II- La demande de monnaie chez Maynard Keynes
Dans son ouvrage « Théorie générale
de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie » John Maynard
Keynes renonce à l'hypothèse fondamentale des classiques selon
laquelle la vitesse de circulation de la monnaie est constante. Sa nouvelle
théorie dite théorie de la préférence pour la
liquidité se base plutôt sur les motifs de détention de la
liquidité par les agents économiques. Selon Keynes, il y a trois
motifs de détention de liquidité :
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- Le motif de transaction - Le motif de précaution
- Le motif de spéculation.
II-1- Le motif de transaction
Chez les classiques, les individus détiennent la
monnaie pour sa fonction d'échange pour effectuer des transactions
quotidiennes. Keynes suppose en plus que cette demande est proportionnelle au
revenu.
II-2- Le motif de précaution
Pour Keynes, non seulement les agents détiennent la
monnaie pour effectuer des transactions quotidiennes, mais également
pour se prémunir de dépenses imprévisibles et inattendues
comme par exemple les réparations automobiles de voiture, les frais
d'hospitalisation, les amendes de circulation,...etc. Là encore, Keynes
suppose que la monnaie détenue pour ce motif est proportionnelle au
revenu.
II-3- Le motif de spéculation
La grande différence entre la théorie de Keynes
et celle des classiques et des néoclassiques, c'est qu'il suppose qu'en
plus du motif de transaction et de précaution, les agents
détiennent la monnaie également pour un motif de
spéculation. Selon lui, la monnaie est une réserve de richesse
(ou de valeur) et pas seulement un moyen d'échange. Il suppose toujours
que la quantité de monnaie détenue pour motif de
spéculation est proportionnelle au revenu mais aussi et surtout du taux
d'intérêt. Keynes distingue deux types d'actifs seulement
utilisables comme réserve de valeur : La monnaie et les titres.
Pour lui, la monnaie a un rendement nul, mais les agents n'y
renonceront pour les titres que si la somme des intérêts
perçus de la détention de ces titres et la variation du prix de
ceux-ci est supérieure à leur valeur d'achat. Keynes va plus loin
et suppose que les agents pensent que le taux d'intérêt fluctue
autour d'une valeur normale de telle sorte que lorsque celui-ci est très
inférieur à cette valeur, alors les agents anticipent une hausse
des taux et par conséquent une baisse de la valeur de leurs titres et
préfèrent donc détenir la monnaie. Dans cette situation la
demande de monnaie est forte. Au contraire, lorsque les taux sont très
supérieurs à cette valeur, alors les agents anticipent une baisse
des taux et par conséquent une hausse de la valeur de leurs titres et
préfèrent donc les garder. Dans cette situation la demande de
monnaie est faible. Ainsi, la principale conclusion de son raisonnement, est
que la demande de monnaie pour motif de spéculation est une fonction
décroissante du taux d'intérêt.
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