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La question prioritaire de constitutionnalité et le droit des étrangers

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par François KONGA
Université Paris VIII - Master 2 droit comparé systèmes de droit contemporains et diversité culturelle 2012
  

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UNIVERSITE PARIS VIII

MEMOIRE DE MASTER II DROIT COMPARE SYSTEMES DE DROIT CONTEMPORAINS ET DIVERSITE CULTURELLE

1

LA QUESTION PRIORITAIRE DE CONSTITUTIONNALITE ET

LES DROITS DES ETRANGERS

KONGA FRANCOIS

SOUS LA DIRECTION DU PROFESSEUR LAURENCE DUBIN

2012-2013

Remerciements

2

Je tiens à remercier mes parents et toute ma famille pour leur soutien indéfectible pendant toutes ces années d'étude.

J'adresse également ma gratitude à mon épouse OMOYI KONGA véronique pour son aide matérielle et surtout sa patience et sa disponibilité.

Enfin, je souhaite exprimer toute ma gratitude envers mon directeur de mémoire, Madame Laurence DUBIN pour m'avoir proposé ce sujet de mémoire en accord avec mes aspirations, et pour ses conseils avisés qui m'ont permis de mener à bien ce travail.

3

LEXIQUE

AFP: Agence France-Presse

CMU: Couverture maladie universelle

CNDA: Cour nationale du droit d'asile

CEDH: Cour européenne des droits de l'homme

CJUE: Cour de justice de l'union européen

CESEDA: Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile

CPP: Code de procédure pénale

DC: Décision constitutionnelle

Déc.: Décision

DDHC: Déclaration des droits de l'homme et du citoyen

GAV: Garde à vue

HALDE: Haute autorité de lutte contre les discriminations et les exclusions

JORF: Journal officiel de la république française

OFPRA: Office français de protection des réfugiés et apatrides

PACS: Pacte civil de solidarité

PUF Presse universitaire française

QPC: Question prioritaire de constitutionnalité

RSA: Revenu de solidarité active

RFDA: Revue française de droit administratif

TMC: Tribunaux maritimes commerciaux

4

INTRODUCTION

L'article 1 de la DDHC de 1789 dispose que «tous les hommes naissent libres et égaux en droit» 1 .Cet article consacre le principe d'égalité comme un des principes fondamentaux établissant en France un État de droit. L'égalité est affirmée en tant que principe régissant les droits des citoyens et peut bénéficier à l'étranger. Il reste que la notion de citoyen est une notion exclusive qui permet de réserver certains droits aux nationaux .La proclamation d'égalité formulée en1789 a eu du mal à bénéficier aux étrangers. Le principe d'égalité entre nationaux et étrangers peut être tempéré par la possibilité reconnue par le Conseil constitutionnel de contrôler l'entrée et la sortie des étrangers. Ce tempérament apparaît dans la décision du Conseil constitutionnel du 22janvier 1990 où le Conseil affirme que «l'exclusion des étrangers résidant régulièrement en France du bénéfice de l'allocation vieillesse méconnaît le principe constitutionnel d'égalité»2. Cette décision était essentielle en ce qu'elle suspendait l'existence d'un principe d'égalité entre nationaux à la régularité de la situation de l'étranger.

La différence fondamentale, catégorielle, entre l'étranger et le national, s'exprime tout particulièrement dans sa décision de 1997 où le Conseil affirma qu'aucun principe non plus qu'aucune règle de valeur constitutionnelle n'assure aux étrangers des droits de caractère général et absolu d'accès et de séjour sur le territoire national(Cons.const., déc.n°97-389 DC,22 avr.1997, préc.).Par suite, on voit au titre de cette absence de droit au séjour des étrangers, s'affirmer l'idée qu'il convient de distinguer entre le statut de l'étranger qui a droit à rester sur le territoire(le régulier) et celui à qui ce droit a été dénié(l'irrégulier).La fonction exclusive de la citoyenneté ne saurait néanmoins méconnaître les droits fondamentaux qui sont reconnus aux étrangers soit par des normes internationales soit par des normes constitutionnelles. Si le législateur peut librement catégoriser des étrangers en adoptant à l'égard de ceux qui sont présents sur le territoire national des dispositions spécifiques, il doit justifier les entorses au principe d'égalité; comme l'a rappelé le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 15 novembre 2007, «le principe d'égalité ne s'oppose ni à ce que le législateur règle de manière différente des situations différentes, ni à ce qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général»3.

1F.MELIN-SOUCRAMANIEN «le principe d'égalité dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel ,quelles perspectives pour la question prioritaire de constitutionnalité», cahier du Conseil constitutionnel, octobre 2010 n°29, p1.

2Décision n 89-269 DC du 22 janvier 1990.

3Décision n°2007-557 DC du 15novembre 2007, cons.8.

5

De 2003 à 2006 avec le CESEDA jusqu'à nos jours, le train des réformes législatives en matière de droits des étrangers fonctionne à plein régime. Ces réformes marquent un tournant dans la politique migratoire déjà contraignante aux populations étrangères.

La loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 a constitué une avancée considérable dans la conception de l'État de droit. En instaurant la question prioritaire de constitutionnalité, cette loi a introduit un nouvel article 61-1 dans la constitution permettant à tout justiciable de contester la conformité d'une disposition législative aux droits et libertés garantis par la constitution à l'occasion d'un procès. Cette grande réforme instaure un nouveau contrôle de constitutionnalité a posteriori des lois et offre une nouvelle voie de recours aux étrangers.

Il semble donc utile de s'interroger aujourd'hui à la question de savoir si la QPC va marquer un réel tournant juridique dans la reconnaissance des droits des étrangers?

Sans doute, la possibilité d'invoquer une QPC pour un justiciable étranger lors d'un procès est-elle une avancée certaine dans la reconnaissance de ses droits .Il reste que cette avancée continue d'être tributaire d'une jurisprudence constante selon laquelle il est toujours loisir au législateur d'apporter des restrictions au principe d'égalité dès lors qu'elles sont justifiées par la sauvegarde de l'intérêt général ou de catégoriser les étrangers et d'user ainsi de son pouvoir d'appréciation.

I. GRILLE CONCEPTUELLE

Plusieurs concepts seront mobilisés tout au long de ce travail. Il conviendra de les définir pour éviter toute confusion et d'indiquer dans quelles perspectives théoriques ils seront utilisés dans le cadre de notre recherche.

A. DROIT DES ETRANGERS:

La discipline que l'on baptise droits des étrangers résulte d'une division pratique dans l'enseignement juridique et dans la pratique contentieuse. Elle recouvre l'ensemble des règles en vigueur réunies destinées à appréhender le statut juridique des personnes n'ayant pas la nationalité française. Le contentieux des étrangers est le deuxième de la justice administrative. Tout comme les règles relatives aux étrangers, le contentieux des étrangers apparaît extrêmement fragmenté. Pour une seule question, peuvent intervenir pas moins de quatre juridictions4.La complexité des textes, l'opacité des procédures, les

4.C.SAAS,«L'étranger et ses juges»,Plein droit, 2012/3n°94, p.3-5.

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différents moments de l'intervention juridictionnelle contribuent à rendre difficile le dialogue entre les juges5.Le droit des étrangers reste cependant principalement dominé par le droit administratif qui assujettit la puissance publique à un ensemble des règles placées sous le regard du Conseil d'État.

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