V-1-2- Activité génératrice
d'emplois
La chasse sportive dans la zone ne contribue pas seulement
à générer des revenus mais est également
créatrice d'emplois, avec un impact sur l'économie locale. En
effet, après la SODECOTON, elle représente l'activité qui
fournit le plus d'emplois dans cette zone (environ 2000 emplois en saison de
chasse et 500 en période creuse). Pour une population extrêmement
paupérisée, ces emplois, bien que
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sous-payés (dépassant rarement les 20 000 FCFA)
sont d'une grande aide à ceux qui parviennent à être
embauchés. Mais cela pourrait également représenter un
risque. En effet, ces populations voient l'installation des guides de chasse
(qui, précisons-le, sont en grande majorité des
européens), avoir le monopole de la gestion des ZICs alors que les
territoires qui leur sont alloués se voient réduits. Binot (2010)
soulève le paradoxe existant entre les actions de conservation (à
l'origine dans plusieurs cas de conflits fonciers) qui prônent
l'implication des populations rurales sans toutefois leur accorder un
réel pouvoir de gestion sur les espaces concernés dans
la majorité des cas. Egalement, ceux qui ont le droit de chasser sont,
selon l'appellation des riverains, « tous des blancs » tandis qu'ils
voient leurs droits d'usage restreints. Ceux-ci se sentent alors exclus de ces
processus de conservation (Roulet, 2004) et pensent, comme précise
Nshala (1999), que les ressources naturelles sont l'apanage des
étrangers et d'une minorité de nationaux. Dans l'état
actuel des choses, les populations riveraines n'ont pas de réel droit
dans la gestion des ressources fauniques : elles ne font que participer
à un projet conçu par d'autres (Ribot, 2001). Dans le cas du
Cameroun, l'implication de ces populations se fait encore timidement. La
création de comités villageois de gestion de la chasse sportive
pourrait faire des populations riveraines un réel acteur participant
concrètement au projet de conservation des ressources fauniques en y
trouvant un intérêt certain.
La gestion des ZICs qui, dans ses prérogatives, se doit
d'impliquer activement les populations locales afin que celles-ci participent
à la conservation des ressources fauniques, a tendance, dans
l'application réelle, à les destituer plutôt de « leur
pouvoir de gestion territoriale », leur offrant juste de petits emplois
saisonniers. Cette situation pourrait avoir, à la longue, plutôt
un effet inverse et favoriser le braconnage.
D'autres données sont nécessaires pour cette
analyse économique de la chasse sportive, notamment au niveau des
rentrées des guides de chasse, le nombre exact d'emplois
générés et les salaires de base appliqués.
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