A- La protection des civils comme mission des OMP
Depuis la fin de la guerre froide et l'émergence d'un
nouveau monde91, les conflits se déroulent à
l'intérieur des États, faisant des civils les principales
victimes. Cette situation a eu pour effet l'introduction de la protection des
civils dans les mandats des OMP. Les civils sont des personnes qui ne
participent pas ou qui ne participent plus aux combats. Selon le Bureau des
Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, la protection des
civils lors d'un conflit armé se définit comme « un
concept générique des politiques regroupant à la fois une
série d'éléments de protection tirée d'une
série de domaines dont le droit international humanitaire et les droits
de l'homme, les secteurs militaires et de la sécurité, et l'aide
humanitaire ». Cette définition rend compte de la prise en
compte des droits de l'homme dans la notion de protection des civils. Ainsi
l'attribution du mandat de protection des civils aux OMP, implique la
protection des droits de l'homme. La mission de protection des civils se
présente donc comme une mission encouragée dans les
résolutions déclaratoires du CS (1) et confirmée dans les
mandats des OMP (2).
1- Une mission encouragée dans les
résolutions déclaratoires du Conseil de
Sécurité
La protection des civils est d'un intérêt majeur
pour les pays africains, en raison du caractère crisogène de
ceux-ci. En effet l'Afrique est le continent ayant connu les conflits les plus
meurtriers. Ici, les civils périssent en masse du fait des effets
directs ou indirects des conflits. Face à ces drames l'ONU ne peut
rester insensible, étant donné les liens existant entre la paix
et les droits humains92. Depuis 1998, le CS a adopté des
résolutions thématiques concernant la protection des civils dans
les conflits armés93. Dans ces résolutions, le Conseil
de sécurité fait part de sa préoccupation du fait des
dommages causés aux civils par les conflits armés. Ensuite, il
exhorte les parties aux conflits à mettre fin aux violations des droits
de l'homme et du droit international humanitaire.
91 Agguirre (M), « L'émergence d'un
nouveau monde », manière de voir, Le monde diplomatique,
29, p.10
92 Le Conseil de Sécurité de L'ONU a
reconnu dans les crises Haïtienne et Somalienne que les violations
massives des droits de l'homme constituent une menace pour la paix et la
sécurité internationale.
93 Voir les résolutions du Conseil de
Sécurité 1265 (1999) ; 1296 (2000) ; 1738 (2006) ; 1894
(2009),
32
L'important dans ces résolutions thématiques est
que, le CS demande aux États de veiller à ce que le personnel des
OMP soit formé en ce qui concerne la protection des droits de
l'homme94. Le CS s'engage également dans ces
résolutions à adapter les mandats des forces des Nations Unies
pour atténuer les conséquences néfastes des conflits
armés sur les civils. Dans sa résolution 1265 adoptée en
1999, le CS énonçait sa volonté d'envisager « des
mesures adaptées en réaction aux situations de conflits
armés où les civils sont ciblés, ou encore où
l'aide humanitaire aux civils est délibérément
entravée ». Tout ceci démontre que le CS est conscient
du rôle que peuvent jouer les Casques bleus dans la protection des
civils. Le CS encourage donc la protection des civils par les OMP et confirme
cette mission dans les mandats de ces opérations.
2- Une mission confirmée dans les mandats des
OMP
Depuis la grande attention portée à la
protection des civils au sein de L'ONU, les OMP occupent désormais une
place centrale dans ce domaine. Après les critiques formulées
à l'encontre des Casques bleus dans les conflits rwandais et somaliens,
le maintien de la paix onusien s'est transformé en vue de s'adapter aux
nouvelles réalités des conflits et par ricochet, de mieux
protéger les civils. Ainsi le rapport Brahimi sur les OMP
préconise des opérations de paix robustes en demandant des
règles d'engagement fermes, afin que les soldats des Nations Unies
puissent être en mesure de se défendre et de défendre
d'autres composantes de la mission contre la violence des belligérants.
Ainsi, le rôle des forces de maintien de la paix est devenu plus actif
dans la protection des personnes vulnérables, dans l'acheminement de
l'aide humanitaire aux nécessiteux, et dans le déminage afin
d'épargner les populations de l'effet des armes.
Une analyse des mandats des OMP nous fait découvrir
deux cas de figure. Le premier cas est celui où la protection des civils
est le mandat principal d'une OMP. Le second est celui où cette
protection fait partie des multiples tâches d'une OMP.
Dans le premier cas de figure, c'est à dire celui
où la protection des civils est la mission fondamentale de l'OMP, l'on
cite l'exemple de la MONUSCO. Dans sa résolution 1925, le CS donne pour
mandat à la MONUSCO, la protection des civils, la consolidation de la
paix et la stabilisation de la paix. Dans cette résolution, le CS
énonce
94 Annexe 39 : s /res/1261(1999), par 19
33
le mandat avec ordre de priorité, et la protection des
civils se situe au premier rang. Dans les termes de cette résolution, le
CS demande à la MONUSCO d' « assurer la protection effective
des civils » et de soutenir l'action du gouvernement de la RDC pour
« protéger les civils contre les violations du droit
international humanitaire et des droits de l'homme, y compris toutes les formes
de violences sexuelles et sexistes, pour promouvoir et protéger les
droits de l'homme et lutter contre l'impunité
»95.
Dans le second cas de figure, c'est-à-dire les OMP dans
lesquels la protection des civils est une tâche accessoire, plusieurs OMP
s'y retrouvent. Ainsi, la MINURCAT, la MINUL, la MINUS, L'ONUB, et L'ONUCI ont
eu pour mission la protection des civils. Les tâches en matière de
protection des civils comprennent alors la protection des civils en danger
immédiat de violence physique, la protection des opérations
humanitaires, et aussi la protection des personnes réfugiées et
des déplacés internes.
Il apparaît donc que la mission de protection des civils
est indissociable de celle de protection des droits de l'homme. Ainsi lorsque
les OMP ont pour mandat la protection des civils, ils ont implicitement pour
mandat la protection des droits de l'homme.
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