Section V : Les limites de l'Etat comme acteur au
Maroc:
Après avoir présenté l'effort
initié par l'Etat marocain dans divers domaines de construction et
d'aménagement du territoire et clarifié le rôle qu'il a pu
jouer, jusqu'à aujourd'hui, comme acteur indispensable pour le
développement des autres. Nous essayons maintenant de porter certaines
critiques sur des décisions qui présentent un obstacle pour le
développement des PME au Maroc :
I - limite des chartes :
Concernant les chartes, en plus des ses imprécisions
déjà énoncées au fur et à mesure de sa
présentation, plusieurs critiques ont été formulées
à son égard. On peut citer la suppression du zoning, alors que
l'ancien code des investissements tenait compte des disparités
régionales en octroyant des avantages fiscaux aux entreprises qui
s'implantent dans les zones les plus défavorisées. Si un article
semble combler cette lacune en prévoyant une réduction de 50 %
de l'impôt sur les sociétés pendant les cinq
premières années dans les préfectures et les provinces
dont les niveau d'activité exige ce traitement fiscal, il n' y a aucune
précision quant aux préfectures et provinces visées .
Si la charte a baissé le taux de l'impôt
sur les sociétés d'un point, elle a par la même occasion
supprimé toutes les exonérations pendant les cinq
premières années d'activité notamment pour les
entreprises s'installant dans les zones défavorisées.
Ce qu'il faut surtout noter, c'est que cette charte a
uniformisé les avantages accordés aux différents
entreprises sans se préoccuper ni de la taille ni de la zone
d'implantation. Et il n'y a aucun traitement spécifique et
préférentiel des PME /PMI.
II - Dysfonctionnement des villes satellites et limite des
villes nouvelles
Si les villes nouvelles constituent un acte volontariste,
elles peuvent être considérées en partie comme la
réponse à l'échec de l'expérience des villes
satellites.
En effet, phénomène urbain plutôt subi, la
ville satellite est considérée en tant qu'aléas,
résultat de dysfonctionnements dans le monde urbain et rural. La
campagne ne constitue plus désormais qu'une force expulsive des ruraux
qui s'installent à la lisière de la ville à la recherche
d'un emploi en vue d'améliorer les conditions de leur vie. Quant aux
citadins, ils y trouvent une réponse à un besoin en logement
inexaucé en ville.
Si, ces villes satellites ont permis de réguler les
tensions en répondant à des besoins pressants, elles n'ont jamais
pu apporter des solutions efficaces, dans la mesure où ils ne forment
que de grands villages à la lisière de la ville, sans une base
économique diversifiée, ni activités culturelles et de
loisirs. De même que leur intégration dans l'armature urbaine
globale pose d'énormes problèmes.
Or, si aujourd'hui, le Maroc voudrait s'engager dans la
politique des villes nouvelles, il faudrait que cette décision soit
l'émanation d'une vision globale et non un moyen pour répondre
à des problèmes locaux au cas par cas. Elles devraient contribuer
à la création de l'emploi avec une répartition
équilibrée sur le territoire comme elles constitueront un moyen
de régulation du marché foncier des grandes agglomérations
et de leur mise à niveau. A cet effet, il serait judicieux de mettre en
place une commission nationale des villes nouvelles, cette commission
interministérielle devrait définir la localisation de ces villes,
leurs caractéristiques...ainsi que leurs fondements juridiques et
légaux.
Etant programmées sur des sites vierges, la
créativité en matière de conception n'aurait de
contraintes que celles liées à la réalité du
terrain. De ce fait, les villes nouvelles devraient constituer une occasion
pour rehausser la qualité du paysage urbain marocain et proposer un
style architectural et urbanistique de haut niveau (densité, hauteurs,
percées visuelles, centres, répartition des
équipements).
Les formes urbaines devraient favoriser une enveloppe et une
ambiance urbaine agréables, la richesse de ces formes permettrait de
dégager un langage urbanistique et architectural de qualité.
Cependant, cette conception devrait veiller à l'instauration d'une
réelle mixité urbaine, laquelle pourrait être traduite par
une mixité fonctionnelle et une mixité sociale. Chose qui
contribuerait à la diversification de la base économique de la
ville et de sa structure sociale.
Enfin de compte, le renforcement et l'encouragement de la
concentration des populations, rurales et/ou urbaines, dans des
agglomérations plus ou moins grandes, qu'elles puissent être
« semi-rurales » ou « semi-urbaines » ,
ne peuvent qu'améliorer la constitution et le fonctionnement de
l'armature urbaine de l`aire d'étude en relation avec l'ensemble de
l'armature provinciale et régionale, voire avec l'axe littoral de
Rabat-Salé à Kénitra. L'exemple de Sidi Taïbi est,
à ce titre, plus que manifeste.
Remarque :
S'il est quasi-impossible de dépasser certaines
contraintes imposées par la géographie physique et de corriger en
peu de temps les dysfonctionnements hérités du passé, tous
les acteurs de développement s'accordent à dire aujourd'hui
qu'une bonne gouvernance territoriale fondée sur la
décentralisation, la concertation, la participation et la coordination
des acteurs et la clé de voute du développement du Maroc. Chose
qui est encore loin à réaliser.
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