Section 6 - L'intervention des entreprises
céréalières sur le marché à terme
Le Maroc souffre depuis plusieurs années de
périodes de sécheresse poussant ainsi les pouvoirs publics
à importer une grande quantité de blé afin de combler le
déficit en cette matière.
La loi 12-94 n'autorise pas les minoteries industrielles
à importer du blé. En conséquence, les minoteries ne
peuvent pas réaliser d'économie sur l'achat de leur
matière première afin de réaliser de bonnes marges sur la
vente de la farine.
C'est pour cette raison que certains importants groupes
minotiers recourent à la stratégie d'intégration en amont
en procédant à la création de leurs entités
céréalières.
Cette section est axée sur les principales
stratégies d'intervention pour les entreprises
céréalières sur le marché à terme. Outre la
transparence qu'il procure à ses utilisateurs, le principal
intérêt du marché à terme réside dans la
possibilité qu'il offre de sécuriser les transactions et de
gérer le risque de prix.
1) Intervention de l'entreprise
céréalière sur le marché à terme : les
opérations
réalisées sur le contrat
blé23
L'entreprise céréalière doit à la
fois assurer la sécurité des approvisionnements du pôle
meunerie du groupe pour éviter une rupture du rythme de production, et
la sécurité du prix d'achat. Elle peut opter pour un achat
anticipé de la matière première ou au contraire pour un
achat réalisé plus tard, au moment qui lui semblera
opportun24.
? A priori, le fait d'avoir réalisé un achat
anticipé du blé élimine le risque de prix (parfois, un
marché à terme risque aussi d'entraîner des
conséquences néfastes si les prix lors de la livraison sont
inférieurs aux prix du marché à terme). Toutefois,
apparaît alors un risque de compétitivité. L'entreprise qui
aura acheté le blé et l'aura stocké (cas de livraison
immédiate), de façon à éviter le risque de
quantité et à figer le coût de ses approvisionnements,
risque de subir une perte de compétitivité par rapport à
ses concurrents qui auront pu bénéficier d'une éventuelle
baisse des prix pour s'approvisionner. Il en est de même pour
l'entreprise ayant conclu un contrat forward (cas de la livraison
différée) d'approvisionnement pour une date
déterminée.
23 Inspiré du mémoire d'expertise
comptable intitulé : l'industrie de la meunerie, analyse des
particularités et impact sur la mission du réviseur, BOUREL
Epouse DESORME STEPHANIE, nov 2002.
24 Inspiré du mémoire d'expertise
comptable : aspects particuliers des risques des prix et de change dans les
sociétés de négoce international de
céréales, LIEBART CHRISTIAN, novembre-décembre 1992.
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? Si en revanche, le céréalier attend pour
s'approvisionner, Il s'expose au risque de prix. Entre temps, si les prix
augmentent, il supportera des coûts élevés qui l'obligeront
soit à augmenter le prix de vente de son produit, soit à
réduire sa marge bénéficiaire (pour les produits
libres).
Ainsi, que le céréalier ait opté pour la
première solution ou pour la seconde, on peut considérer qu'il
est en position spéculative sur le marché physique. Dans le
premier cas, tout se passe comme s'il anticipait une hausse des cours, et donc
se prémunissait contre elle, en achetant par anticipation. Dans le
second cas, il se met dans une hypothèse de baisse des cours, et
courrait alors le risque de prix à la hausse.
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