IV - les sociétés de cautionnement mutuel
Ces sociétés permettent l'octroi de
crédits à des gens qui ne possèdent pas de garanties
personnelles en les cautionnant auprès de la banque qui les finance. Et
lorsque l'entrepreneur se révèle insolvable, la
société de cautionnement mutuel doit assurer le remboursement de
ses créances.
Ces sociétés sont nées à partir
d'un groupement de gens qui ont mis leurs ressources en commun pour
constituer des fonds de garanties.
ces sociétés de cautionnement mutuel
regroupent des opérateurs appartenant au même secteur comme
l'artisanat, le transport , la pêche ,...etc.
Outre l'accès aux crédits bancaires pour les
opérateurs sans garanties réelles, ces sociétés ont
permis :
- L'organisation de la profession ;
- L'obtention des prix préférentiels chez les
fournisseurs ;
- Une diminution significative des impayés pour les
banques et une fidélisation d'une nouvelle clientèle pour la
banque.
V - Témoignage d`échec de financement des
PME par les banques
Il est anormal que les banques rechignent toujours à
financer la PME à des taux bancaires conformes aux risques qu'elles
prennent. !!!!!!!!!!
Pour savoir les causes de cet échec, on a essayé
d'élaborer une interview avec les responsables de la banque BMCI. Cette
interview a été réalisé dans la visée de
savoir les causes de rejet des dossiers de crédits posés par les
PME:
Malgré l'existence des organismes de financement, le
déséquilibre de la structure financière, cumul de
résultats déficitaires, concentration des créances et
mouvements douteux sur des postes du bilan constituent les principales causes
de rejet des dossiers de financement des PME par ces organes.
Erigée souvent en tant que facteur freinant l'essor de
la PME, la problématique du financement ne cesse d'être
dénoncée à tort et à travers, alors qu'elle devrait
être mise dans son véritable cadre d'analyse. «A
entendre les discours qui traitent des difficultés d'accès des
PME au financement, l'on se croit en présence d'établissements de
crédit qui opposent un refus systématique dès lors qu'il
s'agit d'une PME qui prétend au concours bancaire. Or, cela est
archi-faux», affirme un DG d'une grande banque de la place.
En effet, la majorité des emplois des banques est concentrée sur
un nombre réduit de grands groupes. La loi de Pareto se vérifie
à cet égard, en faisant en sorte que 20% de la clientèle
concentre 80% des crédits. «Cette configuration
gagnerait à être nuancée du fait que les besoins des
grandes entreprises sont d'un ordre de grandeur plus important en volume que
celui des PME. En raisonnant par dossier/client, la configuration se trouve
aussitôt inversée», précise-t-il.
Les établissements de crédit, du fait de la
nature même du tissu économique, traitent avec un nombre de PME
largement supérieur à celui des grandes entreprises
structurées. «Nous gérons au niveau de l'agence
200 dossiers de PME contre 5 dossiers de grandes
entreprises», confie le responsable de clientèle d'un
centre d'affaires de la BP à Casablanca.
Un fonds de roulement négatif donne lieu à un
rejet systématique. C'est dire que la PME représente le plus gros
de la clientèle «Entreprise» des établissements
bancaires, qui ne laissent passer aucune occasion sans la concrétiser en
dossier de crédit, dans un contexte de concurrence acharnée entre
confrères.
«Nous donnons des instructions claires aux
équipes pour ne pas perdre de vue qu'il n'y a pas de grands clients et
de petits clients. Nous privilégions surtout les PME vu qu'elles
présentent un fort potentiel en matière de placement des produits
et des conventions, pour peu que leur dossier soit
bancable», affirme un responsable de réseau à
la BMCI.
Et c'est justement au niveau du dossier qu'une grande
majorité de PME rate sa chance au financement, selon les banquiers. Ces
derniers remontent, à ce titre, quatre types de facteurs qui
déclenchent le rejet expéditif d'une demande de crédit
émanant de la PME. Il s'agit en premier lieu de facteurs
inhérents à la structure financière que présente
l'entreprise aspirant au financement. Structure qui, en plus d'être
souvent en sous-capitalisation?(capital?à 10 000 DH), peut
refléter un déséquilibre traduit par un fonds de roulement
négatif issu de l'excès des emplois sur les ressources.
«Beaucoup de PME, en l'absence de financiers avertis,
financent par exemple des outils de production qui représentent un
emploi de long terme, par la trésorerie qui, elle, constitue une
ressource de court terme», explique un gérant de
portefeuille d'une banque de la place. Et d'ajouter : «En
présence d'un fonds de roulement négatif, Bank Al-Maghrib
proscrit légalement l'octroi du financement».
Aussi, le cumul de résultats déficitaires est
répertorié chez les banquiers en tant que facteur
récurrent lors des refus. Selon eux, les entreprises dont les pertes
atteignent les 3/4 du capital social, et elles sont relativement nombreuses,
doivent produire un «PV de continuité» précisant les
modalités de reconstitution des fonds propres si elles envisagent de
poursuivre leur activité. Chose que plusieurs PME n'observent pas,
systématiquement, au bon moment.
L'évolution des mouvements des postes du bilan est,
elle aussi, pointée du doigt, notamment en matière des comptes
courants d'associés qui reprennent en principe les dettes que
détiennent les associés sur leur entreprise, mais qui ne
reflètent pas généralement la réalité des
ressources que les associés pompent parfois de l'entreprise sans
comptabilisation. Sachant que la récupération de ces dettes doit
se faire avec des justificatifs expliquant les sorties des fonds.
«Cette anomalie revient souvent, vu que
l'associé, surtout dans les PME de type familial, dispose de l'argent
sans qu'il lui paraisse important de faire le distinguo entre son patrimoine et
celui de la société. Ainsi, il peut opérer des retraits
importants et répétitifs sans que cela concerne l'activité
de l'entreprise, et sans qu'il y ait de comptabilisation au débit de son
compte d'associé», explique le gérant de
portefeuille.
«Nous avons récemment rejeté le
dossier d'une PME vu que le compte clients représente plus de 80% de son
courant d'affaires, ce qui la rend totalement dépendante de ses
débiteurs. D'autant plus qu'elle n'a pas pu fournir le détail de
ses créances pour nous permettre de statuer sur leur qualité et
les chances de leur recouvrement», note un analyste de
risque d'une banque de la place pour illustrer cet autre facteur qui peut
servir de motif de refus.
S'agissant d'entreprises nouvellement créées, le
principal motif de rejet qui a trait aux finances concerne les projections du
business plan remis aux banquiers.
Généralement, et pour mettre plus de chances de
leurs côtés, les actionnaires?confectionnent?des comptes
prévisionnels très optimistes, et pas du tout réalistes,
vu qu'ils ne cadrent pas avec les hypothèses vérifiées au
niveau du secteur dont fait partie la PME prétendant au financement.
La discontinuité dans les comptes, autre motif de
refus. Par ailleurs, avec l'exigence par les banques?du?bilan?fiscal?depuis
quelques années, plusieurs PME trouvent du mal à produire des
bilans dont les postes affichent une continuité du fait qu'elles
confectionnaient auparavant des bilans bancaires totalement différents
de ceux déposés auprès du fisc.
«Ce cas d'espèce déclenche un
refus systématique lorsqu'il est observé au niveau des exercices
lointains des entreprises et qu'il touche des rubriques cruciales du bilan,
notamment lors de l'octroi d'un crédit à moyen et long
terme», confie un cadre d'une grande banque de la place.
Si les facteurs d'ordre financier sont récurrents, cela
n'empêche pas que d'autres causes précipitent les rejets des
dossiers, dans une moindre mesure, notamment ceux inhérents aux
caractéristiques du crédit sollicité. Les banquiers
s'accordent surtout sur les cas d'inadéquation entre la nature du
crédit demandé et le cycle d'exploitation de l'entreprise en
question.
«Une PME qui vend par exemple au comptant
aura, bien évidemment, du mal à avoir une facilité de
caisse, vu qu'elle n'a pas de délais au niveau de ses
recettes», relève ce cadre. Parfois, selon ce
banquier, il existe un bon nombre de demandes dont les montants et les lignes
demandés se trouvent injustifiés vu l'activité de
l'entreprise.
Ceci étant, les rejets pour insuffisance ou absence de
garanties, et qui reviennent le plus souvent dans les discours, ne sont pas
passés sous silence. Les banquiers font leur mea culpa en affirmant,
pour leur majorité, qu'il y va de leur impératif de gestion de
risque de demander des couvertures à hauteur des expositions au risque
encouru. Garanties qui ne sont pas toujours à la portée des PME,
surtout celles nouvellement créées.
«Il faut être persuadé que si
les dossiers ne présentent pas de vice rédhibitoire en termes
financiers (ndlr : bilans) et économiques (ndlr : objet du
crédit, faisabilité, secteur), les garanties peuvent être
apportées à la banque par des organismes créés
à cette fin, de type CCG...», note l'analyste risque.
D'autant plus que les banques se contentent parfois d'un simple acte de caution
solidaire en plus d'un nantissement du fonds de commerce lorsque les
crédits ne financent pas des lignes à haut risque.
Qu'est-ce qu'un dossier bancable ?
Instruire un dossier de crédit diffère selon la
typologie du financement sollicité. Les dossiers prétendant
à des concours de fonctionnement ne sont pas montés de la
même manière que ceux aspirant à financer des
investissements, encore moins que ceux qui concernent des opérations de
haut de bilan. Néanmoins, la norme veut qu'un dossier bancable
corresponde sommairement à une demande étayée le plus
possible par tout élément de nature à mieux renseigner sur
l'entreprise prétendant au financement bancaire.
A savoir, un écrit présentant l'entité et
justifiant le crédit sollicité, la liasse fiscale reprenant
l'ensemble des états financiers (bilan, compte de produits et charges,
état de soldes de gestion, tableau de financement), et ce, au titre des
trois derniers exercices, accompagnée d'un
récépissé de dépôt auprès du fisc et
du reçu de règlement IS. En plus de l'original du registre de
commerce analytique (dit Modèle J) de l'entreprise, libre de toute
charge ou saisie.
Et, idéalement, une note détaillée
expliquant l'évolution des indices d'activité et de structure.
Pour les nouvelles créations, un business plan sur un horizon de 4
à 5 ans avec des hypothèses réalistes se substitue aux
états financiers. Ce même document est nécessaire pour le
traitement des dossiers d'investissement. Il sert à apprécier,
dans ce cas, les cash-flows marginaux dégagés par
l'investissement.
En guise de conclusion, les organismes relevant de la
coopération internationale joue un rôle central dans la promotion
de l'économie marocaine en général et de la PME en
particulier. Le nombre d'organismes de soutien et d'aide aux PME contraste avec
la situation des PME qui reste peu brillante.
La multiplication des organismes d'aide et de soutien à
la PME aux motivations différentes a favorisé leur dispersion
.Une cohésion de leurs actions peut développer des synergies en
faveur de la PME.
L'ANPME doit coordonner ces actions dans
l'intérêt exclusif des PME. Pour ce faire, elle doit avoir un
ascendant sur les autres structures et doit disposer de moyens pour s'imposer
dans le paysage administratif et pour être écoutée par les
banques et les autres bailleurs de fonds.
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