III.2. DISCUSSION
III.2.1. Lieu
d'approvisionnement en bois de feu
Les enquêtes dans les villages montrent que les femmes
se ravitaillent en bois de feu dans les formations naturelles, les zones
agricoles, les mangroves et les jardins de cases. Ces résultats
confirment ceux de Bazile (1998) qui affirme qu'en Afrique, toutes les
formations ligneuses contribuent à la fourniture de bois énergie,
que ce soit la forêt, les galeries, les savanes, les jachères et
les parcs arborés. Fomete et Tchanou (1998) affirment également
que l'approvisionnement en bois énergie se fait à partir des
formations naturelles, des plantations. Ils s'ajoutent qu'en zone rurale, la
quasi-totalité du bois consommé pour la cuisson des aliments, le
séchage des produits agricoles et le fumage des poissons ou viande est
prélevé sur les peuplements forestiers primaires ou secondaires
ainsi que dans les zones agricoles. La forêt atlantique représente
le premier lieu d'approvisionnement (55 %) du fait de sa proximité des
campements de pêche et de son abondance relative, ensuite nous avons les
jardins de case (23 %), les zones agricoles (16 %) et enfin les mangroves (5
%).
III.2.3.
Préférence en bois de feu
La conservation du poisson n'est pas le seul but
recherché par le fumage de poisson, les fumeuses recherchent
également un produit final de meilleur qualité. En fonction de la
coloration, de l'odeur qu'elles voudraient donner à leurs produits,
certaines fumeuses (87 %) ont développé des
préférences pour certaines espèces ligneuses comme
combustible pour le fumage les raisons avancées sont les
propriétés calorifiques et organoleptiques (donne une bonne
couleur ou une bonne odeur au poisson). Notre étude nous a permis de
constater que les espèces les plus prisées sont le sambi
(Uapaca guineensis) 37 % et l'azobé (Lophira alata) 25
%. D'après Knockaert (1999), la coloration varie avec les types de bois
utilisés. Nfotabong Atheul (2011) qui a étudié les impacts
des activités anthropiques sur la structure des forêts de mangrove
à Kribi, a montré qu'en dépit d'utiliser les
palétuviers comme bois de chauffe, les populations collectent
l'azobé (Lophira alata) qui présente les mêmes
propriétés calorifiques que le palétuvier rouges.
III.2.4. Usage de bois de
mangrove et fumage de poisson
Le scénario concernant l'usage du bois de mangrove
comme combustible pour le fumage observé dans les mangroves de Kribi
diffère de celui des autres zones de mangrove du Cameroun où le
bois de mangrove est la principale ressource utilisée dans le fumage du
poisson. Notre étude montre que le bois de mangrove ne représente
que 5 % des espèces ligneuses utilisées comme combustible. Selon
Ajonina et al (2001), le Rhizophora est prisée par
les fumeuses pour son pouvoir calorifique et sa capacité à se
consumer lentement, sans séchage préalable. Feka (2008) affirme
que le bois de mangrove est utilisé à 62 % pour le fumage dans
les mangroves situés dans le Sud-Ouest Cameroun, Njifonjou (2009) qui a
mené une étude dans les mangroves de l'estuaire du Cameroun et la
zone de Bakassi a trouvé que la consommation de bois de mangrove
était respectivement de 47 % et 50 % en relation avec le fumage. Ajonina
(2008) qui a travaillé dans la réserve de mangrove de
Douala-Edéa rejoint cette tendance en affirmant que le fumage
dépend presque entièrement du bois de mangrove. Nos
résultats montrent une faible consommation du bois mangrove dans le
fumage ceci pourrait s'expliquer d'une part par la présence de plusieurs
formations naturelles dans la zone, d'autre part par la faible surface
occupée par cette mangrove relativement aux autres formations.
Nfotabong Atheul (2011) Conforte ces résultats, selon lui, la mangrove
de Nziou par exemple a fortement été endommagée par
l'installation des habitations modernes au bord de la mer.
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