3.2.2. RESULTATS DE L'ESTIMATION
ET INTERPRETATION
3.2.2.1. Présentation des
résultats
Tableau n° 3.1. Résultats de l'estimation
(1970-2008)
Variables
|
Modèle I
|
Modèle II
|
Coefficients de court terme
|
Taux d'inflation
|
-0,100340
|
-0,059519
|
-1,259777
|
-0,909972
|
Balance commerciale
|
0,026483
|
0,015025
|
1,572635
|
1,439344
|
Crédit domestique
|
0,022022
|
-0,101158
|
0,155204
|
-1,160741
|
PIB par Habitant
|
1,566020
|
1,596551
|
0,745273
|
1,283956
|
Espérance de vie à la
naissance
|
-46,78102
|
-40,87276**
|
-1,712612
|
-2,488866
|
Taux d'intérêt
|
0,020781
|
0,065223
|
0,168331
|
0,856154
|
Force de rappel
|
-0,670678***
|
-0,823563***
|
Coefficients de long terme
|
Taux d'inflation
|
-0,004422
|
-0,050951
|
-0,055130
|
-1,055940
|
Balance commerciale
|
-0,000700
|
0,010490
|
-0,038407
|
0,942459
|
Crédit domestique
|
-0,142402
|
-0,101920
|
-0,777197
|
-0,936544
|
PIB par Habitant
|
0,811569**
|
0,963237***
|
2,152891
|
4,235014
|
Espérance de vie à la
naissance
|
47,41514*
|
44,45694**
|
1,782511
|
2,838669
|
Taux d'intérêt
|
-0,065266
|
-0,067047
|
-0,432969
|
-0,627362
|
D76
D91
|
|
-0,731111**
|
|
-1,349178***
|
D96
|
|
1,451955***
|
R2
|
0,61
|
0,89
|
R2 corrigé
|
0,34
|
0,78
|
DW
|
2,54
|
1,91
|
F_STAT
|
2,29**
|
7,95***
|
Nombre d'observation
|
33
|
33
|
Notes : - les écart-types sont
colorés ;
* : coefficient significatif à 10% ;
** : coefficient significatif à 5% ;
*** : coefficient significatif à 1% et
3.2.2.2. Interprétation
des résultats
a. Résultats du
modèle à correction d'erreurI
Dans ce modèle, le coefficient de détermination
est de l'ordre de 0,61. Ceci veut dire que les variables explicatives
permettent d'expliquer 61% les variations du taux d'épargne en RDC.En
outre, le coefficient de correction d'erreur est négatif (-0,670678) et
significativement différent de zéro au seuil de 1%. Il existe
donc un mécanisme à correction d'erreur, c'est-à-dire
à long terme les déséquilibres entre le taux
d'épargne et les variables explicatives se compensent de sorte que
l'évolution de leurs séries est similaire. La probabilité
rattachée à la statistique de Breusch-Godfrey (0,015) est
inférieur à 5%, ce qui permet d'affirmer que l'hypothèse
d'indépendance des erreurs est violée. En d'autres termes, il y a
auto corrélation des erreurs. Ceci nous pousse à intégrer
dans le modèle les variables muettes en 1976, 1991 et en 1996 en vue de
stabiliser le modèle.
b. Résultats du
modèle avec les variables dummy.
Dans ce modèle, le coefficient de détermination
est de l'ordre de 0,89 et le coefficient de détermination corrigé
est de 0,78. La statistique de Durbin Watson est de l'ordre de 1,91 et la
probabilité rattachée à la statistique de Breusch-Godfrey
(0,197), nous disons que l'hypothèse d'auto corrélation des
erreurs n'est pas violée.
Pour s'assurer de l'absence
d'hétéroscédasticité, nous avons fait recours au
test de White. Le choix de ce test se justifie par le fait qu'il ne
spécifie pas la (les) variable(s) « source » de
l'hétéroscédasticité. Ce test a été
appuyé par le test de Arch. L'analyse des résultats de ces deux
tests montre que la variance de la perturbation est constante
c'est-à-dire E(utut-1)=variance.
Le test de Jarque Bera a permis d'étudier
l'hypothèse de normalité des résidus. La
probabilité critique rattachée à la statistique de Jarque
Bera est supérieur au seuil de significativité, nous concluons
que les résidus sont normalement et indépendamment
distribués. Ce modèle est bien spécifié car les
deux probabilités rattachées au test de Ramsey sont
supérieures à 5%. Le test de Cusum et de Cusum carré
montrent que le modèle à correction d'erreur est structurellement
et ponctuellement stable.
Le coefficient de correction d'erreur est négatif
(-0,82) et significativement différent de zéro au seuil
statistique de 1%. Celui-ci représente la vitesse à laquelle tout
déséquilibre entre le niveau désiré et effectif du
taux d'épargne est résorbé dans l'année qui suit
tout choc. On arrive à ajuster 82% du déséquilibre entre
le niveau désiré et effectif du taux d'épargne.
Ainsi, les chocs sur le taux d'épargne se corrigent
à 82% par l'effet « feed back ». En d'autres termes,
un choc constaté au cours d'une année est entièrement
résorbé au bout d'une année et deux mois (1/0,82).
· Elasticité de court terme
A court terme, seul le coefficient de l'espérance de
vie à la naissance est significativement différent de zéro
au seuil statistique de 5% et est du signe négatif.Ceci traduit une
relation négative entre le taux d'épargne et l'espérance
de vie à la naissance à court terme. Les statistiques montrent
par exemple que la moyenne de l'espérance de vie à la naissance
est de 47ans pour la période allant de 1960 à 2008. Les congolais
meurent généralement avant d'atteindre l'âge de la
retraite, ce qui justifie le signe négatif pour le cas de notre pays la
RDC.
Ce résultat montre que les congolais vivent au
présent, c'est-à-dire ils ont une forte préférence
pour le présent que pour le futur. Ceci peut se traduire par un adage
Kongo qui stipule que « mbongo zi sala munu si kudia, ziziamina
zi bankaka ». Ceci veut dire que le revenu de mon
activité devra être consommé car les autres vont
m'enterrer. Pour relever l'épargne dans un tel environnement, il faut
impérativement passer par une sensibilisation de la population
Une autre explication peut-être le fait que
l'environnement financier congolais n'inspire plus confiance aux
ménages. En effet, l'histoire nous renseigne par exemple que certaines
institutions ont fait faillite avec l'épargne d'autrui et l'Etat
congolais n'a aménagé aucun effort pour redonner la confiance au
marché. Ceci a permis aux ménages de développer une
certaine aversion vis-à-vis du marché. Les congolais
préfèrent épargner en actifs réels (comme la
construction des maisons, voitures, éducation des enfants, etc.)
plutôt qu'en actif financiers à cause notamment de l'environnement
macroéconomique et financier instable et non crédible.
· Elasticités de long terme
A long terme, deux coefficients sont significativement
différents de zéro. Il s'agit de l'espérance de vie
à la naissance et du PIB par habitant.
Le PIB par habitant exerce un effet positif sur le taux
d'épargne à long terme. Suivant Keynes, le revenu des agents
économiques est le principal déterminant de l'épargne de
sorte que lorsque le revenu augmente, le taux d'épargne augmente
également.
L'élasticité de long terme du taux
d'épargne par rapport au PIB par habitant est de l'ordre de 0,96. Si le
revenu augmente de 10%, alors le taux d'épargne augmente de
9,6%.L'élasticité de long terme du taux d'épargne par
rapport à l'espérance de vie à la naissance est de 44,46.
Si l'espérance de vie augmente de 10%, le taux d'épargne de la
RDC va augmenter de 444,6%.
· Commentaire des résultats
Les résultats obtenus montrent que le taux
d'intérêt, le taux d'inflation, le crédit à
l'économie, la balance commerciale et le PIB par habitant ne sont pas
des déterminants de l'épargne en RDC. A court terme c'est
seulement l'espérance de vie à la naissance qui apparaît
comme déterminant de l'épargne.
Le revenu par habitant n'explique pas à court terme les
variations du taux d'épargne. Ce résultat confirme la
théorie de l'épargne dans les pays en développement. Car
l'épargne dans les pays en développement est essentiellement une
épargne de précaution. A long terme, la croissance du revenu est
l'un des éléments qui explique les variations du taux
d'épargne.
Les résultats de notre travail confirment la
théorie de cycle de vie de Modigliani. D'après cette
théorie, le revenu des agents économiques est important pendant
l'âge adulte (18 ans à 65 ans). Le revenu permet d'épargner
en vue de financer la retraite. Les résultats de notre étude
indiquent une relation négative entre le taux d'épargne et
l'espérance de vie à la naissance. Ceci est le cas parce que les
congolais meurent à 47 ans (il y a environ 18 ans de travaille perdu).
Il n'y a pas de travail après la mort et donc du revenu pouvant financer
l'épargne. C'est ce qui justifie la relation négative entre le
taux d'épargne et l'espérance de vie à court terme.
L'autre explication pourrait être le fait que le système financier
congolais n'inspire plus confiance aux agents économiques, le poussant
à détenir l'épargne en actif réel plutôt
qu'en actif financier et d'investir dans l'éducation des enfants. Plus
on vit, plus les ménages se créent des alternatives pouvant
rendre leur retraite confortable.
A long terme, les résultats de notre étude
confirment la théorie du cycle de vie car la relation entre le taux
d'épargne et l'espérance de vie à la naissance devient
positive. Le ménage qui s'attend à vivre longtemps, va commencer
à épargner en vue de préparer sa retraite.
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