Section 2 : De l'aménagement du territoire
au développement durable :
héritant d'un environnement économique et social
peu enviable, le gouvernement marocain a élaboré le premier plan
quinquennal 1960-1964 qui s'est défini comme un plan de transition d'une
économie coloniale à une économie nationale en
avançant quelques cinq mesures structurelles visant à rompre avec
le passé colonial et devant conduire à l'indépendance
économique et financière.
Lequel plan s'est fixé comme objectif la
réalisation d'un taux de croissance économique de 6,2% en
avançant les options suivantes:
Réforme des structures agraires et des conditions
d'exploitation agricole ;
Mise en place d'une industrie de base avec l'attribution d'une
fonction centrale à l'Etat dans ce processus à travers le Bureau
d'Etudes et de Participations Industrielles (B.E.P.I.) ;
Réforme des structures administratives de l'Etat en
mettant sur pied une administration tournée vers le développement
économique.
Restructuration et réadaptation du système
d'enseignement et de formation conformément aux besoins du
développement économique.
Mais suite à un changement de gouvernement, le Maroc a
décidé d'abandonner les orientations globales de ce plan dans un
contexte de crise budgétaire et financière en 1964.
Le Plan Triennal 1965-1967 présenté comme un
plan de stabilisation fut fortement inspiré de l'idéologie de la
banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD),
les options économiques libérales sont affirmées,
l'industrie n'est plus une priorité, elle vient après
l'agriculture, le tourisme et la formation des cadres. Le taux de croissance
économique projeté est très modeste: 3,7% par an.
Le second Plan Quinquennal 1968-72 reprend les mêmes
options que le plan triennal 1965-67 en fixant un taux de croissance de 4,3%
par an, la part des investissements publics et semi publics reste
prépondérante : 80%. L'accent sera mis sur l'agriculture
tournée vers l'exportation et l'industrie légère.
Le Plan 68-72 a été le premier à poser la
question de « l'Aménagement de Territoire » comme politique
publique, en l'assimilant - à tort ou à raison - à
« une politique de développement régional » et en le
définissant selon quatre grands axes :
Promouvoir le développement économique par une
localisation judicieuse des projets ;
Contribuer au développement social par une
réduction des disparités et une localisation plus rationnelle des
infrastructures et des équipements sociaux ;
Rechercher les actions permettant de protéger et
d'accroitre les richesses naturelles et protéger la qualité de
l'environnement. La lutte contre la dégradation du patrimoine
régional, la prolifération urbaine, la protection des ressources
naturelles contre l'exploitation abusive et irrationnelle constituent un
objectif permanent pour une politique d'aménagement rationnel du
territoire ;
Associer la population à l'effort de
développement, et ce par la participation effective par le biais des
institutions élues de la population et des forces vives de la
région à la conception, au contrôle et à
l'exécution du plan.
L'année 1968 verra également la création
du comité interministériel de l'Aménagement du Territoire
(CIAT).
En 1971 que le Maroc a commencé à mettre en
place un projet de régionalisation progressive, avec la création
de sept régions Economiques, érigées en
collectivités locales par la Constitution révisée de 1992
et confirmées par celle de 1996 dans son article 100.
La création d'un Fonds Spécial de
Développement Régional, la promulgation du premier code des
investissements industriels accordant certains avantages fiscaux aux
créations d'entreprises et délocalisations selon le lieu
d'implantation, et ce dans le but d'encourager la décentralisation
industrielle au profit des zones intérieures.
En 1981, la mise en place d'un Programme National
d'Aménagement des Zones Industrielles (PNAZI).
Remarque :
Les deux décennies (70 et 80) étaient pour
l'économie et l'Etat marocain des années financièrement et
socialement extrêmement difficiles. Dans cette période on note:
- La guerre au Sahara, les années de sécheresse,
l'endettement du Maroc, la chute des cours du phosphate et des recettes du
tourisme, l'augmentation de facture pétrolière, ...sont autant de
facteurs qui ont mis en veilleuse les grands projets structurants du
territoire.
- La mise en oeuvre du Programme d'Ajustement Structurel
(PAS) à partir de 1983 a fortement réduit l'effort de l'Etat en
matière de développement économique et social.
Après le PAS on note :
- En 1997 la création d'un ministère
l'aménagement du territoire de l'environnement, de l'urbanisme et de
l'habitat (gouvernement d'alternance);
- Constitution de deux documents de
référence : la charte nationale de l'aménagement du
territoire en 2000 et le schéma national de l'aménagement du
territoire SNAT en 2007;
- Création de trois agences de développement
« nord, sud, oriental »
- Création de CRI « 16 régions»
- Création de fondation Med VI pour la
solidarité et l'INDH
Remarque :
Dans cette période L'importance accordée au
Maroc inutile (rif, province SAHARIENNES, l'oriental).
Ainsi, on est passé de la conception physique de
l'aménagement du territoire à la conception du
développement durable, de la bonne gouvernance du territoire à la
recherche de l'équité sociale.
I - La reconnaissance de la ville comme moteur de
développement économique:
La ville n'est plus considérée comme un
réceptacle des activités et de populations mais au contraire un
espace de création de richesses, le moteur de changement social,
culturel, scientifique et artistique. C'est aussi un centre de diffusion des
valeurs, de solidarité, de démocratie et de justice...etc. Les
collectivités territoriales sont donc appelées à
élargir leur compétences pour répondre à ces
impératifs.
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