B. L'indispensable synergie
entre composantes nationales
La renaissance du Congo ne devra pas ressembler à une
action providentielle du sommet au profit d'une base naïve, contemplateur
et irresponsable mais plutôt constituer une affaire nationale qui
préoccupe tout citoyen, tous les fils et filles de ce pays pris
individuellement et collectivement. Les congolais doivent renoncer à ce
mythe des politiciens héroïques et magiciens qui peuvent
réussir un mandat sans le peuple. La gestion verticale aura
montré ses limites durant toutes ces années
d'indépendance, un indispensable apport horizontal devrait inaugurer une
nouvelle ère de gestion perpendiculaire de la république. C'est
pour ainsi dire que toutes les couches sociales devraient prendre une part
active dans ce travail de reconstruction de l'Etat. Car l'Etat constitue le
premier bien public, l'héritage que tout congolais devrait revendiquer,
préserver et en assurer la prospérité.
Pour ce faire, les programmes politiques, les plans et
stratégies imaginés dans le cadre de ce projet de renaissance
devraient catégoriquement cesser d'être une affaire exclusive du
gouvernement en consacrant un champ d'intervention beaucoup plus large pour les
citoyens de manière à les responsabiliser dans la construction de
l'avenir de la nation. L'histoire renseigne que toutes ces nations qui ont
prospéré et gouverné le monde ont d'abord cherché
à construire un pacte républicain, un contrat d'engagement et de
responsabilité mutuel. La Rdc si elle désir parvenir à un
certain seuil de croissance et de puissance devrait suivre cette même
trajectoire en tenant compte de ses réalités sociologiques
particulières.
Il n y aurait par exemple pas de programme du gouvernement ou
de « cinq chantiers » du chef de l'Etat mais plutôt
un programme national de reconstruction devant être suffisamment
divulguer et enseigner de manière à déterminer la part de
tout citoyen résidant au pays ou expatrié. Il ne s'agit pas
simplement de promouvoir le civisme fiscal mais principalement de créer
des dynamiques de participation directe des citoyens aux efforts de
reconstruction. Car, sans le concours ou la complicité explicite de
l'opinion publique, aucun gouvernement ne peut faire face aux défis de
sa survie et de son environnement externe.
C. Bannissement de
l'irrationnel et de la démesure.
Pour atteindre son point d'achèvement le projet de
renaissance de l'Etat congolais requiert des nouvelles attitudes, des nouveaux
reflexes dans la gestion de la chose publique. Les différentes actions
à mener dans le cadre de ce processus doit s'inscrire dans une logique
de programmation efficace et suivie. Une évaluation
régulière doit être envisagée pour s'enquérir
sérieusement de l'état d'avancement du projet.
Il faudrait à cet effet renoncer à des
décisions fantaisistes et partisanes, au népotisme, au tribalisme
au clanisme sous toutes ses formes. Ces attitudes rétrogrades du
passé ont conduit à un nivellement vers le bas de la
société congolaise et aura été la cause
première de l'effondrement de l'Etat. Le principe de rationalité
publique devrait nous dissuader par exemple de procéder au
découpage territorial tel que disposé dans la constitution en
l'absence d'une véritable administration, de nous engager dans un cycle
électoral trop couteux au nom de la démocratie, de concevoir des
projets et programmes publics dépendants entièrement du
financement extérieur...
La lutte contre la corruption doit constituer la
priorité des priorités dans cette phase de reconstruction
nationale. Touts les moyens doivent être mis en oeuvre pour assurer une
gestion orthodoxe et rigoureuse des recettes publiques. La dilapidation des
ressources de l'Etat doit être sévèrement
sanctionnée non seulement par un emprisonnement prolongé de
l'incriminé mais faudrait-il encore instituer des mécanismes de
restitutions volontaire ou forcé des fonds détournés ou
volés dans le trésor public.
Le processus de reconstruction nationale ne saurait aboutir
effectivement en l'absence d'une véritable entreprise de moralisation de
la vie publique et d'un sursaut patriotique. Une prise de conscience
collective est nécessaire quant à l'aboutissement réel de
ce projet de renaissance.
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