Pour bien aborder cette thématique, il nous est utile
d'apporter des éclaircissements sur le concept «
sociétés multinationales ».D'entrée de jeu nous
allons expliquer ce concept par différentes définitions. Pas mal
de concepts s'affrontent pour désigner ce phénomène, Ainsi
nous allons faire une brève étude sur le problème
lié à la terminologie de celui-ci, ensuite brosser l'historique
des sociétés multinationales et finir par dégager le
rapport qui existe entre celles-ci et les Etats.
III.1. Définition du concept «
Société Multinationales »
D'après Charles Albert MICHALET une Multinationale est
: « une entreprise le plus souvent de grande taille, qui, à partir
d'une base nationale, a implanté à l'étranger plusieurs
filiales dans plusieurs pays, avec une stratégie et une organisation
conçue à l'échelle mondiale 31».
Mais nous pouvons aussi considérer ce que CATHAL J.
NOLAN32, Professeur d'histoire à l'Université de
Boston, dit sur les multinationales. Pour lui ce sont des
sociétés qui s'occupent principalement des capitaux, des biens et
des technologies extrêmement flexibles. Elles pensent d'une
manière globale et n'ont pas une certaine loyauté
spécifique. Elles prennent leurs décisions selon des questions
d'économie d'échelle, de politique fiscale et de rapatriement des
profits.
Dans le domaine économique, elles sont en fait des
puissances économiques incontestables et incontournables. Grâce
à l'évolution de la technologie elles peuvent détenir
certaines missions qui normalement
30 Ibidem
31 Ch. A. MICHALET, Capitalisme Mondial,
Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, Paris, 1976, p. 15
32 C. J. NOLAN, The Greedwood Encyclopedia of
international Relation, 2002, p. 52
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devaient être assignées à leurs Etats
d'origine et surtout aux Etats d'accueil en créant des emploies, en
apportant un soutient aux économies des Etats par l'investissement,
etc.
· La Société
Mère
Une Société-mère est une
société ou une autre entité qui possède,
directement ou indirectement, la majorité des actions des autres
sociétés constituant une entreprise multinationale ou qui
contrôle sous une autre forme, directement ou indirectement, de telles
sociétés. Une société-mère peut être,
mais n'est pas nécessairement, une entreprise exploitante qui se livre
à la production ou à la distribution de biens ou de services. La
propriété d'une société-mère peut appartenir
à un petit groupe ou même à un individu ; mais plus
couramment, la propriété d'une société-mère
est dispersée dans le public et ses actions sont traitées en
bourse. Ce concept nous amène à celui de la
filiale33.
· La Filiale
Une filiale est une société qui appartient
à une autre société faisant partie du même groupe de
sociétés ou qui est contrôlée par une telle
société. Une filiale est habituellement constituée
conformément à la loi de l'Etat dans lequel elle est
établie. Mais nous pouvons encore avancer en précisant
qu'à part la filiale il existe aussi une succursale.
Celle-ci n'est qu'une unité d'une société dont
elle n'est pas séparée par un acte de constitution distincte dans
l'Etat dans lequel elle est établie ou exerce ses activités.
III.2. Le problème lié à la
terminologie
La compréhension du phénomène «
multinational » est rendue difficile par la multiplicité de
préfixes qui s'attachent à une multiplicité de noms. Les
préfixes que l'on attribue au radical national sont nombreux. C'est le
cas de multi, supra, trans, inter, pluri (+ national)... De même le mot
composé à partir de ces préfixes désigne un certain
nombre de réalités économiques qui
33 M. ANDREAS LOWENFELD, Rapport de la Session
Lisbonne sur les obligations des entreprises multinationales et leurs
sociétés membres, 1995, pp. 2-3.
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comportent également plusieurs noms que les auteurs
économistes, politistes, emploient distinctement pour
caractériser au fond une même réalité. Les mots
employés pour le substantif sont principalement au nombre de trois :
firme, entreprise et sociétés. Ainsi on peut désigner le
phénomène par l'entreprise multinationale, société
multinationale, firme multinationale ou plurinationale voir même firme
transnationale.
L'expression entreprise a été retenue par
l'étude de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) tandis que le
rapport de l'ONU, par le biais du conseil économique et social, dans sa
résolution 1721 (LIII), utilise le mot société. Par contre
la terminologie « firme » relève du langage
anglo-saxon34.
Cette diversité terminologique motive les auteurs
à aborder la question relative aux multinationales chacun selon sa
vision liée au préfixe et au substantif y compris les
réalités sémantiques qu'ils renferment. Dans ce travail
nous avons jugé bon d'utiliser fréquemment le concept «
sociétés multinationales » pour deux raisons. D'abord parce
qu'à la faculté, le professeur35 a jugé bon d'y
recourir et ensuite parce que c'est le concept qui est souvent utilisé
par différents experts qui étudient ce phénomène
à l'instar de ceux de l'ONU (Organisation Universelle).
III.3. Bref historique des Sociétés
Multinationales
Sans surprise, les premières formes de la
multinationale moderne sont apparues dans les pays précurseurs du
capitalisme. Ainsi, la Compagnie des Indes Orientales est créée
en 1602 aux Pays-Bas, et fut une gigantesque entreprise de commerce, associant
plusieurs actionnaires capitalistes dans une structure proche de la
société anonyme actuelle. Cependant, ces entreprises
étaient quasi-exclusivement commerciales, par opposition à la
forme moderne à base industrielle, et il y a peu de continuité
directe entre
34 Kadony NGWAY KPALAINGU, Notes de cours de
Sociétés Multinationales et mouvement des capitaux,
inédit, UOB, L1 RI, 2012-2013.
35 Le professeur Ordinaire Kadony NGWAY KPALAINGU
a préféré utiliser « Sociétés
Multinationales » dans le cours ci-haut cité pour les mêmes
raisons.
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ces anciennes sociétés et les actuelles, sauf
bien sûr au niveau des capitaux36.
Mais dans la majorité des cas, à cette
époque, les entreprises étaient "familiales". De nombreux
négociants ou banquiers envoyaient des membres de leur famille dans
d'autres pays pour y tenir des succursales et contrôler directement les
activités.
· Le XIXème siècle
Dès le milieu du XIXème siècle, sous
l'effet de la révolution industrielle, certaines entreprises lancent des
activités dans d'autres pays, comme Siemens. Mais c'est surtout dans les
années 1880, avec l'entrée dans l'époque
impérialiste, qu'on peut observer un premier décollage. On parle
"d'entreprise internationale", mais les historiens d'alors développent
davantage sur l'internationalisation des capitaux à l'échelle
macroéconomique que sur ses acteurs.
· Début du XXème
siècle
Au tournant du siècle, les États-Unis sont les
premiers à disposer de vraies multinationales, avec quelques exceptions
comme Fiat ou les suisses Ciba-Geigy ou Nestlé. En Europe, ce mouvement
débutera vraiment dans les années 1920. Cette expansion sera
freinée dans les années 1930 avec la Grande
dépression37.
· Après la deuxième guerre
mondiale
L'essor des grandes entreprises états-uniennes dans le
monde entier fait que le concept s'invite dans le langage économique,
sans doute aussi du fait que la consommation de masse rend plus visible les
grandes marques. Ainsi le terme de "multinational corporation" apparaît
d'abord sous la plume de David Eli Lilienthal en 1960. Les pays
impérialistes d'Europe de l'Ouest aident leurs grands groupes à
s'étendre à l'étranger. La construction de la CEE dans les
années 1960 allait dans ce sens. En 1965 est créé en
France le "bénéfice mondial consolidé",
célèbre niche fiscale qui permet à quelques
36 A. STITELMAN,
Multinationales-historiques, Genève, Ecole de commerce,
2012.p.8.
37 Ibidem
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multinationales favorites de déclarer des pertes
à l'étranger pour ne pas payer d'impôt sur les
sociétés. Ce renforcement des groupes européens a
poussé de nombreuses entreprises américaines à s'installer
en Europe pour prendre des parts de marché avant que des trusts rivaux
ne les monopolisent38.
· Période de 1970-2010
Rétrospectivement, on peut dire que malgré les
technologies modernes déjà présentes, la forte croissance
de l'Après-guerre a focalisé les trusts sur les marchés
occidentaux. A partir des années 1970 s'ouvre une période de
ralentissement économique, et certaines multinationales vont
s'intéresser à des marchés dans les néo-colonies,
aidées par l'endettement dans lequel celles-ci ont été
poussées. Mais c'est principalement pour se concurrencer dans leurs
secteurs de prédilection au sein même de la Triade
(Europe-Etats-Unis-Japon), que les multinationales investissent à
l'étranger. 52% des entreprises qui figuraient dans les 25
premières en 1990 n'y sont plus en 2002, souvent parce qu'elles ont
été absorbées.39
En 1997, l'OCDE lance quasi secrètement des
négociations sur l'AMI (Accord Multilatéral sur l'Investissement)
qui prévoit notamment que les entreprises puissent se faire indemniser
par les Etats en cas de "troubles sociaux" ou de lois sur l'environnement
"contraignantes". Les mobilisations européennes provoquent son
échec l'année d'après.
Par ailleurs, le lobbying est largement facilité par
la puissance colossale de ces grands trusts. « Les multinationales
exercent une pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils modifient le cadre
juridique des marchés, ce que la plupart des firmes ne pouvaient pas,
jadis, tenter avec succès ». Les multinationales chapeautent
également la conception des normes comptables destinées à
leur être appliquées : le marché du contrôle des
comptes est dominé par Pricewaterhouse Coopers, KPMG, Ernst & Youg
et Deloitte Touche Tohmatsu.
38 Ibidem
39 CNUCED, World Investment Outlook, 2005.
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En 2002, environ 64 000 multinationales (contrôlant 870
000 filiales) pesaient 70% des flux commerciaux mondiaux, et employaient 54
millions de salariés. (Elles n'en employaient que 9,6 millions en 1982).
Enfin, rien que les échanges intra-firmes représentent 30% des
échanges mondiaux.40
III.4. Les rapports entre les Sociétés
Multinationales et les Etats
Dans ce point nous établirons les différents
rapports qui existent entre les sociétés multinationales et les
Etats. Ces rapports seront appréciés à deux niveaux. D'une
part nous apprécierons ces rapports avec les Etats d'origine et d'autre
part avec les Etats d'accueil. Nous finirons ce point en fixant notre attention
sur le cas de la RDC.
§1. Les rapports des sociétés
multinationales avec les Etats d'origine
Les gouvernements des pays d'origine rendent divers services
aux entreprises qui désirent aller à l'étranger. Ils
assistent ces entreprises en leur fournissant l'information nécessaire
en leur facilitant les contacts qu'il faut, aussi bien par des services
spécialisés dans les pays d'origine que par la collaboration du
personnel diplomatique se trouvant dans les pays d'implantation
considérés.
Les gouvernements dépassent parfois ces formes
d'assistance pour aller jusqu'à promouvoir l'investissement à
l'étranger : incitation à investir à l'étranger ou
à accorder des licences de fabrication, encouragement à
prêter à l'étranger pour les banques, programmes visant
à assurer les investissements contre les risques de non-convertible,
d'expropriation ou de guerre etc. Ces actions visant à promouvoir les
investissements à l'étranger peuvent aller parfois jusqu'à
un financement gouvernemental, partiel ou total de certains investissements et
jusqu'à la recherche d'un climat favorable à l'investissement par
la conclusion des traités avec les pays d'implantation
possibles41.
40 P. BAUCHET, Concentration des multinationales
et mutation des pouvoirs de l'État, 2009.
41 B. Bonin, l'Entreprise Multinationale et
l'Etat, Montréal, Editions vivantes, 1984, P.140-141.cité
par Kadony op.cit. p.90.
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Les gouvernements recourent aussi à la taxation dans
le but de s'assurer que les projets entrepris à l'étranger seront
traités de la même façon que les projets nationaux. Ils
fixent les conditions dans lesquelles la divulgation de certains renseignements
financiers relatifs aux opérations à l'étranger devra se
faire afin de donner satisfaction aux actionnaires du pays d'origine. Parfois
ils peuvent réglementer les exportations de biens et de techniques dans
le but d'empêcher que des pays ennemis les obtiennent par
l'intermédiaire de filiales implantées à
l'étranger42.
Les gouvernements des pays d'origine imposent aussi des
contraintes aux sociétés internationales. Comme
régulateurs de l'activité économique, les gouvernements
déterminent les régulateurs de l'activité
économique, les gouvernements déterminent les règles du
jeu, c'est-à-dire à l'intérieur duquel se déroule
l'activité privée des entreprises : contrôle de change et
d'échanges commerciaux, les accords de licence et de mouvement de
capitaux ou le mouvement des personnes. Pour éviter que leurs politiques
de maintien de la concurrence ne soient pas rendues inopérantes chez
eux, certains gouvernements des pays d'origine tentent d'étendre
l'application de leurs lois antitrust43 à l'étranger
en s'appuyant sur l'effet que l'expansion internationale des activités
des entreprises nationales peut avoir sur la structure du
marché44.
Les gouvernements des pays d'origine sont parfois
incités à s'impliquer davantage dans le règlement des
disputes, soit par la voie diplomatique, soit par d'autres moyens faisant usage
de la force. Ce souci de protection des
42 Ibidem
43 Le trust sont des monopoles résultant du
regroupement ou de l'entente de sociétés dont l'objectif est
d'éliminer la concurrence d'un secteur économique et de prendre
le contrôle du marché pour un produit. Un trust était en
fait une technique particulière développée tout
spécialement aux États-Unis à la fin du XIXe
siècle pour accroître la puissance des entreprises et prendre le
contrôle de diverses industries. L'utilisation
généralisée et abusive des trusts pendant cette
période donna finalement lieu à une série de lois
antitrusts qui sont encore en vigueur. Mais un trust est un arrangement licite
dans lequel sont rassemblées les actions avec droit de vote de
différentes compagnies sous la direction d'un comité
d'administration qui attribue des certificats en échange de toutes les
actions ou d'un nombre majoritaire d'actions des différentes
sociétés. Cet arrangement permet aux administrateurs de
gérer et de diriger un groupe de sociétés de façon
unifiée, créant de fait un seul cartel sans concurrents.
44 B. Bonin, cité par Kadony, op.
cit., p.93.
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intérêts privés à
l'étranger peut aller jusqu'à exiger une action gouvernementale.
Par exemple, en 1962, le Congrès américain avait voté un
amendement à la loi régissant l'aide américaine qui exige
que le président suspende l'aide à tout pays qui nationalise des
actifs américains sans compensation adéquate. L'assistance, la
promotion et la protection des investissements sont des services que les
gouvernements des pays d'origine rendent aux entreprises.
§2. Les rapports entre les
sociétés multinationales et les Etats d'accueil
Les tensions qui sont soulevées par ces rapports sont
dites globales par le fait qu'elles concernent aussi bien les pays en voie de
développement que les pays industrialisés. Les entreprises
multinationales ont été, et sont encore l'objet des critiques. On
leur reproche d'exploiter la main d'oeuvre ou les ressources et les
intérêts nationaux des pays d'accueil, d'être au centre de
conflits entre les politiques nationales et les intérêts nationaux
des pays étrangers, de trop centraliser la prise des décisions au
siège social de l'entreprise, de concentrer les importants efforts de
recherche et développement dans le pays d'origine des
sociétés mères, de n'être pas suffisamment sensibles
aux besoins et aux coutumes des pays d'accueil, d'adopter des comportements qui
déséquilibrent les économies des pays d'accueil.
En se référant à l'étude de
monsieur Bonin, nous pouvons retenir quatorze grief qui font l'objet d'un
échantillon représentatif des critiques que l'on adresse aux
sociétés multinationales qu'elles soient originaires des pays en
voie de développement ou des pays industrialisés. Voici ces
griefs45 :
1er. Ces entreprises restreignent
l'activité d'exportation de leurs
filiales, font une allocation des marchés
d'exportation entre les filiales et ne permettent pas aux filiales de
l'industrie manufacturière de développer véritablement des
marchés d'exportation.
2e. Elles sont en mesure d'extraire des
profits et des honoraires
excessifs étant donné qu'elles
tiennent un avantage monopolistique.
45 B. Bonin, cité par Kadony, op cit,
p.91.
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3e. Plutôt que créer des
nouvelles installations de production, elles
entrent dans un pays d'accueil en achetant des entreprises
existantes ou en s'emparant de leur contrôle.
4e. Elles financent leur entrée dans
les pays d'accueil surtout au
moyen de capital de dette emprunté dans
ce pays, et la société mère conserve la majorité,
voire la totalité du capital-actions.
5e. Elles détournent les
épargnes accumulées dans le pays d'accueil
de l'investissement
productif qui pourrait être fait par les ressortissants nationaux.
6e. Elles restreignent l'accès du
pays d'accueil à la technologie
moderne en centralisant les efforts
de recherche dans les pays d'origine de l'entreprise et en accordant des
licences aux filiales et producteurs indépendants que pour l'utilisation
de technologies existantes et parfois même désuètes.
7e. Elles limitent le processus de
l'apprentissage par les nationaux
en confiant les principaux postes, aussi
bien dans le domaine de la gestion que dans celui de la technique, à des
personnes qui viennent de l'extérieur des pays d'accueil.
8e. Elles ne s'adonnent pas suffisamment
à la formation et au
perfectionnement des travailleurs du pays
d'accueil.
9e. Elles se comportent de façon
répréhensible en ce qui concerne le
respect des coutumes
sociales et des objectifs du plan national.
10e. Elles introduisent des distorsions que
l'on ne désire pas dans la
répartition du revenu.
11e. Elles stimulent la demande de
consommation de biens de luxe et
incitent à la satisfaction de
désirs frivoles.
12e. Elles contribuent à l'inflation.
13e. Elles dominent des secteurs industriels
vitaux.
14e. Elles répondent à un
gouvernement étranger.
En dépit de ces griefs, les actions des
sociétés multinationales sur le théâtre
d'opération à l'étranger provoquent des tensions entre
elles et les gouvernements des pays d'accueil. Les structures d'organisation,
le pouvoir
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de décision, le choix de politique, les prix de
cession interne, l'extension de l'entreprise sont à la base de ces
tensions. Pour boucler ce chapitre nous allons essayer d'analyser les rapports
des sociétés multinationales avec l'Etat congolais.
§3. Les rapports des sociétés
multinationales et la RDC
Les rapports entre les multinationales et l'Etat congolais ne
sont pas dépourvus des critiques par le fait que ceux-ci font l'objet
parfois des contentieux d'une part et d'autre part les analyses de certaines
scientifiques qui estiment que les sociétés règnent avec
un grand pouvoir en RDC.
a) le pouvoir des sociétés multinationales
en RDC
Un grand nombre des critiques sont émises par les
chercheurs envers les sociétés multinationales qui oeuvrent en
RDC. Ces critiques sont faites par différentes personnalités.
L'étendue du pouvoir des multinationales a fait l'objet d'une
conférence-débat46sur le pouvoir des
sociétés multinationales en RDC. Les conférenciers ont
signalé que La RDC est au centre de grands enjeux. Les multinationales
disputent aux Etats la souveraineté économique. C'est à la
RDC de savoir résister pour ne pas subir la dure loi de ces empires
économiques. Voici les différentes considérations
soutenues au cours de la conférence :
Dans son argumentation le professeur Philippe Biyoya avait
remonté dans l'histoire en liant l'histoire de la RDC aux
multinationales. Pour lui, l'ancêtre du Congo actuel, l'Association
internationale du Congo (A.I.C) n'était rien d'autre qu'une
multinationale. Ayant un pouvoir essentiellement financier, les multinationales
sont considérées et souvent se considèrent comme «des
rivaux des Etats», avait constaté le professeur Biyoya. Par la
suite, Pour situer l'étendue du pouvoir des multinationales à
travers le
46 Une conférence-débat a
été organisée à Kinshasa le 07 Novembre 2007 par le
Groupe de presse le Potentiel et l'ONG international 11.11.11. Dont le
thème principal était «Les multinationales et leur pouvoir :
cas de la RDC». Elle a été subdivisée en quatre
sous-thèmes. Le modérateur Willy Kalengayi avait accordé
la parole tour à tour au sémillant Simon Tuma Waku,
vice-président de la commission nationale des mines et ministre
honoraire des Mines et Hydrocarbures, le bouillant Jean-Pierre Muteba du
syndicat « Nouvelle dynamique syndicale », l'inévitable
professeur Philippe Biyoya, directeur de l'IPRIS et le professeur Banyaku
Luape, ancien ministre et scientifique très respecté.
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monde, il en recense plus de 60.000 avec 800.000 filiales.
Dans leur mode opératoire, les multinationales sont devenues des
entreprises globales, à tel point que les contrôler n'est pas une
partie de plaisir.
Le professeur Nzanda Bwana Kalemba, Pense que les vrais
gestionnaires des multinationales restent toujours invisibles. Ils sont dans un
bâtiment, élaborent des stratégies, des politiques de
gestion qu'ils font exécuter par des filiales. Ayant adopté le
capitalisme actionnarial, les multinationales ont réussi à
désarticuler le bon fonctionnement des trois entités d'une
société à savoir les actionnaires, les gestionnaires et
les salariés. Toutefois, les performances de gestion peuvent servir
d'exemple aux Etats. La RDC, mal partie et voulue comme un espace et non une
entité à part entière, Elle est dotée d'une
législation attrayante. Il s' agit des Paradis fiscal, paradis
juridique, les lois congolaises ne sont plus fortes. Elles condamnent les
Congolais à ne pas entreprendre. Des espaces attractifs comme l'Angola,
la RSA, ..., se placent comme des émergents grâce à une
bonne organisation. Ces Etats ont su tirer le meilleur profit. Ils ont
réalisé le développement indépendant.
La RDC est mal partie, dans la mesure où, elle ne se
montre pas capable de prendre le bon bout. Le passage des multinationales
induit malheureusement des conflits. Une énigme difficile à
déchiffrer par les dirigeants. Dans ce monde globalisé,
pleinement intégré dans le vent de la mondialisation, les
multinationales sont plus que jamais incontournables. Elles rythment
désormais la marche de l'économie mondiale. Mais, c'est aux pays
dans lesquels elles opèrent de mieux les encadrer pour ne pas se laisser
emporter. La RDC n'échappe pas à cette logique. Le gouvernement
doit se fixer des choix économiques et recentrer son action en
même temps pour leur réalisation. C'est le destin du pays qui est
en jeu. Car, tout en travaillant activement pour la recherche du profit, base
de leur expansion à travers le monde, les multinationales peuvent bien
aider leur pays d'accueil à s'épanouir économiquement.
Pourvu cependant que le pays sache s'imposer avec une vision. C'est la grande
leçon de cette conférence-débat. Car, malgré leur
opacité, les multinationales sont plus qu'indispensables.
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Elles incarnent aujourd'hui la mondialisation. Impossible de
les écraser ou de les ignorer.
Il est évident que le poids des sociétés
multinationales dans l'économie mondiale n'a cessé de progresser.
Mais le contrôle de leurs activités reste embryonnaire. La
montée en puissance des multinationales constitue une des
caractéristiques majeures de la mondialisation. Elle se mesure en
particulier à l'accroissement de ce qu'on appelle l'investissement
direct étranger. Par opposition aux investissements de portefeuille,
réalisés à des fins financières et n'impliquant pas
d'engagement à long terme, l'investissement direct étranger
désigne des investissements effectués a priori pour une longue
période par une entreprise d'un pays donné dans un pays
étranger, que ce soit sous la forme du rachat d'une entreprise existante
ou par une implantation ex nihilo. En 2000, la valeur de l'ensemble de ces
investissements représentait 20% du PIB mondial, contre 6,1% en 1980. Ce
triplement traduit une dynamique beaucoup plus forte que celle du commerce
international qui, lui, n'est passé que de 41% du PIB mondial en 1980
à 46%47.
Danny se pose la question dans son article48 de
savoir comment le pays le plus riche en matières premières
peut-il appartenir "au club des nations les plus pauvres de la planète"?
Pour y répondre il pense que divers mécanismes en cours du temps
du dictateur Mobutu (1965 - 1996) peuvent expliquer cette situation. A cette
époque, Il y avait le remboursement de la dette et les prix de plus en
plus élevés des produits importés, mais il y avait aussi
les avantages exceptionnels dont bénéficiaient les
multinationales minières. Elles ont reçu des contrats à
long terme leur permettant d'exploiter les matières premières,
dont le prix demeurait fixe, alors qu'il fluctuait au niveau mondial. Le
journal "Le Phare" avait évoqué ainsi
l'exemple d'une
47 Ibidem
48 La "Cellule Technique de Coordination et de
Planification Minière" (CTCPM) est un organe conseil
d'études et de coordination des activités du secteur minier en
République Démocratique du Congo. Au-delà de ce
rôle, la C.T.C.P.M est aussi chargée de la conception des
politiques et stratégies visant l'optimisation de l'exploitation des
ressources minérales en R.D.Congo, Danny s'est servi de son rapport pour
comprendre le paradoxe entre la les potentialités de la RDC et son
état économique. C. Danny, les contrats miniers en RDC : Le
hold-up du siècle, Globalize solidarity, 2008.
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compagnie qui payait la tonne de cuivre 500 $, alors que ce
minerai atteignait presque les 8.000 $, sur les marchés internationaux,
soit un profit de 1.500 % (pour les multinationales).
b) Les contentieux entre les sociétés
multinationales et la RDC
La RDC s'était affrontée plusieurs fois aux
intérêts privés des sociétés multinationales
minières présentes sur son territoire. C'est le cas de certaines
sociétés qui ont vu leurs contrats résiliés par le
gouvernement congolais après avoir constaté des
irrégularités sur les closes. Quelques entreprises ont même
menacé de poursuivre l'Etat congolais en justice. C'est le cas de la
multinationale Emaxon qui avait reçue à vil prix le monopole de
l'achat du diamant congolais surtout l'étendu du territoire national.
Quant à Banro, il a jugé bon de traduire le
gouvernement congolais à une juridiction internationale. C'est ce que
pense Alain DENEAULT. Selon lui, Banro a intenté un procès au
gouvernement de la RDC (...) et a réclamé des réparations
pour un montant d'un milliard de dollars auprès du tribunal de
l'international center for the settlement of investment disputes49.
C'est l'entreprise Banro qui a finalement gagné le procès par
suite d'un jugement de condamnation par défaut rendu par la cour
fédérale du district de Colombia aux Etats Unis entre la RDC pour
déchéance unilatérale de la convention minière du
13 Février 1997.
49 A-K. AOUL et alii, cité par Josué
WABULAKOMBE, les enjeux des sociétés multinationales dans les
guerres en RDC. Cas des AMFI, BARRICK COLD, BANRO, ANVIL MINING ET HERITAGE
OIL, Mémoire, UOB, FSSPA, R.I, 2009-2010.
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