
nationale congolaise (ANC) » est dirigée par le
général Bosco Ntaganda (
www.kivupeace.org).
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§3. Réformer la politique
économique
Le professeur Ngoie TSHIBAMBE Germain157 nous
propose quelques priorités économiques que la RDC doit se fixer
dans sa politique africaine en se basant sur trois zones concentriques A, B et
C. La zone concentrique A est dite de haute sensibilité
stratégique. Elle est celle qui regroupe les États frontaliers de
la RDC. Dans cette zone, les priorités consistent pour la RDC à
s'engager dans une coopération fructueuse et responsable avec les
différents pays de cette aire en revitalisant des accords de
coopération bilatérale pour relancer des échanges
frontaliers. A cet effet, il serait mieux pour la RDC de constituer des
commissions mixtes avec chacun des pays limitrophes pour le règlement,
la facilitation et l'encadrement des échanges sur le plan
économique. Et dans les zones concentriques B et C, il s'agit de la
promotion de la coopération bilatérale et multilatérale
entre la RDC et ses partenaires extérieurs. La zone B est la zone de
rayonnement constituée du Soudan, Éthiopie, Somalie, Malawi,
Mozambique, Zimbabwe, Namibie, Botswana, Gabon, Cameroun et le Nigeria alors
que la zone C est composée de l'Afrique lointaine constituée du
reste des pays. Toutefois cependant, la RDC doit éviter, dans ses
relations bilatérales ou multilatérales, d'être conduite
dans une dépendance réelle, à une aliénation
vis-à-vis de l'État donateur. Tel fut (ou est encore) le cas
entre les ex-colonies et leurs anciennes métropoles.
A part ces propositions de Germain d'autres
penseurs158 soutiennent qu'aujourd'hui, l'ennemi numéro un de
l'économie congolaise est le faible développement humain et
social malgré la résilience de la croissance, malgré
l'existence d'un potentiel incommensurable en ressources naturelles.
D'où la priorité d'accorder aux réformes conjoncturelles
étant nécessaires pour maintenir la stabilisation
macroéconomique mais incapables d'endiguer la pauvreté et le
chômage. Se limiter aux politiques financières est simplement
suicidaire quand :
157 G. NGOIE TSHIBAMBE, La République
Démocratique du Congo dans les relations interafricaines. La Trajectoire
d'une impossible quête de puissance, Lubumbashi, Editions de
Labossa, 2005, p.2.
158
http://rdc.primature.cd/defis-et-enjeux-actuels-de-leconomie-congolaise-un-expert-se-prononce
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· Le diagnostic de l'économie relève la
nécessité de mise en oeuvre des réformes d'envergure
visant sur l'accélération de l'accumulation des richesses mais
surtout la redistribution, des fruits de la croissance ;
· La demande sociale en termes d'amélioration du
bien être se fait pressante.
§4.Réformer la mentalité congolaise
et le leadership
L'appareil étatique congolais reste
caractérisé par un faible leadership, des recours à la
violence sous toutes ses formes, recrutement des agents publics et des membres
des partis politiques sur des bases subjectives (tribalisme, népotisme,
clientélisme). Pourtant, la personnalité des hommes politiques se
prouve par la vive volonté à prendre des décisions devant
les menaces qui s'exercent contre eux ou l'appareil de l'État et
à envisager des types des réponses appropriées pour
repousser ces menaces.
En observant le peuple congolais, on remarque parfois
quelques antivaleurs (corruption, violation des droits de l'homme, concussion,
élections triquées, enrichissement sans cause,
détournement des biens publics,...) susceptibles de freiner le
développement du pays surtout au chef des dirigeants. Ces derniers ont
souvent la soif d'accéder au pouvoir non pas pour travailler pour
l'intérêt national mais plutôt pour satisfaire leurs
intérêts égoïstes et ceux de leurs parrains.
Rangot159 constate que sur les 50 pays les plus
pauvres du monde, classés selon l'indicateur de développement
humain (IDH) du PNUD, 33 sont situés en Afrique subsaharienne. Ils sont
touchés par la malnutrition, la pauvreté, l'illettrisme, la
situation sanitaire désastreuse... le continent est la première
victime du creusement des inégalités dans le monde. Si de 1960
à 1980, les pays d'Afrique ont enregistré des progrès
sensibles en matière de développement économique et
social, ces progrès se sont ralentis,
159 Rangot Tsasa, La pauvreté en
Afrique : RDC sur la liste des pauvres, articlé posté sur le
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-pauvrete-en-afrique-rdc-sur-la-
59401#formulaire forum. Consulté le
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notamment du fait des effets désastreux des
plans d'ajustement structurel menés par les institutions
financières internationales.
Cet auteur se pose des questions intéressantes
en ces mots : Sommes-nous réellement pauvre ? Afrique Centrale
: « réveillons-nous. Ceci est à voir aussi avec nos
partenaires de développement en vue d'aider nos enfants à
reprendre un souffle de vie normal. Quand le Fonds Monétaire
International visite notre pays par le canal de son Président, je me
demande de quoi ont-ils pu parler ? Oui certainement. Et quand deux chefs
d'Etat se rencontrent : de quoi parlent-ils ? Les membres de l'Assemblée
ont aussi le temps de parler des lois. Ont-ils déjà trouvé
le temps d'épingler des sujets de ce genre ? Ils gagnent bien leurs vies
et se battent pour en avoir d'avantage. Je respecte bien les morts mais je suis
choqué quand j'entends qu'un chef d'état avait financé la
campagne de Mr. Jacques Chirac. La pauvreté est l'insuffisance de
ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à
l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources intangibles comme
l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Des analyses
économiques et des débats portent sur la mesure de la
pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en oeuvre pour
réduire cette pauvreté. La République Démocratique
du Congo n'a pas eu de chance avec la guerre qu'elle vient de connaître
à l'Est et dans la province Orientale. Et le grand RDC commence à
compter sur les ONG et d'autres associations
charitables160.
Pour bannir la pauvreté en RDC Ahmed
Moummi161 lui propose ce qui
suit :
· Consolider la stabilité
macroéconomique et promouvoir la croissance ;
· Améliorer l'accès aux services
sociaux et réduire la vulnérabilité ;
160 Idem
161 Ahmed MOUMMI, Analyse de la pauvreté en
République démocratique du Congo, in Banque Africaine
de Développement, Tunis, 112 -
Août 2010, p. 18.
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· Réduire la disparité de
répartition de la richesse entre les provinces du pays ;
· Promouvoir la bonne gouvernance des finances publiques
et combattre la corruption ;
· Maîtriser la croissance démographique et
les flux migratoires internes ;
· Et enfin, renforcer l'appareil statistique national et
le système d'information en général.
Nous complétons Ahmed en signalant que l'insistance
actuelle pour l'adoption d'une stratégie globale de lutte contre la
corruption, de transparence dans la passation des marchés publics, de
publication d'un code de bonne conduite des agents et fonctionnaires de
l'État sont des valeurs qui peuvent mettre fin à la mauvaise
image qui est parfois taxé au congolais. Celui-ci doit prendre son
destin en main en faisant bloc à toutes ses antivaleurs qui nuisent le
pays.
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